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Actus de la semaine : LPM, les armées vont devoir faire des sacrifices

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[Ministère des armées]

Le nouveau projet de Loi de programmation militaire 2024-2030 a été présenté mardi 4 avril en Conseil des ministres. Pour rappel, Il prévoit une augmentation du budget de l'armée de 3,1 milliards d'euros en 2024, puis de 3 milliards par an de 2025 à 2027, avant une augmentation de 4,3 milliards par an à partir de 2028.

Cependant, malgré un montant sans précédent de 413 milliards d'euros sur sept ans, pour rappel il devrait atteindre 69 milliards en 2030 contre 32,7 en 2017, les militaires devront faire des choix drastiques et prioriser certains programmes au détriment d'autres.

Bien qu'il n'y ait pas de renoncement, certains programmes seront moins ambitieux que prévu. Scorpion, dont un des axes est le renouvellement des blindés de l'armée de Terre en fera les frais. Ce n’est pas encore une certitude, mais l’on parle déjà d'une centaine de Jaguar en moins sur les 300 prévus et le report, après 2030, de la livraison de plusieurs centaines de Griffon et Serval. De facto, les très vieillissants VAB et AMX-10RC, devraient être, une nouvelle fois modernisés pour être intégrés à la bulle Scorpion et rester opérationnels jusqu’à la fin de la décennie.

L’équipement complet des forces aériennes en Rafale avec la livraison de 42 chasseurs supplémentaire devrait être décalé de deux ans pour se terminer en 2032. À la fin de la décennie, l’armée de l’Air et de l’Espace disposera de 137 avions de combat alors que la cible initiale portait sur 185 appareils. Côté transport tactique la production d’A400M est accélérée pour fournir aux armées une autonomie de projection sur longue distance. Le parc d’Atlas atteindra 35 appareils en 2030 contre 20 actuellement.

Dans le domaine spatial, l’envoi en orbite du troisième satellite de communication Syracuse IV est définitivement abandonné, il pourrait être remplacé par des constellations de minisatellites dont les contours restent à définir. En revanche Paris a confirmé le financement de recherche des prochaines générations de satellites de renseignement ainsi que Yoda, un satellite patrouilleur chargé de protéger des satellites espions les engins spatiaux français.

La marine de son côté devra faire le deuil, au moins jusqu’à 2030, de deux des cinq frégates de défense et d'intervention prévues initialement. Le futur porte-avions, dont le nom sera choisi par le président de la République est quant à lui confirmé. Sa construction devrait débuter en 2025 avec un remplacement du Charles de Gaulle prévu en 2038.

À court et moyen terme, le ministre a défini ses priorités. Tout d’abord consolider le stock de munitions qui fait cruellement défaut dans les armées. L’enveloppe attribuée sera de 2 milliards par an jusqu’à 2030, pour un montant global de 16 milliards d’euros. Autre priorité de Sébastien Lecornu : rattraper le retard en matière de drone et de lutte antidrones. La nouvelle LPM devrait permettre d’augmenter la flotte à 3 000 drones d’ici 2025 avec notamment des munitions télé opérées, un accord vient d’ailleurs d’être passé entre Nexter et les armées pour fournir un premier démonstrateur à la fin de l’année.

À plus long terme, la LPM se penche aussi sur le problème des effectifs avec 6 500 recrutements supplémentaires, notamment pour renforcer la filière du renseignement, auquel s’ajoute un doublement de la réserve avec près de 40 000 hommes et femmes. Côté cyber, le ministère des Armées compte se doter d’un pôle d’excellence autour de l’École Polytechnique, ce secteur voit son budget passer à 4 milliards d’euros.

En résumé, bien que l’enveloppe allouée aux armées soit importante, les choix budgétaires restent drastiques, car le ministère doit faire face à une situation inédite et à des urgences opérationnelles, notamment en raison de la guerre en Ukraine et des risques d'un conflit majeurs. Les arbitrages impliquent une révision du cadencement des programmes, mais sans renoncer aux grands projets d'armement tels que le Scaf, le char franco-allemand MGCS, le PA-NG et la dissuasion nucléaire.

 

[DGA]

Mi-mars, la Direction générale de l'armement (DGA) a qualifié le standard F4.1 du Rafale, une version qui inclut notamment des capacités de combat aérien collaboratif, l'intégration de l'armement AASM 1 000 kg à guidage GPS, ainsi qu'un renforcement de l'appareil contre les menaces cybernétiques. Il apporte également des évolutions capacitaires importantes dans le domaine du combat aérien, tel que l'intégration du viseur de casque Scorpion, des améliorations de la conduite de tir pour le missile Meteor, l'évolution des algorithmes de détection passive des menaces et des capacités accrues d'échanges de données entre les Rafale.

Les travaux ont été menés en collaboration avec l’industriel Dassault, la DGA, les états-majors d'armée et la qualification proprement dite a mobilisé plusieurs centres d'expertise et d'essais de la DGA, en lien avec des équipages d'essais de la Marine nationale (MN), de l'Armée de l'Air et de l’Espace (AAE) et de Dassault Aviation.

La première campagne d'essais de ce standard a eu lieu en avril 2021 à Istres suivi par de nombreux tests réalisés au cours des deux dernières années dans les centres DGA maîtrise de l’information, DGA techniques aéronautiques et DGA essais de missiles dans le domaine de la guerre électronique, de la tenue aux environnements aéronautiques et des armements.

L'ensemble des Rafale de l'Armée de l'Air et de l'Espace et de la Marine nationale seront progressivement équipés de ce nouveau standard. L'expérimentation opérationnelle des aviateurs et marins a commencé le 3 mars 2023. Un premier embarquement à bord du porte-avions Charles de Gaulle est prévu au cours du printemps.

 

[Industrie]

Nexter et SERA Ingénierie, filiale de SOGECLAIR, ont signé un accord de partenariat pour développer conjointement des robots terrestres pour l'armée française. Nexter, un des leaders de la défense terrestre en France et en Europe, apportera ses compétences en matière d'architecture, d'intégration de système et de systèmes robotisés, tandis que SERA Ingénierie (SOGECLAIR), offrira son expertise dans les domaines de la conception et la réalisation mécanique de plateformes pour des applications de défense et sécurité ainsi que les systèmes de simulation.

Le premier projet commun : la plateforme PHOBOS. Ce système robotisé d’investigation pour les unités du génie conjugue autonomie, mobilité et faible empreinte logistique. De moins de deux tonnes et pouvant emporter une tonne de charges de travail, il pourra suivre un véhicule sur une progression tout terrain ou être tracté. Ce porteur robotisé pourra mettre en œuvre des charges de travail tout en assurant la sécurité des sapeurs, notamment lors de mission de contre-minage.

Sylvain Rousseau, Directeur de l'activité Systèmes de Nexter et Olivier Pedron, président de SERA Ingénierie ont déclaré « se réjouir de ce partenariat entre deux acteurs français de la robotique militaire qui fournira des solutions à faible empreinte logistique, robustes, sobres, éprouvées et fiables ».

 

[Armée de l’Air et de l’Espace]

En novembre 2022, l'armée de l'Air et de l'Espace a envoyé pour la première fois quatre chasseurs Rafale en Lituanie dans le cadre de la mission de police du ciel des pays baltes sous le commandement de l'OTAN.

Après plus de quatre mois de mission, les Rafale ont effectué 500 heures de vol et assuré 70 décollages sur alerte d'entraînement, ainsi qu'une quinzaine de décollages sur alerte réelle pour intercepter et identifier plus de 25 aéronefs, dont certains appartenaient aux forces aériennes russes. En outre, ils ont réalisé des missions dans le cadre de l'Air Shielding, qui comprend des missions de protection du flanc est de l'alliance, des missions de réassurance et des missions d'entraînement à l’interopérabilité avec les appareils alliés. Les Rafale ont également été les premiers à expérimenter des redéploiements en Estonie et en Suède depuis la Lituanie et à participer à un exercice avec des contrôleurs aériens avancés lituaniens et américains. Les F-16 portugais et roumains assurent désormais la protection de l'espace aérien lituanien, mais des avions de combat français seront de nouveau engagés dans la mission Baltic Air Policing d'ici la fin de cette année. Les Rafale continueront à assurer la protection du flanc oriental de l'OTAN depuis la France en menant notamment des patrouilles au-dessus de la Bulgarie, de la Pologne et de la Roumanie.

 

[OTAN]

La Finlande, jusqu'à présent neutre sur le plan militaire, est devenue officiellement mardi 4 avril le 31e membre de l’OTAN.

Grâce à ses 1 300 km de frontière commune avec la Russie, Helsinki permet à l’Alliance atlantique de doubler ses frontières partagées avec Moscou.

La Finlande compte 5,5 millions d’habitants, mais proportionnellement possède une des plus fortes militarisations d’Europe avec 280 000 soldats et potentiellement de plus de 600 000 réservistes. À cela, il faut ajouter une flotte de 55 avions de combat F-18, 200 chars et plus de 700 pièces d’artillerie.

L'adhésion de la Finlande à l'alliance transatlantique a été considérée comme un virage historique dans la politique de sécurité finlandaise, et a été immédiatement jugée hostile par Moscou qui a prévenu devoir prendre des « contre-mesures ». Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a dénoncé mardi une intrusion" contre la sécurité et les intérêts nationaux de la Russie. De son côté, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a estimé que « cet élargissement de l'alliance transatlantique était susceptible d'aggraver le conflit en Ukraine ».

Du côté de l’OTAN, son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a déclaré : « Le président (Vladimir) Poutine avait pour objectif déclaré avec l'invasion de l'Ukraine d'affaiblir l'OTAN. Il obtient l'exact opposé ». Prochaine étape pour l’alliance, l’adhésion de la Suède, un dossier toujours bloqué par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

 

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