Un défilé du 14 juillet sous le signe des

Un défilé du 14 juillet sous le signe des "forces morales" (actus de la semaine)

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[Fête nationale]

À la veille du défilé du 14 juillet, le Président de la République a prononcé le traditionnel discours à l'Hôtel de Brienne qui abrite la résidence et les bureaux particuliers du ministre des Armées. À cette occasion il a dévoilé sa vision pour les armées françaises. L'événement a été l'occasion pour Emmanuel Macron de souligner l'importance de la transformation du ministère des Armées et du renforcement des souverainetés nationales et européennes.

Dans son allocution, le Président Macron a réaffirmé son engagement à maintenir la France en tant que puissance d'équilibre et d'entraînement, disposant des armées de référence en Europe. Il a rappelé les bouleversements stratégiques causés par le conflit en Ukraine et a salué l'effort de défense consenti au cours des cinq dernières années.

Le matin même, le Parlement avait adopté la loi de programmation militaire 2024-2030, allouant un budget de 413,3 milliards d'euros pour les sept prochaines années. Cependant, le Président a souligné que ce n'était que le début et qu'il était désormais impératif de transformer en profondeur le ministère des Armées. Il a critiqué le modèle actuel, conçu à une époque de restrictions budgétaires et de recherche constante d'économies, soulignant la nécessité de placer la guerre au cœur de ces processus.

Emmanuel Macron a demandé au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de présenter des scénarios de transformation d'ici l'été prochain, basés sur quatre valeurs cardinales : l'esprit stratégique, la responsabilité, la subsidiarité et l'agilité. Selon le Président, ces impératifs sont « essentiels pour renforcer nos armées, qui garantissent notre souveraineté tant au niveau national qu’européen ».

Vendredi matin, le défilé du 14 juillet 2023 a, comme toujours, été un rendez-vous marquant avec la nation, célébrant les forces armées françaises en mettant en avant le thème des "forces morales". Le général Abad, gouverneur militaire de Paris et responsable de l'organisation du défilé, a souligné la communauté de destin et les qualités de résilience, de résistance et de courage de nos aînés.

La solidarité stratégique avec les alliés de la France a été au cœur de l'événement, avec la participation d'une quinzaine de pays sur les Champs-Élysées. L'Inde a été l'invitée d'honneur, dans le cadre du 25e anniversaire de son partenariat privilégié avec Paris. De plus, des élèves de lycées militaires africains partenaires ont défilé aux côtés des pensionnaires d'écoles militaires françaises, mettant en valeur l'excellence académique de notre système de formation.

Le défilé a également été marqué par l'apparition de nouveaux matériels, dont le blindé multirôle léger Serval, le Rafale F4 et l'hélicoptère HIL160. D'autres équipements, tels que les canons Caesar et les blindés AMX10-RC, ont symbolisé l'aide militaire française à l'Ukraine.

L'édition 2023 du défilé s'est conclue par une animation musicale rendant hommage au 80e anniversaire de la médaille de la Résistance et aux 80 ans de la disparition de Jean Moulin. Pour la première fois, une quarantaine de réservistes de la Garde nationale ont eu l'honneur de porter le drapeau lors de cette animation finale, ajoutant une touche de solennité à l'événement.

Le défilé de l’année prochaine prendra un tout autre visage puisque la veille le Président de la République a également rapporté une information surprenante. Le défilé du 14 juillet 2024 ne se déroulera pas sur les Champs-Élysées, mais entre Vincennes et la place de la Nation. Cette décision a été prise en raison des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, qui nécessiteront une réorganisation du dispositif du défilé. Emmanuel Macron a souligné que la flamme olympique illuminera le défilé de l'année prochaine, marquant la convergence entre l'événement militaire et l'événement sportif majeur.

 

[LPM]

La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 a définitivement été adoptée le 13 juillet au matin après d'intenses négociations entre le gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat. Pour rappel, la LPM prévoit un budget de 413,3 milliards d'euros sur sept ans pour les armées. Cela représente une augmentation de 40% par rapport à la période précédente, faisant du budget militaire le premier de l'État avec 68,9 milliards d'euros en 2030.

L'accord final prévoit une augmentation des crédits de la mission "Défense" de 3,3 milliards d'euros en 2024 et 2025, puis de 3,2 milliards en 2026 et 2027, et enfin de 3,5 milliards par an jusqu'en 2030. Cela représente 2,3 milliards d'euros de dépenses supplémentaires jusqu'en 2027, destiné au "maintien en condition opérationnelle" du matériel et à la "préparation opérationnelle" des troupes.

La LPM vise à moderniser l'appareil militaire avec des investissements importants dans le spatial, le cyber, les drones, etc. Elle prévoit également le renouvellement de l'arsenal de dissuasion nucléaire, considéré comme la "clé de voûte" de la défense nationale. Cependant, elle acte des reports de livraisons de matériels, avec moins de chars, de Rafale ou de frégates reçus sur la période que prévu dans la précédente LPM.

Le texte renforce aussi les pouvoirs de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information et établit un contrôle strict des militaires et des civils ayant exercé des fonctions sensibles souhaitant travailler pour un État ou une entreprise étrangère. Les pouvoirs de réquisition de l'État dans le domaine de la défense seront également étendus.

Malgré des critiques sur les « effets d’annonce », l'inflation et les reports de charges de la LPM précédente, le gouvernement et le Parlement se félicitent de cette LPM « historique ».

 

[OTAN]

Le sommet de l'OTAN à Vilnius, en Lituanie, a été marqué par des engagements forts et des alliances stratégiques. Au cœur des discussions, le conflit en Ukraine a été l'objet d'une attention particulière. Les membres du G7 ont réitéré leur soutien à long terme à Kiev, soulignant l'importance de la solidarité internationale face à l'agression russe.

Le G7, composé des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, du Canada, de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon, a présenté un plan pour la sécurité de l'Ukraine. L'objectif est d'aider l'Ukraine à faire face à l'offensive russe actuelle et de dissuader la Russie de toute "future attaque armée" contre son voisin. Cette décision a été saluée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, bien qu'il ait souligné que cela ne saurait remplacer une future adhésion de son pays à l'Alliance atlantique.

Au même moment, le groupe paramilitaire Wagner a remis à l'armée russe plus de 2 000 équipements, 2 500 tonnes de munitions et 20 000 armes légères, suite à un accord passé après sa rébellion avortée en juin. Cette information a été confirmée par le ministère russe de la Défense.

Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron a déclaré que la Russie était "fragile" militairement et politiquement. Il a souligné que les premiers signes de division étaient apparus, faisant référence à la tentative de coup de force des mercenaires du groupe Wagner, signe selon lui de la "faiblesse du pouvoir russe".

La Norvège, de son côté, a annoncé qu'elle fournirait une aide militaire supplémentaire à l'Ukraine en 2023, comprenant des drones ultralégers, des éléments de systèmes sol-air et des rations militaires. Cette aide s'ajoute à celle déjà prévue, portant l'aide militaire norvégienne à l'Ukraine à 10 milliards de couronnes cette année.

Le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, quant à lui, a suggéré que Kiev pourrait montrer plus de "gratitude" envers ses alliés. Il a déclaré que le Royaume-Uni n'était "pas Amazon", faisant référence à la fourniture d'armes à l'Ukraine.

Enfin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré ne plus s’opposer à l'adhésion de la Suède à l'OTAN, mais que le processus ne pourrait être ratifié avant octobre au plus tôt. Le président turc a utilisé plusieurs leviers pour parvenir à cette décision, notamment la livraison d'avions de chasse F-16 par les États-Unis, le rapprochement entre la Turquie et l'Union européenne, ainsi que le traitement de la question kurde par la Suède.

Avant le sommet de l'OTAN à Vilnius, Erdogan avait posé une nouvelle condition à la levée de son veto, exigeant que l'Union européenne rouvre les négociations d'adhésion de la Turquie. La Turquie souhaite également voir des progrès dans les domaines de la revitalisation des négociations d'adhésion, du renouvellement et de la modernisation de l'union douanière, ainsi que des libéralisations des visas.

Certains experts voient cette séquence comme une nécessité pour Erdogan de renforcer les liens avec l'Occident alors que la Turquie traverse une crise économique profonde. Ils soulignent également la volonté du gouvernement turc de se tourner vers l'Europe après les élections présidentielles de mai.

Avant de donner son accord, Erdogan avait également réitéré ses exigences envers la Suède concernant la question kurde. La Suède a condamné un individu d'origine kurde pour des activités liées au financement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié de groupe terroriste par Ankara et l'Union européenne.

Ces tractations pour l'adhésion de la Suède à l'OTAN pourraient également avoir des implications pour les relations entre la Turquie et la Russie qui voit d’un très mauvais œil l’arrivée d’un nouveau membre de l’alliance au nord du continent européen.

L’alliance quant à elle pense que cette prochaine adhésion pourrait « renforcerait la sécurité de l'OTAN face à Moscou ».

 

[Ukraine]

Dans un contexte de tensions croissantes en Ukraine, la France a pris la décision d'envoyer des missiles de croisière SCALP à Kiev. Cette annonce a été faite par le président Emmanuel Macron lors du sommet de l'OTAN à Vilnius. Les missiles SCALP, qui ont une portée de 250 kilomètres, sont destinés à aider l'Ukraine à mener la contre-offensive tant attendue contre les forces russes sur son territoire, notamment pour frapper des centres de commandement et des intérêts stratégiques militaires russes bien au-delà de la ligne de front, perturbant ainsi la chaîne d’approvisionnement et la chaîne de décision tactique.

Les premiers missiles ont été livrés en même temps que l’annonce, mais le nombre total d’engins livrés par la France est tenu secret. Il faut souligner cependant que les missiles fournis à l'Ukraine ne sont pas les mêmes que ceux utilisés par la France. Les modèles fournis ont une portée moindre, mais permettent néanmoins des frappes en profondeur, notamment dans les zones de l'est du pays actuellement contrôlées par les forces armées russes.

L'Ukraine pourrait utiliser des bombardiers tactiques Su-24 "Fencer" pour mettre en œuvre les SCALP. Ces missiles ont été acquis par la France dans les années 2000 et ont été utilisés pour des frappes contre l'État islamique au Levant ainsi que durant l'opération Hamilton contre le programme chimique syrien.

La décision de la France de livrer ces missiles à l'Ukraine a été critiquée par la Russie, qui a promis de prendre des "contre-mesures". Cependant, malgré les menaces, la France maintient sa position, affirmant que ces missiles permettront à l'Ukraine de défendre son territoire.

 

[Industrie]

Dans le cadre du programme SCORPION, Nexter, Thales et Arquus ont livré le 500e véhicule blindé multirôles (VBMR) GRIFFON et le 50e engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC) JAGUAR à la Direction générale de l'armement. Ces véhicules, fabriqués par Nexter, sont équipés de chaînes cinématiques complètes conçues et produites par Arquus, et de systèmes électroniques embarqués fournis par Thales. Ces systèmes permettent la mise en réseau et la valorisation des données pour l'engagement collaboratif des plateformes.

Parallèlement, Nexter et Texelis ont livré le 135e VBMR léger SERVAL, un véhicule 4x4 qui remplacera à terme les Véhicules blindés de l'avant (VAB). Le SERVAL a été développé en un temps record de 4 ans et demi et est proposé en 16 variantes. La caisse blindée en aluminium du SERVAL est fabriquée par Nexter, tandis que Texelis est responsable de la conception et de la fabrication de l'ensemble des éléments de mobilité du véhicule.

Ces livraisons marquent des étapes importantes dans le renouvellement du parc de véhicules blindés des forces armées françaises. Les véhicules GRIFFON, JAGUAR et SERVAL, grâce à leur interconnectivité et à leur polyvalence, devraient permettre aux forces armées françaises de disposer de capacités de renseignement et d'intervention étendues sur les théâtres des opérations.

 

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