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Les missions de l'union nationale des combattants

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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs.

L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, quelles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

Dans ce nouvel épisode nous partons à la rencontre du Général Hervé Longuet, président de l’Union Nationale des Combattants (UNC). Cet ancien pilote de chasse, grand officier de la Légion d’Honneur et qui a notamment conduit l’action des forces aériennes françaises en Arabie saoudite lors de la guerre du Golfe, nous parle de son parcours et de sa nouvelle mission à la tête de l’UNC. Cette association fondée au lendemain de la première guerre mondiale a pour objectif de défendre les droits des combattants.

 

 

DZ: Bonjour Mon Général, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

GAL : Je suis issu de l’armée de l’Air. J’ai une carrière de pilote de combat, et j’ai eu le privilège de faire une carrière dans une sphère essentiellement opérationnelle, d’abord comme pilote puis en Etat-major.

Général Longuet, union national des combattants, UNC

 

DZ : Parmi ces opérations, est-ce que vous pouvez nous citer quelques missions effectuées ?

GAL : La première opération marquant dans mon parcours s’est déroulée quand j’étais pilote sur Jaguar en 1977. J’appartenais à une unité qui avait comme mission l’action extérieure, au titre d’accord de défense avec un certain nombre de pays dont des pays africains, afin d’intervenir si leur stabilité était mise en cause. C’était à l’époque où le Sahara occidental revendiquait son indépendance et s’attaquait notamment à la Mauritanie. Les Sahraouis ont pris en otage des français à Zouerate et il a été décidé d’intervenir, à la fois pour la protection de ressortissants français et pour un pays qui appelait à l’aide car étouffé sur le plan économique. On a été déployé sur Dakar et nous allions faire des misions feu. Dès lors qu’on était en alerte, on pistait les colonnes et on allait les neutraliser.

 

DZ : Ensuite vous êtes intervenus dans la guerre du Golfe ?

GAL : Oui, là j’étais en État-major, sous-chef opération à la force aérienne de combat, qui met en œuvre tous les avions de combat. J’étais déployé au tout début de la guerre du Golfe. Quand on est arrivé là-bas, les Saoudiens ne nous attendaient pas forcément. Ils demandaient des hélicoptères de combat, mais on a insisté pour participer avec des avions et un dispositif terrestre. On s’est donc mis en place avec des Jaguars, renforcés par des F1CR (des avions de reconnaissance qui avaient aussi une capacité de bombardement), et des mirages 2000 (pour participer à la défense de l’espace aérien).

C’était assez intéressant compte tenu du positionnement politique de la France, en particulier de son ministre de la Défense Monsieur Chevènement, qui craignait qu’on se fasse phagocyter par les Américains. Moi je m’occupais de la planification des missions, et la coordination n’a pas toujours été simple.

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DZ : C’est toujours la logique de l’OTAN aujourd’hui, qui est très phagocyté par les Américains. Quand le dispositif français, allemand ou autre rentre à l’intérieur c’est toujours compliqué ?

GAL : Oui effectivement, parce que les Américains ont toute une logistique et une capacité extraordinaire dans les transmissions et dans le soutien logistique. C’est en ça qu’ils sont forts. Dans l’OTAN, tout ce qui est soutien transmission, c’est américain. 

 

DZ : La position française à ce moment-là était de soutenir la coalition, et être là au cas où ?

GAL : La position française était d’être présent parce qu’il y avait une résolution ONU internationale. Donc la France en tant que pays souverain participait, mais dans les termes stricts de cette résolution qui était la libération du Koweït.

Pendant un exercice majeur de trois jours, l’ensemble du théâtre d'entraînement (en Arabie saoudite) était gelé au profit de cet exercice. Soit on y participait, soit pendant trois jours on ne volait pas. Je trouvais cette occasion intéressante de pouvoir sortir de notre quotidien et d’avoir le support d’un exercice général, dans lequel on rentre dans la globalité du fonctionnement d’une opération aérienne. Au niveau de la planification il y avait deux entités : le KTO (Koweït Theater Operation) et le Black Hole (réflexion sur la stratégie plus avancée en matière d’attaque dans la profondeur).

Pour terminer, en fin de carrière j’ai été « Rep France », c’est celui qui représentait le commandement français en Floride pour l’engagement de nos forces en Afghanistan. C’est celui qui est là pour vérifier que les moyens français mis à disposition de la coalition respectent bien les termes du mandat prévu.

 

DZ : Pouvez-vous me dire qu’elle est aujourd’hui votre fonction par rapport à l’UNC et en quoi cela consiste ?

GAL : Il faut d’abord noter que c’est l’Union Nationale des Combattants. Pas des anciens combattants. Donc par définition c’est intergénérationnel, il y a une continuité et un flambeau qui se transmet. Je ne connaissais pas bien le monde des anciens combattants avant de l’intégrer, parce que je le réduisais parfois, mais c’était une erreur de ma part, à quelque chose d’assez suranné et passéiste. Pour moi les anciens combattants c’était les porte-drapeaux qu’on trouvait le 11 novembre et je ne voyais pas du tout ce qu’il pouvait y avoir comme potentiel derrière. Ce n’est que lorsque je suis rentré dans cette association que j'ai vu toute la marge de possibilité qu’on avait. On s’appuie sur trois choses : on est intergénérationnel, on est apolitique (ce qui nous donne une « légitimité », on ne peut pas nous soupçonner de travailler pour une cause politique), et on a une implantation territoriale très forte. Ce sont trois points forts qui vont nous servir pour décliner notre action, qui est la solidarité vis-à-vis de nos plus anciens, de nos camarades et des blessés (ceux qui sont pris en charge par les institutions, et ceux atteints du syndrome de stress post traumatique, qui peut se traiter mais ressurgir, ou surgir quelques années après avoir quitté l’institution). Notre rôle est un peu un rôle de vigie. Notre implantation territoriale nous permet de détecter ces blessés, victimes, avant que ça n’aille plus loin, et de leur tendre la main.

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DZ : Avec quels moyens ?

GAL : Il est hors de question de se substituer aux spécialistes, assistantes sociales, psychiatres et autres, ce n’est pas notre métier. Nous il s’agit de les détecter, leur tendre la main et petit à petit essayer de les ramener dans un cadre normal, mais sans aucune vertu thérapeutique. C’est en complément. Par exemple, il y a des maisons ATHOS qui se créent. Nous, nous les aidons pour se diriger vers là. C’est apporter une bienveillance à leur égard, les prévenir que nous ne les soignons pas, mais qu’on peut les aider à se reconstruire au travers d’un projet qui leur est propre.

 

DZ : Est-ce que vous avez des exemples de personnes qui sont venus vers vous ?

GAL : C’est une structure qui est en train de se mettre en place avec un groupe de travail de blessés. Effectivement on a désigné des référents par départements, qui sont là pour organiser cette mission de vigie. On a déjà récupéré des gens en situation de dérive extrême.

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DZ : Apres, vous les mettez en relation avec les services de l’institution ?

GAL : On essaye de les récupérer. Ce n’est pas un travail facile, mais on peut être un trait d’union pour ramener ces blessés dans un système normal. Il y aura peut-être un échec, mais il faut tenter et ne pas se résigner. On peut leur redonner leur dignité, c’est important, c’est notre devoir.

Un autre aspect de la solidarité consiste à aider tous ceux qui quittent l’institution, notamment ceux qui partent après 4 ou 8 ans sans retraite. Brutalement ils se retrouvent dans le monde civil après un cocon protecteur qui est l’armée et toute un processus d’insertion est nécessaire. Avec notre maillage territorial on peut les aider, montrer ce qu’il faut faire à des gens un peu perdus devant le monstre administratif français.

On peut les aider aussi à la reconversion. Une fois de plus, on ne se met pas en concurrence avec les structures existantes (Défense Mobilité, dont la durée d’action est de trois ans). On a signé un partenariat avec une structure qui s’appelle Implic’action. C’est une structure souple avec d’un côté des gens qui ont quitté l’armée et qui ont eu une reconversion, connaissent les codes du monde civil ; et de l’autre côté ceux qui rentrent dans le monde civil et cherchent un métier. C’est une espèce de coaching qui se fait pour permettre à celui qui cherche un travail de construire son projet, éclairé par un ancien militaire qui connaît le mode de fonctionnement des militaires et qui connaît aussi le mode de fonctionnement civil, pour l’aider dans cette insertion avec succès.

 

DZ : Est-ce que ça se fait au niveau de toutes les générations ? Quand on parle d’anciens combattants, comme vous dîtes on a l’image de personnes plutôt âgées, qui sont dans les cérémonies ?

GAL : En effet, mais moi j’essaye de relancer un peu notre dynamique, on a un groupe de travail à venir… L’avantage de ces gens qui ont un certain âge c’est qu’ils font partie du paysage, ils connaissent parfaitement leur environnement et c’est une force.

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DZ : Vous parlez de quatrième génération sur votre site internet, à quoi correspond-elle ?

GAL : Le challenge aujourd’hui, c’est qu’on est sur des génération qui psychologiquement et sociologiquement sont tout à fait différentes. Sur les trois premières générations : 14-18 il n’y en a plus, 39-45 très peu, d’Indochine et d’Algérie peu aussi… Si on analyse ce qu’ils ont fait, je définis cela comme une unité de temps, de lieu et d’action. Ce sont des guerres qui ont duré un temps déterminé, ce que j’appelle l’unité de temps. L’unité d’action était le fait de défendre la France. Et l’unité de lieu était la France. Pareil pour 39-45, tout comme pour l’Indochine même si c’était un corps expéditionnaire, et même chose en Algérie. Deuxième point important : c’était une armée de conscription, des appelés (sauf l’Indochine qui était un cas particulier).

On se retrouve maintenant avec une nouvelle génération qui sont des engagés, qui sont remarquablement protégés par l’institution. On rappelle que les associations des anciens combattants ont été créées pour défendre les droits qu’ils revendiquent, et pour rappeler à l’Etat ses devoirs envers eux. Cette jeune génération d’engagés, n’agit pas sur un théâtre national : l’unité de lieu n’est pas là. L’unité d’action non plus : c’est le Sahel, l’Afghanistan, le Kosovo etc. Les anciens se retrouvaient à célébrer ce qu’ils avaient vécu ensemble, une expérience et un combat commun, même s’ils étaient dans des armes différentes. Aujourd’hui c’est complètement différent et il faut le prendre en compte. Les engagés ne se retrouvent pas tous ensemble, mais plus dans des associations régimentaires. C’est le challenge qu’on a dans la façon dont on doit envisager l’avenir et la façon dont on peut accrocher nos jeunes. Il faut qu’on leur montre qu’on est autre chose que des gens qui célèbrent le 11 novembre, mais qu’on a une certaine dynamique, et tous les points évoqués tout à l’heure.

L’autre point important, c’est qu’il ne faudrait pas que les soldats inconnus d’hier deviennent les soldats méconnus d’aujourd’hui. Des militaires sont sur des théâtres un peu abstraits : au Kosovo, en Yougoslavie ou au Sahel… L’opinion publique peut s’émouvoir qu’on ramène tant de morts alors qu’elle ne sait pas trop ce qu’ils font là-bas. Il va y avoir une émotion collective, mais qui dure deux jours puis on passe à autre chose. Il n’y a pas cette persistance qu’il devrait y avoir sur ce que fait le militaire, sur sa mission, ses sacrifices, la singularité de son métier. Car il est un citoyen étrange : obligation de réserve, obligation de disponibilité, pas le droit de se syndiquer, et il n’y a pas de droit de retrait à la différence de tout autre fonctionnaire (quand le fonctionnaire estime que ses convictions ou sa sécurité sont mises en jeu il n’y va pas ; le militaire si). On doit en permanence porter auprès du citoyen, des politiques, ce message : voilà ce que font nos militaires, leurs sacrifices, ce que vous leur devez.

Barkhane, Mali, OPEX, VAB, fantassin, patrouille, 16e BC 

DZ : Cela passe par des actions de communications ?

GAL : Oui c’est de la présence et de l’infusion sur place.

 

DZ : Est-ce que c’est quelque chose qui fait partie de vos prérogatives au sein de l’UNC ?

GAL : L’UNC est une organisation fédérale d’environ 170 000 membres aujourd’hui. On se décline avec une organisation départementale puis avec plus de 4000 associations. Je leur demande de sortir de l’image qu’ils ont et de montrer autre chose.

 

DZ : Il y a un secrétaire d’Etat aux affaires anciens combattants ? Quel est votre lien avec lui ?

GAL : Il y a un ministre délégué à la mémoire et aux anciens combattants oui. Le lien est quasi quotidien. En France on a une structure qui est l’ONAC, l’Office National des Anciens Combattants. On a d’ailleurs demandé à changer le nom pour se nommer combattants, parce qu’il y a aujourd’hui plus de 230 000 cartes de combattants opex. La notion de conflit comme dans le temps est finie, on est en permanence sur le terrain.

 Geneviève Darieussecq, ministre délégué à la mémoire et aux anciens cobattants

 

DZ : C’est justement compliqué à comprendre : un jeune qui s’engage à 18 ans, fait sa première opex vers 19-20 ans, rentre après ses 4 mois de mandat, est considéré comme ancien combattant ?

GAL : Oui, il faut avoir fait 120 jours d’opération extérieure pour avoir la carte du combattant, avec toutes les prérogatives qui y sont liées : pouvoir bénéficier d’une retraite « dorée » à partir de 65 ans (730€ par an), d’avoir la possibilité de la rente mutualiste, et d’avoir une demi-part fiscale en moins à 74 ans. Mais l’important c’est qu’il y ait une attention portée par les pouvoirs publics, et je trouve qu'avoir un ministre délégué est extrêmement important. L’ONAC s’occupe aussi des blessés, de la reconversion, c’est une structure étatique dédiée aux combattants.

 

DZ : C’est intéressant de montrer les différences entre les conflits, qui ont évolué, et de montrer qu’il y a tous les jours de nouveaux « anciens combattants », qui ont 20 ans.

GAL : On travaille avec une sénatrice là-dessus, qui a demandé à ce qu’on change pour s’appeler l’Office National des Combattants. Ça bouleverse des schémas intellectuels, mais c’est ça la vérité.

 

DZ : Dans ce lien avec les générations, on parle de devoir de mémoire. Il n’y a rien à voir entre celui de 14-18 ou de 39-45 où on défend le territoire national, et celui actuel où on va défendre une mission ?

GAL : Dans les grandes commémorations, 14 juillet, l’appel du général de Gaulle, le 11 novembre… Je considère que le 11 novembre, en matière de cérémonie du souvenir, est celle qui est essentielle. Il faut se centrer sur cette date. Pourquoi ? Parce que c’est la fin de la grande guerre, mais c’est surtout l’hommage rendu à tous ceux qui sont morts pour la France, du poilu de 14-18 à l’opex d’hier. Cette chaîne sacrée de ceux qui sont morts pour la France s’exprime au travers de cérémonies, et voila le lien sacré entre toutes les générations. Quand on parle de devoir de mémoire cela signifie ne pas oublier. Mais comment ne pas oublier et comment rendre hommage en transmettant. Comment transmettre ? Par du témoignage, au travers du monde scolaire (ce qui suppose avoir une relation forte avec les enseignants), et c’est notre devoir citoyen. Nous sommes des porteurs de citoyenneté par notre passé. Car la mémoire combattante c’est expliquer que du poilu de 14-18 jusqu’au militaire qui se trouve au Mali, ce sont des gens qui sont là pour défendre la liberté.

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Aujourd’hui, on a malheureusement assisté à la décapitation tragique d’un professeur, Samuel Paty, parce qu’il enseignait un certain nombre de principes, destinés à bien ancrer dans l’esprit des jeunes la notion de libertés, de liberté d’expression et de discernement. Il a été égorgé pour ça. Je mets ça en parallèle avec nos jeunes qui sont au Mali. Ce n’est pas tout à fait pareil mais l’objectif est le même : ils se battent face à des barbares pour qu’on puisse justement toujours avoir cette liberté et que nos étudiants puissent la porter. C’est comme ça que j’entrevois le rôle de la mémoire. C’est une façon de porter un message de citoyenneté. Il y a l’Histoire qui est une science un peu froide, et la mémoire, centrer une cérémonie autour d’un personnage ou d’un évènement qui a marqué une commune par exemple. Cette cérémonie se prépare et permet à ceux qui s’y consacrent en amont de se l’approprier. Vous pouvez solliciter des jeunes pour la lecture, venir faire témoigner un militaire rentré d’opex, il y a un travail dynamique et intelligent de la mémoire à travailler et personnaliser selon les circonstances.

 

DZ : Est-ce que cette perception par le monde civil n’est pas en train de diminuer en termes d’intensité ? On sent une défiance de plus en plus forte envers l’armée, ou les militaires, dans les médias mainstream ou l’image qu’ont les citoyens ?

GAL : Je dirai que la défiance qu’il y a n’est pas la défiance qu’il peut y avoir envers par exemple la police justement. Les militaires sont bien aimés, seulement on a tendance un peu à les oublier. La défiance dont vous parliez ce n’est pas tellement vis-à-vis des militaires mais envers l’emploi qu’on en fait, donc c’est une défiance politique, pas une défiance pour ceux qui sont sur les théâtres et risquent leur vie.

 

DZ : Tout le monde ne fait pas le lien entre le militaire et son emploi ?

GAL : Aujourd’hui ça a changé. Je crois que l’armée a une image assez positive, mais le problème est que cette image subit un important zapping. Le 14 juillet reste toujours une cérémonie très forte. Notre objectif est d’entretenir cet engouement, de donner de la persistance.

 

DZ : Quand on compare avec par exemple les Etats-Unis, on se rend compte qu’il y a un sentiment très fort, un amour presque du vétéran, du soldat qui s’est battu pour la démocratie, pour la liberté. Pourquoi n’avons-nous pas ça en France selon vous ?

GAL : Parce qu’on est un vieux pays ! Quand j’étais aux Etats-Unis il n’y avait pas un événement auquel j’ai assisté (match de baseball par exemple) pendant lequel il n’y avait pas l’hymne américain et tout le monde avec la main sur le cœur. Dans les années 1974 il y a eu quand même de fortes contestations par rapport au Viêtnam. Mais je pense que c’est dans l’esprit américain, c’est le citoyen qui défend ses valeurs au travers de sa démocratie, de l’armée. C’est complètement différent.

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Nous, nos anciens combattants, sommes soutenus par un organisme étatique. Les Américains c’est un système de mécénat, et toutes les opérations ce sont du « charity business ». Toutes leurs associations sont riches car elles ne vivent pas uniquement des cotisations des adhérents mais sur tout ce que peuvent leur donner des mécènes, des gens qui les soutiennent. Nous on a le Bleuet, on le vend, et l’argent collecté va en soutien d’actions sociales de l’ONAC. Les anglais ont une action similaire, le poppy (le petit coquelicot rouge) organisé par du « charity business » et non par un office national et fédéral. Au mieux de l’existence du Bleuet lors de la célébration du centenaire de la guerre, celui-ci a rapporté 2 millions d’euros. Quand on a passé l’émotion du centenaire, et avec en plus aujourd’hui les problèmes du confinement, les collectes sont descendues d’un étage. Les poppy, ce sont 50 millions d’euros par an. Ce n’est pas le même business, l’esprit est complètement différent.

 

DZ : Il y a plus cette ouverture au privé aussi peut-être ?

GAL : Ça tient à une relation tout à fait différente. C’est la France étatique : on a des militaires, c’est l’Etat qui s’en occupe, donc on n’a pas à s’en occuper. Chez les anglo-saxons c’est différent.

 

DZ : Un mot sur la question du recrutement. Vous êtes en fin de chaîne, mais au final le début de chaîne est important aussi : si le jeune qui s’engage ne connaît pas votre existence, vos missions, cela va être compliqué de le récupérer après. Est-ce que vous faites des actions à ce niveau, quand le jeune fait ses classes par exemple ?

GAL : J’ai demandé à qu’on intervienne si possible dans le SNU (Service National Universel). Mais ce sont des initiatives assez locales. Quand vous portez la mémoire comme élément fort de la citoyenneté et quand vous allez témoigner auprès des jeunes, ça leur donne une idée sur ce que peut être la mission d’un militaire. On leur ouvre un univers qui les sort de leur quotidien et des jeux-vidéos. Ensuite on a des initiatives locales qui sont intéressantes, en particulier au travers du drapeau et des porte-drapeaux. Et dans certains départements on a créé une mission qui s’occupe spécifiquement des jeunes porte-drapeaux, avec sa symbolique, des cours de défense. On accroche les jeunes à la citoyenneté et à la Défense et in fine, à ce que peut être le rôle du militaire là-dedans.

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DZ : Pour terminer, quel serait le conseil que vous donneriez à un jeune combattant de cette dernière génération ? Que voudriez-vous que les gens retiennent de votre action, de l’esprit de l’UNC ?

GAL : Je voudrais qu’ils retiennent que pendant la période d’activité, ils sont dans une structure militaire, et que le monde combattant, en particulier des associations comme les nôtres, est une structure où on partage toutes ces valeurs qu’on a en commun. Vis-à-vis de nos concitoyens, l’objectif est de montrer ce qu’on fait, la fierté d’avoir partagé ces valeurs, c’est un élément de reconnaissance. Rejoignez-nous parce qu’on est solidaire dans les valeurs qu’on partage. On a besoin de se nourrir des uns des autres et de nos expériences réciproques, parce qu’on concoure tous à une seule et unique mission : défendre les valeurs de la France.

 

 

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