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Tensions en mer Rouge, une coalition internationale pourrait se constituer (actus de la semaine)

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Ministère des Armées

La récente alliance stratégique entre KNDS (Krauss-Maffei Wegmann et Nexter) et Leonardo, un géant italien de la défense, marque un tournant significatif dans l'évolution du programme européen de char de combat principal, MGCS (Main Ground Combat System). Initialement, l'appel d'offres "Future Main Battle Tank" (FMBT) de la Commission européenne, impliquant divers acteurs européens dont Leonardo, semblait concurrent au MGCS franco-allemand. Cependant, des clarifications ont été apportées par Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, et son homologue français, Sébastien Lecornu, affirmant que les gouvernements restent décisionnaires sur leurs besoins militaires.

Le MGCS, qui vise à remplacer les chars actuels par un système de combat terrestre de nouvelle génération, a connu des blocages dus à des divergences entre les industriels, principalement sur l'armement du futur char. Le projet, relancé après une entente sur les besoins communs, a évolué avec l'annonce de la collaboration KNDS-Leonardo. Cette alliance vise à créer un groupe européen de défense consolidé, renforçant les capacités de production et de développement en Italie, et met l'accent sur l'électronique de défense terrestre.

La coopération inclut également le développement et la maintenance des chars Leopard 2A8 pour l'armée italienne, soulignant une intégration plus profonde des efforts industriels européens en matière de défense. Bien que cette évolution ait été saluée par le ministère français des Armées comme une opportunité pour l'industrie française, elle soulève des questions sur l'impact de cette alliance sur le rôle de Thales, un concurrent de Leonardo, et sur la participation globale de la France et de l'Allemagne au MGCS.

Dans ce contexte complexe et en évolution, l'implication de l'Italie en tant que membre à part entière du programme MGCS est désormais envisagée, conformément aux discussions entre les ministres de la Défense français et italien. Cette intégration de l'Italie pourrait rééquilibrer les dynamiques de pouvoir au sein du programme et influencer l'avenir de la coopération européenne en matière de défense terrestre.

 

Tensions en mer Rouge

Le conflit en mer Rouge s'intensifie avec de nouvelles attaques orchestrées par les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran. Récemment, ils ont revendiqué des attaques contre le pétrolier M/V Swan Atlantic et le porte-conteneurs MSC Clara, utilisant cette fois des « hydravions » tels que les Bavar-2, des appareils à effet de sol capables d'échapper aux radars. Bien que l'étendue des dommages sur le MSC Clara reste inconnue, le M/V Swan Atlantic a subi des dégâts limités.

Ces attaques croissantes ont conduit des compagnies maritimes majeures, telles que Maersk, Hapag-Lloyd AG et le français CMA-CGM, à suspendre temporairement leurs activités dans la zone du détroit de Bab el-Mandeb. Cette décision souligne l'impact significatif de ces incidents sur le commerce maritime international.

En réponse à cette menace croissante, une coalition internationale sous la direction des États-Unis, incluant la France, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne et les Seychelles, a été formée pour l'opération "Prosperity Guardian". Cette initiative vise à sécuriser la navigation en mer Rouge et à contrer les activités hostiles des Houthis. L'Allemagne et l'Égypte, bien que sollicitées, ont choisi de ne pas participer à cette coalition. La participation française à cette opération pourrait être sujette à un débat au Parlement français, conformément à l'article 35 de la Constitution française.

Les forces navales occidentales, telles que la frégate française FREMM Languedoc et le destroyer britannique HMS Diamond, jouent un rôle clé dans la défense contre ces attaques. Le HMS Diamond a récemment abattu un drone hostile avec son système surface-air Sea Viper, tandis que l'USS Carney américain a intercepté 14 drones kamikazes.

La situation en mer Rouge, exacerbée par la guerre en cours entre Israël et le Hamas, révèle l'importance stratégique de cette région pour la sécurité maritime internationale. La liberté de navigation et la sécurité des voies maritimes restent une préoccupation majeure pour la communauté internationale face à l'escalade du conflit.

 

Allemagne

L'Allemagne, initialement partenaire dans le développement du Tigre Mk3 avec la France et l'Espagne, a choisi de retirer ses hélicoptères Tigre du service, citant une disponibilité insuffisante. Après avoir envisagé l'AH-64E Guardian/Apache de Boeing, le ministère allemand de la Défense a opté pour l'hélicoptère léger d'attaque H145M d'Airbus Helicopters, déjà utilisé par ses forces spéciales.

En mars, il était prévu d'équiper 24 des 82 H145M commandés avec des capacités antichars, pour un coût estimé à 3 milliards d'euros. Le H145, conçu à l'origine pour le marché civil, a été adapté pour des utilisations militaires avec de nouveaux moteurs et la possibilité d'ajouter des armements tels que canons, roquettes et missiles antichars Spike ER. Cette commande nécessitait l'approbation du Bundestag en raison de son montant élevé. Le 13 décembre, l'approbation a été donnée pour 62 appareils fermes et 20 en option.

Airbus Helicopters se félicite de cette commande, la plus importante pour le H145M et le système d'armes HForce. Ce système "plug and play" intègre divers équipements, dont un viseur de casque et une boule électro-optique/infrarouge. Sur les 62 hélicoptères commandés, 57 seront alloués à l'armée allemande et 5 aux forces spéciales de la Luftwaffe.

Le BAAINBw, l'agence fédérale allemande pour l'équipement militaire, a confirmé que le H145M remplacerait le Tigre et a précisé que la commande incluait également des pièces de rechange, des simulateurs, la formation du personnel et divers services pour sept ans. Le H145M est décrit comme un hélicoptère polyvalent, capable d'être équipé pour des missions de reconnaissance et doté de systèmes électroniques d'autoprotection.

Cette décision d'achat des H145M a été recommandée par le think-tank SWP, qui considère cette solution comme "provisoire" et un compromis entre la coopération franco-allemande et le renforcement de la base industrielle européenne. L'Allemagne s'est engagée auprès de l'OTAN à fournir jusqu'à 48 hélicoptères d'attaque d'ici 2032, et il reste à voir si les capacités du H145M répondront à ces exigences.

 

Sahel

L'année 2023 a marqué un tournant majeur dans la présence militaire internationale au Mali et au Niger. Les Forces armées nigériennes ont annoncé le départ complet des troupes françaises avec la dernière rotation le vendredi 22 décembre. Ce retrait fait suite à la prise de pouvoir par les généraux nigériens lors d'un coup d'État le 26 juillet, qui a entraîné la rupture de plusieurs accords militaires avec la France. Environ 1.346 soldats français et une majorité du matériel logistique ont déjà quitté le Niger, ne laissant que 157 soldats, dont 75 logisticiens, sur le territoire.

Parallèlement, au Mali, la mission de l'ONU (Minusma) a officiellement clos dix ans de déploiement. Malgré les efforts déployés depuis 2013, les violences ont continué à se propager, affectant non seulement le Mali mais aussi ses voisins sahéliens. La Minusma, considérée comme la mission de paix de l'ONU la plus durement touchée ces dernières années, a vu plus de 180 membres tués dans des actes hostiles. L'engagement de l'ONU a été reconnu pour avoir protégé de nombreuses populations et renforcé les capacités locales en matière de droits de l'Homme.

L'armée allemande a également terminé sa mission au Mali, avec le départ des derniers soldats allemands de Gao. Depuis 2013, environ 27 500 Casques bleus allemands ont contribué à la stabilisation de l'État malien. Cette décision de retrait marque un changement dans la stratégie de la Bundeswehr, qui avait prévu initialement de prolonger sa présence militaire jusqu'en mai 2024.

Ces retraits interviennent dans un contexte de tensions croissantes et de relations en évolution entre les pays de la région et leurs partenaires occidentaux. Le Niger, en particulier, rompt progressivement les liens avec certains partenaires occidentaux, tout en renforçant sa coopération avec le Burkina Faso et le Mali. Les sanctions économiques et financières de la Cédéao imposées au Niger après le coup d'État du 26 juillet demeurent en place, conditionnant leur allègement à une transition courte. Ces évolutions politiques et militaires suggèrent un changement significatif dans la dynamique de sécurité régionale, avec des implications potentiellement vastes pour la stabilité et la lutte contre l'extrémisme violent dans la région du Sahel.

 

Police nationale

Un vaste coup de filet dans les quartiers nord de Marseille a récemment marqué un tournant significatif dans la lutte contre le narcotrafic. Le 10 octobre, l'Office antistupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Marseille, avec l'appui de la force d’intervention de la police nationale (FIPN), a réussi à interpeller neuf personnes impliquées dans un important réseau de trafic de drogue dans la cité du Plan d'Aou, située dans le 15ème arrondissement. Parmi eux, quatre présumés dealers, y compris le chef du réseau, ont été mis en examen et placés en détention provisoire.

Ce succès est le résultat d'une enquête débutée en novembre 2022, révélant un trafic intense de résine de cannabis et de cocaïne, provenant respectivement d'Espagne et des Pays-Bas. Les perquisitions ont abouti à la saisie de 4 kilos de haschisch, 100 grammes de cocaïne, six montres de luxe et divers biens haut de gamme, ainsi que deux armes à feu et 8000 euros en espèces.

Dans un contexte plus large, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé via les réseaux sociaux l'interpellation de 24 autres individus liés au trafic de drogue à Marseille. Ces arrestations s'inscrivent dans la lutte contre le "narcobanditisme", une problématique qui a conduit à 47 morts depuis le début de l'année en raison des violences entre clans rivaux. Par ailleurs, le patron de la police, Frédéric Veaux, a souligné devant la commission d'enquête du Sénat une hausse de 57% des homicides et tentatives d'homicides liés au trafic de stupéfiants en France pour l'année 2023.

En outre, le parquet de Marseille a annoncé la mise en examen de 20 personnes parmi les 26 interpellées, suspectées d'être liées au groupe criminel "DZ Mafia". Douze d'entre elles ont été placées en détention provisoire. Cette opération ciblait des figures clés de la DZ Mafia, dans l'espoir de démanteler l'organisation responsable de la majorité des violences et assassinats liés au trafic de drogue dans la ville.

Ces séries d'arrestations et de procédures judiciaires témoignent de la détermination des autorités françaises à combattre efficacement le trafic de drogues et à réduire la violence qui en découle, tout en soulignant l'ampleur et la complexité de ces réseaux criminels à Marseille.

 

 

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