Académie militaire de Saint-Cyr : Former les chefs de demain
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Depuis le 3 juin 2021 les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ont entamé une profonde réforme pour préparer les futurs officiers à affronter les défis des engagements futurs. Le but affiché : créer un modèle d’enseignement intégré où formations militaires et académiques seront intimement liées et portées sur l’engagement opérationnel de haute intensité. Voilà tout l’enjeu de la création de la nouvelle académie militaire au cœur de la lande bretonne.
Être prêt pour 2030
Réformer une institution bicentenaire n’est pas chose aisée. Pourtant, les ESCC ont mené depuis 2019 cette transformation tambour battant. Au cœur de cellesci, la volonté de préparer les chefs de demain au combat de haute intensité, comme le souhaitait l’ancien patron de l’armée de Terre, le général Thierry Burkhard, aujourd’hui chef d’État-Major des armées (CEMA). En ligne de mire, les années 2030. À ce moment-là, les élèves d’aujourd’hui seront capitaines commandants d’unités élémentaires avec sous leurs ordres des compagnies entièrement “scorpionnisées”. Pour les préparer, le plan ESCC 2030 a choisi d’entamer sa réforme autour de plusieurs thèmes dont le point central sera l’officier et sa capacité de commander, quelle que soit la situation.
Une formation globale
Là où toutes les grandes écoles occidentales de formation d’officiers distinguent les formations universitaires et militaires, celle de Coëtquidan fait le pari de mêler intimement les deux. “Décloisonner ces deux cursus permet aux élèves de garder à l’esprit la finalité de leur formation, explique un officier de l’état-major de Saint-Cyr. On enseigne les grands sujets de relations internationales, les élèves font de l’étude historico-tactique des grandes batailles et souvent même in situ, la psychologie peut être abordée sous le prisme de la résilience par exemple et nos filières scientifiques lancent, entre autres, des travaux de recherche et d’application sur l’usage de la robotique ou des drones. C’est une manière de redonner un sens global à sa formation.”
Former des chefs de guerre
Avant même le conflit ukrainien, l’académie militaire avait clairement porté la formation des officiers vers un engagement durci où le rôle du chef sur le terrain serait un des points essentiels de la victoire. Pour l’armée de Terre, les 20 dernières années ont marqué le retour d’affrontements durcis (Afghanistan, Mali, Levant) dans des conflits certes asymétriques, mais qui engageaient et engagent encore les soldats dans des combats oubliés depuis les années 60... Pour mener ces guerres, notamment au plus près des combats sur le terrain, ce sont bien les chefs militaires de l’armée de Terre qui porteront la responsabilité de mener les hommes à la bataille. Le projet ESCC va donc engager une réforme sans précédent dans laquelle les trois cursus de formation des officiers (voir encadré) seront directement impactés.
Trois écoles, une académie
L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan regroupe trois cursus de formation des officiers de l’armée de Terre. L’école spéciale militaire (ESM) recrute sur concours des jeunes de 22 ans maximum après deux à trois ans de classe préparatoire.
Après trois années de formation, ils rejoignent pour une année leur école d’armes (infanterie, artillerie, cavalerie, génie, train, transmission, matériel) avant d’être affectés dans leur première unité opérationnelle avec le grade de lieutenant. Une minorité d’élèves (10%) sont recrutés sur titre après un Bac +5 pour intégrer l’ESM directement en troisième année.Les promotions de l’ESM comptent environ 160 élèves dont 10% de femmes et une dizaine d’élèves étrangers. L’école militaire interarmes (EMIA) recrute sur concours (37 ans maximum) une centaine de militaires déjà d’active, sous-officiers ou militaires du rang. La scolarité est de deux ans à Guer plus une année en école d’application.
L’école militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC) est constituée de jeunes issus de la société civile avec un niveau d’étude entre Bac +3 et Bac +5 engagés majoritairement comme officier sous contrat (OSC). Ils choisissent la filière commandement ou spécialiste (communicant, juristes, pilotes). La scolarité est d’un an avant d’être affecté en régiment (l’affectation est choisie en amont). L’EMAC accueillera aussi une petite partie d’élèves officiers de réserve (EOR).
Le choix de l'engagement
L'académie militaire de Saint-Cyr Coetquidan c'est aussi une longue et prestigieuse histoire. Cette histoire est portée par les différentes promotions qui ont jalonnées la vie de l'école et de l'attache particulière qu'elles gardent avec Coëtquidan. Il y a quelques années, les anciens de la promotion CBA de Cointet ont rassemblé dans un ouvrage : Le choix de l'engagement, leurs témoignages pour expliquer ce choix de servir comme officier de l'armée de Terre.
Le choix de l'engagement est un plongeon singulier dans un monde militaire souvent méconnu, où l'on découvre le rapport fusionnel entre un chef et les hommes et femmes placés sous sa responsabilité, au service de la nation ou, tout simplement, de l'autre. Plus de deux siècles après la création de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr les cinquante-cinq contributeurs de cet ouvrage, ancrent vingt-cinq années d'action dans le flot de l'Histoire au coeur de la vie de l'armée de l'armée de Terre et des opérations extérieures de ces trois dernières décennies.
Défense Zone vous propose la réédition des témoignages d'anciens élèves officier dans Le choix de l'engagement. Vous pouvez commander le livre sur notre librairie en ligne.
Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'article consacré à l'académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan dans le numéro 7 de Défense Zone
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