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Les unités du génie dans l'armée de Terre

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Le génie est une des deux composantes, avec l’artillerie, des armes d’appui de l’armée de Terre. Aujourd’hui, les sapeurs sont régulièrement engagés, notamment au sein des sous-groupements tactiques interarmes afin de faciliter la progression des unités sur le terrain. Doté de nombreuses spécialités, le génie offre une palette complète de savoir-faire allant de la pose de mine au déminage du minage en passant par l'aide au franchissement, la construction et la valorisation des infrastructures jusqu'à la sécurité des biens et des personnes sur le territoire ou à l’étranger.

 

 

Histoire et évolution de l'arme du génie

Les premières traces de génie militaire en France remontent à l'époque médiévale, quand les ingénieurs militaires étaient chargés de construire les fortifications et les systèmes de défense.

Mais c’est au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, que le génie connaît un premier changement majeur. Sébastien Le Prestre de Vauban, un ingénieur militaire français renommé, révolutionne les fortifications en concevant des structures défensives avancées, connues sous le nom de "places fortes". Il a également établi des méthodes et des techniques de siège qui ont influencé le génie militaire pendant des siècles. C’est à ce moment-là, en 1671, que le terme de « sapeur » est officialisé. Il désigne les hommes chargés de creuser des « sapes », des ouvrages souterrains permettant de renverser des ouvrages ou des tranchées.

Après la Révolution française, les ingénieurs militaires jouent un rôle crucial dans les campagnes napoléoniennes, en construisant des routes, des ponts et des fortifications pour soutenir les armées de l'empereur lors de ses nombreuses campagnes. C’est aussi l’emploi de plus en plus important des mines (explosifs) pour détruire des fortifications et places ennemies.

Les sapeurs jouent un rôle important lors de la Première Guerre mondiale. Une grande partie des affrontements se résument à des combats d’usure où les deux armées sont postées face à face dans leurs tranchées. Les sapeurs sont alors chargés de creuser les fameux tunnels pour se rendre jusque sous les tranchées allemandes et les faire écrouler pour la pose d’explosifs. Les hommes du génie sont aussi responsables de la construction des tranchées et galeries souterraines qui parcourent les champs de bataille.

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Lors des deux guerres mondiales, l'arme du génie a joué un rôle essentiel dans la construction d'infrastructures militaires, la réalisation de travaux de terrassement, la neutralisation des mines et des obstacles ennemis, ainsi que dans le soutien logistique des troupes. Au cours des décennies suivantes, l'arme du génie s'est adaptée aux évolutions technologiques et tactiques de la guerre moderne. Elle a développé des compétences dans de nombreux domaines comme le minage et contre-minage, la détection et neutralisation d'engins explosifs improvisés (IED), la mise en œuvre de moyens de franchissement pour permettre aux unités de franchir des coupes humide (rivières, fleuves, lac, etc., la construction de routes et d'aérodromes, ainsi que la gestion des obstacles sur le champ de bataille.

SOUVIM, déminage, 13e RG

Aujourd'hui les unités du génie sont déployées dans la majorité des opérations extérieures de l’armée de Terre, que ce soit en éléments isolés ou au sein d’un sous-groupement tactique interarmes par exemple, comme lors des opérations extérieures menées par la France, notamment en Afghanistan, en Afrique et dans d'autres zones de conflit.

 

L’organisation des unités du génie

Le génie est divisé en deux grandes activités : les unités de combat du génie et celles dédiées au secours et à la protection des populations.

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Le génie combat

Les unités du génie combat sont détentrices de nombreuses spécialités et savoir-faire. Le métier initial de chaque sapeur est la pose de mines et le contre minage. Une fois celles-ci acquises les sapeurs peuvent se spécialiser dans les travaux, le franchissement, la neutralisation d’engin explosifs, les plongeurs de combat ou la fouille opérationnelle. Les régiments du génie ont tous une base commune, mais chacun d’eux développe des spécialités propres.

 

  • Le 3e régiment du génie : Basée à Charleville-Mézières, cette unité est la plus ancienne de l’arme du génie. Doté de 4 compagnies de combat, d’une compagnie de commandement et de logistique, d’une compagnie d’appui et d’une compagnie de réserve, il est spécialisé dans l’appui à la mobilité tactique des unités de mêlée et la contre-mobilité. Les spécialistes du déminage du régiment, les EOD (spécialistes de l'intervention sur engins explosifs conventionnels ou non-conventionnels, appartiennent au groupe régional d’intervention (GRIN) fortement sollicité du fait de sa proximité avec des nombreux champs de bataille de la Première Guerre Mondiale qui sont encore fortement, pollués par des obus non explosés.

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  • Le 6e régiment du génie : Les sapeurs de marine du 6e RG rejoignent la 9e DIMa en 1993, rebaptisée 9e BLBMa en 1998. Basés à Angers ils ont la particularité de posséder les matériels et savoir-faire nécessaires pour l’appui aux opérations amphibies. Aujourd'hui le régiment aligne une compagnie de commandement et de logistique, trois compagnies de combat du génie, une compagnie d’appui, une compagnie énergie (pour la production et la distribution d’électricité), une compagnie d’aide au déploiement opérationnel (infrastructure pour le stationnement des unités en OPEX), une compagnie d'administration et de deux compagnies de réservistes. Le régiment est basé à Angers.

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  • Le 13e régiment du génie : Stationné sur le camp du Valdahon, le 13e RG est créé en 1943 pour être affecté à la 2e division blindée du général Leclerc. Les sapeurs au béret noir sont spécialisés dans l’aide à l’engagement des troupes de mêlée au contact de l’adversaire. Pour cela le régiment dispose de matériels spécifiques pour l’ouverture d’itinéraires potentiellement minés. Les engins, SOUVIM et BUFFALO, furent employés pour la première fois en Afghanistan dans les vallées de la Kapisa et de Surobi. Cette unité est aussi la seule à disposer du SPRAT, un engin capable de poser, sous le feu, une travée de 24 mètres en moins de 10 minutes au-dessus d’une coupure (route ou coupure humide). Capable de faire franchir tous les engins blindés de l’OTAN (dont les chars lourds) le SPRAT est actuellement le plus gros véhicule de l’armée de Terre. Actuellement le régiment est organisé en une compagnie de commandement et de logistique, de quatre compagnies de combat, d’une compagnie de contre-minage, d’une compagnie d’appui et d’une compagnie de réserve.

 

  • Le 17e régiment du génie parachutiste : Basé à Montauban, le "17" est le régiment de génie de la 11e brigade parachutiste. À ce titre il dispose de capacités uniques en Europe, comme l’aménagement de terrains sommaire pour préparer l'arrivée des avions et hélicoptères en se déployant directement par aérolargage. Outre l’aménagement des pistes, le régiment est aussi chargé de la saisie et du contrôle des zones aéroportuaires. Intégré à la brigade de l’urgence, le 17e RGP est l’unité du génie la plus déployée en opération extérieure depuis 1975. Aujourd’hui le 17 aligne 4 compagnies de combat, une compagnie de commandement et de logistique, une unité d’intervention et de réserve et une compagnie d’appui à l’engagement parachutiste (CAEP). Cette dernière regroupe 4 sections spécialisées. La section de commandos parachutistes, la section de plongeurs de combat, la section de fouille opérationnelle spécialisée et les éléments opérationnels de déminage et de dépollution.

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  • Le 19e régiment du génie : Basé à Besançon le régiment est la seule unité du génie à disposer des moyens lourds dédiés au déploiement. À ce titre il réalise les travaux de chantier en France et en opération extérieure en assurant aussi la production de matériaux et du traitement des sols. Il dispose aussi des savoir-faire particuliers d’entretien et de travaux des voies ferrées. Le régiment se compose d’une compagnie de commandement et de logistique, d’une compagnie d’appui, de deux compagnies de combat du génie, d’une compagnie d’appui au déploiement opérationnel, de deux compagnies d’appui au déploiement lourd (stationnées à Mourmelon et Canjuers) et de deux compagnies de réserves. Avec un effectif de 1 630 sapeurs dont 300 réservistes, le 19e RG est l’un des régiments les plus importants de l’armée de Terre.

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  • Le 31e régiment du génie : Le régiment de Castelsarrasin est désormais le régiment d’appui divisionnaire de la 3e div. À ce titre il peut, en cas de besoin et de saturation des effectifs, fournir des hommes et des moyens aux autres unités de la division. Les appuis spécialisés (plongeurs, EOD et fouille opérationnelle fournissent des capacités à haute valeur ajoutée pour l’état-major marseillais. Il est aussi le régiment génie chargé de fournir un appui spécifique à la 4e brigade d’aérocombat. Avec ses deux unités de production d’énergie il est le principal fournisseur d’énergie de l’armée de Terre. Aujourd’hui le régiment est articulé autour d’une compagnie de commandement et de logistique, une compagnie d’appui, de deux compagnies de combat du génie, de deux compagnies de production d’énergie, d’une compagnie d’appui au déploiement opérationnel et d’une unité d’intervention et de réserve.

 Génie, 31e RG

 

  • Le 1er régiment étranger de génie : Stationné à Laudun-l’Ardoise dans le Gard le 1er REG est un régiment de la Légion étrangère intégré à la 6e brigade légère blindée. Crée en juillet 1984 sous l’appellation 6e REG il est rebaptisé 1er REG le 9 juillet 1999. Outre les missions d’appui à la mobilité et de contre-mobilité il est le spécialiste amphibie de la brigade. À ce titre il est chargé de l’aménagement des plages et des vérifications de non-pollution sur les zones de débarquement et d’embarquement des unités de la brigade. Le 1er REG se compose d’une compagnie de commandement et de logistique, de 3 compagnies de combat du génie, d’une compagnie d’appui (comprenant les EOD, les PCG et le FOS) et d’une compagnie de réserve.

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  • Le 2e régiment étranger de génie : Le 2e REG est le régiment du génie de la 27e brigade d’infanterie de montagne. Comme le 17e RGP il est intégré à une brigade d’urgence. Basé à Saint Christol, sa création remonte au 1er juillet 1999 ce qui en fait le plus jeune des régiments de la Légion étrangère. Le régiment rempli toutes les missions d’appui à la mobilité et contre-mobilité pour les unités de la 27e BIM notamment en zone montagneuse. Pour cela les personnels reçoivent une formation spécifique et sont équipés de moyens dédiés.  ce dans des conditions très spécifiques. Depuis sa création le régiment à participé à tous les déploiements des unités de la brigade de montagne notamment lors de tous les mandats hivers en Afghanistan. Le régiment est organisé en 8 compagnies. Une compagnie de commandement et de logistique, une compagnie d’administration et de soutien, de quatre compagnies de génie combat d’une compagnie de réserve et d’une compagnie d’appui comprenant les Moyes spécialisées dont les EOD, une section d’aide au déploiement, d’une section d’aide au terrain sommaire, des EOD, de la fouille opérationnelle, d’un groupe commando montagne (GCM) et des plongeurs de combat. Ses deux dernières sections sont regroupées au sein de la section de renseignement et d’intervention offensive (SRIO). Tous les plongeurs sont qualifiés commandos montagne et sont en mesure d’assurer une majeure partie des missions des GCM. Pour en savoir plus retrouvez notre article sur le SRIO.

 

  • Le 25e régiment du génie de l’air : Cette unité particulière du génie est pour emploi au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, mais est une unité en gestion de l’armée de Terre. Stationné sur la base aérienne 125 d’Istres, le 25e RGA est l’unité dédiée au déploiement des forces aériennes en opération. À ce titre il effectue la dépollution des zones aéroportuaires, le contrôle, la réfection et le maintien en condition des pistes et terrains sommaires lors des déploiements sur les théâtres d’opération. Il est composé d’une compagnie de commandement et de logistique, d’un détachement de la compagnie d’instruction stationné sur l’ancienne base de Vouziers-Séchault, d’une compagnie opérationnelle du génie de l’Air (COGA) à Istres, d’une COGA à Mont-de-Marsan et d’une COGA à Abord.

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Les unités de protection et de secours

Par tradition les unités des sapeurs-pompiers et de sapeurs sauveteurs appartiennent à l’arme du génie. Ces deux grandes entités sont principalement chargées du secours à la population et de la lutte contre les catastrophes naturelles et industrielles en France comme à l’étranger.

 

  • Les unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC). Appelées aussi formations militaires de la sécurité civile, les UIISC sont au nombre de trois. Elles appartiennent à l’armée de Terre mais sont pour emploi au sein du ministère de l'Intérieur et des Outre-mer. L’UIISC 1 est basée à Nogent-le Rotrou, la 5 à Corte (Corse) et la 7 à Brignoles. Les unités 1 et 7 sont organisées de manières similaires avec une compagnie de commandement d'administration et de soutien, de 3 compagnies d’intervention et d’une compagnie d’intervention spécialisée. L’UIISC1 est aussi spécialisée dans les risques technologiques tandis que l’U7 du fait de sa position géographique dispose de tous les moyens lourds de lutte contre les feux de forêt. L’UIISC 5 est l’unité de déploiement immédiat lors des feux de forêt en Corse mais peut aussi servir de renfort sur le continent. L’unité est aussi le centre de formation aux risques naturels qui accueil chaque année près de 700 stagiaires de la sécurité civile, mais aussi des sapeurs-pompiers de l’île, des légionnaires du 2e REP et des aviateurs de la BA 126. Pour en savoir plus sur les formations militaires de la sécurité civile.

 

  • La brigade des sapeurs-pompiers de Paris : Crée en 1811 par Napoléon 1er, la BSPP est unité de l’armée de Terre placée pour emploi sous l’autorité du préfet de police de Paris. Elle a pour mission l’engagement opérationnel permanent pour la protection des biens et des personnes sur Paris et les départements de la petite couronne. Les sapeurs-pompiers effectuent plus de 500 000 interventions par an soit plus de 1 250 par jour. Repartie en 6 groupement et 71 centres de secours, la BSPP est forte de 8 600 militaires. Pour en savoir plus sur la BSPP.

 

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