Le CPA 10 : les forces spéciales de l’armée de l’Air et de l’Espace

armée de l'Air et de l'Espace, Commando, COS, CPA 10, Forces spéciales -

Le CPA 10 : les forces spéciales de l’armée de l’Air et de l’Espace

de lecture - mots

Commando Parachutiste de l’Air n°10

Le commando Parachutiste de l'Air no 10 (CPA 10) est l'unité de forces spéciales de l'armée de l'Air et de l'Espace. Rattaché au commandement des opérations spéciales (COS), il est le spécialiste du guidage aérien et de la reprise et reconnaissance des zones aéroportuaires. Les 280 hommes du commando, situé sur la base aérienne 123 Orléans-Bricy, sont aussi formés pour les opérations de contre-terrorisme, de libération d’otages, de l'évacuation de ressortissants ou de la capture de cible de grande valeur.

Historique

En 1935 l’Union soviétique procède aux premiers largages de parachutistes équipés sur le terrain. La France prend conscience de l’intérêt opérationnel de disposer de telles capacités et envoie trois de ses militaires en URSS afin qu’ils y suivent un stage. L’objectif est d’apprendre les techniques de parachutisme mais aussi d’acquérir une connaissance du matériel utilisé.

Parmi les trois officiers, le capitaine Frédéric Geille est le premier à obtenir le brevet d’instructeur parachutiste. Le 12 septembre 1935 celui-ci prend alors la tête du centre d’instruction au parachutisme, basé à Avignon.

Les unités d’infanterie de l’air sont créées début octobre 1936 par le ministre de l’Air Pierre Cot. Le premier saut en parachute militaire jusqu’au sol s’effectue quatre mois plus tard depuis un avion LeO 20, par neuf officiers et vingt sous-officiers sous les ordres du capitaine Sauvagnac.


Le 1er avril 1937, les 601e et 602e groupes d’infanteries de l’air (GIA) sont installés respectivement à Reims et à Baraki (près d’Alger). Chaque groupe comprend un état-major, un escadron de transport et une compagnie d’infanterie aéroportée. En 1942 les deux GIA se regroupent pour donner naissance au 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), qui sera transféré après la guerre à l’armée de Terre.

En 1956, pour appuyer l’action des moyens aériens au sol, le général Alain de Maricourt, commandant l’armée de l’Air en Algérie, crée les commandos parachutistes de l’air n°10.541 qui reprennent les traditions du 602e GIA et comptent 102 hommes. Au terme de deux mois de formation et entrainement, ceux-ci sont opérationnels. Le CPA 10 est alors employé sur diverses missions en Algérie, souvent lors d’opérations héliportées.

Au cours des années suivantes l’unité change plusieurs fois de dénomination : escadron d’évaluation et d’intervention (EEI, 1969), escadron de protection et d’intervention (EPI, 1979), escadron d’intervention des commandos de l’air (EICA, 1994).

En juillet 1996, elle reprend le nom de CPA 10. Depuis juillet 1999, les commandos du 10 ont pris leurs quartiers sur la base aérienne 123 d’Orléans.


Traditions

La devise du CPA est « Sicut aquila » signifiant « Tel l’aigle ».


Le béret a été le 6 octobre 1956 le premier élément distinctif des fusiliers-commandos de l’air dont font partie les CPA 10. De couleur bleu foncé, il est surmonté de l’insigne des fusco : une étoile, une aile et une dague surbrochant une couronne. Chaque élément a une signification :

  • L’aile te porte
  • L’étoile te guide
  • Le glaive te défend
  • La couronne t’attend

L’insigne de poitrine est un aigle argenté fondant sur sa proie, et surbrochant un carré argenté sur lequel est inscrit la devise du CPA.

Le CPA 10 hérite des traditions du 602e GIA en 1996 et de son insigne : un parachutiste vu du sol, soutenu par un parachute blanc et or, surmonté d’une étoile noire. L’ensemble est posé sur un cercle bleu entouré d’un croissant doré évoquant les origines des commandos de l’air à Alger.

Saint-Michel, le patron des parachutistes, est fêté chaque année le 29 septembre.



Missions et organisation

Le CPA 10 est l'unité des force spéciale de l’armée de l’Air et de l’Espace. Le commando est rattaché au Commandement des Opérations Spéciales (COS), qui regroupe les forces spéciales de l’Armée française. Le CPA 10 est composé de commandos mais aussi de maître-chien.



Missions

Grâce à ses compétences techniques et spécifiques, le CPA 10 assure des missions de d’opérations commandos et de renseignement, pour faciliter l’engagement des aéronefs en profondeur.

La mission ODESSA (Observation et DEStruction de Sites par l’Arme Aérienne) consiste à infiltrer les lignes ennemies, progresser en milieu hostile, observer et désigner une cible à haute valeur stratégique et guider les frappes aériennes.

La mission RESEDA (REnseignement Saisie et Expertise de Domaine Aéroportuaire) a pour objectif de s’infiltrer, saisir un aéroport et de le mettre en œuvre pour accueillir les aéronefs alliés ou évacuer des ressortissants.

La mission RTPA (Reconnaissance de Terrain de Posé d’Assaut) est celle du posé d’assaut ou aéroportage, qui consiste à débarquer rapidement des troupes en ordre de combat, en limitant le temps passé au sol avec un objectif de trois minutes maximum.

La mission CTLO (Contre-Terrorisme et Libération d’Otage) repose sur l’infiltration, la neutralisation de la menace terroriste, la libération des otages et l’exfiltration.

La mission RESEVAC (EVACuation de RESsortissants) fait quitter un pays aux ressortissants étrangers lors de situations d’urgence (tensions, instabilité politique, catastrophe naturelle)

Enfin, les commandos ont des missions de reconnaissance et de destruction d’objectifs dans la profondeur

Un savoir-faire technique pointu est nécessaire pour réaliser ces missions. Ainsi chaque commando parachutiste de l’air est doté de nombreuses spécialités, qui se complètent au sein d’un groupe : chuteur opérationnel, transmissions, renseignement, tireur d’élite, contrôleur aérien avancé, maitre-chien, mécanicien, infirmier…


 

Les groupes actions

Le CPA 10 compte 240 militaires, dont 120 dans les « groupes actions ». Chaque groupe, nommé par un numéro et une lettre de l’alphabet OTAN, est composé de dix à douze commandos.


Les groupes actions ont des connaissances communes, et d’autres spécifiques qui déterminent la répartition des missions :

  • 11 Alpha : spécialisé CTLO
  • 11 Bravo : spécialisé guide et Contre-Terrorisme (CT)
  • 11 Charlie : spécialisé Patrouille Motorisé Assaut (assaut PATMOT), CT, RTPA, renseignement
  • 12 Alpha : spécialisé Saut Opérationnel à Très grande Hauteur (SOTGH ; les commandos sautent jusqu’à 10 000 mètres d’altitude), Combat Milieu Clos (CMC), guidage aérien, RTPA
  • 12 Bravo : spécialisé SOTGH, CTLO, avec des qualifications de Tireur d’Elite Longue Distance (TELD), transmetteur, dépiégeur de combat, médic, pilote tandem…
  • 13 Alpha : spécialisé Appui-Feu Tireur Embarqué (AFTE ; tireur embarqué sur hélicoptère), TELD, guidage laser, RTPA
  • 13 Bravo : spécialisé assaut PATMOT, CT
  • 13 Charlie : spécialisé CT, PATMOT, certains membres de ce groupe ont la qualification TELD
  • 14 Alpha : spécialisé CTLO, Saut Opérationnel Grande Hauteur (SOGH)

Faits d’armes

Depuis 1994 le CPA 10 a été employé sur de nombreux théâtres d’opérations : Sahel, Afghanistan, République démocratique du Congo, Tchad… Il se distingue par sa participation à des opérations délicates mais aussi lors de compétitions inter-armées.

  • Janvier 2011 : opération Archange Foudroyant pour tenter de libérer deux ressortissants français kidnappés par AQMI à Niamey, au Niger
  • Depuis 2013, plusieurs opérations au Mali : opération Avrid avec le 1er RPIMa et les Commando Marine, opérations Serval et Barkhane.
  • 2 mars 2018 : le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) lance une attaque à Ouagadougou ; le CPA 10 se charge de la protection de l’ambassade de France et de l’état-major du Burkina-Faso
  • Avril 2019 : Ice, berger malinois faisant partie d’un binôme cynotechnique du CPA 10, reçoit le trophée « Chien d’intervention » pour sa conduite admirable au Mali
  • Juin 2020 : victoire du CPA 10 au challenge de tir « Damien Boiteux »


Comment intégrer le CPA 10

Pour entrer dans les rangs des commandos parachutistes de l’air, il faut être de nationalité française et être âgé de moins de 30 ans à la date de signature du contrat. Le niveau scolaire exigé varie selon le grade : niveau 3e pour les militaires techniciens de l’air (MTA), baccalauréat pour les sous-officiers, ou bac +3 pour les officiers.


La sélection se fait sur dossier et après une enquête de sécurité sur le candidat. Celui-ci doit être déclaré apte après sa visite médicale et réussir différents examens spécifiques : tests psychotechniques, test d’anglais, et épreuves sportives.


Enfin il doit valider quatre stages pour espérer intégrer le CPA 10 : « maquis », « matou », « attila » et « belouga ». Il faut compter un an et demi pour compléter l’ensemble de ces formations si elles sont enchainées. 


Stage « Maquis »

Il dure cinq semaines pour les MTA et sept semaines pour les sous-officiers et officiers. Il se déroule à Orange au sein du centre de préparation opérationnelle du combattant de l’armée de l’air (CPOCAA).

Ce stage est commun à tous les aviateurs se destinant à la sécurité protection.

Il comprend beaucoup de sport (renforcement musculaire, marche de 8km, parcours d’obstacles, natation…) et de l’instruction (différentes situations de tir, topographie, combat au corps-à-corps…)


A l’issue les candidats obtiennent le brevet militaire de fusilier de l’air ou (après formation complémentaire) de maître-chien de l’air, permettant leur incorporation dans un escadron de protection (EP) au sein d’une base aérienne.


Stage « Matou »

Il dure 12 semaines et se déroule au Centre Air de Saut en Vol (CASV) sur la base aérienne 123 d’Orléans.


Ce stage forme les MTA souhaitant intégrer le CPA 20, ou les sous-officiers et officiers se destinant aux EP ou aux CPA.

Il permet d’approfondir les compétences et connaissances en protection défense, et de former au saut à ouverture automatique (SOA) dans le cadre des activités TAP (Troupes Aéroportées)


A l’issue, les militaires obtiennent le brevet militaire de fusilier parachutiste de l’air ou (après formation complémentaire) de maître-chien parachutiste de l’air.


Stage « Attila »

Il dure 18 semaines et se déroule sur la base aérienne 123 d’Orléans.

Ce stage est initialement destiné aux fusiliers parachutistes de l’air souhaitant évoluer en commando parachutiste de l’air au sein du CPA 30. Il est néanmoins nécessaire pour effectuer le stage « belouga » et ainsi prétendre intégrer le CPA 10.

Le programme est dense. La première semaine est consacrée aux tests et à la préparation physique pour la suite du stage.

Les participants poursuivent avec quatre semaines au centre national d'entraînement des commandos dans les Pyrénées orientales, à Mont-Louis, pendant lesquelles leur résistance physique et mentale est mise à l’épreuve (parcours en hauteur, nage en eau froide, escalade…)

Ils assistent ensuite à des cours théoriques et à l’instruction de tir durant une semaine.

Le Centre de Formation à la Survie et au Sauvetage (CFSS) implanté sur la base aérienne 120 de Cazaux les accueille pendant deux semaines. Ils y apprennent à survivre en temps de paix comme en temps de guerre, grâce à des exercices de simulation.

Les six semaines suivantes sont consacrées au combat (auto-défense, parcours de tir…) toujours organisées autour d'entraînements réalistes (parcours tout-terrain, embuscade…).

Puis les participants retournent à Cazaux, cette fois-ci au sein de l’escadron d’hélicoptères 1/67 « Pyrénées ». Les techniques d’aérocordage leur sont enseignées.

Enfin, les deux dernières semaines sont consacrées aux évaluations écrites ainsi qu’un exercice de synthèse sous forme de raid. Cette dernière étape leur demande de mettre en œuvre l’ensemble des savoir-faire appris au cours des cinq derniers mois.


A l’issue, les militaires obtiennent le brevet militaire de commando parachutiste de l’air et peuvent ainsi intégrer le CPA 30, ou pour certains d’entre eux intégrer le stage « belouga » et prétendre au CPA 10.


Stage « Belouga »

Il dure 17 semaines et a lieu deux fois par an.

Ce stage n’est ouvert qu’aux meilleurs éléments ayant réussi le stage « attila ».


 

Pendant les quatre semaines de la phase désertique, le stage « Belouga » se déroule sur la base aérienne 188 de Djibouti. Le terrain d’exercice est au plus proche de la réalité à laquelle sont confrontés les commandos du CPA 10, et permet aux stagiaires de s’entrainer avec des moyens de transport variés (hélicoptères, avion de chasse, avion de transport…) tout en s’aguerrissant.

A l’issue, les candidats obtiennent le brevet militaire de commando des forces spéciales air et sont affectés au CPA 10. Le taux de réussite est de 80 à 85%.


Salaire

Le salaire, appelé solde à l’armée, varie selon le grade :

  • Aviateur (sortie de formation initiale) : 1296 € net
  • Caporal : 1376 € net
  • Caporal-chef : 1405 € net
  • Sergent : 1555,75 € (échelle de solde n°2, échelon 1)
  • Lieutenant : 1668,22 € (échelon 0)

Selon la situation familiale et l’affectation géographique des indemnités peuvent s’ajouter.

A l’obtention du brevet militaire de fusilier parachutiste de l’air, une indemnité de 640 € mensuelle s’ajoute, pour services aériens (prime à l’air).



L’équipement et les véhicules du CPA 10

Les commandos parachutistes de l’air ont à leur disposition un équipement technique et une gamme de véhicules adaptés à leurs besoins spécifiques. Ils peuvent aussi compter sur le soutien d’autre unités de transport.

Ils sont en lien étroit avec les industriels. Leurs retours d’expériences et leurs tests en avant-première permettent aux industries et start-up de développer ou améliorer des produits à la pointe de la technologie correspondant parfaitement aux besoins de ces forces spéciales de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Enfin, certains commandos font preuve d’innovation et de créativité, en développant eux-mêmes certains matériels (comme récemment avec le projet Arcane qui a permis à un binôme cynotechnique d’exécuter un saut à très grande hauteur, une première mondiale !)


Equipement et matériel du commando

La tenue du CPA 10 comprend une base commune avec les fusiliers de l’air : treillis, casque lourd, gilet pare-balle, lunettes balistiques, lampe torche…

L’armement utilisé est le HK 416 A5 pour le fusil d’assaut, et le Glock 17 pour l’arme de poing.


Les commandos disposent cependant d’équipements plus spécifiques : jumelle à vision nocturne avec capteur thermique intégré, jumelle de tireur d’élite avec suivi de cible intégré, désignateur laser terrestre DHY 307 (pour le guidage laser des missiles, bombes ou obus), et système Viper couplé à un GPS pour transmettre une position.


Véhicules utilisés par le CPA 10

Les paras du CPA 10 disposent de leurs propres véhicules, choisis pour leur fonctionnalité, leur maniabilité, leur rapidité et leur discrétion. Ils ont ainsi des motos, des quads Polaris et des véhicules patrouilles spéciales 2 (VPS2).


Ils disposent également de matériels de pointe :

  • Drone Skylark 1 LE (conçu par Elbit Systems) : drone tactique avec une portée de 20 à 40 kilomètres et une autonomie de 3h, il emporte le système D-STAMP (caméra miniature) et U-STAMP (caméra infrarouge miniature) pour la reconnaissance tactique. Il est capable de retransmettre des images en temps réel en vue d’une frappe.
  • Drone Corvus (conçu par le CPA 10) : drone avec une portée de 10 kilomètres et une autonomie de 2h30, il a la capacité de décoller à la verticale comme un hélicoptère. Il est réparable rapidement et facilement sur le terrain.
  • Nanodrone Black Hornet (conçu par FLIR Systems) : d’un poids de 18 grammes, avec une portée de 1,6 kilomètres et une autonomie de 25 minutes.
  • C3 ISTAR (conçu par Safran et Pramacom) : capteur optronique dédié aux renseignements, à fixer sur un hélicoptère de combat. Il est capable de détecter un véhicule phares allumés à 60 kilomètres et une moto phare allumés à 10 kilomètres.

Les groupes actions du CPA 10 sont soutenus par deux unités de l’armée de l’Air et de l’Espace, faisant également partie du Commandement des Opérations Spéciales. Il s’agit de l’escadron de transport 3/61 « Poitou » basé sur le BA 123 d’Orléans, qui possède trois C160R Transall, deux C130 H30 Hercules et deux DHC-6 Twin Otter (et prochainement des A400M); et de l’escadrille spécialisée hélicoptères 1/67 « Pyrénées » basée sur la BA 120 de Cazaux, qui possède six Caracal.

 

Le récapitulatif de cet article en vidéo : 

 


Laissez un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés