Un an de guerre en Ukraine, exercice Orion, actus de la semaine.
de lecture - mots
Chaque semaine, nous vous proposons un rapide débriefing de l'actualité nationale et internationale des derniers jours en matière de Défense et de Sécurité. Vous pouvez recevoir cet article directement par mail dans notre newsletter gratuite du lundi matin : inscrivez-vous en cliquant ici.
Ukraine
Le jour de publication de ces nouvelles brèves marque la première année de l’entrée des forces russes en Ukraine.
Pour rappel le conflit commence en février 2014 quand la région russophone du Donbass à l'est de l'Ukraine est secouée par des mouvements prorusses. Les forces séparatistes soutenues par Moscou s'opposent violemment aux forces loyalistes ukrainiennes. À la suite de référendums locaux, deux entités, la "République populaire de Donetsk" et la "République populaire de Louhansk", se sont autoproclamées. Un mois plus tard, la Russie annexe la Crimée, accentuant la fracture entre l'Ouest ukrainien et l'est séparatiste.
La guerre du Donbass s'aggravant, un accord de cessez-le-feu est signé le 5 septembre 2014 à Minsk, la capitale de la Biélorussie, sous l'égide de médiateurs européens. Cet accord est appelé protocole de Minsk. Outre le cessez-le-feu immédiat et bilatéral, il comprend douze points tels que la libération des otages, la surveillance des frontières, la poursuite du dialogue et la mise en place de mesures humanitaires.
Malgré ces accords, des affrontements réguliers opposeront les belligérants jusqu’au début de l’année 2022.
Le 24 février, Vladimir Poutine donne l’ordre à ses forces armées d’entrer en Ukraine. Les forces russes ont rapidement occupé le nord de l'Ukraine, en bombardant des villes telles que Soumy et Kharkiv. En même temps, l'armée russe s'est déployée dans le sud du pays en passant par la Crimée annexée. Les bataillons séparatistes ont repris les hostilités dans le Donbass et étendu leurs lignes de front, prenant les villes de Kherson et de Mykolaïv et se dirigeant vers la ville de Dniepro.
Cependant, le 23 mars, la résistance ukrainienne arrête l'avancée des forces russes sur Dniepro. Notamment grâce à l’équipement militaire fourni par les forces occidentales. Les soldats ukrainiens adoptent une tactique de harcèlement de l'ennemi, tandis que les forces russes sont fixées sur les axes de circulation au risque de s’embourber dans les chemins secondaires en raison de la fonte des neiges et d'une logistique défaillante. Après plus d'un mois de conflit, l'armée russe n'a pas réussi à prendre Kiev et a annoncé un changement de stratégie en se concentrant sur la conquête des territoires à majorité russophone à l'est et au sud de l'Ukraine, dans le but de relier la Crimée et la Transnistrie occupée.
En septembre les Ukrainiens mènent une contre-offensive autour de Kherson, tandis que Vladimir Poutine annonce la mobilisation partielle de 300 000 hommes pour renforcer les rangs de son armée. Les autorités prorusses des régions ukrainiennes de Zaporijia, Kherson, Louhansk et Donetsk ont organisé des référendums pour demander leur rattachement à Moscou. Des résultats massivement rejetés par la communauté internationale.
Depuis décembre, les lignes de front sont gelées et les Russes ont intensifié les frappes aériennes de missiles et de drones armés, ciblant les infrastructures stratégiques. Malgré l’hiver, les affrontements dans le Donbass sont féroces notamment autour de la ville de Bakhmout. Après cette première année, le conflit semble loin d’être résolu. Les affrontements ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts de chaque côté (civiles et militaires) et malgré l’aide occidentale de plus de 120 milliards de dollars, l’issue stratégique comme diplomatique semble toujours aussi incertaine.
Russie
Le 21 février, lors d'une allocution devant les deux parlements et de nombreux cadres de l'armée et de la société civile, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie suspendait sa participation au traité New Start, dernier accord bilatéral de désarmement nucléaire liant les États-Unis et la Russie. Ce traité limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1 550 ogives déployées de part et d'autre, soit une réduction de près de 30% par rapport à la limite précédente fixée en 2002. Dans la foulée, la diplomatie russe a convoqué l'ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant le retrait des « soldats et équipements » de l'OTAN en Ukraine, une référence à l'aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux.
Le président russe a également suggéré que l'OTAN rejoigne New Start pour rendre ce traité équitable. Dans le même temps, il a appelé les autorités russes à se tenir « prêtes pour des tests d'armes nucléaires » si Washington en réalise en premier. Vladimir Poutine a accusé les Occidentaux d'être à l'origine du conflit qui ensanglante l'Ukraine depuis maintenant un an, affirmant que « Moscou avait déployé d'intenses efforts pour résoudre pacifiquement la crise qui prévalait dans l'est de l'Ukraine depuis 2014 ». Pour le chef du Kremlin, les offensives européennes sur le conflit russo-ukrainien n'ont qu'un but : « infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes ».
Ministère des armées
C’est désormais officiel, et pour cause d'exercice, depuis quelques jours l'hexagone a changé de nom. Le pays Arnland, c’est son nouveau nom, baptisé pour l'occasion, fait partie d’une fédération qui a aujourd’hui disparu. Mercure, l’état voisin souhaite y conserver son influence et apporte son soutien aux milices Tantales qui revendiquent des territoires au sud d’Arnland. Face à la dégradation de la situation, la France prend la tête d’une coalition internationale composée de 7 autres pays pour restaurer la sécurité du territoire arnlandais.
Voilà le cadre général du plus gros exercice interarmées et interallié de ces 30 dernières années joué sur le sol français. L’exercice Orion vient d’entrer dans sa phase 2 après plusieurs mois de préparation et de planification (phase une). Cette nouvelle phase se déroule principalement dans le sud de la France entre Sète et Castres avec le déploiement de l’Échelon nation d’urgence (ENU) qui commencera par une phase de contrôle de l’espace maritime et de neutralisation des infrastructures de défense côtière grâce au groupe aéronaval et ses avions. Une fois cet espace maîtrisé les forces joueront simultanément un débarquement amphibie à partir de deux porte-hélicoptères amphibies tandis que des unités parachutistes sauteront dans la région de Castres pour reprendre et contrôler la zone aéroportuaire.
Pour la première fois depuis plusieurs décennies, Orion va monopoliser plus de 7 000 militaires et plusieurs centaines de véhicules, aéronefs et bâtiments de la marine. Ce sera aussi l’occasion de tester grandeur nature tous les champs de la conflicuatilité puisque la défense spatiale sera aussi de l’exercice ainsi qu’une composante cyber et le contrôle des champs informationnels, le tout dans un contexte de confrontation de haute intensité.
La phase trois se jouera dans un contexte interministériel avec une phase de négociation et de stabilisation au milieu des populations. La dernière phase qui se jouera fin avril dans le nord-est du pays, confrontera les forces Mercure et française dans un combat direct entre deux armées fortement équipé et blindée. La France mènera sur le terrain et dans les airs, une coalition regroupant des militaires américains, anglais, espagnols et belges. Orion se terminera fin juin.
Serbie
Le président serbe, Aleksandar Vučić, a annoncé que son pays augmenterait considérablement ses dépenses militaires en allouant une nouvelle enveloppe de 748 millions de dollars à ses forces armées. Cette somme s'ajoutera au budget de près de 1,5 milliard de dollars déjà prévu pour cette année, afin de moderniser les chars et d'acquérir au moins 200 blindés supplémentaires auprès de l'industrie locale. « L'objectif est de renforcer les forces armées serbes et d’augmenter considérablement leur préparation au combat », selon M. Vučić.
La Serbie, qui a principalement équipé ses forces armées avec l'aide de la Russie, cherche désormais à diversifier ses approvisionnements. La Chine a livré récemment des systèmes de défense aérienne et des drones tactiques aux forces serbes. Belgrade a également annoncé la commande imminente de munitions téléopérées auprès d'une société émiratie.
Cependant, la modernisation de son aviation de combat reste un défi pour le pays, notamment pour remplacer ses MiG-29 fournis par Moscou dont l'approvisionnement en pièces détachées est devenu "presque impossible" avec la guerre en Ukraine. M. Vučić avait confirmé en avril 2022 que le Rafale de Dassault Aviation était la priorité de ses forces aériennes, avec l'objectif d'acquérir entre six et douze exemplaires. Depuis, le ministre serbe de la Défense a convenu avec son homologue français d'un renforcement de la coopération en matière de défense. Les tensions entre Belgrade et Pristina ces dernières semaines ont toutefois fait perdre de vue ce dossier, qui reste pourtant « plus que jamais d’actualité » selon le président serbe. Un accord pour les avions Rafale pourrait coûter 3 milliards d'euros supplémentaires si les pourparlers avec le constructeur aboutissent.
Espagne
Le gouvernement espagnol envisage l'acquisition de chasseurs F-35 de Lockheed Martin pour remplacer les F-18 Hornet vieillissants de son armée de l'air, selon un article publié dans la Revista de Aeronautica, le magazine officiel du ministère espagnol de la Défense. Le projet, connu sous le nom de "Halcón 2", devrait remplacer une cinquantaine de F-18 basés à Torrejón et à Saragosse d'ici 2028. Selon la revue, l'Espagne envisage une solution mixte avec 25 nouveaux Eurofighters et un chasseur de 5e génération. Bien que le F-35 ne soit pas directement nommé, il est clair qu'il est la seule solution disponible pour l'Espagne avant le retrait des derniers F-18. Le gouvernement espagnol a déjà budgété 13 milliards d'euros pour le projet "Halcón 2", qui devrait également remplacer les Harrier II de l'Armada espagnole. La version STOVL du F-35B est considérée comme la seule solution possible pour la marine espagnole. Bien que l'Espagne participe au programme Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), le projet ne sera pas disponible avant au moins 2040, plus d'une décennie après le retrait des F-18 espagnols.
Ministère de la Justice
Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a annoncé aux personnels de surveillance les évolutions statutaires dont ils bénéficieront dès 2024, à l'occasion de la cérémonie d’installation de la 215e promotion des surveillants pénitentiaires à l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) à Agen. Déjà en 2020 une réforme était engagée pour rendre la carrière des surveillants pénitentiaires plus attractive. Deux ans plus tard une première avancée financière était annoncée avec la fusion des grades de surveillant et de brigadier, une revalorisation des rémunérations des jeunes agents débutant dans la profession. Dès le 1er janvier 2024, le corps d’encadrement et d’application accédera à la catégorie B et celui des officiers à la catégorie A. Le corps des surveillants sera désormais accessible aux titulaires du baccalauréat. Le garde des Sceaux a également annoncé la possibilité de recruter des agents contractuels pour seconder les agents titulaires dans leurs missions. Concernant les conditions de travail des agents et leur sécurité, le ministre a engagé près de 250 millions depuis 2021 dont un programme immobilier avec 15 000 places qui permettront d’augmenter la capacité carcérale de 60 000 à 75 000 places. Lors de son discours, le ministre a souligné les qualités et l'engagement des surveillants pénitentiaires qui « sont des acteurs essentiels de la prise en charge des personnes détenues ».
Vous pouvez aussi vous abonner à notre magazine et recevoir notre tout dernier numéro, dont le dossier est consacré au Commandement des Opérations Spéciales, accéder à des contenus exclusifs, bénéficier des offres de matériels et équipements de nos partenaires. Rendez-vous dans la rubrique premium.