Premier déploiement opérationnel pour le SNA Suffren
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[Marine nationale]
Le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) "Suffren" a récemment marqué une étape significative dans son histoire opérationnelle. Après avoir été admis au service actif en juin 2022, l'une de ses premières missions a été d'escorter le groupe aéronaval (GAN) centré autour du porte-avions Charles de Gaulle lors de la première étape de la mission ANTARÈS en Méditerranée. Cependant, il n'a pas traversé le Canal de Suez lors de cette mission, reportant ainsi cette étape importante à une date ultérieure.
Selon les informations fournies par l'État-major des armées (EMA), le "Suffren" a quitté Toulon pour son premier déploiement opérationnel en océan Indien. Le 29 juillet, il a franchi le Canal de Suez. Bien que l'EMA ait utilisé une image d'un SNA de la classe Rubis pour illustrer cette nouvelle, ce transit du "Suffren" n'est pas passé inaperçu. En effet, une photo a été partagée sur les réseaux sociaux le 31 juillet. Un élément notable sur cette image était la présence de son hangar de pont amovible (Dry Dock Shelter, DDS), utilisé pour déployer un Propulseur sous-marin de 3e génération (PSM3G) pour les commandos Marine, notamment le commando Hubert.
Il est à noter que la capacité du "Suffren" à transporter ce DDS n'était pas encore officiellement reconnue par la Direction générale de l'armement (DGA) lors de son admission au service actif. Ce déploiement pourrait donc être l'occasion de valider cette capacité, si cela n'a pas déjà été fait.
L'EMA n'a pas fourni de détails supplémentaires sur cette mission, mais a laissé entendre qu'elle pourrait s'étendre sur plusieurs semaines. Le "Suffren" a été accompagné par le Bâtiment de soutien et d'assistance métropolitaine (BSAM) "Seine" lors de son passage par le Canal de Suez. Les BSAM ont été conçus pour fournir un soutien technique et logistique aux sous-marins lors de missions prolongées, une capacité qui avait été perdue après le retrait de certains bâtiments de soutien dans les années 2000.
Le dernier déploiement prolongé d'un SNA français dans l'océan Indien remonte au début de 2022, avec le sous-marin "Améthyste" et le BSAM "Loire" engagés dans la mission "Confiance" pendant six mois. Cette mission avait renforcé les partenariats régionaux de la France, notamment avec l'Inde et les Émirats arabes unis.
L'océan Indien revêt une importance stratégique pour la France, non seulement en raison de ses territoires souverains, mais aussi parce qu'il est un carrefour majeur du commerce maritime mondial. De plus, avec la présence croissante de la marine chinoise, cette région devient de plus en plus un espace de compétition stratégique.
[DGA]
La Direction générale de l'armement (DGA) a entamé une série d'essais pour obtenir l'autorisation de faire voler le drone Reaper Block 5 en France. Sur les 12 drones de type MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), seuls trois, conformes au standard Block 1, ont reçu un certificat de navigabilité de la Direction de la sécurité aéronautique de l'État (DSAE). Cela leur permet d'opérer dans l'espace aérien français, notamment dans le cadre de Dispositifs particulier de sûreté aérienne (DPSA).
Les neuf autres drones Reaper ont été modernisés ou sont en cours de modernisation pour atteindre le standard Block 5. Cette mise à niveau, qui comprend un nouveau système électrique, une suite logicielle améliorée et des capteurs plus avancés, les transforme pratiquement en nouveaux appareils. Par conséquent, ils nécessitent un nouveau certificat de navigabilité pour voler en France. Sans cela, ceux qui ne sont pas déployés à l'étranger resteront confinés aux hangars de la base aérienne 709 de Cognac.
Depuis deux ans, en raison de préoccupations liées à leur nouvelle suite logicielle, la DGA n'a pas pu assurer la sécurité des vols des Reaper Block 5 en France. Comme l'a mentionné le commandant de l'escadron de drones 2/33 Savoie dans une interview au magazine Raids Aviation, trois drones Block 5 sont actuellement en France, mais ils n'ont pas encore reçu l'autorisation de voler. Ils attendent l'accréditation du certificat de navigabilité pour opérer dans l'espace aérien métropolitain. Une mise à jour logicielle doit être installée, testée et approuvée par la DGA.
Toutefois, cette situation est sur le point de changer. Le 4 août, la DGA a annoncé via Twitter qu'elle avait supervisé les premiers vols d'essai du Reaper Block 5 équipé de la version logicielle "2408" au-dessus du territoire français. Ces essais préliminaires faciliteront les vols d'expérimentation par le Centre d'expertise aérienne militaire (CEAM) au bénéfice de l'armée de l'Air & de l'Espace. Il est à noter que deux avions Rafale ont également participé à ces essais en raison de leur complexité.
Une fois les résultats des expérimentations analysés, le Reaper équipé de la version logicielle 2408 pourra être mis en service. Cela permettra à l'armée de l'Air & de l'Espace de s'entraîner en France avec des restrictions minimales, tout en garantissant la sécurité des populations survolées, a déclaré la DGA.
[Industrie]
Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas forcément pour l’industriel français Naval Group. Le 8 août la Roumanie a officiellement annoncé annuler sa commande de quatre corvettes Gowind 2500 auprès de l’industriel. La commande remonte à 2019, après un appel d'offres du ministère roumain de la Défense. Ce dernier avait désigné Naval Group pour fournir ces corvettes à la Force navale roumaine pour 1,2 milliard d'euros, incluant un transfert de technologies. Cependant, cette décision a été contestée en justice par le constructeur néerlandais Damen. Malgré l'épuisement des recours judiciaires, le contrat n'a pas été finalisé en raison d'un désaccord entre Naval Group et son partenaire roumain sur la construction des navires. Finalement, il y a quelques jours, le ministère roumain de la Défense a tranché annulant définitivement la commande, citant : « l'incapacité de Naval Group à signer l'accord-cadre selon les termes demandés ». Cependant tout n’est pas encore perdu avec Bucarest, les Français pourraient encore conclure un contrat avec la Roumanie pour fournir deux sous-marins Scorpène, un achat approuvé par le Parlement roumain pour un montant estimé à 2 milliards d'euros.
Toujours à l’Est c’est vers Varsovie que le constructeur français pourrait se tourner. En effet, le futur programme polonais de construction de sous-marins a suscité l'intérêt de plusieurs industriels, dont Naval Group. La Pologne cherche à acquérir trois nouveaux sous-marins et a ouvert un processus de consultations préliminaires. Onze candidats se sont manifestés, bien que certains soient des sous-traitants habituels ou aient une expérience limitée dans la construction de sous-marins. Parmi les candidats notables figurent Fincantieri, Hyundai Heavy Industries, Hanwha Ocean, Kockums, ThyssenKrupp Marine Systems, Navantia et Naval Group. Le cahier des charges polonais est ambitieux, exigeant des sous-marins capables de plonger à plus de 200 mètres, équipés de divers types de missiles, pouvant accueillir des commandos et des véhicules sous-marins télécommandés ou autonomes. Le ministre polonais de la Défense a également souligné l'importance du transfert de technologies et des compensations industrielles.
[Armée de Terre]
2024 sera l’année d’une profonde transformation pour l’armée de Terre. Après l’annonce de la création d’une brigade du Génie dont le commandement pourrait s'implanter à Anger et inclure, notamment, le 28e groupe géographique pour l’instant placé sous les ordres de la brigade de renseignement (BRENS), c’est cette fois-ci des artilleurs dont il est question.
Comme le souhaitait le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, la 19e brigade d’artillerie devrait voir le jour courant 2024. Comme le révélait le commandement de la force terrestre, l’état-major sera implanté à Lyon et devrait avoir sous sa coupe le 54e RA, ainsi que les 1er et 61e régiments d'artillerie, et le centre de formation pour drones.
Ce n’est pas une première pour les artilleurs qui avait déjà connu une brigade initialement crée en en 1993, transformée et 1998 et de nouveau dissoute en 2010.
La brigade aura pour objectif d'améliorer la coordination des tirs et de produire des impacts massifs sur les théâtres d’opérations. Elle pourra également créer un centre opérationnel de type "brigade d'artillerie multinationale", un concept initié par l'OTAN il y a cinq ans. Ce concept vise à coordonner tous les supports de tir et renseignements, qu'ils soient nationaux ou internationaux.
La 19e BA, opérant en profondeur, sera la première à utiliser les drones Patroller (servi par le 61e RA, unité pour le moment attachée à la BRENS) et le futur lance-roquette unitaire (qui seront en dotation au 1er RA), attendu en 2027. Elle dépendra du futur commandement des opérations en profondeur et du renseignement (CAPR), qui soutient les deux divisions de l’armée de Terre.
[Gendarmerie nationale]
L'annonce concernant l'implantation des 200 nouvelles brigades de gendarmerie en France a été une nouvelle fois repoussée. Initialement prévue pour le début de l'année 2023, puis reportée à plusieurs reprises, cette annonce est désormais attendue pour la rentrée. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a subtilement révélé cette nouvelle échéance lors de l'inauguration d'une caserne de gendarmerie à Libourne, en Gironde. Il a également mentionné que le département de la Gironde bénéficierait de trois nouvelles brigades parmi les 25 prévues pour la région Nouvelle-Aquitaine.
Cette initiative de création de nouvelles brigades découle d'un engagement pris par le président Emmanuel Macron le 10 janvier 2022. Lors d'un déplacement à Nice, dans le cadre de sa campagne présidentielle, il avait promis la création de ces brigades pour renforcer la présence des forces de l'ordre dans les territoires où les services publics sont moins présents. L'objectif étant de restaurer la tranquillité dans les zones rurales.
Il semblerait que la présentation officielle de ces nouvelles unités pourrait se faire sous la forme d'une tournée régionale du président, accompagné du ministre de l'Intérieur. Cependant, rien n'a été confirmé officiellement à ce sujet. L'attente commence à être pesante, notamment pour certaines collectivités locales qui sont prêtes à lancer les travaux de construction. En effet, il était prévu que certaines de ces brigades soient opérationnelles avant la fin de 2023, et certainement avant les Jeux Olympiques de 2024. Certaines communes ont déjà préparé et sécurisé des terrains en anticipation de l'annonce officielle.
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