La France lance son premier missile hypersonique (actus de la semaine)
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[DGA]
Le lundi 26 juin, le ministère des Armées a annoncé avoir testé un planeur hypersonique expérimental volant à une vitesse supérieure à Mach 5, soit plus de 6 000 km/h, tout en effectuant des manœuvres pour échapper aux capacités d'interception ennemies.
L’engin a été largué à partir d'une fusée-sonde tirée depuis le centre d'essais de Biscarosse (Landes) de la Direction générale pour l'Armement (DGA). Dans son communiqué, le ministère a confirmé que ce premier démonstrateur contenait de nombreuses innovations technologiques embarquées. Ce premier essai en vol, sur une trajectoire à longue portée très exigeante, constituait un défi technique inédit qui prépare l'avenir de la feuille de route nationale en matière d'hypervélocité. Les analyses techniques des nombreuses données récupérées pendant toute la durée de l’essai sont en cours pour tirer des enseignements pour les futurs vols expérimentaux. Le projet VMaX (véhicule manœuvrant expérimental), dirigé par ArianeGroup, fabricant des fusées Ariane, vise à propulser la France dans l'ère des armes hypersoniques. Les États-Unis, la Chine et la Russie, trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, sont déjà engagés dans cette course aux armements avec leurs propres programmes. L'efficacité croissante des systèmes de défense antimissiles pousse les puissances à développer des armes toujours plus rapides et aux trajectoires imprévisibles pour déjouer les défenses. La France mène déjà des études sur la propulsion hypersonique dans le cadre de la modernisation de son arsenal de dissuasion nucléaire. Dans ce domaine des missiles hypersoniques, la Russie dispose déjà de l'Avangard et du Kinjal, tandis que la Chine a testé à plusieurs reprises son planeur DF-ZF monté sur le missile balistique DF-17. Les États-Unis reconnaissent être en retard par rapport aux Chinois et aux Russes, mais ont consacré 2,2 milliards de dollars en 2022 aux programmes d'armes hypersoniques.
[Industrie]
En mars 2022, Airbus Helicopters a reçu le contrat de développement du standard 3 de l'hélicoptère d'attaque Tigre, mandaté par la France et l'Espagne via l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAr). L'objectif était de rénover cet appareil à mi-vie pour le maintenir opérationnel au-delà de 2050, en l’adaptant au combat collaboratif.
Cependant, comme nous en parlions récemment, le projet de Loi de programmation militaire (LPM) 2024-30 a omis la mise en œuvre de ce nouveau standard MK 3. Le général Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre, a expliqué que cette décision avait été reportée à une date ultérieure. Ainsi, il est prévu de porter les 67 hélicoptères en service à un standard 2 amélioré d'ici 2030.
Le général Schill a également souligné que l'évolution de la capacité des drones aériens, en fonction notamment du conflit en Ukraine, serait prise en compte pour déterminer les conditions d'utilisation de ces hélicoptères. Les hélicoptères successeurs du Tigre standard 2 devront avoir la capacité de guider certains drones aériens ou d'opérer en collaboration avec eux.
Pour le moment les armées restent sur les termes du contrat notifié à Airbus Helicopters en 2022 pour la modernisation de l’aéronef. Safran Electronics & Defense a été retenu pour fournir le système de navigation inertielle hybride "SkyNaute", la centrale de cap et d'attitude APIRS, ainsi que des actionneurs Trim 4-axes.
Le système de navigation SkyNaute garantit des performances et une fiabilité élevées, même en l'absence ou en cas de brouillage des signaux de géolocalisation par satellite (GPS). Le système APIRS, basé sur des gyroscopes à fibre optique et des accéléromètres MEMS, fournit aux pilotes du Tigre des données essentielles de pilotage selon les trois axes : roulis, cap et tangage.
De son côté Nexter/KDNS a annoncé que la modernisation de la tourelle THL30, équipant le Tigre, était en cours. Ces travaux font aussi partie du contrat attribué en 2022 par l'OCCAr. La tourelle THL30, reposant sur le canon 30 M 781 de 30 mm, verra ses performances améliorées, notamment avec une augmentation de son débattement latéral pour engager des cibles à plus de 90° de chaque côté. Elles seront livrées à Airbus Helicopters sur les sites de Marignane en France et d'Albacete en Espagne. L’électronique embarquée sera également modernisée pour optimiser la masse et le volume du nouveau Tigre.
[Europe]
La France, l'Estonie, la Hongrie, la Belgique et Chypre ont décidé d'acheter conjointement des missiles sol-air de courte portée Mistral, dans le cadre d'une coopération pour renforcer la défense européenne. Le président français Emmanuel Macron a souligné l'importance de cette coopération déclarant qu'il s'agissait « d'un exemple concret d'achat conjoint de matériel militaire entre pays européens ». Les cinq pays ont signé une lettre d'intention portant sur l'acquisition de plusieurs centaines de missiles Mistral. Le Mistral, développé par le groupe européen d'armement MBDA, est en service depuis 1988 et peut atteindre des cibles jusqu'à six kilomètres de distance.
La conférence sur la défense aérienne à Paris avait pour objectif d'harmoniser les positions européennes, notamment en réponse à l'initiative allemande de bouclier aérien (Euro Sky Shield) lancée en octobre dernier. La France préfère continuer à s'appuyer sur le système franco-italien de défense sol-air de moyenne portée SAMP/T MAMBA, tandis que l'Allemagne propose une approche basée sur les systèmes allemands Iris-T, américain Patriot et américano-israélien Arrow-3.
Le président Macron souligne qu'il existe de nombreuses solutions européennes dans le domaine de la défense antiaérienne, et que la dépendance à l'égard de fournisseurs non européens peut poser des problèmes en termes de calendrier, de priorités et de souveraineté. Pour en savoir plus sur la défense antiaérienne, vous pouvez retrouver dès le lundi 3 juillet notre article premium sur notre site.
[Belgique]
La Belgique et les Pays-Bas ont ratifié l'achat en commun de quatre frégates, renforçant ainsi leur coopération en matière de défense. Lors d’une rencontre d’État entre les deux familles souveraines, les ministres de la Défense Ludivine Dedonder et Kajsa Ollongren ont signé le protocole d'accord final à bord de la frégate néerlandaise De Ruyter, au port d'Anvers.
Les frégates ASWF, spécialisées dans la lutte sous-marine, mesureront 145 mètres de long, plus de 17 mètres de large pour un déplacement de 6 400 tonnes environ. L’équipage sera réduit à 117 marins contre 150 sur les frégates actuelles, mais elles pourront accueillir 35 militaires supplémentaires pour des missions spécifiques. Les nouvelles frégates offriront une capacité accrue pour la lutte anti-sous-marine et pourront mener des opérations sur un rayon de 800 kilomètres.
L'accord de coopération comprend également un volet économique important, avec des retours industriels d'une valeur de 355 millions d’euros.
Ce nouvel accord est un amendement du premier mémorandum d'entente (MoU) signé en juin 2018, qui inclut désormais un nouveau montant pour l'achat des frégates. La ministre Dedonder a souligné « l'importance de ce projet pour la construction de l'Europe de la défense et le renforcement des bases industrielles, dans un contexte géopolitique volatil, où il est essentiel de renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe en matière de défense ».
La construction des nouvelles frégates débutera en 2025. La première sera livrée à la Marine néerlandaise en 2028 et mise en service en 2029. La Belgique devrait recevoir son premier bâtiment au second semestre 2030.
[Inde]
Le Rafale Marine de Dassault Aviation est fortement pressenti pour remporter le contrat en Inde et équiper son porte-avions : l’INS Vikrant.
Cette préférence s'explique en grande partie par le fait que la version navale de l'avion de combat français partage plus de 80 % de ses pièces et équipements avec les autres aéronefs déjà livrés à l'Indian Air Force, à l'exception de ses trains d'atterrissage. Cette compatibilité entre les différents modèles du Rafale facilite la logistique et la maintenance des appareils, ce qui constitue un avantage économique considérable.
Lors des évaluations menées l'année dernière, le Rafale Marine a démontré avec succès sa capacité à décoller à partir d'un tremplin, avec une charge utile suffisante pour mener à bien ses missions. Cette caractéristique est cruciale pour l'Indian Navy, qui souhaite remplacer ses avions MiG-29K et disposer d'un appareil capable d'opérer depuis le nouveau porte-avions STOBAR de la marine indienne, conçu pour des décollages courts.
Le contrat potentiel entre l'Inde et Dassault Aviation pourrait concerner jusqu'à 26 Rafale Marine, ce qui en ferait le plus gros contrat d'exportation pour cette variante spécifique. L'Inde est un partenaire de longue date de Dassault, après une modernisation de sa flotte de Mirage 2000 et la réception récente de 36 Rafale pour sa force aérienne.
Pour ce contrat, le chasseur français était en concurrence avec le F/A-18E/F Super Hornet de Boeing. Le constructeur américain a récemment averti que, faute de nouvelles commandes, la production du Super Hornet serait vraisemblablement arrêtée fin 2025.
Des sources indiennes ont évoqué quelques détails sur les éléments potentiels du contrat des Rafale Marine, notamment la mise en place d'une logistique basée sur la performance, comprenant la maintenance, les pièces de rechange et la formation du personnel technique de la marine indienne et des pilotes. Le Comité de Sécurité du cabinet du gouvernement indien aurait déjà donné son aval pour conclure cet accord.
En attendant la conclusion de ce contrat, le Premier ministre indien sera présent aux côtés d'Emmanuel Macron lors du défilé militaire du 14 juillet sur la place de la Concorde à Paris. Cette participation met en évidence l'importance des relations bilatérales entre l'Inde et la France dans le domaine de la défense.
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