Le groupe aéronaval (GAN)
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En opération, le porte-avions Charles de Gaulle ne navigue jamais seul. Cible prioritaire de l’ennemi, le bâtiment est toujours accompagné d’une puissante escorte chargée, en plus des avions et de la propre auto-protection du PA, de le protéger contre des attaques aériennes, de surface ou de sous-marins et d’assurer son ravitaillement.
Texte JR Drahi / Photos Marine nationale
Les missions du groupe aéronaval
Les missions du groupe aéronaval sont multiples et souvent en fonction des crises du moment. Sa présence même dans certaines zones maritimes est déjà un signal fort de l’État français et l’affirmation de sa volonté de résolution d’une crise. Avec sa capacité de projection sur de très longues distances, son autonomie, son état-major embarqué et sa parfaite interopérabilité aux procédures otaniennes, il est capable de mener des opérations d’entrée en premier sur pratiquement n’importe quels points du globe.
Une fois déployé, le GAN peut accomplir de multiples missions comme :
- L’attaque vers des objectifs terrestres grâce à ses avions chasse Rafale Marine
- La protection et l’appui d’une opération de débarquement amphibie
- La protection du trafic commercial international
- Avec le partenariat de forces à terre, assurer la supériorité aérienne dans une zone de crise
- Assurer la lutte anti-navires
- Participer au recueil du renseignement
Point particulier, le GAN est aussi une des composantes de la dissuasion nucléaire de la France grâce à sa capacité d’emport sur les Rafale du missile aéroporté ASMP-A
L’articulation du groupe aéronaval
La composition du groupe aéronaval change en fonction des besoins de la mission. Mais on y retrouve toujours un socle de base composé d’un sous-marin d’attaques, de bâtiments de lutte anti-sous-marine et anti-aérienne ainsi qu’un navire ravitailleur.
Le groupe aéronaval français
L’ensemble du groupe aéronaval est articulé autour du porte-avions Charles de Gaulle et de son groupe aérien embarqué (GAE)
Il est composé nativement par :
1 sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Rubis ou Suffren
2 frégates multimissions (FREEM) de la classe Aquitaine
1 à 2 frégates antiaériennes (FDA) de la classe Horizon
1 frégate légère furtive de patrouille lointaine de la classe La Fayette
1 navire ravitailleur de la classe Durance
Avec les FDA, la surveillance et la protection aérienne sont assurées par les Rafale et Hawkeye embarqué sur le porte-avions Charles de Gaulle, mais un Atlantic 2 basé à terre peut venir compléter le dispositif.
Le groupe aéronaval américain
Outre-Atlantique, le groupe aéronaval est appelé Carrier Strike Group (CSG). Il est composé d’environ 7 500 marins. Généralement le CSG est articulé de la manière suivante :
- Un porte-avions
- Un Carrier Air Wing (CAW). Le CAW est l’équivalent du groupe aérien embarqué français. Il emporte généralement entre 65 et 70 aéronefs.
- Un ou deux croiseurs multi-missions de la classe Ticonderoga, équipés de missiles à longue portée Tomahawk.
- Deux à trois destroyer de la classe Arleigh Burke, eux aussi équipés de Tomahawk, principalement dédiés à la lutte anti-sous-marine et anti-aérienne.
- Un à deux sous-marins nucléaires d’attaques de la classe Los Angeles
- Plusieurs navires ravitailleurs en fonction de la durée de la mission
La mission Clemenceau 2022
Chaque année le groupe aéronaval effectue une mission de longue durée. Cette année, le GAN constitué en Task Force 473 (TF 473) s’est principalement déployé en Méditerranée du 3 février au 8 avril 2022. La mission Clemenceau 2022 s’inscrit dans la continuité des missions Clemenceau 2019 et 2021. La mission première était de projeter une grande puissance maritime dans le bassin méditerranéen qui concentre aujourd’hui 25% du trafic maritime mondiale aux côtés de partenaires alliés. Pour le lancement de cette nouvelle édition, outre les bâtiments français, le GAN était renforcé par une frégate espagnole, une frégate et un sous-marin Grecques ainsi qu’un destroyer américain. Un hélicoptère NH 90 belge est embarqué sur la FDA Forbin et le groupe bénéficie de l’appui d’un avion de patrouille maritime P8 Orion US.
Opérations militaires au Levant
Pendant la mission, le GAN a participé au renforcement de l’opération Chammal pour la lutte contre Daech au Levant. Ce sont principalement les Rafale Marine F3-R du GAE qui sont mis à contribution en complémentarité des Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace déjà déployés au Levant.
Renforcement des opérations européennes
Dans une zone de tension élevée, le GAN participe à plusieurs missions sous mandat européen comme :
L’opération Althea pour la stabilité de la Bosnie-Herzégovine
L’opération IRINI qui met en application l’embargo sur la circulation d’armes en Libye, le contrôle de trafic d’être humain et une assistance à la marine libyenne.
Crise ukrainienne
Les plans du déploiement du GAN ont subitement changé après le 24 février et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les bâtiments se sont vu affecter la mission de protection du flanc Sud-est de l’OTAN. Aux côtés d’un GAN italien autour du porte-avions Cavour et du CSG US autour du PA Harry S. Trumann, les avions de la coalition ont assuré la couverture aérienne de la Roumanie et de la Bulgarie. De plus, après le survol et le crash d’un drone ukrainien près de Zagreb, un E2C Hawkeye a été déployé pour surveiller l’espace aérien croate à la demande de son président.
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