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France : premiers tirs d'un robot terrestre armé

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[Armée de Terre]

C’était un des objectifs de la future loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM) : remettre la France à niveau dans le développement, l’équipement et l’emploi des drones de combat grâce à un investissement de cinq milliards d'euros. Le but est d'augmenter les capacités de détection et d'action à distance en développant des capacités de drone adaptées à différents contextes opérationnels. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré que cela se traduirait par une « montée spectaculaire sur les drones » pour l'armée de Terre, avec l'acquisition de milliers de munitions téléopérées et de robots terrestres capables de coopérer avec le soldat et son environnement. L'armée de Terre avait déjà engagé des actions dans le domaine de la robotique militaire, avec notamment le lancement du projet "Vulcain" en 2021 et la création d'une section spécialisée au sein du Centre d'entraînement aux actions en zone urbaine.

Dans ce domaine toujours, les armées, sous la direction de l'Agence de l'innovation de défense et du Battle Lab Terre, organisent le défi CoHoMa (Coopération Homme-Machine) dont la deuxième édition se tiendra du 11 mai au 7 juin sur le camp de Beynes et portera sur le thème "S'emparer d'un objectif".

Toujours du côté de l'armée de Terre, THeMIS, un robot armé d'un tourelleau téléopéré fourni par le groupe belge FN Herstal a récemment été évalué avec succès. Le robot était doté d'un système de commandement et de contrôle de la société Glenair et de technologies d'autonomie, telles que le suivi d'un combattant, le rejeu d'un itinéraire et le retour vidéo du pilote et du tireur. Cette évaluation, qui a débuté à Satory, s'est terminée à Mourmelon par une séquence de tir à une distance comprise entre 600 et 800 mètres.

En France, l'objectif est de généraliser l'utilisation des robots sur le champ de bataille d'ici 2040, pour progressivement bâtir un « saut robotique » devant assurer une « supériorité opérationnelle dans le combat aéroterrestre ». Le colonel David Schuster, officier référent Robotique au sein de l'état-major de l'armée de Terre, a expliqué que des unités "pilotes" seraient dotées de telles capacités à partir de 2025. L'humain restera toutefois "dans la boucle" et supervisera les systèmes. « La première victime de la guerre, c’est le plan et il n’y a rien de plus planifié qu’un robot. Dans certains cas, les robots seront plus utiles, mais le soldat aura toujours sa place sur le champ de bataille », a déclaré le colonel Schuster.

 

[DGA]

Le 27 mars 2023, le deuxième hélicoptère H160 de la flotte intérimaire de la Marine nationale a été reçu sur le site de Babcock au Cannet-des-Maures. Cette livraison fait partie d'une commande de six appareils passée en 2020 et 2021 par la Direction générale de l'armement (DGA) aux sociétés Airbus Helicopters, Babcock et Safran Helicopter Engines, dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Cette livraison débutée en 2022 se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2023.

Les H160 remplaceront les Caïman Marine, Dauphin et Panther dans les missions de service public et d'intervention depuis la terre, en particulier Secmar (Search and Rescue ou Secours maritime), permettant le déploiement des Caïmans à bord des navires de la Marine pour y remplir leur mission de combat aéromaritime. Leur emploi et leur système de soutien contribueront au développement de la version militaire de l'appareil, le H160M « Guépard » du programme Hélicoptère Interarmées Léger (HIL), également conduit par la DGA.

Les six hélicoptères, spécialement configurés pour le sauvetage en mer, seront déployés progressivement à partir de mi-2023 sur les bases d'aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic et d'Hyères de la Marine nationale, et sur l'aéroport de Cherbourg. Ce deuxième H160 permettra à la Marine de poursuivre les expérimentations en cours tout en assurant la formation des futurs équipages opérationnels.

Les H160 seront équipés d'un treuil, du système optronique Euroflir 410 de Safran Electronics & Defense et de cabines modulaires optimisées pour les missions de l'Action de l'État en mer (AEM). Ils seront également certifiés pour le vol aux jumelles de vision nocturne pour être en mesure d’effectuer des missions de nuit. Ces hélicoptères seront entretenus par Babcock en partenariat avec Airbus Helicopters et Safran Helicopter Engines qui auront pour mission de garantir un haut niveau de disponibilité pour les missions de Secmar sur les façades Atlantique et Méditerranée, ainsi qu'en Manche et mer du Nord.

 

[Allemagne]

Ce n’est pas une surprise, l’Allemagne réfléchit depuis plusieurs années sur les différentes options pour remplacer ses blindés transport de troupe Fuchs. La solution pourrait venir du programme CAVS (Common Armoured Vehicle System), lancé en 2020 par la Finlande et la Lettonie, pour remplacer leur propre véhicule. L’accord-cadre entre les deux nations notifiait la commande de 360 exemplaires sur la base du Patria 6X6, dont 200 pour les besoins de l’armée lettonne. Pour les besoins de développement et de maintien en condition opérationnelle, une coentreprise entre Unitruck et Patria, appelée Defence Partnership Latvia à vue le jour. Quelques mois plus tard, la Suède s’est jointe au programme CAVS avec une commande de plus de 400 blindés dont les premiers exemplaires devraient être livrés dans quelques semaines.

C’est donc aujourd’hui à Berlin de rejoindre le programme CAVS avec la signature d’un « arrangement technique ». L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de remplacer les 700 Fuchs en services dans la Bundeswehr. Devant l’ampleur de la production, le PDG de Patria, Esa Rautalinko, a récemment confié au quotidien économique Handelsblatt qu’il envisageait une coopération avec Rheinmetall et/ou Krauss-Maffei Wegmann pour produire les blindés CAVS en Allemagne.

 

[Soudan]

Des combats ont éclaté le week-end dernier au Soudan entre l'armée soudanaise et les Forces de réaction rapide (FSR), une milice paramilitaire commandée par le numéro deux du gouvernement. Les affrontements ont fait au moins 330 morts, 3 200 blessés et plus de 10 000 déplacés vers le Tchad voisin. Les deux camps ont revendiqué des gains et aucune trêve n'a été respectée malgré un accord sur une trêve humanitaire de trois heures. Les Émirats arabes unis et l'Égypte ont proposé des cessez-le-feu distincts, mais pour le moment, aucun progrès n'a été réalisé. Les combats ont entraîné des coupures d'eau et d'électricité dans la capitale, Khartoum, ainsi que des dommages aux hôpitaux, aux écoles et aux stations-service. Les FSR ont déclaré avoir pris le contrôle d'un aéroport et de bases militaires, tandis que l'armée a assuré garder le contrôle de son siège à Khartoum assurant avoir fait face à des « affrontements limités » dans la zone.

Les combats ont été déclenchés par un désaccord entre le chef des FSR : le général Mohamed Hamdan Dagalo dit "Hemedti" et Abdel Fattah el Bourhan préside le Conseil souverain de transition du Soudan après un coup d'état militaire en 2021. Ce dernier souhaitait l'intégration des FSR dans l’armée régulière ce que le chef de la milice refuse catégoriquement souhaitait garder la main sur les paramilitaires dont une des activités principale consiste à prendre le contrôle de l’extraction et de l’exportation de l’or dont le pays possède parmi les plus grandes réserves d’Afrique.

Les affrontements interviennent alors qu'un accord de transition vers un pouvoir civil, conclu sous médiation internationale, devait être formellement signé plus tôt ce mois-ci. Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a annoncé que l'ambassadeur de l'Union européenne au Soudan avait été agressé lundi dans sa résidence, sans donner plus de précisions. La Maison Blanche a déclaré qu'elle n'avait pas prévu d'évacuations pour le moment, mais le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré qu'un cessez-le-feu immédiat était nécessaire. Les affrontements se poursuivent, faisant craindre un conflit plus large et la dégradation de la situation humanitaire au Soudan. Côté français, une chaîne logistique est en train de se mettre en place pour une potentielle évacuation des ressortissants en cas de dégradation de la situation.

 

[Gendarmerie nationale]

Le Centre régional d'instruction de Bretagne a organisé la première session de formation décentralisée dédiée à la technique des enquêtes sous pseudonyme, également connue sous le nom de "cyberpatrouilles".

Dix militaires des brigades de recherches du Finistère et du Morbihan ont participé à cette formation en mars 2023. Depuis 2009, les enquêteurs et les correspondants en nouvelles technologies numériques peuvent naviguer sur Internet sous pseudonyme à des fins d'investigations, avec l'autorisation du Code de procédure pénale. Jusqu'à présent, ces formations étaient dispensées par le Centre national de formation à la police judiciaire, mais en raison de la forte demande, le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace a décidé de les délocaliser dans les régions en s'appuyant sur des formateurs relais. En Bretagne, 20 militaires seront formés au cours de l'année 2023, soit un par brigade de recherches, . Les sessions se dérouleront sur cinq jours et nécessiteront un recyclage tous les cinq ans. La prochaine session aura lieu en novembre 2023 pour les gendarmes des B.R. des Côtes-d'Armor et d'Ile-et-Vilaine. À l'issue, les militaires formés seront habilités "enquêteurs sous pseudonyme".

 

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