L’hélicoptère NH 90 Caïman

Le NH90 Caïman est un hélicoptère biturbine multirôles de manœuvre et d’assaut réalisé par le consortium européen NHIdustries pour le renouvellement des flottes marines et terrestres des forces armées. Premier hélicoptère de série à disposer de commandes de vol électriques, il est actuellement en dotation dans 14 pays.

Histoire

Comme son nom l’indique, le NH 90 a vu le jour dans la décennie 90-2000. Il sera baptisé NH 90 pour le « N » de NATO, le « H » de hélicoptère et 90 pour la décennie de sa mise en œuvre. 

En 1992, l’Allemagne, la France, l’Italie et les Pays-Bas se retrouvent au sein de l’NAHEMA (Nato Helicopter Management Agency) une agence de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord  basée à Aix-en-Provence, chargée de suivre le développement et la production du NH 90 et d’en assurer le soutien logistique. Parallèlement se forme NHIndustries pour assurer la maîtrise d’œuvre. Le consortium regroupe trois grands constructeurs : Airbus Helicopters, AugustaWestland et Fokker Technologies.

Le premier prototype du NH 90 vole le 18 décembre 1995 et sa production démarre officiellement le 8 juin 2000. Le premier vol d’un hélicoptère de série se déroule le 15 septembre 2004 à Vergiate en Italie.

L’hélicoptère va connaître de nombreux retards et surcoûts. En effet, la plus grande difficulté du programme consiste à regrouper sur une seule machine les caractéristiques d’un hélicoptère marine, le Lynx et celles d’un hélicoptère tactique de transport terrestre, l'AS 532 Cougar.

Caractéristiques techniques du NH 90

Les deux versions du NH 90 (et la future version destinée aux forces spéciales) disposent sensiblement des mêmes caractéristiques techniques. Elles diffèrent sur certains systèmes embarqués détaillés dans le chapitre suivant sur les missions en fonction du type d’appareil. 

Dimensions du NH 90

• Longueur : 19,56 m (rotor tournant
• Hauteur : 5,31 m
• Masse à vide : 6 400 kg
• Carburant : 2 035 kg
• Charge utile : 4 200 kg
• Masse maximale : 10 600 kg
• Motorisation :  2 Turbomoteurs Rolls-Royce Turbomeca RTM322 ou General Electric T700-T6E
• Puissance moteur : 2 388 ch (RTM322) / 2 269 ch (T700)

Performances du NH 90

• Vitesse de croisière : 300 km/h
• Vitesse ascensionnelle : 660 m/min
• Plafond : 3 500 m
• Distance franchissable : 880 km / 1 600 km en convoyage
• Autonomie : 4 heures (+ 30 minutes de réserve, sans réservoir supplémentaire)

Caractéristiques générales du NH 90

• Équipage : 3 + 1 minimum (chef de bord, pilote, mécanicien navigant/opérateur, 1 personnel en soute)
• Peut transporter jusqu’à une vingtaine de personnes
• Commandes de vol électriques (premier appareil de série de ce type à en être doté)
• Fuselage composite à faible signature radar 
• Sièges blindés résistants aux tirs de petits calibres
• Système d’autodiagnostic des pannes avec maintenance intégré

Les différentes versions du NH 90

Il existe trois versions du NH 90. Le TTH est destiné aux forces terrestres, le NFH aux forces de surface et le NH 90 FS pour les forces spéciales. 

NH 90 Tactical Transport Helicopter (TTH)

Principalement utilisé pour le transport de troupes, le NH 90 TTH peut embarquer une vingtaine de militaires ou 2,5 tonnes de fret. Sa grande maniabilité grâce à ses commandes de vol électriques et les systèmes de vision nocturne des pilotes permet à l’hélicoptère de voler très vite même à basse altitude de jour comme de nuit. La rampe arrière permet un embarquement et débarquement plus rapide ainsi que l’emport de véhicules type « quad ». 

Modulable, le NH 90 peut emporter jusqu’à 12 civières en version sanitaire. Il est capable d’opérer pour des missions d’infiltration de groupes commandos, de larguer des parachutistes ou de servir de poste de commandement déporté.

Il peut être équipé d’une à deux mitrailleuses de sabord.

NH 90 Nato Frigate Helicopter (NFH)

Capable d’embarquer sur plusieurs types de navires comme les frégates de défense aérienne, frégates multimissions, porte-avions ou porte-hélicoptères, le NH 90 NFH est capable de décoller et apponter dans des conditions météo dégradées grâce à sa grande maniabilité due à ses commandes de vol électriques. 

Équipé du radar European Navy radar développé par Thales, il est en mesure de détecter des cibles jusqu'à 370 km de distance sur 360° ainsi qu’un mode de détection de périscopes.

Le NH 90 NFH est employé pour des missions anti-sous-marines avec la mise en œuvre d’un sonar trempé Flash et de bouées acoustiques et le tir de torpille Mark 46 ou MU 90.

Pour la lutte antinavires, le NH 90 français (Caïman marine) utilise des missiles MBDA Exocet MM40 Block 3. Les Italiens utilisent le missile Marte MK2/S lui aussi de chez MBDA.

Le NH 90 NFH est aussi utilisé pour des missions de lutte contre le terrorisme maritime, la recherche et le sauvetage au combat (CSAR) le transport de troupes, l’évacuation sanitaire et comme poste de commandement.

NH 90 Forces spéciales (FS)

Le NH 90 forces spéciales est un modèle pour le moment commandé uniquement par la France pour équiper le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales de Pau (4° RHFS) et certainement d’autres unités du commandement des opérations spéciales (COS). Acquis en octobre 2020 pour 10 exemplaires, 5 seront livrés en 2025 dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) actuelle, les 5 autres le seront sur la prochaine. 

Par rapport aux deux autres versions, le NH 90 FS intègre trois grandes nouveautés : 

Un capteur grand champ Eurofl’Eye qui associe une suite de six caméras infrarouges  pour reproduire le terrain devant la machine en offrant une meilleure vision 3D et donc faciliter l’infiltration de nuit.

Une boule Euroflir 410 NG qui détecte et identifie trois fois plus loin que les caméras actuelles et reproduit les images en infrarouge, mais aussi dans le spectre visible avec un affichage des couleurs.

Le nouveau casque Topowl DD testé récemment sur Puma et Caracal. Il permet de centraliser et fusionner les différentes sources d’images et les présenter au pilote via un système de visée tête haute fixé sur le casque. Avec ces informations l’équipage pourra réaliser des pénétrations de terrain à très basse altitude, quel que soit l’environnement, de jour comme de nuit. 

Ce nouveau triptyque optronique va permettre de dissocier ligne de visée de l’équipage et désignation d’un point pour le reste de l’équipage ou des personnels embarqués. Un laser permet de désigner des cibles, pour l’hélicoptère Tigre par exemple, mais peut aussi permettre à des opérateurs au sol de neutraliser la cible. 

Côté armement, les mitrailleuses de sabord MAG 58 seront déplacées vers l’arrière et il pourrait intégrer un d’ici 2024/25 une mitrailleuse FN M3M en 12,7 mm et une M134 Minigun.

Le NH 90 FS sera aussi équipé de potence pour fixer les cordes lisses, de points spécifiques d’accroches pour la descente en rappel et d’une trappe plus grande pour la mise en place du système d’extraction par grappe. 

Le NH 90 dans l’armée française

Le NH 90, baptisé Caïman pour les armées françaises, doit remplacer une large gamme d’appareils encore en dotation ou retirés du service dans les armées. Cela concerne notamment les super Frelon et Lynx de la Marine nationale et les Puma et Cougar de l’armée de Terre et l’armée de l’air et de l’Espace.

La Marine nationale a été la première équipée du NH 90 NFH (Caïman marine) le 30 avril 2010. Aujourd’hui elle en possède 27, mais actuellement le parc d’appareils disponibles est largement en dessous des 50%.

L’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) a reçu son premier NH 90 TTH Caïman en décembre 2011. Elle en possède actuellement 57 qui eux aussi ont des problèmes de disponibilité notamment dus aux longues heures d’immobilisation pour des chantiers de modernisation ou des visites périodiques obligatoires. À l’horizon 2025, l’ALAT devrait aligner 64 Caïman, la rénovation au standard 2 n’est pour le moment pas encore signée.

Exportations du NH 90

Le NH 90 dans ses versions a été commandé par de nombreux pays. Le Portugal, un des premiers à avoir passé contrat, s'est finalement retiré du programme en 2012 pour raisons budgétaires.

Aujourd’hui on retrouve les NH 90 dans 14 pays, mais au moins deux d’entre eux, l’Australie et la Norvège, ont déclarés vouloir quitter le programme NH 90 au profit d’autres appareils (notamment américains) et la Suède à récemment communiqué sur ses problèmes de disponibilité de son parc d’hélicoptères et la Belgique ne cache pas son intention de se séparer de sa version TTH, mais garderait ses 4 NH 90 version marine.

Au début de l’été, la NAHEMA a signé avec la France et l’Allemagne un nouveau contrat pour améliorer les disponibilités des pièces de rechange et revoir les phases d’entretien de l’appareil. NHI espère avec cette nouvelle signature consolider la confiance avec les partenaires étrangers et continuer l’ouverture d’autres marchés pour l’hélicoptère européen.

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