l'IA pilote un avion de chasse, actus de la semaine

l'IA pilote un avion de chasse, actus de la semaine

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[Aéronautique]

On parle beaucoup d'intelligence artificielle depuis quelques années et les armées s’y intéressent pour de nombreuses applications. Aux États-Unis, Lockheed Martin vient d’annoncer que son avion d'entraînement VISTA X-62A a été piloté par un système autonome pendant plus de 17 heures lors d'un test effectué en décembre dernier sur la base aérienne d'Edwards, en Californie. C'est la première fois qu'un système de pilotage basé sur l'intelligence artificielle est utilisé sur un avion d'attaque au sol. Le VISTA est un avion modifié sur lequel a été installée une avionique Block 40, capable de simuler les caractéristiques de performance d'autres avions.

Le directeur de la recherche de l'école de pilotes d'essai de l'US Air Force, Christopher Cotting, a déclaré que le VISTA permettra de développer et de tester des techniques d'intelligence artificielle de pointe tout en concevant de nouveaux véhicules sans pilote. Lockheed Martin a doté le VISTA d'un système de simulation fourni par Calspan, ainsi qu’un algorithme de suivi de modèle (MFA) et du système de contrôle autonome de la simulation (SACS) de Lockheed Martin. Ces systèmes SACS et MFA fournissent de nouvelles capacités au VISTA, selon l'industriel.

L'armée américaine s'intéresse de près à l'automatisation de ses avions de combat. En août 2020, lors d'une joute aérienne simulée à bord d'avions de chasse F-16 aux États-Unis, un duel opposant l'intelligence artificielle de Heron System à un pilote de chasse de l'US Air Force s'était soldé par une victoire 5 à 0 de la machine face au pilote humain.

 

[Allemagne]

Dans de nombreux pays, le service national a toujours fait débat. En France, bien que les sondages indiquent que les Français sont de plus en plus nombreux à regretter la fin du service militaire suspendu en 1996 par Jacques Chirac, les armées préfèrent mettre l’accent sur le renforcement de la réserve opérationnelle qui devrait doubler dans les prochaines années sous l’impulsion de la future Loi de Programmation Militaire 2024-2030. Outre-Rhin, la conscription, suspendue en 2011, est quant à elle revenue dans le débat politique. Le nouveau ministre de la Défense, Boris Pistorius, voit plusieurs arguments en faveur d'un service obligatoire général notamment pour renforcer les forces armées et la protection civile, ainsi qu'une occasion de rapprocher les citoyens et les organisations étatiques. Problème, en cas de retour des conscrits, la Bundeswehr manquerait cruellement de casernes, d'instructeurs et d'équipements pour les accueillir, ce qui fait dire au général Eberhard Zorn, son chef d’état-major, qu’un nouveau système pouvant accueillir 10 000 jeunes par an serait plus sûrement une piste à étudier. Un récent sondage montre que 45% des Allemands sont favorables au retour de la conscription, tandis que 39% y sont fermement opposés.

 

[Ukraine]

Chaque semaine voit son nouveau lot d’annonces de livraison de matériel aux armées ukrainiennes. Récemment c’est la Suède qui a confirmé la fourniture de 51 de ses véhicules de combat d'infanterie CV90 ainsi que des armes antichars. Elle a également confirmé qu'elle livrera une douzaine de canons automoteurs Archer de 155 mm. L’Allemagne de son côté a annoncé qu’elle ne sera capable de fournir que 14 chars Leopard 2 A6, avec 3 autres annoncés par le Portugal. Le reste des chars lourds fournis par Berlin seront, comme nous en parlions la semaine dernière, des Leopard 1 auquel il faut ajouter 40 blindés de combat d'infanterie Marder. Les Pays-Bas qui eux aussi avaient évoqué la fourniture de 14 Leopard 2, sont semble-t-il en train de faire machine arrière prétextant que les blindés sont déjà mobilisés pour la brigade germano-néerlandaise.

Côté ukrainien les combats ne semblent pas faiblir obligeant les forces armées à utiliser une quantité de munitions largement supérieure à celle produite par les alliés de l'OTAN. D’ailleurs, son secrétaire général Jens Stoltenberg a averti que cette consommation « mettait les industries de défense des alliés de l'OTAN sous pression, précisant que le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production ». Pour rappel, les États-Unis ont déjà livré, entre autres, plus d'un million d'obus de 155 mm, plus de 6 000 obus guidés de 155 mm, plus de 10 000 munitions de 155 mm RAAM (Remote Anti-Armor Mine), 100 000 obus de 125 mm (destinés aux chars lourds), 45 000 obus de 152 mm, 20 000 obus de 122 mm, 370 000 obus de 105 mm et 175 000 obus de mortier de 120 mm. L'Allemagne de son côté a livré 60 000 obus de 40 mm et 18 500 obus de 155 mm, Le Royaume-Uni a déjà expédié 100 000 obus et en a promis autant fin janvier. Côté français, Paris a annoncé, il y a quelques jours, un accord signé en janvier pour une livraison conjointe de munitions entre la France et l'Australie, sans pour autant préciser le volume de munitions prochainement livrées. La France a aussi confirmé, suite à une réunion ente les ministres de la Défense français et Italiens, la livraison à Kiev d'un système de défense antiaérien SAMP / T-MANBA qui viendra compléter le système de radar Thales GM200 acquis par l'Ukraine grâce au fonds de 200 millions d'euros débloqué par Paris. 

 

[OTAN]

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN s’est rendu il y a quelques jours en Turquie, officiellement pour apporter son soutien au pays très durement touché par de récents séismes qui auraient fait, au dernier bilan, plus de 40 000 morts, mais aussi pour convaincre Ankara de ratifier l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Alliance atlantique déposée en juillet 2022. Actuellement seules la Turquie et la Hongrie sont opposées à cette adhésion conjointe, mais qui pourrait, dans un premier temps, voir uniquement l’arrivée de la Finland. Pour l’instant Ankara traverse une véritable crise diplomatique avec Stockholm depuis le 21 janvier suite à l’autodafé du Coran par un extrémiste de droite devant l’ambassade de Turquie dans la capitale suédoise ce qui a provoqué la colère d'Ankara, qui a reporté une réunion tripartite prévue pour février et déclaré que la Turquie s’opposerait à la candidature de la Suède, tant que le royaume n’aurait pas interdit tout blasphème.

Pour Jens Stoltenberg : « il appartient désormais à la Turquie de décider si elle veut ratifier les deux protocoles ou un des deux, mais le plus important, c’est que la Finlande et la Suède deviennent bientôt membres de l’Alliance, et je vais faire pression pour cela. »

 

[DGA]

Le 3 février, la Direction générale de l'armement (DGA) a réussi le premier vol d'essai d'un hélicoptère militaire utilisant un carburant d'aviation durable à 84% (SAF, Sustainable Aviation Fuel). Cette expérience a permis de réduire les émissions de CO2 de 75% sans modifier l'aéronef ni le moteur. Il s'agit de la première fois qu'un hélicoptère militaire a pu voler avec une teneur aussi élevée de carburant d'aviation durable. L'équipage d'essai comprenait deux pilotes d'essai, un mécanicien navigant d'essai et deux ingénieurs navigants d'essai de DGA Essais en vol et du Groupement aéromobilité de la section technique de l'armée de Terre (GAMSTAT). L'hélicoptère NH90 de l'armée de Terre était spécifiquement équipé pour l'occasion.

L'essai a été mené avec la participation du Service de l'énergie opérationnelle (SEO) et le concours technique des industriels Safran Helicopter Engines, Total Énergies et Airbus Helicopters. Cette expérience s'inscrit dans le cadre de la stratégie énergétique de défense et de la stratégie "Climat & Défense" du ministère des Armées, qui vise à consommer moins, mieux et plus sûr pour permettre aux équipements militaires d’êtres plus propres et moins dépendants des énergies fossiles. Le carburant utilisé, prototypé spécifiquement pour cet essai, a été produit par Total Énergies à partir d'huiles de cuisson usagées selon la technologie HEFA (hydrotraitement des huiles et des graisses). Son cycle de production et d'utilisation présente une empreinte carbone quatre fois moindre que celle d'un carburant d'aviation d'origine fossile, respectant ainsi le critère d'une réduction minimale de 65% exigé par l'Union européenne pour être qualifié de carburant durable.

L'essai mené sur l'un des deux moteurs de l'hélicoptère a permis de tester les caractéristiques de ce carburant, notamment sa consommation et la puissance des moteurs, ainsi que les conséquences opérationnelles de son utilisation, telles que le fonctionnement du circuit carburant, les performances et la signature thermique. Plusieurs axes de travail ont été identifiés pour la suite : des expérimentations sur des durées plus longues pour vérifier la bonne tolérance des systèmes de l'hélicoptère et de ses moteurs, ou encore le développement d'aromatiques d'origine bio pour augmenter davantage la proportion de carburant durable. Lorsqu'ils seront disponibles avec un niveau d'incorporation de 100%, les SAF offriront un potentiel de réduction des émissions de CO2 de 90%.

 

 

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