Première visite du ministre de la défense en Ukraine, actus de la semaine, récap 2022
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[Ministère des Armées]
Mercredi 28 décembre le ministre des Armées Sébastien Lecornu a effectué son premier déplacement en Ukraine 10 mois après le déclenchement de l’invasion russe.
Lors de cette visite éclair, le ministre a rencontré son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov et le président Zelensky.
Après avoir rendu hommage aux victimes de la guerre devant un monument placé au cœur de Kiev, M. Lecornu a réaffirmé le soutien de la France à l’Ukraine et de préciser que les échanges avec le ministre Reznikov avaient porté sur « la situation tactique et stratégique sur le terrain et sur les besoins de l'armée ukrainienne pour les semaines à venir ». Avec le président ukrainien, le ministre français a évoqué le fonds innovant de 200 millions d’euros accordés par Paris pour permettre à l’Ukraine d’acheter directement du matériel auprès des industriels de l’hexagone.
Sur la table des négociations le ministre de la défense ukrainien a demandé un appui supplémentaire de la France pour la fourniture de système antiaérien dont le Mamba (nous en parlions dans ce précédent post) et de réfléchir sur le maintien en condition opérationnelle des canons CAESAr très sollicité sur le champ de bataille. Deux exemplaires, sur les 18 livrés, auraient été détruits par des munitions rôdeuses russes et plusieurs des 16 autres sembleraient avoir des problèmes de maintenance notamment au niveau du châssis et du canon.
[Aéronautique]
C’est plutôt une bonne surprise, l’avionneur français Dassault termine l’année avec un très probable nouveau contrat de vente de son produit phare : le Rafale.
Le 21 décembre dernier, le gouvernement colombien a annoncé avoir présélectionné le chasseur français pour remplacer ses 18 appareils Kfir et TC 12 de sa force aérienne. La Colombie est actuellement le dernier pays à posséder des Kfir en service, un avion israélien conçu au début des années 70 et retiré du service par Tsahal au milieu des années 90.
Selon plusieurs sources l’accord serait pratiquement entériné alors que l’appareil était en concurrence face aux F16 américain et Gripen suédois. La commande porterait sur 16 appareils pour un montant total de 3 milliards d’euros. La première partie de la commande, avec un paiement différé jusqu’à 5 ans, comporterait 3 à 4 appareils avec les services et équipements associés, dont un simulateur et la formation des équipages.
[Artillerie]
Les récents succès du canon CAESAr en Ukraine et la dégradation sécuritaire en Europe de l’Est ne sont peut-être pas étrangers à cette nouvelle commande du gouvernement tchèque. Après un premier contrat de l’obusier dans sa version 8X8 en 2021, Prague vient d’annoncer une nouvelle commande de 10 CAESAR supplémentaires, car portera l’équipement total à 62 canons. Ce nouveau contrat, d’un montant de 73 millions d’euros devrait être honoré d’ici 2026. Les obus quant à eux seront fournis par l’entreprise tchèque STV Group déjà en charge de la livraison des munitions de 155mm des canons précédemment commandés. « Avec ces CAESAr supplémentaires, nous franchissons une nouvelle étape vers la modernisation indispensable de notre armée et réduisons la dette interne que nous avons encore à son égard », a déclaré Jana Černochová, la ministre tchèque de la Défense.
[Service de Santé des Armées]
Dans le cadre de ses ambitions opérationnelles pour 2030, le ministère des armées vient d’annoncer la création d’un nouvel hôpital d’instruction des armées (HIA) dans les quartiers nord de Marseille.
Cette structure permettra de remplacer l’HIA Laveran sortie de terre il y a près de 60 ans. L’hôpital sera, comme son futur prédécesseur, un des cinq HIA socle avec Bégin et Percy (Paris), Saint-Anne (Toulon) et Clermont-Tonnerre (Brest). La structure gardera la même capacité d’accueil soit 300 lits. « Conçu pour garantir une capacité opérationnelle résolument tournée vers la prise en charge d’afflux massifs de blessés et la projection opérationnelle de son personnel, le futur HIA, est un élément essentiel du territoire de santé militaire et s’inscrit pleinement dans le territoire de santé civil des quartiers nord de Marseille », précisait un communiqué du ministère des Armées.
Le futur HIA de Marseille n’est pas attendu avant 2030 /31. La construction devra d’abord passer par l’acquisition d’un site d’implantation et de la sélection d’un prestataire pour assurer la maîtrise de l’ouvrage. La notification du contrat est prévue pour 2026 suivis par trois années de travaux.
[DGA]
Lancé à la fin de l’année 2015, le programme de retrofitage des hélicoptères Tigre du standard HAP (hélicoptère d'appui protection) à la version HAD (hélicoptère d'appui destruction) est arrivé à mi-parcours en cette fin d’année.
Sur son compte tweeter, la direction générale de l’armement (DGA) annonçait le 23 décembre la livraison du 6e et dernier Tigre prévu pour l’année 2022. Au total la DGA a déjà livré 19 appareils sur les 37 prévus au programme de rénovation.
La version HAD toujours dotée d’un canon de 30 mm de missiles Mistral et de roquettes de 68mm, possède en plus une capacité d’emport de missile air-sol à guidage laser Hellfire, d’une motorisation plus puissante et un système d’avionique dernière génération.
L’armée de Terre devrait disposer d’ici 2026 d’un parc de 67 machines au standard HAD.
Quelques jours auparavant la DGA publiait un communiqué sur la réception des 1 000 derniers fusils HK 416 sur les 12 000 prévus au titre de l’année 2022. Elle a par ailleurs commandé les 8 660 derniers exemplaires de la commande 2022 portant sur 12 660 fusils. « À ce jour 69 340 fusils ont été livrés aux armées. Au total, 117 000 fusils seront livrés aux armées d’ici à 2028, dont 94 000 d’ici à 2025 », précisait le communiqué de presse diffusé par la DGA.
[2022]
Ces dernières brèves de l’année sont aussi l’occasion de faire un point sur les événements marquants de 2022.
Chez les industriels c’est l’aéronautique qui a alimenté le plus de brèves avec le SCAF, le futur avion de combat européen développé grâce à un partenariat entre le français Dassault et l’Allemand Airbus. Après de multiples rebondissements, la phase 1B du développement du démonstrateur vient d’être signée et relance le projet alors que les Britanniques avancent à grands pas avec l’Italie et le Japon pour produire le Tempest, un futur chasseur de 6e génération. Les Américains quant à eux viennent de dévoiler le projet le plus coûteux de l’histoire de l’aviation avec le bombardier furtif B21 Raider. Chaque exemplaire vaudrait près de 640 millions de dollars, six sont en cours de construction. Les premiers vols devraient avoir lieu au premier trimestre 2023.
2022 c’est aussi l’année des drones. Aériens tout d’abord avec notamment la Turquie qui se positionne comme un acteur majeur du domaine avec l’annonce du premier vol du Kizilelma, un drone supersonique doté d’une intelligence artificielle lui permettant d’être semi-autonome même lors de combats aériens.
Les drones sous-marins sont aussi à l’honneur, français et américain ont dévoilé plusieurs modèles dont certains capables d’analyser les fonds sous-marins à plus de 3 000 mètres de profondeur et de rester "en patrouille" pendant plusieurs jours en totale autonomie.
Pour conclure, 2022 c’est bien évidemment le conflit ukrainien qui a occupé la majeure partie des actualités.
Le 24 février 2022, les forces armées russes ont lancé une vaste opération militaire aérienne, maritime et terrestre en Ukraine depuis la Russie, la Biélorussie, la Crimée et les républiques populaires de Lougansk et Donetsk. Cette invasion intervient huit ans après un premier conflit qui opposa les deux pays et qui s’est soldé par l’annexion de la Crimée et de violents conflits dans le Donbass. Si les Russes n’ont pu arriver jusqu'à Kiev, les premiers combats leur ont permis de prendre de nombreuses régions du sud. Mais depuis quelques mois, les militaires ukrainiens, soutenus par de nombreuses aides occidentales, ont repris une grande partie des territoires gagnés par les forces de Vladimir Poutine.
L’aide occidentale est inédite sur ce conflit. Plus d’une quarantaine de pays ont fourni une aide matérielle, militaire et technique à l’Ukraine. Dans de récents chiffres publiés début décembre, entre le 24 février et fin octobre, Kiev aurait touché près de 90 milliards de dollars d’aides, dont 25 milliards de matériels militaires (18,5 rien que pour les États-Unis, la France quant à elle a donné pour 500 millions d’équipements).
Récemment Washington a annoncé franchir une nouvelle étape en autorisant la fourniture d’une batterie de missiles Patriot, mais refuse toujours de fournir des chars de combat ou des drones Reaper. La France a beaucoup fait parler d’elle avec la livraison de canons CAESAr, un matériel très mobile et précis, parfaitement adapté à ce type de conflit. Paris à déjà envoyé 18 pièces d’artillerie et formé plusieurs équipages et pourrait, dans les prochaines semaines, autoriser la livraison de 6 à 12 obusiers supplémentaires directement prélevés sur une commande destinée à l’armée danoise.
Entre combats de rue à rue, tirs de missiles, bombardements, le tout sur fond de guerre de l’énergie, cette guerre ne semble, pour le moment, pas trouver d’issue pacifique. Selon le chef d’État-major américain, Mark A. Milley, le conflit ukrainien aurait tué ou blessé près de 200 000 soldats répartis équitablement entre les armées russes et ukrainiennes. Côtés civils, le Haut-commissariat aux réfugiés parle de 40 000 victimes.
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