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Les missions d'un opérateur du CPA 10 (Podcast DZ)

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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs.

L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secret, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, qu'elles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

Dans ce nouvel épisode nous sommes allés à la rencontre de Blaise un opérateur du commando parachutiste N°10 (CPA 10) de l'armée de l'Air et de l'Espace. Spécialiste JTAC Blaise nous parle de son parcours, de ses missions et de l'entraînement de ses hommes rattachés au commandement des opérations spéciales.

  

 

 

Parcours d'un commando de l'Air

Défense Zone : Pouvez-vous vous présenter ?

Blaise : J'ai 34 ans, actuellement je suis opérateur au CPA 10 et spécialiste JTAC.

Défense Zone : Quel est votre parcours personnel et professionnel ?

Blaise : Mon parcours est un peu atypique. Je me suis engagé à 27 ans dans l'armée de l'air. Avant cela, j'ai fait une classe prépa et une école de commerce parisienne. J'ai travaillé dans le monde professionnel, notamment en Asie centrale, et j'ai ressenti le besoin de m'engager. Après avoir travaillé pour une autre société et devenu steward pour une compagnie au Moyen-Orient, les attentats en France ont renforcé mon envie de m'engager. À 28-29 ans, j'ai tout plaqué, suis rentré en France, et je me suis dirigé vers le CPA 10.

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Défense Zone : Comment avez-vous réussi à intégrer le CPA 10 ?

Blaise : C'était ma grande question. Les recruteurs veulent savoir si vous correspondez au profil. Entre le moment où j'ai décidé de rejoindre et mon arrivée, il s'est écoulé un peu de temps. Les recruteurs ont été très réceptifs et ont noté ma détermination. Ça s'est très bien passé, et un an et neuf mois après la signature de mon contrat, j'étais au CPA 10.

Défense Zone : Un an et neuf mois, qu'est-ce que cela représente en termes de quotidien ? Des tests de sélection, de la formation ?

Blaise : J'ai eu la chance que tout s'aligne parfaitement. Les stages s'enchaînaient rapidement, ce qui est assez rare. La clé, c'est de ne pas se blesser, car c'est très intense. Il ne faut pas être présomptueux ; atteindre le CPA 10 est extrêmement compliqué. Avec détermination et auto-conditionnement, on peut y arriver, même si ce n'est pas facile. Il y a des moments de doute, surtout quand on est confronté à des conditions difficiles comme le froid ou le manque de sommeil, mais je savais où je voulais aller.

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Défense Zone : Y a-t-il eu des moments de doute ou d'envie d'abandonner ?

Blaise : Jamais, à moins d'être physiquement incapable de continuer. Par exemple, je me suis fêlé une côte lors d'un stage, mais j'ai choisi de continuer malgré la difficulté.

Défense Zone : Qu'est-ce qui fait que certains abandonnent ces stages très exigeants ?

Blaise : C'est une bonne question, sans réponse unique. Tout comme il n'y a pas de réponse sur pourquoi certaines personnes ne renonce pas.

Défense Zone : Selon vous, qu'est-ce qui fait qu'une personne abandonne lors des stages ?

Blaise : C'est un cocktail de plusieurs facteurs. Avant de commencer, certains se blessent ou aspirent à quelque chose qu'ils ont vu à la télé, mais la réalité est plus complexe et rustique. Chacun a sa propre raison pour rejoindre ou quitter une unité spécialisée. Souvent, ces raisons sont gardées pour soi-même.

 

Défense Zone : Par rapport à l'image que l'on peut avoir à travers les reportages ou les films, une fois impliqué, avez-vous été déçu ou cela correspondait-il à ce que vous imaginiez ?

Blaise : Cela correspondait et était même plus réaliste que ce que j'aurais pu imaginer. Les stages exigeants reflètent la réalité, qui est souvent plus crue et brutale que ce que l'on voit à l'écran. Le cursus nous prépare très bien à ce que nous devons faire.

 

 

Missions au CPA 10

Défense Zone : Quelles sont vos missions au sein du CPA 10 ? Quelle est votre spécialité ?

Blaise : Ma spécialité, c'est JTAC. Chaque groupe au CPA 10 possède un ou plusieurs JTAC. Notre objectif est de fournir aux équipes sur le terrain un appui via des vecteurs aériens pour faciliter leurs manœuvres ou désengagements. Cela inclut le travail de déconfliction et de contrôleur aérien de l'avant, une tâche importante pour assurer que tous les acteurs aériens travaillent de manière sécurisée tout en remplissant leur mission.

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Défense Zone : Travaillez-vous uniquement pour votre unité ou avec d'autres unités, comme le COS, en binôme ?

Blaise : Nous travaillons souvent de manière organique avec notre unité, mais il arrive que nous collaborions avec d'autres entités, ce qui se fait très bien. Nous avons l'habitude de travailler ensemble.

Défense Zone : Comment ça se passe quand vous travaillez avec des unités comme celles du 1er RPIMa ou des commandos de la marine ?

Blaise : Nous appartenons tous au COS. Dans les opérations spéciales, nous avons une structure et des procédures plus ou moins communes. Chaque unité a sa propre culture et manière de travailler, mais nous passons par les mêmes stages de formation. Nous avons un socle commun qui facilite la collaboration.

Défense Zone : Quelle était votre toute dernière mission ?

Blaise : Ma dernière mission était en Afghanistan, lors de l'opération Apagan, qui visait à extraire des ressortissants français de Kaboul.

 

Défense Zone : Comment s'est déroulée cette mission ? Quels souvenirs en tirez-vous ?

Blaise : C'était une mission d'alerte, sans planification préalable. Au CPA 10 et au sein du COS, nous sommes toujours prêts à intervenir. Ce type de mission, qu'on espère vivre une fois dans sa carrière, représente une immense fierté. Quand on part en mission, on ne se pose pas la question de savoir si on fait l'histoire. L'important, c'est qu'il y a une mission à remplir, avec un objectif clair, en veillant à ce que tout le monde rentre sain et sauf.

Défense Zone : Comment se passent les échanges avec d'autres unités, que ce soit nationales ou internationales ?

Blaise : Ces échanges sont très enrichissants. Nous tissons des liens avec d'autres unités, comme le RAID, pour comprendre différents scénarios qui se produisent sur le territoire national. Nous sommes toujours curieux d'apprendre comment les choses se passent dans d'autres contextes et de partager nos expériences. Cela nous aide à prendre ce qui est utile de ces échanges, où qu'ils se produisent.

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La vie au CPA 10

Défense Zone : Est-ce que vous vous entraînez constamment dans votre unité ?

Blaise : Oui, l'entraînement est constant et peut intervenir à n'importe quel moment. Il est bien organisé et structuré pour assurer son efficacité. Nous nous entraînons dans divers domaines, y compris le combat, l'aéronautique, et le guidage. Chacun dans sa spécialité s'efforce de maintenir ses compétences au maximum pour être le plus efficace possible.

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Défense Zone : Est-ce compliqué de gérer une vie de famille avec ce type de métier ?

Blaise : Bien que je sois célibataire, j'ai des collègues mariés avec des enfants. La clé est d'avoir une communication claire et honnête avec sa famille. Ce type de métier est un choix de vie, et quand il est bien expliqué à la famille, ça se passe généralement bien. Trouver l'équilibre entre le travail et la vie personnelle est crucial.

Défense Zone : Avoir eu une expérience civile avant, cela aide-t-il à mieux concilier la vie personnelle et professionnelle ?

Blaise : Dans mon cas, mon passage par le civil avant de m'engager m'a peut-être donné une manière de penser différente. Quand nous planifions des missions, je constate que j'ai souvent des idées innovantes ou différentes. C'est une approche quotidienne, une philosophie de vie, d'essayer les choses différemment. C'est cette diversité d'expériences et de perspectives qui enrichit nos unités. Dans les Forces Spéciales, vous avez des personnes issues de milieux très variés, et c'est cette richesse qui fait la force des unités. Chaque problème rencontre toujours quelqu'un avec une idée ou une solution innovante.

 

 

Le profil des commandos de l’Air

Défense Zone : Quel est le profil idéal pour entrer dans une unité comme le CPAS 10 ? Quelles compétences sont essentielles ?

Blaise : Il n'y a pas de profil type. La diversité des profils et des parcours fait la force de ces unités. En termes de valeurs, nous aspirons tous à servir la France et à venir en aide à notre prochain. Sur le plan technique et physique, il y a des prérequis : il faut être mentalement fort, aimer le sport, se dépasser, chercher une concurrence saine et ne jamais se reposer sur ses acquis. Il faut constamment se remettre en question et douter, car ce qui a fonctionné hier pourrait ne pas fonctionner demain.

Défense Zone : Qu'en est-il de la place de l'ego dans ces unités ?

Blaise : Dans ces unités, il y a nécessairement un aspect agressif, dans le sens positif du terme. Cela inclut de toujours vouloir faire mieux et ne pas se contenter de ses performances actuelles. Ce n'est pas de l'ego au sens civil du terme, mais plutôt une volonté de surpasser les autres et de toujours s'améliorer. C'est un moteur sain qui pousse à se dépasser et à faire mieux que les autres membres du groupe. On n'est jamais satisfait, toujours dans l'esprit d'apprendre et de s'améliorer.

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Défense Zone : Y a-t-il un conseil qui vous a été donné et qui vous a particulièrement aidé, que vous aimeriez partager avec un jeune souhaitant s'engager ou s'épanouir dans le métier des armes ?

Blaise : Ce n'est pas vraiment un conseil qu'on m'a donné, mais une phrase que j'ai entendue dans une unité spéciale étrangère. En anglais, ça dit : "Le gars qui réussit n'est jamais le meilleur, ni le plus chanceux, c'est toujours le bon gars au bon moment." Ce qui fait qu'on est le bon gars au bon moment, c'est qu'on travaille tout le temps. Cela m'a beaucoup marqué. Il ne faut pas forcément être le meilleur, mais être le bon gars au bon moment, ce qui nécessite de s'entraîner beaucoup et d'être toujours prêt. C'est un très bon conseil.

 

 

Pour en savoir plus

Retrouvez l'article complet sur l'entraînement et les missions du CPA 10 directement sur notre site en suivant ce lien.

Notre vidéo récap de présentation du CPA 10

 

 

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