Que reste-t-il de la France en Afrique ? (actus de la semaine)

Que reste-t-il de la France en Afrique ? (actus de la semaine)

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[Afrique]

Depuis quelques années, la présence militaire française en Afrique, principalement dans ses anciennes colonies, est régulièrement mise en cause. Dernier événement en date, la fin des accords de coopération culturelle, technique et militaire signés avec le Niger depuis 1977.

Suite à l’annonce faite par le président de la République il y a quelques jours sur le retrait des troupes françaises du Niger d'ici la fin de l'année 2023, le Tchad sera le dernier pays de la région à abriter des militaires français, avec environ un millier de soldats. 

Au Gabon, qui vient de vivre un putsch mené par des militaires, le nouveau gouvernement n'a, pour le moment, pas remis en question la présence des 350 militaires français, notamment du 6e bataillon d'infanterie de marine, qui assurent des missions de protection des ressortissants français, de formation et de soutien à la projection pour d'éventuelles missions dans la sous-région.

Malgré ces revers au Sahel, la France compte poursuivre ses nombreux partenariats sur le continent africain, poursuit diverses missions en Afrique. Elle assure des missions de lutte contre divers groupes terroristes, de contrôle des espaces martime, de renseignement de support logistique et de formation au profit des partenaires locaux. Elle est également impliquée dans des accords de défense bilatéraux avec certains pays, ce qui a conduit à la création de bases opérationnelles françaises avancées (BOA) dans certaines régions stratégiques.

Les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) constituent un point d'appui logistique aéroportuaire aux forces françaises, un réservoir de forces entraînées rapidement projetables en cas de crise et assurent une présence militaire pour la protection des ressortissants sur place. Cette base est également utilisée pour l'entraînement des forces spéciales.

Les Forces françaises en Côte d'Ivoire (FFCI) sont une autre base opérationnelle avancée en Afrique de l'Ouest, fournissant un relais opérationnel et un réservoir de forces projetables en cas de crise dans la région. Elles sont également impliquées dans la formation militaire des pays de la région.

Enfin, les éléments français au Sénégal (EFS) servent de point d'appui stratégique, opérationnel et logistique majeur sur la façade ouest-africaine. Ils contribuent à la prévention des conflits et sont un élément clé des mécanismes de résolution et de gestion des conflits en Afrique francophone.

 

 

[Accords de Défense]

En 1991, la Moldavie a obtenu son indépendance de l'Union soviétique, mais elle a immédiatement été confrontée à un conflit territorial avec la Transnistrie, une région majoritairement russophone. Ce conflit s'est terminé un an plus tard grâce à l'intervention de la 14e armée russe et à un accord. Toutefois, la "république moldave du Dniestr" a proclamé son indépendance tout en revendiquant sa proximité avec la Russie.

Malgré une forte influence pro-russe au sein de l'opinion publique moldave, le pays s'est rapproché de l'Union européenne (UE) et de l'OTAN. Cette orientation a créé des tensions régulières avec la Russie, marquées par des opérations d'influence et des expulsions de diplomates russes, notamment en juillet dernier.

La situation s'est encore compliquée avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. La Russie a intensifié ses pressions sur la Moldavie, notamment en agitant la menace d'une intervention militaire ou en faisant survoler le territoire moldave par des missiles tirés en direction de l'Ukraine. Un général russe a même évoqué le contrôle du sud de l'Ukraine comme un moyen d'accéder à la Transnistrie, où des cas d'oppression de la population russophone ont été signalés en avril 2022.

Cependant, la Moldavie ne dispose pas des moyens nécessaires pour se défendre efficacement contre de telles menaces en raison de la faiblesse de ses forces armées. Ses capacités aériennes reposent principalement sur quelques hélicoptères de conception soviétique, et 90 % de ses équipements militaires sont eux aussi d'origine soviétique.

Face à cette situation précaire, le président du Conseil européen, Charles Michel, a promis à la Moldavie un soutien sous forme de livraison d'équipements militaires de la part de l'UE. De même, le Royaume-Uni a offert son soutien.

Cependant, la France semble vouloir aller plus loin dans son engagement envers la Moldavie. Le ministre des Armées français, Sébastien Lecornu, s'est rendu à Chisinau le 25 septembre, où il a rencontré son homologue moldave, Anatolie Nosatîi, pour jeter les bases d'un futur accord de défense. Les deux ministres ont signé une lettre d'intention visant à renforcer la coopération en matière de défense et à aider la Moldavie à moderniser ses forces armées.

Cette coopération comprendra un audit des moyens de défense aérienne afin de renforcer la sécurité du ciel moldave. La France s'est également engagée à soutenir la Moldavie face à toute tentative de déstabilisation.

Dans le cadre de cette initiative, la Moldavie a déjà annoncé l'acquisition d'un radar de surveillance aérienne GM200 auprès de Thales. Ce radar est capable de détecter et de poursuivre simultanément des cibles évoluant à différentes altitudes, dans divers environnements. Il permettra d'améliorer la surveillance de l'espace aérien moldave.

 

[Équipements]

Des gendarmes et des policiers français seront équipés de motos électriques de la marque italienne Energica dans les prochains mois. Cette transition vers des véhicules électriques s'inscrit dans la tendance croissante des services publics en France à adopter des motorisations alternatives.

Energica Motor, une entreprise basée en Italie, a remporté l'appel d'offres notifié par l'Union de groupements d'achats publics (UGAP) publié en novembre 2022, pour la fourniture de motos électriques de type "Trails routiers" de plus de 8 kW de puissance destinées à équiper les forces de sécurités intérieures.

Energica Motor collaborera avec deux autres entreprises pour adapter les motos à un usage par les forces de sécurité. Tendance Roadster, le principal revendeur Energica en France depuis 2017, agira en tant que coordinateur local, tandis que Durisotti SAS, spécialisée dans la préparation de véhicules à deux et quatre roues, ajoutera des sirènes, des gyrophares, des valises et des livrées spécifiques aux motos de la Gendarmerie et de la Police.

Energica équipera les forces de sécurité avec trois variantes de l'Experia, dont une version modifiée de la Green Tourer pour les motards de la Gendarmerie et de la Police. Une dernière version standard (véhicule banalisé) sera réservée à la Police.

Selon motomag.com, l'Energica Experia est l'une des meilleures motos électriques actuellement disponibles, avec 102 chevaux (80 chevaux en puissance continue), 105 Nm de couple, une charge rapide et une autonomie de 256 km en cycle mixte.

La décision d'adopter des motos électriques s'inscrit dans le cadre des politiques de soutien à l'adoption de véhicules électriques mises en place par le gouvernement français en vue des prochains Jeux Olympiques. Le PDG d'Energica Motor, Livia Cevolini, s'est félicité de la confiance accordée par l'UGAP et de l'opportunité de contribuer à cette transition vers la mobilité électrique en France.

 

[Industrie]

En juin, un groupe de pays composé de la France, la Belgique, la Hongrie, l'Estonie et la République de Chypre a exprimé son intention de collaborer pour l'achat de Missile Transportable Anti-aérien Léger (MISTRAL 3) auprès de MBDA. Cette initiative est menée sous la supervision de la Direction générale de l'armement (DGA) et bénéficie du mécanisme financier européen EDIRPA. Le volume total des commandes pourrait dépasser 1000 exemplaires, et la Roumanie envisage également de rejoindre cette initiative.

Cependant, l'Espagne avait déjà annoncé en mai son intention de passer une commande substantielle de MISTRAL 3, avec un budget d'environ 330 millions d'euros. À l'époque, le nombre de missiles n'avait pas été précisé.

Le 25 septembre, le Conseil des ministres espagnol a approuvé un contrat visant à moderniser les capacités anti-aériennes avec un montant estimé à 324 664 793 euros. Cette décision inclut l'achat de 522 MISTRAL 3, ainsi que les équipements associés. De plus, elle prévoit la mise à niveau de 102 postes de tir individuels ou montés sur véhicule, utilisant le système Atlas.

Cette nouvelle commande vient s'ajouter à celle passée par l'Espagne en octobre 2020 auprès du ministère de la Défense français, d'une valeur de 47,8 millions d'euros, qui comprenait 94 MISTRAL 3 révisés par MBDA et livrés au 71e Régiment d'artillerie antiaérienne de l'Ejército de tierra.

Le programme espagnol devrait s'étendre sur dix ans, avec un investissement initial de 7,5 millions d'euros en 2023. Par la suite, le ministère espagnol de la Défense prévoit de débloquer environ 33 millions d'euros par an en moyenne jusqu'en 2031, avec un dernier paiement de 63,5 millions en 2032 pour conclure le programme.

Le MISTRAL 3 est une arme plus performante et moins vulnérable aux contre-mesures que ses versions précédentes. Il est doté d'un autodirecteur à imagerie infrarouge et de capacités de traitement d'image, ce qui lui permet d'engager des cibles à faible signature thermique à une distance de plus de 6 km. Selon MBDA, il affiche un taux de réussite de 95%.

 

[Ukraine]

Les premiers chars américains Abrams M1A1 sont arrivés en Ukraine, selon l'annonce du président Volodymyr Zelensky. Cette nouvelle a été accueillie avec enthousiasme par le président ukrainien, qui a remercié les alliés pour leurs promesses tenues.

Cependant, le Kremlin a réagi avec scepticisme, affirmant que ces chars américains ne changeraient pas l'équilibre des forces sur le terrain et finiraient par être détruits.

La livraison de ces chars avait été promise par les États-Unis en janvier, avec un total de 31 chars Abrams M1A1. Ces véhicules sont équipés de munitions à uranium appauvri, ce qui leur confère la capacité de perforer les blindages, mais suscite également des préoccupations en raison des risques toxiques pour les militaires et la population.

Il est important de noter que les États-Unis n'ont pas fourni à l'Ukraine la version la plus récente de l'Abrams, le M1A2. Les chars livrés sont d'anciennes versions rénovées, dépourvues de certaines technologies avancées pour éviter qu'elles ne tombent entre les mains russes.

Malgré ces limitations, l'Abrams M1A1 demeure l'un des chars les plus performants au monde, aux côtés du Leopard allemand, du Leclerc français et du Challenger britannique. Il est fabriqué par General Dynamics et est en service depuis le début des années 1980.

L'engin blindé, de 56 tonnes est doté d'un canon de 120 mm capable d'engager des cibles à plus de 4 km. Il offre également une protection renforcée grâce à son blindage composite. Cependant, il présente des inconvénients, notamment une consommation de carburant élevée en raison de son moteur à turbine.

Bien que les chars Abrams renforcent la capacité offensive de l'armée ukrainienne, leur nombre limité ne les rendra pas décisifs dans le conflit actuel. Les Ukrainiens sont confrontés à des défis tels que la défense russe bien établie, les pièges antichars et les mines qui ralentissent leur avancée. Les forces de génie, nécessaires pour ouvrir des couloirs dans les champs de mines, font actuellement cruellement défaut.

 

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