La section d'aide à l'engagement débarqué du 2e REI

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L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, quelles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

Cette semaine, nous partons à la rencontre du lieutenant Philippe, chef de la section d’aide à l’engagement débarqué (SAED) au 2e régiment étranger. Cette unité, considérée comme l’élite du régiment, est placée directement sous les ordres du chef de corps et remplit plusieurs missions spécifiques comme le renseignement ou les actions chocs. Avec cet ancien sous-officier, nous aborderons la particularité des hommes qui composent la section et les sélections drastiques pour l’intégrer.

Le chef de section de la SAED

Le lieutenant Philippe, 35 ans, est le chef de la section d’aide à l’engagement débarqué (SAED) du 2e régiment étranger d’infanterie (2e REI). Après une carrière de sous-officier au 16e bataillon de chasseurs, il décide de passer le concours des OAEA (officiers d’active des écoles d’armes) alors qu’il est adjudant. Après une année de formation, il choisit la Légion étrangère et plus spécifiquement le 2e REI basé à Nîmes, qu’il intègre en 2020. Quelques mois plus tard, il prend le commandement de la SAED.

Pour lui, c’est un changement radical. « Mais j’avais envie de me remettre en question. Passer officier c’est une chose, mais chez les bérets verts c’est un changement de monde ! Les débuts sont difficiles, car on perd tous les repères acquis dans la "régulière" et il faut rentrer dans le moule Légion. Mais l’intégration est faite avec bienveillance et les cadres sont toujours présents pour nous accompagner et nous guider. »

Qu’est-ce que la SAED ?

La SAED est une section créée au sein des régiments d’infanterie de toutes les unités de l’armée de Terre. Les personnels sont sélectionnés et formés pour les missions spécifiques qui lui sont confiées. « C’est un peu l’ancêtre des groupements commando d’infanterie (GCI) qui existaient dans certaines unités il y a une quinzaine d’années environ », raconte le jeune officier. 

Les SAED ont été créés il y a une dizaine d’années pour donner au chef de corps un outil supplémentaire pour mener à bien des actions de renseignement ou de feux au profit du régiment voir de la brigade. Ce format « commando » permet de disposer d’une section très autonome, équipée et entraînée pour aller combattre jusqu’à l’intérieur des lignes ennemies. 

On peut comparer sa place dans le régiment à ses missions principales à celles données aux commandos parachutistes ou montagne de la 11e BP ou 27e BIM.

Quelles sont les missions de la SAED ?

« Nous avons principalement deux grandes missions, explique Philippe. Nous sommes tout d’abord un outil de renseignement avant l’action du gros du régiment. Notre capacité à nous infiltrer nous permet d’arriver en avance de phase pour donner au chef de corps les éléments nécessaires à sa prise de décision sur les actions futures à mener. Notre deuxième mission pourrait être qualifiée de « choc », soit à l’intérieur du dispositif ennemi pour détruire un point particulier ou en avance de phase pour faciliter l’avancée de la force. » Pour la SAED du 2e REI, rattachée à la 6e brigade légère blindée, la mission en milieu lagunaire est une de ses spécificités comme pour la SAED du 21e RIMa. 

Depuis début 2021, les SAED sont intégrées aux missions Falco au Mali. Cette mission est une intégration des SAED dans un mixte de la mission Spartan des GCM et Cobra des GCP. Rattaché au groupement tactique désert aéro combat (GTD-A) Falco fournit à la force Barkhane une unité très entraînée, mobile avec un spectre de mission très étendu. Les commandos sont capables de faire du renseignement dans la profondeur parfois sur de longues durées, mais aussi de fournir une QRF pour effectuer des missions ponctuelles notamment d’action de feux sur un ennemi identifié. 

La création de Falco à plusieurs avantages : donner « un peu d’air » aux GCP et GCM en auto relève sur le théâtre depuis des années et permettre grâce à leur expérience, une montée en gamme des jeunes unités des SAED. 

Comment intégrer la SAED ?

Se voulant devenir l’unité d’élite du régiment, la SAED doit mener une sélection drastique avant d’intégrer de nouveaux militaires. « Cela dépend de nos effectifs, donc de nos besoins, affirme le chef de section. Normalement il y a une sélection par an. Nous vérifions évidemment la condition physique, psychologique, l’aptitude au combat et les connaissances théoriques des candidats, mais nous attachons une grande importance à son état d’esprit. À la section les soldats doivent faire preuve d’une grande autonomie, mais aussi une très forte capacité d’intégration. C’est un petit groupe ou chacun à sa place, ses forces et ses faiblesses. C’est l’agrégation de tous qui fait la force de la SAED. Petite spécificité Légion, nous demandons aux candidats d’avoir une bonne maîtrise du français. Il y a rarement de très jeunes légionnaires sélectionnés, même si certains engagés peuvent déjà avoir une solide expérience dans d’autres armées. Nous privilégions des militaires ayant déjà fait leurs armes en compagnie de combat. La SAED est et doit rester une sorte d’aboutissement, l’unité que l’on rêve d’intégrer un jour force de travail et de persévérance. »

Matériel et entraînement de la SAED

L’entraînement de la SAED est quotidien au régiment. Cours théorique, sport, tir, simulation de combat de jour comme de nuit. De plus la SAED s’entraîne avec les autres unités spécifiques de la brigade regroupées au sein du GAEA (groupement d’aide à l’engagement amphibie). Plusieurs fois par an, le GAEA se regroupe pour un entraînement commun sur des camps militaires, mais aussi lors de stages commandos comme au centre d’instruction et d’entraînement au combat amphibie (CIECA) de Fréjus. 

La SAED bénéficie du plan d’équipement des unités spécialisées. Cela lui permet d’avoir des casques type OPS CORE des systèmes de vision ou de transmission spécifiques. L’armement est aujourd’hui celui en dotation dans l’armée française : Glock 17, HK 416 et 417 et SCAR L.

Un dernier conseil ?

« Outre la bonne préparation physique et mentale avant de vouloir intégrer la SAED, il faut aussi être honnête avec soi-même. Être prêt à se remettre en question tous les jours, avoir envie d’évoluer au sein d’un groupe et d’être là pour les autres. Accepter que, quel que soit le grade ou la fonction, chacun puisse avoir LA bonne idée au moment de mener la mission et donc de l’écouter. Enfin il faut essayer, croire en ses capacités, se dire : je vais le faire sans me donner le droit à l’échec, c’est le meilleur moyen de réussir. »

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