La formation des équipiers de recherche du 13e RDP
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La filière est le cursus commun à tous les jeunes engagés du 13e régiment de dragons parachutistes qui souhaitent rejoindre un des escadrons opérationnels du régiment. Longue, sélective et exigeante, cette formation va durer plusieurs mois avant de permettre aux rares élus d’être employés par cette unité du commandement des opérations spéciales lors de futurs déploiements opérationnels.
Comment intégrer le 13e RDP
Il existe aujourd’hui deux grandes possibilités pour intégrer ce prestigieux régiment du commandement des forces spéciales Terre (COMFST). La première consiste à un engagement initial comme militaire du rang, sous-officier ou officier. La deuxième offre aux militaires déjà engagés au sein d’autres unités de rejoindre le 13e RDP après une série de tests.
Parcours officier direct
L’officier, après sa formation à l’académie militaire de St Cyr Coëtquidan, devra choisir l’arme de la cavalerie pour une année de formation de spécialité. Ce n’est qu’une fois sa formation terminée et en fonction de son classement qu’il pourra prétendre à intégrer le 13e RDP. Une fois muté, il devra suivre les nombreuses formations de qualifications et de commandement pour prétendre diriger une équipe de recherche.
Parcours sous-officier direct
Pour les sous-officiers directs de l’École nationale des sous-officiers d'active (ENSOA), le cursus est sensiblement le même que les officiers (formation générale, école d’application, choix du régiment en fonction du classement). L’École militaire de Haute Montagne (EMHM) offre régulièrement aux promotions de sous-officiers qu’elle forme chaque année, une place pour intégrer le 13e RDP. Elle est, la plupart du temps, retenue par le premier ou le deuxième du classement de la promotion.
Parcours militaire du rang direct
Un futur jeune engagé qui choisit de servir dans les forces spéciales va devoir nécessairement se présenter au centre d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA) de sa ville ou sa région. Une fois son dossier étudié, il devra satisfaire aux sélections communes à tous les futurs engagés, mais aussi des tests complémentaires propres au recrutement du COMFST (aptitude physique, aptitude parachutiste, tests psychotechniques, contrôle de sécurité). Une fois les tests passés et réussis, il rejoint le régiment pour commencer son cursus de formation.
Il existe une préparation militaire parachutiste forces spéciales qui permet à des candidats potentiels, et après sélection sur dossier, de suivre pendant 15 jours un stage de découverte. Cette première approche du milieu FS et militaire peut confirmer le choix de certains de vouloir s'engager ou au contraire de réaliser que ce n'est pas un univers fait pour eux. Point particulier, les stagiaires de la PMP FS suivent un formation parachutiste à l'école des troupes aéroportées de Pau (ETAP) pour sauter en ouverture automatique et effectuerons un saut à partir d'un avion tactique de l'armée de l'Air et de l'Espace.
Le recrutement semi-direct
Chaque année l’armée de Terre offre la possibilité aux militaires déjà engagés dans des unités “régulières" de rejoindre les rangs du commandement des forces spéciales. Après accord du commandement et de la validation des critères de sélections initiaux, les candidats devront se soumettre à une série de tests physiques et psychotechniques. La réussite à ses tests ne garantit pas une incorporation définitive dans les rangs du COMFST, puisqu’il faudra par la suite valider les stages de formation technique. En cas d’échec à cette dernière partie, les personnels ont la possibilité de retourner dans leur formation d’origine. Les places sont ouvertes pour les militaires du rang, sous-officiers et officiers.
Le tronc commun des forces spéciales
Avant de commencer les formations spécifiques propres à chaque unité du COMFST, tous les candidats initiaux (militaires du rang) se retrouvent pendant deux mois pour la formation initiale des forces spéciales Terre (FI FST). Ce premier « vernis FS » a pour but d’intégrer les militaires au sein d’un même commandement. Au programme, sport, connaissances militaires générales et tir permettent un premier « écrémage », notamment pour éliminer ceux qui ne s’intègrent pas à un esprit militaire de cohésion et dépassement de soi. Les épreuves sont crescendo et ne représentent pas de difficultés particulières pour un jeune ayant de bonnes bases physiques.
À l’issue de la FIFST, les jeunes engagés du 1er RPIMa et du 13e RDP passent deux semaines à l’école des troupes aéroportées pour obtenir leur brevet parachutiste. Ce n’est qu’une fois ces étapes terminées qu’ils rejoignent leurs unités respectives pour commencer leur cursus de formation spécifique.
La filière recherche aéroportée du 13e RDP
Simplement appelée « filière » cette formation commune à tous les équipiers de recherche du 13 est l’étape obligatoire pour intégrer un des escadrons du régiment et être apte à un déploiement opérationnel en OPEX. Divisée en trois UV pour une durée totale de 14 mois la filière permet aux jeunes engagés d’apprendre à manipuler les armes et matériels propres au régiment, mais aussi toutes les techniques d’infiltration, de renseignement, de transmission et de traitement de l’information qui font du 13e RDP le spécialiste du renseignement d’origine humaine (ROHUM).
« Cette formation est la base, le commencement de notre intégration au 13, explique l’adjudant Sergueï, un des cadres de la filière 2021-2022. Elle va permettre de passer progressivement de soldat à équipier de recherche. »
UV1, le tronc commun du 13e RDP
Les jeunes engagés destinés à servir en emploi opérationnel en escadron passeront tous obligatoirement par l’UV1 de la filière. Cela concerne les futurs équipiers de recherche, mais aussi les spécialistes SIC RA (système d’information et de communication recherche aéroportée) destinés au traitement et à la diffusion de l’information recueillie sur le terrain. Pendant quatre mois les stagiaires apprendront les rudiments du travail en régiment : infiltration, confection de caches, camouflage, observation, envoi de renseignements et exfiltration. L’investissement physique est important, mais progressif. « Nos premières marches ne font que quelques kilomètres et sur terrain plat, affirme « Burger » le chef de la filière. Le but n’est pas de casser les jeunes dès les premiers jours. Mais la combinaison de l’investissement physique, du manque de sommeil et de nombreux cours dispensés mettent déjà à mal certains candidats. C’est souvent dans cette première partie que le taux d’attrition est le plus important. »
Cette première partie où l’endurance, la rusticité, la polyvalence et la détermination sont mises à rude épreuve permettra à l’encadrement de discerner quels sont les candidats aptes à continuer la formation.
UV2, la formation technique des équipiers de recherche
Pendant les trois mois et demi de l’UV2, les futurs équipiers de recherche abordent l’apprentissage des moyens spécifiques aux missions du 13e RDP. Stage photo en environnement ouvert, fermé ou dégradé et l’utilisation des différents systèmes de communication entre autres. Parallèlement les sacs missions s’alourdissent, les distances s’allongent et les nuits raccourcissent. L’investissement physique est important, mais les capacités intellectuelles sont toutes aussi essentielles pour continuer la filière. La somme d’information à assimiler est de plus en plus importante au fil des mois, et tout cela en situation de fatigue et/ou de stress. « Il y a un moment où la force morale prend le dessus, explique Sergueï. C’est à ce moment-là que la détermination du jeune candidat fait la différence. Ceux qui réussissent sont ceux avec une force morale sans faille et une grande capacité de résilience. »
UV3, le coeur de la recherche aéroportée
D’une durée de 17 semaines, l’UV3 est la dernière phase de la filière. Cette partie va permettre aux jeunes engagés de se former méthodiquement à toutes les techniques de captation de renseignement comme l’observation ou le traitement de sources. Devenus de plus en plus autonomes au fil des mois, les stagiaires sont capables de monter des missions de renseignement à partir des éléments donnés par l’encadrement et d’évoluer sur le terrain dans des conditions très proches de la réalité. Lors de cette période, la filière se rend à Djibouti pour un entraînement spécifique dans un environnement difficile par sa configuration géographique, mais aussi ses températures élevées.
L’UV 3 est aussi l’occasion de travailler des modules complémentaires comme l’apprentissage des langues, la connaissance des mines et le secourisme.
À l’issue de ce dernier UV, les nouveaux équipiers de recherche seront affectés dans les différents escadrons du régiment. Ils sont désormais aptes à servir en opération. Chaque escadron ayant une spécialité (nautique, grand froid, désert, chuteurs) les militaires suivront de nouveaux stages spécifiques à leur unité respective.
Le nombre de candidats en filière recherche aéroportée
Environ 50 candidats se présentent à chaque filière. Au fil des mois les effectifs baissent de manière drastique, seulement 30% d’entre eux en moyenne, parviendront au bout de la formation. « Il n’y a pas de chiffre à atteindre assure Burger. D’ailleurs les départs ne sont pas tous dus à un abandon. Certains se blessent, mais dans ce cas ils ont la possibilité de réintégrer une autre filière, une fois totalement remis sur pied. Beaucoup abandonnent, mais nous ne « cassons » personne », c’est simplement que le stage est très long et demande un énorme investissement personnel. Quoi qu’il en soit, nous respectons de la même manière tous ceux qui ont tenté, c’est déjà un pas important de vouloir sortir de sa zone de confort et d’être prêt à passer autant de jours sur le terrain dans des conditions difficiles. »
L’encadrement de la filière
Pas moins de dix cadres composent l’ossature des instructeurs de la filière. Proportionnellement au nombre de stagiaires l’effectif peut paraître important, mais aux vues de l’organisation des cours et des sorties terrain il est finalement conforme aux directives d’investissement pédagogiques nécessaires pour bien former les futurs équipiers.
Les cadres sont tous passés par la filière et possèdent une solide expérience opérationnelle. À l’issue de la formation, la plupart rejoindront leurs escadrons d’origine.
Le profil des candidats de la filière du 13e RDP
Il n’y a pas de profil type pour intégrer la filière du 13e RDP. Les petits trapus seront souvent plus à même de porter les énormes sacs mission (environ 60 kilos), mais c’est avant tout la motivation et l’état d’esprit qui distingue un bon équipier du 13. « il ne faut pas venir pour le côté « forces spéciales » que l’on voit dans les jeux vidéo plaisante Sergueï, sinon on risque d’être vite déçu. Il faut savoir gérer ses frustrations, car la formation est longue alors que la nouvelle génération est plutôt habituée à l’immédiateté. La filière fait mûrir et met de côté petit à petit l’individu au profit du collectif. Les 10 stagiaires brevetés de cette année forment aujourd’hui un groupe solide, déterminé et endurant». « Mais rien d'insurmontable, insiste Burger. Avec de la motivation, tout est possible. Nous préférons des gens « moyens plus » dans tous les domaines qu’un athlète de haut niveau et trop faible intellectuellement. Il faut un esprit guerrier, ne rien lâcher, de l’intelligence de situation et de l’humilité…beaucoup d’humilité ».
Pour aller plus loin
Retrouvez notre article sur le commandement des forces spéciales Terre dans le numéro 3 de notre magazine papier. Vous pouvez commander le numéro ici ou en cliquant directement sur l'image ci dessous.
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