DGSE : les services secrets français

DGSE : les services secrets français

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Depuis 1982, la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) est le service de renseignement extérieur de la France. Son objectif est de protéger les intérêts et les citoyens français partout dans le monde.

 

Les origines de la DGSE

En 1940, le Général de Gaulle crée le service de renseignement de la France Libre. Il deviendra, deux ans plus tard, le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA). Il prends ensuite le nom de Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS), puis la Direction Générale des Etudes et Recherches (DGER).

En 1945, la DGER est dissoute et remplacée par le Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage (SDECE). Il est lui-même dissous en 1982 et remplacé par la DGSE. 

Aujourd'hui la DGSE dépend du ministère des Armées et est soumise au contrôle gouvernemental. 

Le logo de la DGSE

Son insigne date de 2010. Il représente un rapace et un globe aux couleurs tricolores. Selon le service de renseignement, "ce logo symbolise les valeurs, les métiers et le fonctionnement de la DGSE". La France est représentée par l'hexagone rouge. On peut aussi observer des réseaux qui se déploient mondialement.

 

Les missions des services secrets français

Les activités principales de la DGSE

La DGSE a pour mission la recherche d'informations secrètes à l'étranger. Celles-ci peuvent être en lien avec des enjeux géopolitiques et stratégiques ou des menaces et des risques pour la France. L'intelligence économique constitue également une part importante de son activité. Une fois les informations collectées et analysées, la DGSE les communiquent aux autorités et participe ainsi à leur prise de décision. 

Le service recherche et recueille des renseignements qui peuvent être d'origine humaine, opérationnelle, technique, de sources ouvertes (obtenu par une source d'information publique) ou grâce à des échanges d'informations entre services français ou étrangers.

Les services secrets français ont également une capacité d'entrave et d'action clandestine. C'est-à-dire qu'ils peuvent procéder à des opérations illégales commanditées par l'Etat en toute discrétion. 

Sur le territoire français, la DGSE n'assure plus aucune mission de contre-espionnage depuis les années 2000. Cette activité relève de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure). 

Défis majeurs : le contre-terrorisme et la contre-prolifération

Les deux principaux défis de la DGSE sont la lutte contre le terrorisme et la lutte contre la prolifération d'armes de destruction massives et de leurs vecteurs. 

Afin de lutter contre le terrorisme, la DGSE coopère avec les autres services nationaux comme la DGSI et échange également avec des partenaires européens et étrangers. Elle a pour mission de détecter et d'identifier les acteurs de la menace mais aussi de la neutraliser.

La DGSE a pour mission de lutter contre la prolifération d'armes nucléaires, chimiques, balistiques, et biologiques dans le monde. Elle doit donc recueillir des informations et entraver les actions des groupes susceptibles de vendre ces armes. Elle suit également de près les réseaux de prolifération qui pourraient être liés à des groupes terroristes. 

Les opérations connues : réussites et échecs

C’est le propre de tous services secrets, les opérations réussies sont rarement médiatisées. On peut cependant noter quelques actions mises en avant par la DGSE : 

Le 3 juin 2020, Abdelmalek Droukdel, alors chef d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), est neutralisé lors d'une opération spéciale des forces spéciales françaises. Une opération menée grâce au croisement de renseignements français et américains.

  

La DGSE a aussi contribué à la libération de nombreux otages. Parmi eux, les journalistes Florence Aubenas en Irak en 2005, et Christian Chesnot et Georges Malbrunot en Irak en 2004.

Le 12 janvier 2013, à Mogadiscio en Somalie, la DGSE est intervenue pour libérer un des membres de son service action connu sous le nom de Denis Allex. Cela faisait trois ans qu'il était détenu par le groupe terroriste Al-Shabaab et que la DGSE mettait tout en œuvre pour le retrouver. L'opération a échoué. Denis Allex a été exécuté et deux militaires du service action sont morts lors de l'assaut. Dix-sept membre d'Al-Shabaab ont également été tués. 

L'affaire du Rainbow Warrior compte parmi les plus gros scandales du service. Les faits se sont déroulés le 10 juillet 1985, dans le port d'Auckland, en Nouvelle Zélande. Une équipe de la DGSE a fait exploser le Rainbow Warrior, bateau de l'organisation écologiste Greenpeace. L'opération de sabotage a fait un mort, Fernando Pereira, photographe et membre de l'équipage de Greenpeace. 

Récemment, la DGSE a ausi fait parler d'elle pour une toute autre histoire. Deux vigiles de la base de Cercottes (Loiret), où s'entraînent des agents du service, ont été arrêtés en juillet 2020 à Créteil (Val-de-Marne) pour tentative de meurtre sur une coach en entreprise. 

 

Fonctionnement et organisation de la DGSE

Les implantations des services secrets français

Le siège de la DGSE se situe boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement de Paris. Surnommé "la boîte", "la centrale" ou encore "Mortier" par ses membres, il est aussi désigné comme "la piscine" par les médias car proche de la piscine des Tourelles. 

Les différentes unités du service action sont basées à Romainville, Perpignan, Evreux, Cercottes, et Quélern. Pour plus de détails, voir la partie consacrée au service action.

La DGSE possède aussi plusieurs stations d'écoute éclatées sur l'hexagone et en Outre-Mer comme celle située au plateau d'Albion (à cheval entre le Vaucluse, la Drôme et les Alpes-de-Haute-Provence). En 2013, dans un article, Le Monde en révélait les emplacements. Depuis, certaines ont pu être désactivées et d'autres ajoutées.  

Une organisation en cinq directions

La DGSE est placée sous l'autorité du pouvoir exécutif. Depuis le 26 juin 2017, le diplomate Bernard Emié en est le directeur général. 

La direction générale (DG) de la DGSE pilote cinq directions : 

  • la direction de l'administration (DA)
  • la direction des opérations (DO)
  • la direction du renseignement (DR)
  • la direction de la stratégie (DS)
  • la direction technique (DT)

Quant à la clandestinité, elle est "une spécialité des services de renseignement français", explique sur France Inter Jean-Christophe Notin, spécialiste des services secrets. La clandestinité n'est pas la marque d'un service de la DGSE en particulier mais un mode opératoire. Les agents dits "clandestins" sont des agents ponctuellement infiltrés dans des pays étrangers pour y recueillir du renseignement pur, de la manière la plus discrète possible. Ils peuvent appartenir à la DO, à la DR, et même à la DT. Ils évoluent dans le secret le plus total sous "couverture" (c'est-à-dire une profession inventée) et sous "légende" (identité et vie fictives). 

La direction de l'administration

La DA est composée de cinq services : le service de la gestion des emplois, le service de l'administration des ressources humaines, le service de la formation, le service des finances et du budget, le service du soutien aux opérations.

La direction des opérations

La DO s'acquitte de la mission de recherche de renseignements. Elle regroupe elle-même quatre services : le service Action (SA), qui pilote les opérations clandestines, d’entraves. Le service Mission (DO SM), qui s'occupe de rechercher des renseignements par des moyens humains grâce aux officiers traitants qui opèrent dans les endroits où la DGSE ne dispose pas de poste. Le service Assistance (DO ASS), qui s'occupe de la formation de services spéciaux étrangers. Le service Opérations (SO), spécialiste du vol d’informations étrangères sur le territoire français.

La direction du renseignement

La DR est considérée comme le cœur de la DGSE. Elle a trois missions principales : une mission de recherche humaine, une mission d'analyse, et une mission d'exploitation des actions de recherches qu'elles soient d'origine humaine, technique, ou opérationnelle. 

La direction de la stratégie

La DS comprend trois services : celui des liaisons internationales, des liaisons nationales et le service mission prospective. 

La direction technique

La DT recherche et exploite les renseignements d'origine technique. Depuis un arrêté de 2012, elle comprend, la division des systèmes d'information et du support, la division des technologies du renseignement, et la division production et actions de renseignement technique. 

 

Focus sur le service action : l'unité militaire de la DGSE

Le service action (SA) est l'unité militaire et secrète de la DGSE. Il fait partie de la direction des opérations. La majorité des informations sur le SA sont classées secret défense. Il est chargé de planifier et de mettre en œuvre les opérations clandestines "arma" (destruction de matéiel, sabotage) et "homo" (enlèvements, assassinats). 

Il peut aussi exfiltrer ou infiltrer des personnels d'un pays et libérer des otages. Et il peut capturer un matériel sensible afin de recueillir des renseignements. Le SA est aussi chargé de tester la sécurité d'installations françaises sensibles (bases militaires, centrales nucléaires). 

Le SA est commandé par un état-major interarmées basé au fort de Noisy à Romainville. Il compte 

  • trois unités de l'Armée de terre, forces de frappe du service engagées à l'étranger
  • un escadron de l'armée de l'Air et de l'Espace appelé Groupe aérien mixte 56 "Vaucluse" (GAM 56) basé à Evreux (Eure). Il est doté d'avions de transport tactique de type Transall et Twin Otter et d'hélicoptères Caracal
  • un bâtiment de la Marine nationale, doté du navire Alizé

Les unités de l'armée de Terre sont commandées par le centre d'instruction des réserves parachutistes (CIRP) et se divise comme suit : 

  • le centre parachutiste d'instruction spécialisée (CPIS), situé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il forme les agents qui opéreront dans des zones de crise (guérilla, contre-guérillas, commandos clandestins, assistance
  • le centre parachutiste d'entraînement spécialisé (CPES), stationné à Cercottes (Loiret). Il instruit les agents clandestins et est spécialisé dans les opérations clandestines en ville
  • le centre parachutiste d'entraînement aux opérations maritimes (CPEOM), situé à Quélern (Finistère). Il regroupe les nageurs de combat.

 

Renforcement du budget de la DGSE

Chaque année, le Parlement vote le budget, composé du budget de la Défense de l'État et de crédits qui proviennent des fonds spéciaux des services du Premier ministre. La DGSE est la principale bénéficiaire de ces fonds spéciaux (76,4 millions en 2021).

En 2021, la DGSE est dotée d'un budget de 880 millions d'euros. A titre de comparaison, son budget était 816 millions en 2020. La Loi de programmation militaire (LPM 2019-2025) a permis à la DGSE d’augmenter ses moyens et effectifs pour faire face à l’intensification et la diversification des menaces. 

 

Le recrutement à la DGSE

Les besoins de "la boîte"

Depuis quelques années, le service opère un changement de sa politique de communication. La DGSE recrute et le fait savoir.

Actuellement, elle recherche notamment des chefs de projet en informatique et télécoms, des ingénieurs base de données, des ingénieurs coeur de réseau, des ingénieurs en sécurité informatique, des crypto-mathématiciens, des analystes programmeurs, des exploitants linguistes, des traducteurs, des analystes-rédacteurs… 

Concernant les qualités à avoir, Philippe Hayez, ex-directeur adjoint du renseignement de la DGSE de 2000 à 2006, les résume ainsi : « Nous avons besoin de fonctionnaires loyaux, disciplinés, transparents, bien dans leurs têtes, éthiquement irréprochables à l’entrée et pendant leur carrière à la DGSE. En somme, des personnes moralement hors de tout soupçon et des collaborateurs de confiance. »

Les profils des employés

La DGSE compte 79 familles d'emplois, et ce dans 22 domaines de compétence différents. En 2019, les effectifs du service comptaient 27 % de militaires, 50 % de fonctionnaires civils et 23 % de contractuels. 

  

Fin 2020, les effectifs de la DGSE comptaient 7.100 personnes. Elle souhaite atteindre le nombre de 7.800 personnes d'ici 2025. Les femmes ne représentaient que 26% du personnel en 2013. 

Les concours de la DGSE

Les personnels de la DGSE doivent êtres habilités à connaître des informations protégées. Cela passe par une enquête de sécurité menée sur le candidat et son entourage ainsi que par des entretiens psychotechniques.

Comme toute administration, il est possible d'intégrer la DGSE par voie de concours dans les trois catégories de la fonction publique :

Ces concours sont très sélectifs : environ vingt places pour plus de 1000 candidatures chaque année. 

Le recrutement contractuel, l'affectation militaire, le détachement

La DGSE recrute également des contractuels pour des besoins spécifiques nécessitant une technicité particulière comme les langues étrangères ou l'ingénierie. 

Le service est composé de militaires issus de la Gendarmerie, de la marine Nationale, de l'armée de Terre, de l'armée de l’Air et de l’Espace, de la DGA, du SID, du SCA et du service de santé des Armées. Ceux et celles qui souhaitent rejoindre la DGSE doivent être volontaires et répondre à certains critères.  

 

Il est aussi possible pour des fonctionnaires de rejoindre la DGSE en détachement. Les candidats passent tous, là-aussi, par une procédure d'habilitation et des tests psychotechniques. 

Le service compte aussi sur ses "honorables correspondants", son réseau de bénévoles basés en France ou à l'étranger. 

 

La DGSE dans la culture populaire

Au cinéma

Les services secrets français inspirent les scénaristes et les réalisateurs. Parmi les films les plus notables, citons "Nikita", de Luc Besson, sorti en 1990; "Agents secrets", de Frédéric Schoendoerffer, sorti en salles en 2004 et la série de films humoristiques de Michel Hazanavicius : OSS 117.

 

Dans les séries

En plus d'un film, Luc Besson a consacré une série de trois saisons à la DGSE, intitulée "No Limit" (2012-2015). 

La série "Au service de la France", réalisée par Alexandre Courtès et Alexis Charrier, est diffusée entre 2015 et 2018. 

Mais "Le Bureau des Légendes" est celle qui connaît le plus grand succès auprès du public, des critiques et au sein même de la DGSE. Créée par Eric Rochant, cette série diffusée entre 2015 et 2020 sur Canal+ compte cinq saisons. 

 

Dans les romans

Parmi les romans dans lesquels figurent des agents de la DGSE, on peut citer "Le Premier Principe - Le Second Principe" de Serge Bramly (2008) et "L'Emprise" de Marc Dugain (2014). 

Sur YouTube avec Beryl 614

Un ancien agent secret de la DGSE, connu sous le pseudonyme de Beryl 614, et ayant travaillé quinze ans pour "la boîte", a lancé sa chaîne YouTube en 2018. Il se confie à ses abonnés sur son ancien métier d'espion. 

 

 

Les principaux services secrets dans le monde

La CIA (États-Unis)

La Central Intelligence Agency (CIA) a été créée en 1947, dans le cadre du National Security Act. Agence indépendante du gouvernement des Etats-Unis, elle dépend du directeur du renseignement national. Son siège est situé à Langley, en Virginie. La CIA a largement participé à la traque et à la neutralisation d'Oussama Ben Laden, responsable des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.  

Le MI6 (Royaume-Uni)

Le Secret Intelligence Service, connu sous le nom de MI6 pour Military Intelligence, section 6, est l'équivalent de la DGSE pour le Royaume-Uni. Il a été fondé en 1909. Le MI6 est sous la responsabilité du Secrétaire d'État des Affaires étrangères et du Commonwealth. Son siège est à Vauxhall Cross, au sud-ouest de Londres, en Angleterre. 

Le Mossad (Israël)

Le Mossad fait partie des trois agences de renseignement d’Israël avec l'Aman et le Shabak. Il a été créé en 1949 et son siège se trouve à Tel-Aviv. Le directeur du Mossad répond au Premier ministre uniquement. 

Le SVR (Russie)

En 1991, à la suite de l'effondrement de l'URSS, le Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie succède à la Première direction générale du KGB. Son siège est situé non loin d'Iassénévo, un district de Moscou. Le SVR est un service fédéral sous les ordres directs du président russe. 

Le Guoanbu (Chine)

Le ministère de la Sécurité d'Etat, ou Guoanbu, est un service de renseignement non-militaire de la République populaire de Chine. Il a été créé en 1983 et est aujourd'hui présenté comme l’une des plus puissantes agences de renseignement. Situé à Pékin, il est sous la responsabilité directe du Conseil des affaires de l'État de la République populaire de Chine.

Le BND (Allemagne)

Le Bundesnachrichtendienst (BND) ou Service fédéral de renseignement a été créé en 1956 en Allemagne. Son siège se trouve sur la Chausseestraße à Berlin-Mitte, le centre-ville de la capitale allemande. Il est sous la tutelle du chancelier fédéral.

L'ASIS (Australie)

L'Australian Secret Intelligence Service (ASIS) a été fondé en 1952 mais son existence n'a été révélée qu'en 1972. Son siège se situe à Canberra. Il répond du ministère des Affaires étrangères. 


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