14 juillet, Paris, armée française, FAMA, Mali, A330MRTT

L'armée française face au défi du recrutement (actus de la semaine)

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[Ministère des Armées]

Les forces armées françaises sont confrontées à des défis sans précédent en matière de recrutement et de fidélisation de leur personnel. Alors que le contexte sécuritaire mondial, notamment en raison de la guerre en Ukraine, demande une armée forte et réactive, la tendance actuelle témoigne d'une difficulté croissante à attirer et retenir les talents nécessaires.

Selon les informations de notre confrère d’Europe 1, entre 1 500 et 2 000 jeunes n’auront pas été recrutés d'ici la fin de l'année, en comparaison aux objectifs fixés. Une raison principale serait le "recrutement en avance" effectué l'année précédente pour atteindre les objectifs de 2022. De plus, la reprise économique post-pandémique en France a réduit le chômage à 7% au premier trimestre, rendant les opportunités civiles plus attrayantes pour les jeunes.

Malgré une légère amélioration du taux de sélectivité en 2021, avec une moyenne de 1,5 candidat pour un poste, l'armée est loin du ratio de 2,2 candidats par poste en 2015. La baisse de l'attractivité est exacerbée par des facteurs tels que la rémunération moins importante que dans le privé, des conditions de vie difficiles et un mode de vie généralement sédentaire parmi les jeunes, favorisant le surpoids et les problèmes de vue donc des problèmes de sélection mais parfois peu de motivation pour le dépassement que nécessite le métier des armes.

De plus, la préservation de l’âge moyen, voir son augmentation risque de devenir une source d’inquiétude. Actuellement, selon le général Pierre Schill, le chef d'état-major de l’armée de Terre, il serait de 28 ans, cadres compris. Mais pour maintenir ce chiffre jugé satisfaisant, il faut non seulement recruter mais aussi fidéliser. Quoi qu’il en soit le défi s’annonce de taille. Face à ces enjeux, des mesures sont envisagées, telles que la réorientation des candidats non retenus pour la Légion étrangère ou le renforcement du recrutement dans le bassin francilien. Par ailleurs, le CEMAT a mis en lumière l'importance de s'adapter au vieillissement de la population française, suggérant une possible révision des critères d'âge et des conditions d'accès à la réserve.

 

[DGA]

Mercredi 20 septembre, la Direction générale de l’armement (DGA) a marqué un nouveau tournant dans la modernisation de l'armée de l'Air et de l'Espace en livrant le 12e avion ravitailleur A330-MRTT Phénix. Conçu par Airbus, cet avion est le dernier de la première série commandée. Il a été testé à DGA Essais en vol à Istres après les modifications et essais initiaux réalisés en Espagne sur le site de Getafe. Cette série de livraisons, qui s’est étendue sur moins de cinq ans depuis octobre 2018, illustre l'engagement de la France à moderniser ses capacités aériennes notamment en termes de transport et de ravitaillement stratégique.

Le Phénix, une version modifiée de l'avion de ligne A330 produit à Toulouse, est destiné à remplacer plusieurs flottes d'avions vieillissants, notamment les C135-FR, KC135-RG, A310, et A340. Il jouera un rôle crucial dans diverses missions, allant du soutien à la dissuasion nucléaire à la projection stratégique de forces, en passant par le transport médicalisé d'urgence.

Pourtant, le parcours d'acquisition de ces avions a connu de multiples rebondissements. Initialement, 14 avions étaient envisagés, mais ce nombre a ensuite été réduit à 12 en raison de contraintes budgétaires, avant d'être finalement augmenté à 15. Trois autres A330-MRTT Phénix, déjà en service au sein de l’AAE sont prévus pour une conversion en avions ravitailleurs à partir de 2025.

Avec la livraison de ce douzième Phénix, une ère se termine pour l’Escadron de ravitaillement en vol 4/31 « Sologne » basé à Istres, qui voit la fin de service du dernier C-135FR. Ces avions, acquis à partir de 1964 pour soutenir la dissuasion nucléaire française, ont été au cœur des opérations de l'OTAN et des missions stratégiques. Cependant, en dépit de la fin du service pour le C-135FR, l'escadron devrait conserver encore quelques années ses trois KC-135RG, acquis en 1997 auprès de l’US Air Force et modernisés en 2014.

 

[Pologne]

Au cœur d'un conflit militaire intense avec la Russie, l'Ukraine semble rencontrer des dissensions inattendues avec l'un de ses alliés les plus proches : la Pologne. Un entrelacs de problématiques agricoles et de déclarations polémiques a engendré une situation tendue entre les deux pays, mettant en péril la cohésion de l'alliance occidentale.

La Pologne, dirigée par le Premier ministre Mateusz Morawiecki, a annoncé mercredi qu'elle cessait toute livraison d'armes à l'Ukraine. Cette décision a été prise en réponse aux commentaires du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devant l'ONU, qui a critiqué certains pays, en particulier la Pologne, pour leur manque de solidarité envers l'Ukraine et leur soutien indirect à la Russie.

Ces tensions ont été exacerbées par une décision controversée concernant les exportations de céréales ukrainiennes. Suite à la guerre en Ukraine et à l'instabilité de l'accès à la mer Noire, l'Union européenne a levé les droits de douane sur les céréales ukrainiennes en mai 2022. Cela a engendré un afflux de produits agricoles en Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie, provoquant une chute des prix et une crise agricole.

Face à cette crise, plusieurs de ces pays, dont la Pologne, ont instauré un embargo sur les produits agricoles ukrainiens, malgré la levée de l'autorisation de cet embargo par la Commission européenne en septembre. En réaction, l'Ukraine a porté plainte contre ces pays devant l'Organisation mondiale du commerce.

Au-delà des enjeux agricoles, la Pologne, qui se prépare à des élections législatives le 15 octobre, a fait de cette question un sujet de campagne, soulignant son soutien aux agriculteurs nationaux. Les experts suggèrent que la politique étrangère polonaise est de plus en plus influencée par des intérêts intérieurs.

Malgré ces tensions, il est important de souligner le rôle prépondérant que la Pologne a joué depuis le début du conflit. Varsovie a accueilli plus d'1,5 millions de réfugiés ukrainiens, fourni une aide financière considérable à Kiev, et a été parmi les principaux fournisseurs d'armes à l'Ukraine.

Ces événements récents soulèvent des inquiétudes quant à la fragilité de l'alliance occidentale face à la Russie. Le "centre de gravité" de l'Ukraine, comme le général Jacques Langlade de Montgros l'a décrit, est cette cohésion. Si elle est compromise, cela pourrait avoir de graves conséquences pour les forces ukrainiennes.

Ainsi, alors que la guerre avec la Russie continue, l'Ukraine se retrouve à naviguer dans une situation délicate avec un allié précédent. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si ces deux nations peuvent surmonter leurs différences et se réunir à nouveau face à un ennemi commun.

 

[Haut Karabakh]

Le Haut-Karabakh, une région contestée depuis des décennies, est de nouveau au centre des tensions entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Le 19 septembre, l'Azerbaïdjan a lancé une opération militaire qui a entraîné la mort d'au moins deux civils et en blessant 23 autres, selon des sources séparatistes arméniennes. Ces dernières ont également fait état de bombardements intenses sur la capitale Stepanakert et d'autres villes, qualifiant l'offensive de Baku de « vaste opération militaire ».

De son côté l'Azerbaïdjan justifie cette offensive par une attaque terroriste présumée, qui aurait été orchestrée par des séparatistes arméniens. Ils les accusent d'être responsables de l'explosion d'une mine ayant entraîné la mort de plusieurs civils et policiers azerbaïdjanais. Pour Erevan, la capitale arménienne, l'action de Baku est perçue comme une provocation. Ils allèguent que l'Azerbaïdjan est responsable d'une crise humanitaire, notamment en bloquant l'accès à des ressources essentielles telles que la nourriture et les médicaments.

Cette récente escalade suit un conflit majeur en 2020, où l'Arménie a subi d'importantes pertes territoriales. Un cessez-le-feu avait été établi avec l'intervention de la Russie, mais un accord de paix n'a jamais été atteint. Actuellement, l'Azerbaïdjan a informé la Russie et la Turquie de ses opérations, bien que Moscou affirme n'avoir été prévenu que quelques instants avant le début de l'offensive.

La communauté internationale, a immédiatement réagi. La Russie, par le biais du Kremlin, a exprimé sa préoccupation et a exhorté les deux parties à reprendre les négociations. La France, représentée par Catherine Colonna, a condamné l'opération militaire azerbaïdjanaise et a appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Le Premier ministre arménien a eu un entretien avec le président français Emmanuel Macron, sollicitant son intervention pour demander une désescalade des tensions auprès de Baku. D'autres acteurs majeurs, comme le secrétaire d'État américain Antony Blinken, ont également exprimé leur souhait d'entrer en contact avec les parties concernées pour tenter une négociation de paix entre les deux pays.

 

[Sahel]

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont mis en place une alliance appelée "Alliance des États du Sahel", insufflant une nouvelle dynamique à leur collaboration en matière de défense.

En 2017, alors qu'ils faisaient partie du G5 Sahel, ces trois pays avaient déjà évoqué la mise en place d'une force commune pour sécuriser la région du Liptako-Gourma, sur l'inspiration de l'initiative prise par des pays du bassin du Lac Tchad contre Boko Haram.

Le président du Niger de l'époque, Mahamadou Issoufou, avait souligné la nécessité de fusionner les ressources et capacités militaires face aux défis sécuritaires. Cependant, le projet avait connu plusieurs obstacles et revirements, notamment avec le retrait du Mali du G5 Sahel suite à un coup d’État, les changements politiques au Burkina Faso et au Niger, le tout sur fond d’intervention de la milice Wagner.

Cependant, la récente "Charte du Liptako-Gourma", signée par ces trois nations le 16 septembre, semble sceller un nouveau partenariat. Cette charte préconise une clause de défense mutuelle similaire à celle de l’OTAN. Tout acte contre un des membres serait considéré comme une agression contre tous, entraînant une obligation d'assistance. Les pays ont exprimé leur engagement commun contre le terrorisme. Cependant, des préoccupations subsistent, notamment avec la présence du groupe Wagner au Mali et une situation sécuritaire tendue, exacerbée par des tensions entre Bamako et les Touaregs.

 

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