La vie après les forces spéciales avec Gallic Squad
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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs.
L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, quelles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.
Cette semaine, Défense Zone vous emmène à la rencontre de Roland alias "Gallic Squad" sur les réseaux sociaux. Cet ancien opérateur des forces spéciales aujourd’hui reconverti dans la formation en techniques opérationnelles et secourisme tactique au sein de la société Chiron solutions, revient sur sa carrière, les raisons de son engagement et la particularité de servir dans une unité spécialisée.
Présentation de Gallic Squad
Roland de son vrai prénom (Son pseudo vient de Gallic pour “Gaulois“ en anglais et “Squad“ pour mettre en avant la notion d’équipe) a 33 ans. Après une classe préparatoire, il décide de s’engager au 3e RIMa de Vannes où il sert à la Section d’Aide à l’Engagement Débarqué (SAED).
Après deux années il postule à la sélection du 1er RPIMa qu’il intègre ensuite en équipe CTLO (contre-terrorisme et libération d’otages). Il reste pendant neuf ans à Bayonne avant de rejoindre son ami Alex French SAS dans la société Chiron qu’il a créé en région parisienne. Roland est instructeur en technique opérationnelle et secourisme tactique. Pour l’ancien opérateur, même si les militaires restent moins longtemps à l’armée que les anciennes générations, la vie civile n’offre pas tant de débouché que ça. Travailler pour Chiron solution a été pour lui la possibilité d’avoir une transition plus "douce" entre les deux mondes et lui a permis de prendre plus facilement la décision de quitter l’institution.
Pourquoi ce choix d’être militaire du rang malgré les études accomplies ?
« C’était un choix réfléchis, affirme Roland, une volonté de vivre une expérience humaine et sociale à part. » L’ex militaire n’avait pas forcément envie d’être du côté des décisionnaires mais plus acteur de ces décisions sur le terrain. Pour Roland les études peuvent apporter néanmoins un certain bagage culturel, une ouverture d’esprit sur la société, le monde mais il insiste sur la différence entre une intelligence scolaire et pratique. « Cette dernière est essentielle dans les FS. Il faut comprendre son environnement, être curieux et éveillé, cela ne va pas automatiquement avec les années d’études. »
Pour Roland, la réalité des missions des forces spéciales va forcément développer cette intelligence pratique. Les opérateurs doivent comprendre le milieu dans lequel ils évoluent, les enjeux politiques, économiques et stratégiques. Cette même intelligence permet de mesurer ses actions sur le terrain car « on réalise bien sa mission quand on en comprends les enjeux ». Cette intelligence pratique, de situation, permet aussi de s’adapter à son environnement et de faire preuve d’empathie envers les populations sur les théâtres d'opérations.
La réflexion empêche-t-elle l’application de certains ordres ?
Pour Gallic Squad, la société peut avoir une image biaisée du militaire qui, soit a des muscles, soit un cerveau et que dans ce cas, l’intéressé ne pourra pas exécuter sa mission de guerre. Pour le jeune homme, être éveillé ne transforme pas l’homme en objecteur de conscience. On peut faire son travail tout en sachant que certains enjeux le dépassent. Le militaire n’est pas décisionnaire, mais au bout de la chaîne c’est lui qui est sur le terrain et il fera tout pour mettre le plus d’humanité possible dans l’exécution de ses actes et dans ces décisions. Cela permettra, entre autres, le respect des populations. « évidemment le militaire est un exécutant sans pour autant cautionner toutes les décisions. Mais j’aurais toujours plus de champs d’action sur le terrain, qu’en m’apitoyant sur la situation depuis mon canapé ».
Pourquoi choisir les forces spéciales ?
Roland a toujours cru à la notion de l’engagement, pour lui servir dans les forces spéciales était le choix le plus évident pour vivre pleinement cet engagement. « Je souhaitais être au coeur du système, le plus proche possible de l’action. Évidemment, je savais que pour être acteur dans ce système il y avait un prix à payer. D’abord une sélection difficile, une formation longue et éprouvante. Ensuite une vie sociale particulière car les déploiement en opérations sont très fréquents et en fois rentrés en France on reprend très vite l’entraînement pour être toujours au plus haut niveau et prêt à repartir. Enfin c’est l’acceptation de la prise de risque. La nature des missions expose plus régulièrement les membres des forces spéciales à la mort ou la blessure. Pour être acteur il faut intégrer cette prise de risque, c’est le prix à payer, mais cela m’a permis de me sentir vivant, individuellement bien sûr mais collectivement aussi car je participais aussi à la sécurité de mes concitoyens ».
La complexité psychologique des va et vient entre les OPEX et la vie civile.
Pour Roland c’est un des moments les plus difficiles à gérer. « C’est comme quitter le terre pour une autre planète, explique le jeune homme. Il faut régulièrement faire la bascule entre deux réalités totalement opposées. Quand nous sommes en mission dans un pays en guerre nous vivons une réalité. Mais cette réalité est celle du moment et forcément complètement différente de celle que nous vivons une fois rentrés en France. Il faut arriver à déplacer le curseur de cette réalité et parfois très rapidement, d’où l’importance des sas de décompression mis en place par les armées, cela permet d’avoir un retour à la réalité plus gradué. Mais je considère aussi que c’est une chance de vivre ces différentes réalités car être privée d’un certain confort en opération permet d’accorder plus d’attention aux choses simples quand on revient en France, comme une douche chaude, un vrai lit ou simplement sortir dans la rue sans se soucier de sa sécurité. »
Pourquoi utiliser les réseaux sociaux ?
« D’abord je publie uniquement du contenu de mon métier actuel, affirme Gallic Squad. Cela permet de parler de l’entreprise dans laquelle je travaille (Chiron, NDLR). Ensuite je tente de pallier certaines lacunes sur la communication des forces spéciales. Mon public est essentiellement composé de jeunes qui se posent pleins de questions sur les FS, les moyens d’y rentrer. J’essaye, en toute humilité, de compenser ce manque en les guidant dans leur réflexion, en faisant preuve de bon sens. Je fais pour eux ce que j’aurais aimé que l’on fasse pour moi quelques années en arrière. Je partage mon amour de la France, de cultiver le bon sens, d’avoir envie de voyager, de s’ouvrir au monde, d’être curieux et peut être de réveiller certaines vocations. »
Mais Roland ne souhaite pas trop personnifier son compte Instagram. « Je montre un concept plutôt qu’un personnage. La noblesse de ce métier tient aussi dans son anonymat. Il faut arriver à en montrer sans trop en montrer mais cela valorise les forces spéciales et donne envie à certains, civiles ou militaires, de rejoindre ces unités. » En revanche, Roland insiste beaucoup sur l’importance de la sécurité opérationnelle. Il est très attentif au contenu publié et assure réfléchir à deux fois avant chaque publication pour être certain que les contenu proposé ne puisse pas être exploité par de mauvaises personnes.
L’interprétation politique du patriotisme ?
« Je ne rentre pas dans ce jeux, explique Roland. Je trouve au contraire que l’amour du pays est la seule chose qui nous rassemble tous. C’est le socle commun qui nous permet de tendre vers quelque chose de cohérent au niveau collectif et cela est vraiment dommage que ce soit politisé. Le vrai "vivre ensemble" passe par le patriotisme autour d’un pays, d’une histoire et d’une langue commune. C’est aussi pour cela que je suis dans l’association "laissez-les servir". Elle a pour but de récupérer des jeunes garçons et filles venant des cités et souvent issus de milieux défavorisés. Lors de stages nous les aidons à retrouver des repères et cela se fait autour de valeurs, comme le dépassement de soi, la discipline et l’amour du pays…et ça fonctionne. On sent très vite qu’ils ont besoin de toutes ses valeurs, pour se retrouver et donner un sens à leur avenir. »
Un conseil pour ceux qui souhaitent rejoindre les forces spéciales ?
« D’abord être curieux, se renseigner et ne pas abandonner quand on nous trouve pas certaines informations, c’est souvent parce qu’il y a une raison à ça. Ensuite il faut suivre son instinct, aller au bout et surtout ne jamais se contenter de peu. Dans une société qui a tendance à réfréner un peu les ardeurs des plus jeunes, il faut en vouloir toujours plus et se donner les moyens. Le travail paye toujours et il permet d’atteindre ses ambitions. »
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