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Coup d'État au Niger, le pays aux mains des militaires (actus de la semaine)

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[Niger]

Le 26 juillet Niamey a été le théâtre d’un coup d'État, lorsque des militaires ont pris d'assaut le palais présidentiel nigérien et arrêté le président Mohamed Bazoum. Les putschistes ont formé un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et ont annoncé la suspension de la Constitution et la dissolution des institutions.

48 heures plus tard c'est finalement le général Abdourahamane Tchiani qui est apparu à la télévision, devenant ainsi le nouvel homme fort du Niger. Des rumeurs concernant l'éventuelle éviction de cet ancien chef de la garde présidentielle pourraient avoir accéléré les événements. Le désormais "président du CNSP" a justifié le coup d'État par la dégradation de la situation sécuritaire du pays, en dépit des efforts de la France et des États-Unis qui ont déployé respectivement environ 1.500 et 1.100 soldats. Tchiani a appelé à la confiance des alliés et a remis en question l'approche sécuritaire tout en excluant une collaboration étroite avec le Burkina Faso et le Mali deux pays eux aussi aux mains d'une junte militaire après un coup d'État.

Aussitôt le coup d'État a été condamné par la communauté internationale, qui a appelé à la libération immédiate du président Bazoum et au retour à l'ordre constitutionnel. Depuis la Papouasie Nouvelle-Guinée où il est en déplacement, le président français Emmanuel Macron a condamné le putsch et a exigé la libération de Bazoum. La France a également déclaré qu'elle ne reconnaissait pas les nouvelles autorités. L'Union européenne a menacé de suspendre tout soutien financier au Niger et les États-Unis de leur côté ont déclaré que leur partenariat dépendra de la continuité démocratique.

Les putschistes ont immédiatement rejeté ces appels menaçants de représailles ceux qui s'opposeraient au CNSP. Ils ont également annoncé la fermeture des frontières du Niger, l'instauration d'un couvre-feu et l'interdiction de tout vol vers et depuis le pays, ce qui a valu une première tension entre Paris et Niamay, cette dernière accusant la France d'avoir fait poser un A400M depuis la mise en œuvre du décret.

Ce coup d'État au Niger pourrait avoir de nombreuses conséquences, tant pour le pays que pour la région.

Sur le plan national, ce putsch pourrait mettre fin à la démocratie et créer un vide de pouvoir. Le CNSP n'a pas encore annoncé de feuille de route et il est actuellement impossible de dire à quoi ressemblera l'avenir politique du pays.

Sur le plan régional, toute la sous-région pourrait être déstabilisée. Le Sahel est une région en proie à de grandes incertitudes politiques et minée par les attaques de groupes jihadistes. Ce coup d'État au Niger pourrait en encourager d'autres dans la région compliquant davantage la situation.

Côté Français, Paris ne peut être qu’inquiet outre l’aspect économique, le pays est des principaux fournisseurs d’uranium, le Niger est un allié clé de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Depuis le départ des troupes de Barkhane du Mali et du Burkina Faso, le Niger est devenu la plaque tournante des militaires français qui participent aux opérations de lutte contre le terrorisme au Sahel. Sans cet appui, les troupes françaises devraient entièrement se replier sur le Tchad et la Côte d’Ivoire pour « garder un pied dans la région » mais ce principe de "vases communicants" paraît bien incertain et sonnera certainement le retour d'une partie des troupes vers la métropole. 

 

[Drone]

Malgré le projet d’un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) européen, l’armée de l'Air et de l'Espace (AAE) ne cache pas son intérêt pour un projet 100% français afin de remplacer ses actuels MQ-9 Reaper.

En ligne de mire, le projet baptisé Aarok, développé par la société Turgis & Gaillard et récemment présenté lors du salon international du Bourget.

L'Aarok est un drone de type aile volante à voilure fixe. Il est propulsé par un moteur turbopropulseur et a une masse maximale au décollage de 3 000 kg. Le drone a une endurance de plus de 24 heures et peut voler à une altitude maximale de 12 000 mètres en emportant une charge utile de 1,5 tonne pouvant inclure des bombes, des missiles et des caméras.

S’il est contrôlable à distance, l’Aarok est aussi capable d’évoluer de manière autonome grâce à des systèmes de navigation et de guidage avancés. L'Aarok est également plus polyvalent que les autres drones MALE. En effet il serait capable d’effectuer une grande variété de missions, notamment le renseignement, la surveillance, la reconnaissance, l'attaque et l'appui aérien rapproché. Il peut également être utilisé pour transporter des charges utiles spécifiques, telles que des drones plus petits ou des systèmes de guerre électronique.

Point important pour les aviateurs français, l'Aarok est un drone ITAR Free, ce qui signifie qu'il ne contient aucun composant d'origine américaine. Cela permet aux militaires de ne pas dépendre des entreprises outre-Atlantique pour l'entretien et la réparation de l’appareil.

Bien qu’encore en développement, le drone a déjà effectué plusieurs vols et pourrait être apte au service dès 2025 soit plusieurs années avant l’arrivée du projet européen.

 

[Ministère des Armées]

Le jeudi 27 juillet, le ministère des Armées a dévoilé son Rapport Social Unique (RSU) pour l'année 2022. Ce document, élaboré par la Direction des ressources humaines, offre une vision statistique des chiffres essentiels concernant le personnel, tant militaire que civil, tout en mettant en lumière les engagements majeurs de l'année.

Côtés effectifs, le Ministère des Armées rassemble 266 000 personnes, dont une majorité écrasante de militaires (75%). Notons que, avec 17% de femmes dans ses rangs, l'armée française se positionne parmi les plus féminisées au monde. Du côté civil, les femmes représentent 39% des agents et, tous statuts confondus, 39% des cadres dirigeants.

Avec 28 500 nouvelles recrues en 2022, le Ministère des Armées confirme sa position de premier recruteur de l'État. Cette dynamique répond à la nécessité d'un renouvellement constant pour assurer l'efficacité opérationnelle et soutenir l'évolution technologique des armées.

Du côté de la formation, l'année 2022 a été marquée par une forte activité : 118 667 militaires et 56 180 civils ont bénéficié de sessions de formation, représentant respectivement 5 879 938 et 172 009 journées de formation. Par ailleurs, on notera que 33 741 changements de grades et 3 793 changements de catégorie ont été recensés chez les militaires. Pour les personnels civils, le rapport retient un changement de grade pour 3 327 et 408 changement de corps donnant accès à la catégorie supérieure.

Le budget consacré aux dépenses de personnel s'élève à 21,542 milliards d'euros, répartis entre le personnel militaire (16,442 milliards) et civil (5,100 milliards). De plus, 800 millions d'euros ont été alloués à la politique sociale, englobant l'action sociale et l'aide au logement. À noter également le lancement du plan "Ambition logement" en février 2022, visant à améliorer le logement des personnels et de leurs familles.

Pour la réserve, un des grands chantiers de la prochaine loi de programmation militaire, hors Gendarmerie, la partie opérationnelle compte 37 182 volontaires et 61 181 anciens militaires d'active. La réserve citoyenne, quant à elle, rassemble 6 093 personnes. Concernant la reconversion, 29 471 militaires et 2 139 conjoints étaient accompagnés par Défense mobilité à la fin de l'année.

 

[Industrie]

En 2022, le déficit commercial de la France a atteint un sommet historique de 163,6 milliards d'euros, doublant presque par rapport à 2021. Cependant, une lueur d'espoir émerge grâce aux exportations d'équipements militaires.

L'année dernière, les commandes d'armements à l'exportation ont totalisé 27 milliards d'euros, surpassant largement le précédent record de 16,9 milliards en 2015. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a souligné la renommée mondiale de l'armement français, allant des missiles aux satellites d'observation.

Le contrat "Rafale" avec les Émirats arabes unis, représentant 60% des commandes, est un facteur majeur de cette réussite. Cependant, même sans ce contrat, les ventes restent robustes. La Grèce, l'Indonésie et la Pologne figurent parmi les principaux acheteurs, avec des commandes totalisant plusieurs milliards d'euros.

Sur la décennie 2013-2022, les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Qatar, l'Inde, l'Arabie saoudite et la Grèce sont les plus grands clients de la France. Le secteur aéronautique domine, représentant deux tiers des commandes. Plusieurs pays envisagent d'acheter le Rafale de Dassault Aviation, et d'autres contrats pourraient suivre.

Cependant, le secteur de l'armement terrestre connaît des défis. Malgré la guerre en Ukraine, 2022 a été difficile pour Arquus, tandis que Nexter/NKDS a signé plusieurs contrats majeurs.

Si cette tendance persiste, la France pourrait surpasser la Russie comme deuxième exportateur mondial d'armes, derrière les États-Unis. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), la part de marché de la Russie a diminué, tandis que celle de la France est en hausse, avec davantage de commandes en attente fin 2022.

 

[DGA]

Le 18 juillet 2023, la Direction générale de l’armement (DGA) a officiellement réceptionné le Jacques Chevallier, premier navire du programme « Flotte logistique » (FLOTLOG) à Toulon. Cette cérémonie a vu la participation de hauts responsables de la DGA, de la Marine, ainsi que des industriels des Chantiers de l’Atlantique et de Naval Group.

Depuis son lancement à St-Nazaire en avril 2022, le Jacques Chevallier a subi divers tests pour assurer la performance de ses systèmes. Avant son intégration officielle, il entreprendra un déploiement prolongé.

Le projet FLOTLOG, une collaboration franco-italienne supervisée par l’OCCAr, ambitionne de moderniser la flotte de ravitailleurs de la Marine nationale. Ces nouveaux navires remplaceront les pétroliers ravitailleurs des années 70-80 par des modèles à double coque, plus spacieux et conformes aux normes internationales actuelles. Quatre de ces navires sont prévus, le second étant attendu en 2025.

Ces bâtiments stratégiques ravitailleront les navires en haute mer en carburants, munitions et autres fournitures. Ils seront dotés de technologies avancées, dont le système d’artillerie RAPIDFire de 40mm et des antennes Syracuse IV.

Le design des navires s'inspire du Logistic Support Ship italien, le Vulcano. Ils sont construits à Saint-Nazaire, avec des sections réalisées en Italie par Fincantieri. Le Jacques Chevallier, nommé en hommage à un pionnier de la propulsion nucléaire navale française, est le premier d'une série de quatre. Les suivants seront nommés Jacques Stosskopf, Emile Bertin et Gustave Zédé.

Après des évaluations supplémentaires, le Jacques Chevallier devrait être pleinement opérationnel en 2024.

 

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