L’organisation d’une base aérienne

L’organisation d’une base aérienne

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« Pour faire voler nos avions, il faut toute une armée. » Ce slogan utilisé par l’armée de l’Air et de l’Espace dans sa campagne de recrutement en 2013, est toujours d’actualité, plus de dix ans plus tard. En effet, l’organisation d’une base aérienne est bien plus complexe que ce que l’on pourrait croire. De nombreuses unités, opérationnelles comme de soutien, travaillent dans l’ombre afin que les unités navigantes (dont la spécialité la plus connue est bien évidemment le pilote de chasse) accomplissent leurs missions de protection, de surveillance, d’intervention et de dissuasion.

 

Définitions

Base aérienne

Une base aérienne est un site militaire à partir duquel sont préparés et exécutées les missions opérationnelles de l’armée de l’Air et de l’Espace, qu’elles soient permanentes (protection, dissuasion, intervention) ou temporaires. La France compte 21 bases aériennes en métropole, deux en outre-mer et quatre à l’étranger, soit un total de 27 bases aériennes.

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Base de défense

Une base de défense (BDD) est une aire géographique qui regroupe plusieurs entités du ministère des Armées : des bases aériennes, des éléments air rattachés, des détachements air, mais aussi des régiments, des bases navales etc. En plus de ces entités « opérationnelles », la base de défense comprend aussi un groupement de soutien de base de défense (GSBDD), des organismes de soutien spécialisé (réseaux d’information, carburant, infrastructure…) et un commandant de base de défense. Au sein d’une base de défense, l’administration générale et le soutien sont mis en commun. Cette mutualisation, expérimentée en janvier 2009 et effective sur tout le territoire en janvier 2011, permet de réduire les coûts de fonctionnement. La France compte 60 bases de défense, 51 en métropole et 9 en outre-mer.

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Le commandement

Le commandant de base et son second

Une base aérienne est dirigée par le commandant de base (C1), qui est parfois aussi le commandant de la base de défense. Il est le représentant local du Chef d’Etat-major de l’armée de l’Air et de l’Espace. Selon l’article R3324-11 du Code de la Défense, le commandant de base est « responsable de l’emploi des ressources et de l’administration du personnel. » Il s’assure aussi de la bonne exécution des missions, et est responsable de la protection et de la sécurité du personnel, du matériel, des installations et des informations sensibles. Il est appuyé dans sa tâche par le commandant en second (C2), qui peut le remplacer en cas d’absence et auquel il peut confier de hautes responsabilités. En tant qu’officier sécurité base, le commandant en second est notamment chargé de mettre en œuvre les actions et les moyens de protection de la base aérienne.

 

Les autres commandants

Sous la responsabilité du commandant de base, des commandants d’unités gèrent chacun la direction courante de leur unité et conseillent le commandant de base. Ses principaux subordonnés sont ainsi le chef du Bureau Interface des Soutiens et Maîtrise de l’activité (BISMA), le chef du bureau Ressources Humaines (BRH), le chef du groupe appui activité (GAA), les commandants d’escadres et les commandants d’unités opérationnelles.

 

Le pôle appui commandement

Le pôle ou bureau appui commandement (BAC) est directement rattaché au commandement de base. Il comprend notamment le cabinet, dont le chef est chargé de gérer le secrétariat du commandant de base, de manager les informations et d’appliquer des actions de communications. Cette unité comprend plusieurs entités : le service communication (interne ou locale), le service photo ou multimédia (produire du contenu photo, vidéo et graphique) et le service du courrier général (échanges de lettres et documents entre les différents services/unités du site militaire).

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Le pôle appui au commandement est aussi responsable des ressources humaines et du centre de ressources linguistiques.

 

 

L’Etat-major fonctionnel

Plusieurs pôles existent au sein d’une base aérienne afin de garantir la sécurité de ses personnels, matériels, informations et installations, mais aussi de ses activités, parfois sensibles.

 

Le pôle sécurité protection

Le pôle sécurité protection (PSP) comprend deux grandes entités : la brigade de gendarmerie de l’Air (BGA) et le bureau coordination sécurité protection (BCSP).

La brigade de gendarmerie de l’Air a une mission de police administrative, judiciaire et militaire. Elle assure la protection du personnel, du matériel et des installations de l’armée de l’Air et de l’Espace tout au long de l’année, et intervient en cas d’accidents sur la base aérienne (notamment lorsque des aéronefs sont impliqués, mais aussi sur des accidents routiers par exemple) La gendarmerie de l’Air peut être spécialisée, sur certaines bases : brigade motorisée, brigade équestre ou section de recherche.

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Le chef du bureau coordination sécurité protection (BCSP) planifie et coordonne toutes les actions liées à la protection de la base, en liaison directe avec les organismes chargées de celle-ci (brigade de gendarmerie de l’Air, escadron de protection, escadron de défense sol-air, escadron de sécurité incendie et sauvetage…). Le BCSP contient une cellule service intérieure (CSI), une cellule sécurité base (CSB), une cellule de permanence commandement, et un officier de sécurité des systèmes informatiques de la base (le référent cyberdéfense)

 

Le pôle maîtrise des risques

Les missions du pôle maîtrise des risques (PMR) sont principalement la prévention et la maîtrise des risques, que ceux-ci concernent l’homme (sécurité au travail, risques technologiques, prévention routière…), les incendies ou l’environnement (maintien de la biodiversité…). Ce pôle est constitué d’un bureau maîtrise des risques (BMR), d’un bureau sécurité nucléaire (BSN), de nombreux spécialistes (santé et sécurité au travail, radioprotection, sécurité pyrotechnique…), d’un officier armement (OA) et d’un officier de sécurité aérienne base (OSAB). L’OSAB est notamment responsable du plan de sécurité aérienne de la base, du comité technique de sécurité des vols et de la formation des correspondants de sécurité aérienne au sein des unités opérationnelles.

 

Le pôle interface avec les soutiens maitrise des activités

Le bureau interface des soutiens et maîtrise de l’activité (BISMA) assure deux grandes missions. La première est de recueillir et d’analyser les besoins de la base aérienne dans le domaine du soutien (soutien commun, systèmes d’informations et infrastructure), puis de planifier, financer, rédiger les contrats de services locaux et les suivre. La seconde est de vérifier la conformité des installations et des procédures afin de garantir la navigabilité des aéronefs. Le BISMA comporte une section pilotage budget (divisée en cellule performance et finances/contrats), une section assurance qualité et une section coordination des soutiens (correspondant des systèmes d’information et de communication, spécialiste infrastructure…)

 

 

Le groupe appui activité

De nombreuses responsabilités incombent au commandant du groupe appui aux activités (GAA). Il doit s’assurer que tous les moyens d’appui à l’activité opérationnelle de la base aérienne soient mis en œuvre et disponibles (plateforme aéroportuaire, communications, lutte contre le péril animalier…), que la direction des vols mais aussi le trafic aérien soient correctement gérés, que la base puisse accueillir des aéronefs de passage (exercice, meeting, atterrissage d’urgence…), il est responsable des fonctions armement et NRBC de la base etc. De nombreuses unités composent le GAA :

  • L’escadron de protection (EP) : les fusiliers de l’Air ou les commandos parachutistes de l’Air (CPA 10, 20, 30) sont chargés de protéger et défendre la base aérienne, en France comme à l’étranger.

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  • L’escadron de soutien des matériels et de l’environnement (ESME) : les techniciens veillent à maintenir en condition opérationnelle les matériels (notamment véhicules) de la base aérienne.
  • L’escadron des services de la circulation aérienne (ESCA) : il est en charge du contrôle aérien, des informations de vol, mais comprend aussi le service météorologique et le service prévention du péril animalier.

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  • L’escadron des systèmes d’informations et de communication aérienne (ESICAéro) : il a en charge le déploiement de moyens de communication, de navigation et de surveillance aérienne (radar, radio, système d’aide à l’atterrissage…) et leur bonne mise en œuvre (vérification de la couverture radio par exemple)
  • L’escadron de sécurité incendie et sauvetage (ESIS) : les pompiers de l’Air assurent les missions classiques des sapeurs-pompiers (secours, sauvetage, incendies…) mais sont spécialisés dans l’environnement aéronautique (feu ou accident d’aéronef etc.)

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  • L’escale aérienne militaire (EAM) : elle est responsable du transit et de l’accueil aérien d’aéronefs de passage.
  • La direction des vols (DM)
  • L’escadron de soutien au ravitaillement technique aéronautique (ESRTA)
  • Le bureau de coordination logistique (BCL)

 

 

Les unités navigantes

Les unités navigantes se répartissent en escadre, subdivisée ensuite en escadrons, puis éventuellement en escadrilles. Les aéronefs des bases aériennes varient ; pour en savoir plus sur les missions qui leur sont confiées (et que nous n’aborderons pas ici), rendez-vous sur notre article dédié aux avions de l’armée de l’Air et de l’Espace.

 

Les escadres

Dans l’armée de l’Air et de l’Espace, les escadres sont l’équivalent des régiments dans l’armée de Terre, bien que le terme soit progressivement remplacé par escadron. Une escadre concentre des unités, matériels et personnels sous une même mission. Il existe actuellement onze escadres : cinq escadres de chasse, une escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique, deux escadres de transport, une escadre de commandement et de conduite aéroportée, une escadre aérienne de commandement et de conduite projetable et une escadre sol-air de défense aérienne.

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Les escadrons

Auparavant appelé « groupe », les escadrons ont pris ce nom pour des raisons d’uniformisations avec les alliés de l’OTAN. Ils portent tous une numérotation et un nom.

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On distingue plusieurs types d’escadrons, selon la mission qu’ils doivent accomplir : 12 escadrons de chasse, deux escadrons de drone, deux escadrons de ravitaillement en vol, 15 escadrons de transport, deux escadrons de transformation, un escadron électronique aéroporté, quatre escadrons d’hélicoptères et six escadrons de formation.

De plus, les huit escadrons de soutien technique aéronautique (ESTA) sont indispensables aux unités navigantes, puisque leurs mécaniciens assurent la maintenance des aéronefs.

 

 

Les autres unités Air

Parmi les autres unités que l’on peut trouver au sein d’une base aérienne, citons :

  • Le Centre d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA) : il a pour but d’informer et de recruter de nouvelles recrues pour l’armée
  • Le Centre d’information et d’instruction des réserves de l’armée de l’Air et de l’Espace (CIIRAA) : dirigé par un Officier de réserve adjoint base (ORAB) appuyé par un sous-officier de réserve adjoint base (SORAB), le CIIRAA a pour objectif de recruter et former les réservistes opérationnels de la base aérienne.
  • Le délégué militaire départemental (DMD) : il est la liaison entre la Préfecture et l’armée, et intervient par exemple en cas d’un plan secours.
  • L’escadron de défense sol-air (EDSA) : en France comme à l’étranger, il veille à la sûreté aérienne grâce à sa maîtrise de la 3e dimension et lutte contre diverses menaces (missiles, drones, aéronefs…)

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  • Le Groupe d’intervention neutralisation enlèvement destruction des explosifs (GRIN)
  • Le centre militaire d’observation par satellite (CMOS)

 

 

Le GSBDD

Le groupement de soutien à la base de défense est une entité indispensable, qui gère, comme son nom l’indique, l’ensemble des éléments rattachés à la base de défense. Il est responsable de tout ce qui ne relève pas du cœur de métier des unités soutenues. Depuis 2014, le GSBDD est sous l’autorité hiérarchique du service du commissariat des armées (SCA).

Le service administration du personnel (SAP) comprend un bureau personnel militaire en charge de l’accueil, de l’administration et de la solde des militaires, un bureau chancellerie (notations, récompenses et décorations des personnels), un bureau formation, un bureau personnel civil (environ 5000 dans l’armée de l’Air et de l’Espace) et une cellule effectifs.

Le service gestion base vie (SGBV) compte un bureau des moyens logistiques (transport, soutien pétrolier, logement, magasins et ateliers…) et un bureau des moyens financiers (achats et trésoreries).

Enfin, le service soutien vie (SSV) se compose d’établissements publics administratifs (mess, foyers), du bureau interarmées du logement et de l’hébergement/hôtellerie.

 

 

Les acteurs locaux du soutien

Pour terminer, d’autres entités peuvent être installées et intervenir sur une base aérienne, sans en dépendre directement (ni dépendre de la base de défense) :

  • Le dépôt des essences des armées (SEA)
  • Le centre médical des armées (CMA)
  • L’unité du service infrastructure de la Défense (SID)
  • Le centre interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’informations (DIRISI)
  • L’entrepôt principal des munitions (SIMu)

 

 

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