400 milliards d’euros pour les armées, chars lourds en Ukraine et actus de la semaine

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[Ministère des armées]

Vendredi 20 janvier, sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes) Emmanuel Macron s’est livré au traditionnel exercice des vœux aux armées. Ces vœux, les premiers depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et à l’aulne de la prochaine loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, étaient particulièrement attendus par de nombreux observateurs et spécialistes des armées. Et c'est sans surprise, mais sans rentrer dans les détails, que la LPM était au cœur du discours présidentiel qui a dressé les grandes orientations de la loi 2024-2030 qui vise « à faire pivot sur 4 axes : le renforcement de notre souveraineté, l’anticipation de la haute intensité, la défense des espaces communs et le renouvellement des partenariats. »

Se félicitant de la précédente LPM, Emmanuel Macron a souhaité « poursuivre et même amplifier » les efforts engagés et « qu’après avoir réparé il était temps de transformer ». Concrètement le Président a annoncé de « grands moyens pour y répondre » avec un effort budgétaire de 400 milliards d’euros pour couvrir un total de 413 milliards soit un tiers de plus que la précédente LPM. Dans les grands bénéficiaires de cette loi, on notera le renseignement avec une hausse globale de 60% de son budget, dont un doublement de celui de la DRM et de la DRSD. Les drones, la défense sol-air, l’espace et le cyber ne sont pas en reste, puisque dans tous ces champs de conflictualité les budgets seront augmentés. Autre annonce un doublement de la réserve opérationnelle qui devrait passer à 40 000 militaires.

Nous reviendrons bien évidemment plus en détail dans les prochains jours sur ces annonces.

[Allemagne]

Après la démission le 16 janvier dernier de Christine Lambrecht, le chancelier allemand Olaf Scholz a confirmé la nomination du social-démocrate Boris Pistorius à la tête du ministère de la Défense présentant ce dernier comme « la bonne personne » pour gérer les changements causés par la guerre en Ukraine. Boris Pistorius, 62 ans est peu connu au niveau national, mais n’en est pas moins un homme politique expérimenté qui s'occupe depuis des années de politique de sécurité, a rappelé le chancelier.

Ce remaniement intervient alors que l'Allemagne est sous pression de la part de plusieurs pays alliés, notamment la Pologne, pour fournir des chars d'assaut Leopard pour aider Kiev à repousser l'invasion russe. La nomination de Pistorius remet en question la promesse de Scholz de maintenir la parité dans son gouvernement depuis décembre 2021. Pistorius est une surprise, car il n'était pas dans le cercle des candidats potentiels mentionné par les médias. Il est formé en droit et provient du parti politique du chancelier. En tant que ministre de l'Intérieur de la région de Basse-Saxe, il s'est spécialisé dans les questions de cybersécurité, de sécurité intérieure et de politique migratoire.

Le ministère français des Armées a réagi à cette nomination dans un communiqué de presse précisant que : « Le ministre aura à cœur de renforcer et d'approfondir, avec son nouvel homologue, la coopération de défense entre la France et l’Allemagne notamment au regard des forts enjeux de sécurité auxquels sont confrontées l’Europe et l’Alliance Atlantique, mais aussi des projets industriels communs comme le Système de combat aérien du futur (SCAF) et le Main
Ground Combat System (MGCS). »

[Ukraine]

Cette semaine le conflit ukrainien a été marqué par la mort du ministre de l’Intérieur, ukrainien Denys Monastyrsky lors d’un crash d’hélicoptère (dont les raisons ne sont pas encore claires pour le moment, une enquête est en cours) ainsi que 13 autres personnes à bord où sur le lieu de l’accident, mais aussi par la réunion à Ramstein (Allemagne) du groupe de contact sur la défense ukrainienne qui rassemble une cinquantaine de pays alliés qui s’est tenu le vendredi 20 janvier.

Cette réunion sur la plus grande base américaine en Europe, sera l’occasion, entre autres, de faire le point sur les livraisons de matériel en cours, mais ce sont bien celles à venir qui seront l’objet de toutes les attentions, à commencer par les fameux chars Leopard II allemands.

Les ministres de la défense et hauts responsables militaires de plusieurs pays, accueillis par le secrétaire d’État à la Défense américain Llyod Austin devraient d’une seule voix mettre la pression sur le chancelier allemand Sholtz pour autoriser l’envoi du blindé allemand sur le front ukrainien. Quelques jours auparavant à l’occasion du forum économique mondial à Davos, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg avait déclaré en préambule de Ramstein que : « Le message principal sera un soutien accru, avec des armes plus lourdes et plus modernes »

Washington et Berlin ont déjà promis des blindés lourds Bradley et Marder et Londres a confirmé la livraison de 14 chars Challenger 2. Varsovie de son côté serait favorable pour céder plusieurs de ses Leopard 2, mais cette livraison ne peut se faire sans l’aval germanique. Si l’accord avait lieu, d’autres pays européens détenteur du blindé fabriqué par Reinhmetal (ils sont 13 au total) pourraient à leur tour emboîter le pas de Varsovie ce qui représenterait plusieurs dizaines de chars envoyés sur le front.

Pour le moment Berlin répète à qui veut l’entendre qu’il ne verrait pas d’obstacle majeur à donner son accord, mais souhaite que les États-Unis s’alignent aussi pour l’envoi de chars lourds Abrams.

Du côté français, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a déclaré en début de semaine devant le Sénat qu’à la demande d'Emmanuel Macron, il avait instruit une procédure pour examiner la requête de Kiev concernant l’envoi de chars Leclerc. Cette requête paraît néanmoins beaucoup plus compliquée au vu de la taille du parc de char français et de sa problématique de maintenance.

En fin de journée, les 54 pays réunis n’avaient toujours pas trouvé d’accord sur l’envoi des Leopard à Kiev.

[Espace]

Le mercredi 18 janvier 2023, un mémorandum d'entente a été signé à Paris pour la création d'un nouveau centre d'excellence de l'OTAN. Ce centre, situé à Toulouse, au cœur du plus grand écosystème spatial d'Europe, sera co-localisé avec le commandement de l'espace de l'armée de l'air et de l'espace et le Centre national d'études spatiales. Il comptera une cinquantaine de personnes, militaire et civil, et deviendra le 29e centre d'excellence de l'OTAN. Selon un communiqué du ministère, « sa création démontre la reconnaissance de l'expertise française dans le domaine spatial et l'engagement de la France en tant que nation leader dans l’Alliance ».

La mission du centre sera de fournir à l'OTAN et aux nations de l'Alliance de l'expertise et de la force de travail dans les opérations militaires spatiales, à travers 4 piliers : le développement conceptuel et l'expérimentation, la doctrine et la standardisation, la formation et l'entraînement, l'analyse et le retour d'expérience. Le centre d'excellence OTAN s'engage à renforcer les compétences spatiales européennes. Il atteindra sa pleine capacité opérationnelle en 2025.

[Gendarmerie]

La gendarmerie de Vannes (56) est en train de tester l'utilisation d'un chien d'assistance judiciaire (CAJ) lors des auditions des enfants victimes de violences intrafamiliales ou de faits à caractère sexuel lors de leur témoignage devant les enquêteurs. La Cellule de protection des familles (CPF), créée en février 2020, est composée de sept militaires qui s'occupent et accompagnent les victimes de ces types de violences. En 2021, 443 victimes ont été auditionnées, dont 337 enfants. Cependant, exprimer ce qu'ils ont subi, se confronter à nouveau aux faits lors de l'audition, au processus judiciaire et à la vue de l'uniforme peut être perturbant et bloquer leur parole. Pour aider ces victimes, l'adjudant Muriel a proposé d'accueillir un chien d'assistance judiciaire. Pour mettre en place ce projet, un partenariat a été signé avec l'association Handi'chiens qui assure l'acquisition, l'éducation et la mise à disposition de chiens spécialisés pour différents bénéficiaires. Rumba, un chien golden retriever âgé de deux ans, a été remis à l'adjudant Muriel le 19 novembre dernier. « Rumba est affectueuse, sociable, empathique et particulièrement douce avec les enfants, affirme la sous-officier. Sa présence doit permettre de les rassurer pour favoriser la construction d'une relation entre l'enquêteur et la victime, de diminuer les symptômes de stress et d'anxiété et de créer un climat de confiance pour que les enfants se sentent plus à l'aise pour témoigner. » Si cette première expérience s’avère concluante, elle pourrait se généraliser sur d’autres cellules du territoire national.

[Industrie]

Shark Robotics a levé 10 millions d'euros auprès de Move Capital Fund I. Ce financement permettra à Shark Robotics de renforcer sa position de leader du marché en augmentant ses investissements en R&D, en accélérant son internationalisation, déjà lancée via sa filiale Shark Asia, et en améliorant son outil de production.

Créée en 2016 à La Rochelle, Shark Robotics conçoit et fabrique des robots terrestres pour des environnements hostiles en maîtrisant toute la chaîne de valeur de la robotique : matériel, logiciel, intelligence artificielle, et batteries. Plusieurs fois récompensée en France et aux États-Unis, l'entreprise a déjà livré plus d'une centaine de robots dans 15 pays. Les robots Shark Robotics sont utilisés par les institutions publiques dans la sécurité civile et la défense (ministère français des Armées, les Pompiers de Paris, SDIS 33, et le ministère de l'Intérieur et à l'international) et par l'industrie (Orano, ArianeGroup). Shark Robotics est notamment le créateur du robot pompier Colossus, qui a été déployé pendant plus de 10 heures à 800 degrés lors de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 2019.

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