Profession : gendarme mobile

Profession : gendarme mobile

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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs.

 

L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, qu’elles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

 

Nous avons rencontré un commandant d'escadron de gendarmerie mobile afin d'en savoir plus sur cette unité aux multiples missions et nous parleront notamment longuement de la question du maintien de l'ordre. Cette thématique fait d'ailleurs l'objet d'un dossier complet de plusieurs pages dans le numéro 4 de notre magazine papier, que vous pouvez commander sur notre site.

 

Présentation

Le capitaine Benjamin Candeleda a d’abord suivi un cursus universitaire avant d’intégrer l’institution. La gendarmerie a toujours été une vocation pour lui, mais après avoir obtenu son bac, le centre de recrutement lui a conseillé de poursuivre ses études le plus loin possible, car cela lui offrirait davantage de possibilités en termes de carrière. Ayant toujours aimé l’histoire, il passe donc une licence puis un master dans ce domaine. Diplôme en poche, il entre ensuite à l’école de sous-officier de Libourne pendant un an. A la fin de sa formation, il est affecté à l’escadron de Bourg-Saint-Andéol, en Ardèche, de 2009 à 2013. Il réussit le concours officier en interne, et poursuit donc par deux années à l’école des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) à Melun de 2013 à 2015. A l’issue, son affectation l’amène au peloton d’intervention de l’escadron de Lucé de 2015 à 2019. Depuis août 2019, il est le commandant de l’escadron de gendarmerie mobile Tarbes.

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Les missions de la gendarmerie mobile

Le commandant d’unité

En tant que commandant de l’escadron de gendarmerie mobile, le capitaine Benjamin a de nombreuses responsabilités. Sur l’aspect opérationnel, il commande les hommes sur le terrain lorsqu’il y a des engagements, des recherches de personnes, des missions de défense de site etc. Il forme également les personnes sous ses ordres et les « pousse à passer des formations, des diplômes, pour qu’elles puissent obtenir des qualifications, évoluer en grade », détaille-t-il. Cet aspect ressources humaines se traduit aussi un travail administratif : notation et évaluations des personnels, gestion des effectifs et des permissions. En tant que chef d’escadron, le capitaine Benjamin participe aux cérémonies et aux représentations, et est aussi l’élément de liaison avec les institutions militaires ou civiles.

 

Le maintien de l’ordre

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, surtout au vu de ces dernières années, le maintien de l’ordre ne représente qu’une petite partie des missions de la gendarmerie, « environ 10% », estime le capitaine Benjamin. Ce taux est variable, il dépend de l’emploi défini par la direction générale de la gendarmerie et par la région. Les gendarmes mobiles sont employés de trois manières différentes : sur des missions permanentes (pas forcément de maintien de l’ordre), sous le régime d’alerte Puma, ou sur des missions temporaires.

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Qui définit les missions des gendarmes mobiles ?

La direction générale de la gendarmerie définit un calendrier prévisionnel de l’emploi de tous les escadrons de France, sur l’année. « Il y a en général une à deux missions permanentes par an à honorer », explique le chef d’escadron. Ensuite, la région récupère le calendrier pour définir, selon les créneaux libres, les missions qui s’appliquent au niveau régional. Enfin, les créneaux restants sont à la charge du commandant d’unité qui gèrent les permissions, les instructions, les stages etc.

 

Les différences entre les gendarmeries départementale et mobile

L’un des plus grandes différences est sur le plan juridique. Les gendarmes départementaux sont agents de police judiciaire ou officiers de police judiciaire, alors que les gendarmes mobiles sont agents de la force public. Cette différence de statut accorde aux gendarmes mobiles moins de possibilités « sur le terrain pour tout ce qui est contrôle d’identité, de perquisitions judiciaires », souligne l’officier. Ils peuvent toutefois obtenir une habilitation temporaire selon les missions, par exemple en cas de renfort à la gendarmerie départementale. La seconde différence majeure est que la gendarmerie mobile est plus polyvalente, car elle est projetée partout en France et effectue de nombreux déplacements, dans des territoires variés (outre-mer, montagne, Paris…). Au contraire, la gendarmerie départementale est spécialisée sur son territoire, qu’elle connaît très bien ainsi que sa population.

 

 

Salaire

Solde : a partir de 12 heures de deplacment, indemnité »poiur le fait d’etre a distance de chez nous », elle varie selon territoire : en métropole = 39€ ; outre mer peut demander jusqu’à 65€ (en + par jour)

Solde sous off par mois : environ 1800€

Logement gratuit, vie en caserne. « avanage en nature non négligeable, surtou quand on doit se loger dans des grandes villes comme paris ». logmenet obligatoire, prévu par les statuts, le gend peut vivre a l’exterieur seuleement s’il en fait la demande ou selon cas particuleir (ex : couple de gendarmes, dont un vit dans brigade a coté, ils peuvent vivre dans meme caserne)

gendarmerie mobile, manifestations

 

 

Le recrutement

Plusieurs voies possibles

Les sous-officiers se recrutent à partir d’un niveau bac. S’ils réussissent le concours, ils intègrent l’école de formation, à la fin de laquelle ils choisissent, selon leur classement dans la promo, une unité d’affectation.

Pour les officiers, plusieurs options sont possibles :

  • Par concours interne pour les sous-officiers ; ils doivent avoir moins de 36 ans, six ans d’ancienneté au minimum, et détenir une licence ou un diplôme équivalent dans le civil.
  • Par concours externe pour les universitaires ; ils doivent avoir moins de 27 ans et détenir un master 2 au minimum.
  • Par un recrutement via les grandes écoles (Saint-Cyr, Ecole navale…) ; quelques places sont disponibles pour eux chaque année.

De plus, une passerelle est possible pour les policiers et militaires via concours interne et une procédure particulière.

La demande en gendarmerie mobile est variable. Il y a moins de postes qu’en gendarmerie départementale, uniquement 109 escadrons en mobile et 3 à 4 postes d’officiers par escadron. Ceux qui choisissent cette unité le font pour « voir du pays », indique le capitaine Benjamin, visiter la métropole et l’outre-mer.

 

Les qualités requises

« Il faut être sportif, on court beaucoup, avec du matériel qui pèses, donc il faut avoir une certaine résistance et endurance à l’effort. Au niveau psychologique, il faut s’attendre à être confronté à la violence, du maintien de l’ordre mais aussi lors de d’autres mission (différent familial, vue du sang, tentative de suicide, prise à partie par un individu armé etc.) En termes individuel, il faut savoir faire preuve d’initiative et de curiosité. C’est un métier qui s’apprend et il s’apprend mieux et plus vite si on est curieux et si on est capable de comprendre rapidement tout ce qu’il y a à faire », détaille l’officier.

 

 

La formation au maintien de l’ordre

Deux types de formation

La formation initiale se déroule en école, par un entrainement à Saint-Astier, que ce soit pour les sous-officiers ou les officiers. Ils y apprennent les rudiments du maintien de l’ordre (cadre d’ordre, manœuvres, travailler en unités constituées…)

La formation continue se fait tout au long de la carrière du gendarme. Régulièrement, celui-ci retourne à Saint-Astier afin d’être évalué et d’être formé à de nouvelles techniques, de nouveaux procédés, utiliser de nouveaux matériels et tester leur efficacité sur le terrain. Au niveau de l’escadron, des périodes d’instructions obligatoires évaluent également les militaires (sport, secourisme, tir…). Enfin, les gendarmes suivent parfois des formations complémentaires (techniques de menottage, progression dans un bâtiment…)

 

 

L’armement des gendarmes mobiles

Les gendarmes mobiles sont formés sur l’ensemble de l’armement en dotation : le pistolet automatique Sig Pro 9mm, le FAMAS, le fusil à pompe quand celui-ci est encore utilisé, t le HK MP5 (arme collective). Pour chaque arme, un recyclage annuel permet de vérifier les connaissances (cadre légal, cadre d’emploi, montage et démontage) et les capacités de tir. La mission de maintien de l’ordre nécessite un armement spécifique et les gendarmes sont aussi formés sur l’usage des grenades, boucliers, bâton, lance-grenade et LBD.

 

 

Le maintien de l’ordre

Perception du maintien de l’ordre par le public

« La présentation du maintien de l’ordre est un peu délicate, admet le capitaine Benjamin. Il y a beaucoup de maintien de l’ordre où il ne se passe rien ou pas grand-chose. Ça va représenter 80% du maintien de l’ordre : la manifestation se déroule sans problème, nous respectons le droit de manifester de ceux qui viennent, il n’y a pas de débordement parce que l’itinéraire était prévu, la déclaration en préfecture a été faite etc. Les maintiens de l’ordre qui sont les plus médiatisés sont ceux où il y a des débordements, mais qui eux non plus n’accaparent pas toute une journée : c’est peut-être des fois l’histoire de 4-5 min où ça a chauffé, et le reste ce sont 4-5 heures où ça s’est bien passé. » Les réseaux sociaux ont eu un impact sur ce phénomène, parfois positif quand l’institution arrive à « calmer le jeu, faire baisser la pression », mais il peut aussi parfois y a voir une « récupération par l’adversaire », affirme le chef d’escadron, qui conseille de prendre du recul sur ce qui est montré par les médias. Le capitaine Benjamin note que si elle représente une toute petite partie des manifestants, les violences existent, et il faut savoir les anticiper, en regardant par exemple ce qu’il se passe à l’étranger (à Hong-Kong par exemple, où ils sont « particulièrement inventifs »).

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La réaction des gendarmes

Pour le capitaine Benjamin, les gendarmes en entraînement doivent se préparer au pire. « On n’est pas en guerre dans une manifestation, on n’a pas affaire à des ennemis mais à des adversaires. Mais malheureusement, on est obligé de prendre en compte les situations les plus dégradées, par exemple des agressions avec des cocktails Molotov ou avec des armes à feu, des camarades qui seraient blessés par divers projectiles ou par une arme. On doit s’entraîner à pouvoir réagir à ce genre de réactions », explique-t-il.

Les réactions des gendarmes sont en lien directes avec les menaces qui se présentent à eux : les boucliers sont suffisamment résistants pour que les gendarmes ne s’inquiètent pas de recevoir des canettes de bières ; c’est par contre beaucoup plus impressionnant lorsque les projectiles commencent à être des extincteurs, des boules de pétanque ou des barrières. « Je ne vais pas dire qu’on n’a pas peur, parce que ce n’est pas vrai, concède l’officier. On est toujours surpris par ce qui peut nous arriver. Maintenant aussi, on a des modes d’actions qui prévoient ces situations. Si la foule devient plus hostile, on va peut-être changer notre dispositif », comme par exemple scinder en cellules plutôt qu’avoir une seule ligne continue, rechercher une protection pour être moins ciblable, organiser un dispositif de protection en ajoutant des véhicules etc. Cette réponse à la menace est collective, mais individuellement, si le gendarme est isolé notamment, la légitime défense intervient pour qu’il puisse se protéger.

 

Les liens avec la police

Les CRS, la BRAV etc, peuvent parfois travailler en lien avec la gendarmerie mobile sur certains évènements. Le chef d’escadron explique que sur Paris, les commandants des différentes unités ont un briefing commun en général la veille de la manifestation. Le dispositif y est présenté, ainsi que les missions de chacun. Le jour J, chaque zone est supervisée par un commandant, et une unité mobile peut ainsi avoir des ordres de plusieurs chefs selon ses déplacements. Après la manifestation, un retex a lieu, parfois sur le terrain directement si la manifestation s’est dissipée calmement.

 

L’article 24 de la loi sécurité globale

Cet article a beaucoup été débattu, par les députés et par le public lui-même. Nous vous en parlons d’ailleurs à la page 29 de notre magazine n°4, avec une avocate spécialisée dans le droit à l’image.

Pour le capitaine Benjamin, le principal problème en manifestation est d’être filmé par tout le monde : les badauds, les journalistes, « qui peuvent empêcher la fluidité de certaines manœuvres par leur nombre », précise-t-il, les « pseudo-journalistes » qui ne sont présents que pour capter des images qui feront le buzz, les manifestants, ceux qui ne filment que les débordements… Le chef d’escadron affirme qu’il est difficile pour les forces de l’ordre de faire la distinction entre tout ce monde-là. « On les invite souvent à reculer, pour leur sécurité », indique-t-il, car les forces de l’ordre sont plus souvent des cibles de jets de projectiles.

Les forces de l’ordre se sont donc mises elles-aussi à filmer les manifestations, dans le but de donner des éléments d’ambiance. Il ne s’agit pas de « fliquer les gens, mais protéger l’action des forces de l’ordre », souligne l’officier, afin par exemple qu’un geste décrété mauvais par l’adversaire soit remis dans son contexte opérationnel.

 

Le cas des Zones à défendre (ZAD)

Le maintien de l’ordre n’a pas lieu qu’en centre-ville, il peut aussi s’agit de déloger des personnes de zones à défendre (ZAD). Le nombre de forces déployées est déterminé en avance grâce au renseignement réalisé par la gendarmerie départementale (dans la plupart des cas), et représente souvent plusieurs escadrons, selon le volume adverse. Un briefing permet à chaque unité de connaître ses missions et les grandes lignes de la manœuvre générale. Un contrôle de flux en amont est opéré par la gendarmerie départementale sur les axes qui rejoignent la ZAD. Puis le dispositif se met en place avec la gendarmerie mobile. Un débriefing a aussi lieu en fin de manœuvre.

Les gendarmes sont dotés de plus en plus de moyens, comme par exemple des véhicules blindés. Le capitaine Benjamin explique « l’utilisation de ces moyens par la nature du terrain et des adversaires », car les ZAD sont souvent en campagne, synonyme de terrain accidenté, boueux, marécageux, avec des obstacles naturels etc, que les véhicules doivent savoir passer. Ils doivent aussi rendre le terrain praticable afin que les agents de polcie judiciaire puissent venir constater les lieux.

 

 

Dernier conseil

Le capitaine Benjamin conseille à un jeune souhaitant s’engager, de « se renseigner par le canal officiel, les centres de recrutement, pour avoir les bonnes infos. » Des infos plus précises peuvent aussi être prises en se rendant directement auprès des brigades locales. Enfin, pour lui il est essentiel de se préparer physiquement, notamment pour les civils n’ayant aucune expérience militaire au préalable, car la formation initiale comprend beaucoup de sport.


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