Le commandement de l’aviation légère de l’armée de Terre
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L’aviation légère de l’armée de Terre a connu de nombreuses restructurations jusqu'à son format actuel. Désormais un commandement central : le COMALAT, regroupe l’ensemble des unités et organismes de formation et assure la cohérence et la maîtrise de la 3e dimension pour les opérations de l’armée de Terre. Ce commandement, basé à Villacoublay à sous sa responsabilité la moitié des hélicoptères de l’État français et les deux tiers des appareils à voilure tournante des armées.
L’histoire de l’ALAT
L’aviation légère de l’armée de Terre est liée, dans ses prémices avec le développement de l’aviation militaire. Au cours de la Première Guerre mondiale. Les appareils de l’époque servent principalement pour l’observation et le guidage des tirs d’artillerie. En 1934, après la création de l’armée de l’Air en 1934, l’armée de Terre crée, en 1937, de nouveaux groupes d’observation d’artillerie (GOA). À cette époque les deux armées se disputaient la maîtrise de l’espace aérien. L’artillerie utilisait les autogires LIORE & OLIVIER C.30, plusieurs campagnes d’essais avaient démontré l’atout de ce type d’aéronef pour l’observation et le guidage des tirs de canons. Finalement, en 1939, l’armée de l’Air estima que ces aéronefs étaient sans intérêt et céda son exploration à l’armée de Terre bien que les aviateurs en gardent la formation initiale.
À partir de 1943 les forces françaises rassemblées en Afrique du Nord ont subi une profonde réorganisation, notamment calée sur le modèle américain. Les artilleurs reçurent en tout 59 sections d’avion léger, chacune étant équipée de 2 avions PIPER L_4B ou L-4H. Elles constituent les sections d’observation aérienne d’artillerie (SOAA). À la fin de la guerre, les SOAA ont effectué 13 975 heures de guerre de vol reparties en 7 124 missions. Le 6 septembre 1948, une décision ministérielle signée R. Mayer (n° 89 EMGFA/1) précise que le personnel et le matériel de l'aviation légère d'observation d'artillerie seront désormais partie intégrante de l'armée de Terre, les aviateurs étant chargés du contrôle des qualifications du personnel au point de vue technique aériennes, de la construction des matériels (études, fabrications, essais techniques) et des réparations en usine, l'armée de Terre fournissant les caractéristiques des appareils et devant procéder à leur expérimentation. L’aviation légère d’observation d’artillerie est créée le 3 mars 1952 et l’armée de Terre prend l’ensemble des formations sous sa coupe le 30 juin 1953. L’ALAT utilise alors plusieurs avions (Cessna L-19, Norbarbe, etc. Et de nombreux hélicoptères comme les Sikorsky H19 et 34 et Verthol H-21 pour le transport et Alouette II pour l’observation.
Les régiments d’hélicoptères de combat (RHC) apparaissent en 1977. À cette époque l’ALAT représente environ 2% des effectifs de l’armée de Terre soit près de 6 500 personnes.
Dans les années 1980, l'Armée de terre a formé une brigade aéromobile expérimentale (BAE) comprenant deux régiments d'hélicoptères de combat et un régiment d'infanterie de combat aéromobile (RICAM / 1er RI). En 1985, cette unité est devenue la 4e division aéromobile (4e DAM) et a été renforcée par l'ajout d'un troisième régiment d'hélicoptères de combat, d'un régiment d'hélicoptères de commandement et de manœuvre (RHCM) ainsi que d'un régiment de soutien aéromobile (RSAM). En plus des régiments de cette division unique en son genre, chaque corps d'armée comptait également un régiment d'hélicoptères de combat.
Le 1er juillet 1995, la 3e brigade aéromobile, composée de deux régiments d'hélicoptères, a été créée. Cependant, elle a été dissoute seulement deux ans plus tard, en 1997.
Dans le cadre de la professionnalisation des armées, la 4e division aéromobile a été transformée en 4e brigade aéromobile en 1999. Toutefois, cette dernière a été dissoute en 2010, et les trois régiments d'hélicoptères qui la composaient ont été directement rattachés au commandement des forces terrestres.
Le 7 octobre 2003, la 4e brigade aéromobile est devenue l'une des armes de l'Armée de terre, conformément à l'arrêté 726 du 1er juillet 2003.
En juillet 2016, la 4e brigade d'aérocombat (4e BAC), héritière de la 4e division aéromobile, est créée. Basée à Clermont-Ferrand, elle rassemble trois des quatre régiments d'hélicoptères de l'Armée de terre. Le 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS) quant à lui relève directement du commandement des forces spéciales terre (COMFST).
L’organisation de l’ALAT
Si le COMALAT conserve son rôle d’expertise auprès du commandement de l’armée de Terre, sa nouvelle organisation lui donne un rôle opérationnel assurant ainsi une cohérence entre la formation, l’entraînement, la préparation et les projections en opération. Aujourd'hui le COMALAT intègre :
La base école 6e RHC (BE 6e RHC - Dax)
L’école de Dax est la première porte que franchissent les futurs pilotes de l'armée de Terre. La BE 6e RHC est notamment chargée :
- de la formation initiale des pilotes de l’État, des pilotes d'hélicoptères des trois armées, de la Gendarmerie nationale et de la composante aérienne belge,
- des moniteurs d’hélicoptère pour l’ensemble de l’ALAT et les instructeurs des autres armées,
- des pilotes avion de l’ALAT,
- des instructeurs sol du personnel navigant (ISPN),
- la formation complémentaire des contrôleurs de circulation aérienne de l’ALAT et des maintenanciers radar, la formation à la réglementation aéronautique des pilotes de drone de l’armée de Terre et les formations complémentaires en vol pour l’ALAT.
- de la formation spécifique au centre de vol en montage (CVM) de Saillagouse (66)
La Base-école 2e RHC (BE 2e RHC - Le Cannet-des-Maures)
La BE 2e RHC est l’école d’application des pilotes de l’aviation légère de l’armée de Terre. Elle a trois missions principales :
- la formation spécialisée pour l’aérocombat et les qualifications complémentaires des commandants de bord et chefs de patrouille.
- Le centre de formation des équipages Tigre (CFE Tigre)
- le centre de formation interarmées NH90 (CFIA NH90.
Le centre de formation franco-allemand du personnel technico-logistique Tigre (CFA PTL Tigre - Fassberg/Allemagne)
Sa mission est de former les maintenanciers à la mise en ouvre de l’hélicoptère Tigre. L’état-major est binational et le chef de corps est alternativement français ou allemand tous les trois ans. Le CFA PTL forme jusqu’à 300 stagiaires par an.
La 4e brigade d’aérocombat (4e BAC - Clermont-Ferrand)
La 4e brigade d’aérocombat (4e BAC) est une grande unité d'hélicoptères de l'armée de Terre à vocation interarmes. Créée en juillet 2016 à Clermont-Ferrand, elle est l'héritière de la 4e division aéromobile (4e DAM). La 4e BAC commande trois des quatre régiments d'hélicoptères de combat. (le 1er RHC de Phalsbourg, le 3e RHC d'Étain et le 5e RHC de Pau et la 4e compagnie de commandement et de transmissions aérocombat basé à Clermont-Ferrand). Elle compte 2 650 aérocombattants, 770 réservistes et 150 hélicoptères de combat. La brigade coordonne les activités, la préparation opérationnelle et assure le suivi de la maintenance des équipements.
Dans le cadre de la 4e BAC, le groupe d'adaptation à l'aérocombat (GAAC) favorise la coopération opérationnelle entre les trois RHC et l'ensemble des forces terrestres. L'objectif est de développer des capacités interarmes bien définies et de favoriser une approche commune pour améliorer les performances de l'aérocombat lors des engagements.
Le 9e régiment de soutien aéromobile (9e RSAM - Montauban)
Rattaché depuis juin 2010 à l’ALAT, le 9e RSAM est l’organisme central du maintien en condition opérationnelle des hélicoptères de l’ALAT. Les 500 personnels civils et militaires qui le composent assurent trois missions principales : gérer le stock central des rechanges des hélicoptères et drones de l’armée de Terre, percevoir et convoyer les machines de retour des industriels, être l’expert unique dans le domaine aéronautique de l’ALAT, mais aussi des matériels type radar, etc.
Pour l’acheminement des pièces, l’entraînement au parachutage et la livraison par air de petit colis, le 9e RSAM dispose de 5 avions Pilatus PC-62 qui totalisent environ 2 000 heures de vol chaque année.
Le détachement avions de l’armée de Terre (DAAT - Rennes)
Le détachement avion de l’armée de Terre comprend 8 TBM 700 capables de naviguer aux instruments à des plafonds de vol élevés par tous temps. Les pilotes de l’escadrille sont tous issus des régiments d’hélicoptères de combat et possèdent une solide expérience opérationnelle. Au sein du DAAT ils assurent, principalement, H24 et 365 jours par an le transport des hautes autorités de l’armée de terre en France et en Europe.
Les unités spécifiques de l’ALAT
Certaines unités militaires exploitent des hélicoptères, mais ne dépendent pas du commandement de l’aviation légère de l’armée de Terre.
- Le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales, directement rattaché au commandement des forces spéciales Terre (COMFST). Il est doté d’hélicoptères de manœuvre Caracal et de Gazelle et Tigre pour l’attaque, la destruction et le renseignement.
- Le détachement ALAT de Djibouti, doté de 3 Gazelle Vivianne et 5 Puma. Il est rattaché au 5e régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM)
- Le groupement aéromobilité de la section technique de l’armée de Terre (GAMSTAT). Essentiellement composé de personnels de l’ALAT, le GAMSAT est rattaché à la section technique de l’armée de Terre (STAT). Disposant de tous les aéronefs en service dans l’armée de Terre, il a pour mission d’expérimenter et évaluer les futurs matériels, d’assurer le suivi technique et les évolutions des matériels en service et d’appuyer et conseiller les unités lors du déploiement de nouveaux matériels et équipements.
Les missions de l’ALAT
Le COM ALAT assure la maîtrise de la 3e dimension pour l’armée de Terre. Il contribue à garantir la cohérence capacitaire du « milieu aéroterrestre » et valorise ainsi la place de cette composante en interarmées. En qualité de tête de chaîne de l’aéronautique de l’armée de Terre, il est responsable de la mise en œuvre opérationnelle du maintien en condition opérationnelle aéronautique et est exploitant de tous les aéronefs.
Les matériels de l’ALAT
L’ALAT possède actuellement plus de 330 aéronefs.
Les hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de Terre
SA342 Gazelle. Entrés en service il y a plus de 50 ans, près d’une centaine d’exemplaires sont encore en service dans l’armée de Terre.
Pour en savoir plus sur la Gazelle, rendez-vous sur cette page
EC665 Tigre. Le Tigre est un hélicoptère de reconnaissance et de combat franco-allemand entré en service en 2005. Il est employé dans la lutte contre des cibles terrestres ou aériennes lentes. Suivant ses versions, il assure des missions d'appui-destruction (HAD) et d'appui-protection (HAP). En 2020, l’aviation légère de l’armée de terre disposait de 67 appareils, la plupart au sein de la 4e Brigade d’aérocombat.
Pour en savoir plus sur le Tigre, rendez-vous sur cette page
SA330 PUMA. Hélicoptère de manœuvre, le Puma équipe l'armée de Terre et l'armée de l'Air depuis le début des années 1970. Il remplit de nombreuses missions comme le transport tactique, le soutien logistique, le soutien aux populations ou les évacuations sanitaires. Après cinquante ans de services, le Puma quitte progressivement le service pour être remplacé par le Caïman et le Caracal.
Pour en savoir plus sur le Puma, rendez-vous sur cette page
AS532 Cougar. Hélicoptère bimoteur de manœuvre et d’assaut, le Cougar a effectué son premier vol en 1990. Il équipe aujourd’hui une vingtaine de pays. L’armée de Terre en possède 23 exemplaires, tous rénovés il y a moins de trois ans.
H225M Caracal. Opérationnel depuis 2001, le Caracal est en dotation dans les unités spécialisées de l’armée de l’Air et de l’Espace (10 exemplaires) et au 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales. Le Caracal est un hélicoptère de manœuvre et d’assaut pouvant être armé de mitrailleuses de 7.62 mm, de canon de 20mm jusqu’aux roquettes et missiles antinavires.
Pour en savoir plus sur le Caracal, rendez-vous sur cette page
NH 90 Caïman. Le Caïman est un hélicoptère biturbine multirôles de manœuvre et d’assaut réalisé par le consortium européen NHIdustries pour le renouvellement des flottes marines et terrestres des forces armées. Premier hélicoptère de série à disposer de commandes de vol électriques, il est entré en service en 2011. L’ALAT aligne 57 NH 90 et devrait monter à 64 à l’horizon 2025.
Pour en savoir plus sur le Caïman, rendez-vous sur cette page.
Les avions de l’aviation légère de l’armée de Terre
Pilatus PC 6. D’une puissance de 550 ch pour une vitesse maximale de 280 km/h le PC6 peut atteindre un plafond de vol de 8 000 m pour une distance franchissable de 926 km (1 611 km avec réservoirs supplémentaires). Le Pilatus est servi par deux pilotes (ou un pilote et un mécanicien) et peut embarquer jusqu’à 8 parachutistes ou une charge utile de 570 kg. Actuellement tous les appareils sont affectés au 9e régiment de soutien aéromobile.
TBM 700. Les 8 appareils appartiennent tous au DAAT basé sur l’aéroport de Rennes Saint-Jacques. Le TBM 700 est servi par deux pilotes et peut emmener jusqu’à 4 passagers. Sa vitesse de croisière est de 520 km/h à un plafond pratique de 9 000m. Sa charge utile est de 1225 kg avec un rayon d’action de 3 300 km.
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