L'Ukraine veut plus de canons CAESAr (actus de la semaine)

L'Ukraine veut plus de canons CAESAr (actus de la semaine)

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[Ukraine]

L'engagement de la France dans le soutien à l'Ukraine s’est manifesté à travers plusieurs initiatives notamment de matériels militaires et de formation. Il y a plusieurs mois, l'armée ukrainienne a bénéficié de 49 systèmes d'artillerie CAESAr de 155 mm. Parmi eux, 18 ont été fournis par l'armée de Terre en 2022, et 12 autres ont été commandés auprès de Nexter, tandis que le Danemark livrait de ce côté 19 unités. Toutefois, la vulnérabilité de ces systèmes d'artillerie face aux attaques de drones, notamment par des munitions de type Lancet, a été soulignée après la destruction de six CAESAr.

Le Colonel Yan Iatsychen de l'armée ukrainienne a exprimé des réserves quant à l'utilisation du CAESAr, notamment d’une adaptation insuffisante aux conditions de guerre actuelles, préférant le canon américain M777. Malgré cela, le ministère ukrainien de la Défense reste favorable à l'utilisation du CAESAr et a émis récemment le souhait d’en acquérir davantage, soulignant leur efficacité au combat. D’ailleurs, dès janvier prochain, une « coalition artillerie » dirigée par la France sera créée pour renforcer le soutien en matière d'artillerie, et des améliorations par l'intégration de l'intelligence artificielle.

D'autre part, la France a également pris l'initiative de former les pilotes de chasse ukrainiens. Bien que la cession de Mirage 2000 ait été écartée, la France a confirmé la formation d'équipages ukrainiens pour la défense sol-air et les techniques de survie. À partir de 2024, l’armée de l’Air et de l’Espace commencera la formation initiale des pilotes ukrainiens, qui débuteront au CFAMI à Salon-de-Provence, sur des Cirrus SR20, avant de poursuivre leur formation sur des avions de chasse avec des partenaires européens.

En outre, dans le cadre de la mission d'assistance militaire de l'Union européenne (EUMAM), la France aurait déjà formé près de 7 000 soldats ukrainiens en 2023, couvrant divers aspects tels que le combat interarmes, le déminage, et l'utilisation de matériel militaire français livrés à Kiev. Cette initiative s'inscrit dans la volonté de Paris de renforcer les capacités militaires de l'Ukraine et de répondre aux besoins spécifiques exprimés par Kiev, jouant ainsi un rôle actif et significatif dans le soutien à l'Ukraine face au conflit en cours.

 

[OTAN]

L'invasion russe de l'Ukraine a entraîné une hausse significative du budget de l'OTAN, qui a grimpé de 25 % pour atteindre 3,33 milliards d'euros en 2023. Cette augmentation est conforme à l'accord des Alliés lors du sommet de Madrid en juin 2022, qui prévoit une croissance annuelle de 10 % des ressources de l'organisation jusqu'en 2030 pour répondre aux menaces sécuritaires mondiales.

Cette année, le budget civil de l'OTAN, qui couvre les dépenses de fonctionnement du siège à Bruxelles et les dépenses de personnel du Secrétariat général, s'élève à 370,8 millions d'euros, soit une augmentation de 27,8 % par rapport à 2022. Le budget militaire, finançant les quartiers généraux de la structure de commandement et les missions de l'Alliance, atteint 1,96 milliard d'euros, soit une hausse de 25,8 %. Le NSIP (programme d’investissement au service de la sécurité) voit son plafond fixé à 1 milliard d’euros, en augmentation de 26,6 %.

Pour 2024, ces trois budgets connaîtront une augmentation légèrement supérieure. Le budget civil sera de 438,1 millions d’euros (+18,2 %), le budget militaire augmentera de 12 %, dépassant les 2 milliards d’euros, et le NSIP connaîtra une nouvelle hausse substantielle de 30 % pour atteindre 1,3 milliard d’euros.

Mircea Geoană, secrétaire général délégué de l'OTAN, souligne que ces augmentations budgétaires témoignent de la solidarité et de la volonté collective des Alliés de relever ensemble les défis de sécurité. Les budgets de l'OTAN sont financés par les États membres selon leur poids économique, la France étant le quatrième contributeur.

D'ici 2030, le programme 178 « Préparation et emploi des forces » du ministère des Armées français pourrait être sollicité à hauteur de 770 millions d'euros pour le budget militaire et le NSIP. Cette estimation ne prend toutefois pas en compte l'inflation future. Ce montant s'ajoute aux dépenses pour les opérations de l'OTAN.

Cependant, malgré cette contribution financière importante, la France ne tire pas pleinement parti de son engagement, notamment en termes d'influence au sein de l'OTAN. La Cour des comptes rapporte que seulement 75 % des postes réservés aux militaires français sont pourvus, un des taux les plus faibles parmi les Alliés. Elle pointe du doigt les obstacles administratifs et les politiques de ressources humaines comme causes de cette situation insatisfaisante, et appelle à une évolution pour optimiser la participation française aux missions de l’OTAN.

 

[Corée du Nord]

La Corée du Nord a accentué les tensions régionales avec le lancement le 18 décembre d'un missile balistique intercontinental (ICBM) avancé, capable d'atteindre les États-Unis. Ce test s'inscrit dans une série de tirs record pour l'année et fait suite à un essai précédent de missile balistique à courte portée. Selon les autorités sud-coréennes et japonaises, le missile testé pourrait parcourir plus de 15 000 km, mettant ainsi tout le territoire américain à portée.

La Corée du Sud a réagi fermement, condamnant l'acte de Pyongyang et appelant à une riposte coordonnée avec les États-Unis et le Japon. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a ordonné une réponse "immédiate et écrasante" à toute provocation nord-coréenne. Les États-Unis et le Japon ont également condamné le tir, le qualifiant de menace pour la sécurité régionale et de violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.

La Chine, alliée proche de la Corée du Nord, n'a pas directement réagi au tir. La Corée du Nord a réalisé plusieurs essais d'ICBM cette année, y compris un Hwasong-18 en juillet, accentuant ainsi son profil de puissance nucléaire "irréversible". En novembre, le pays a également réussi à placer en orbite son premier satellite espion, "Malligyong-1", malgré des condamnations internationales.

Pyongyang a déclaré qu'elle ne renoncerait jamais à son programme nucléaire, jugé essentiel à la survie du régime. En réponse à ces développements, la Maison Blanche a indiqué une collaboration accrue entre les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon en matière de partage d'informations et d'alerte de missiles. La Corée du Nord a critiqué les exercices militaires des États-Unis et de la Corée du Sud, menaçant d'une "contre-attaque préventive et mortelle" en cas d'usage de forces armées contre elle. Ces récents développements soulignent l'escalade continue des tensions dans la région et la complexité du défi posé par le programme d'armement porté par le leader nord-coréen Kim Jung Un.

 

[Allemagne]

Le 18 décembre, un accord historique a été signé entre le ministre de la Défense lituanien, Arvydas Anusauskas, et son homologue allemand, Boris Pistorius, pour le déploiement permanent en Lituanie de la brigade blindée allemande Panzerbrigade 42. Cette brigade, formée des 122e et 203e bataillons blindés et d'un bataillon tournant, devrait commencer son déploiement en 2025, avec l'objectif d'être pleinement opérationnelle d'ici 2027.

Cependant, le général Alfons Mais, commandant de la Heer (armée de terre allemande), a exprimé des inquiétudes quant à la faisabilité de ce projet dans une lettre adressée à l'inspecteur général de la Bundeswehr, Carsten Breuer. Il a souligné que l'armée allemande, actuellement équipée à seulement 60 %, verrait cette capacité diminuer à 55 % avec la mise en œuvre de ce projet sans investissements supplémentaires. Le général Mais a également fait remarquer que l'armée manque de ressources essentielles allant de l'artillerie jusqu’au matériel de vie en campagne. Il a aussi souligné le manque de financement pour les unités de soutien nécessaires au fonctionnement de la brigade.

Ces préoccupations reflètent un problème plus large au sein de la Bundeswehr. En avril, le général Mais avait déjà averti que l'armée allemande n'était pas en mesure de remplir ses obligations envers l'OTAN et était sous-équipée pour des combats de haute intensité. Le chef de la Bundeswehr a également partagé ces préoccupations, indiquant que l'armée n'était pas suffisamment préparée pour une guerre défensive.

Ces inquiétudes surviennent malgré les promesses du ministre de la Défense, Boris Pistorius, et du chancelier allemand, Olaf Scholz, de faire de la Bundeswehr la « colonne vertébrale » ou la « pierre angulaire » de la défense collective en Europe. Un fonds spécial de 100 milliards d'euros a été annoncé pour renforcer la Bundeswehr, mais jusqu'à présent, ce fonds a été principalement alloué à l'acquisition de matériel non lié à l'armée de terre, comme des chasseurs F-35A, des hélicoptères CH-47F Chinook, des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon et le système de défense aérienne Arrow 3.

 

[Nominations]

La récente réorganisation des services de renseignement français marque une étape importante dans la stratégie de sécurité nationale. Céline Berthon, précédemment numéro deux de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), a été nommée à la tête de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), devenant ainsi la première femme à occuper ce poste hautement stratégique. Sa nomination intervient après une longue carrière dans la police nationale, où elle a été unanimement reconnue pour ses compétences et son leadership.

Parallèlement, Nicolas Lerner, qui dirigeait la DGSI, a été promu à la tête de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). Ce préfet, réputé pour son efficacité et son expertise en matière de sécurité et de renseignement, a joué un rôle crucial dans la lutte contre le terrorisme et les menaces à la sécurité nationale pendant son mandat à la DGSI. Sa transition à la DGSE est perçue comme une continuation de son travail dévoué dans le renseignement, mais cette fois sur le plan international.

Ces nominations interviennent dans un contexte de menaces croissantes et de défis sécuritaires complexes, nécessitant une coordination et une expertise accrues au sein des services de renseignement français. La DGSI, sous la direction de Céline Berthon, continuera de se concentrer sur les menaces internes, notamment le terrorisme et l'espionnage, tandis que la DGSE, avec Nicolas Lerner, s'attachera aux enjeux de sécurité globale et à la collecte de renseignements à l'étranger.

L'arrivée de Céline Berthon à la DGSI et le passage de Nicolas Lerner à la DGSE symbolisent une nouvelle ère pour le renseignement français, caractérisée par une approche renouvelée et dynamique face aux défis sécuritaires du 21e siècle. Ces changements stratégiques au sommet des services de renseignement témoignent de la volonté de la France de s'adapter et de se renforcer face aux menaces en constante évolution.

 

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