La France se prépare pour les feux de forêts de l'été (actus de la semaine)
de lecture - mots
Chaque semaine, nous vous proposons un rapide débriefing de l'actualité nationale et internationale des derniers jours en matière de Défense et de Sécurité. Vous pouvez recevoir cet article directement par mail dans notre newsletter gratuite du lundi matin : inscrivez-vous en cliquant ici.
[Sécurité civile]
Face à l'évolution du risque lié au dérèglement climatique, des mesures sans précédent ont été prises pour renforcer les moyens de lutte contre les incendies, notamment en ce qui concerne les dispositifs aériens et humains, ainsi qu'une organisation plus réactive sur l'ensemble du territoire.
Le renforcement et la nouvelle organisation avaient été annoncés par le président de la République lors d’une réunion à l'Élysée le 28 octobre 2022, dans le but de « prendre des mesures concrètes visant à prévenir les incendies, renforcer les moyens de lutte et reboiser les forêts ».
Depuis quelques jours ce dispositif est désormais en place afin de contrer les probables incendies estivaux.
Désormais la Sécurité civile dispose de 31 avions bombardiers d'eau (soit 10 de plus qu'en 2022), 3 avions de reconnaissance et jusqu'à 2 500 sapeurs-pompiers et sapeurs sauveteurs qui interviennent en renfort des secours locaux. Ces effectifs sont mobilisés tout au long de la période estivale et au-delà si les conditions météorologiques l'exigent.
Au premier niveau d'intervention, la lutte contre les incendies relève des sapeurs-pompiers du service départemental d'incendie et de secours. Si la situation évolue et nécessite des renforts supplémentaires, des renforts intrazonaux, extra-zonaux et nationaux peuvent être déployés.
En 2023, le nombre de colonnes de renfort sera porté à 51 (contre 44 lors de la saison la plus intense en 2022). Chaque colonne est composée d'un véhicule de commandement et de soutien ainsi que de trois groupes d'intervention feux de forêt (GIFF), totalisant 70 sapeurs-pompiers.
En complément de ces moyens, 650 membres des formations militaires de la Sécurité civile (ForMiSC) viennent renforcer le dispositif. Ces sapeurs sauveteurs peuvent intervenir sur tout le territoire national et à l'étranger dans le cadre du Mécanisme de protection civile de l'Union européenne. De plus, un détachement d'intervention retardant sera positionné en zone Sud-ouest, en plus du dispositif déjà mis en place les années précédentes.
Pendant toute la campagne de lutte contre les incendies, le protocole Héphaïstos, qui lie le ministère des Armées et le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer, permettra le déploiement de militaires intégrés aux formations militaires de la Sécurité civile. Cette année le plan Héphaïstos sera opérationnel sur l'ensemble du territoire national et sera renforcé par trois unités d'appui et quatre sections à pied, soit 150 militaires supplémentaires, notamment pour la création de pistes et de coupe-feu.
La gestion des moyens aériens est désormais centralisée au niveau national, grâce à un poste avancé du Centre Opérationnel.
[SCAF]
La Belgique a officiellement rejoint le programme SCAF (système de combat aérien du futur) après des semaines de négociations intenses. En tant qu'observateur, la Belgique rejoindra la France, l'Allemagne et l'Espagne dans le développement de ce programme, estimé entre 80 et 100 milliards d'euros. Cette décision a suscité des tensions au sein de l'industrie militaire française, avec le gouvernement soutenant la participation belge pour renforcer l'aspect européen du projet. Dassault Aviation, leader du pilier "avion de combat", était opposé à cette participation, soulignant le choix de la Belgique d'acquérir l'avion de chasse américain F-35 plutôt que des alternatives européennes telles que le Rafale.
La société Safran adoptait une position inverse, soutenant l'adhésion belge au SCAF. Les États partenaires ont finalement décidé d'intégrer la Belgique, bien que son statut d'observateur soit précaire et ne garantisse pas immédiatement des retours industriels pour les entreprises belges. La question du partage industriel entre les acteurs clés du programme a été source de difficultés, mais un accord a été conclu permettant de travailler dans des conditions relativement stables pendant les prochaines années.
La participation de la Belgique représente une étape importante dans la coopération européenne en matière de défense. Bien que le statut d'observateur puisse sembler limité, il offre à la Belgique la possibilité d'évaluer sa contribution et d’envisager une participation plus active à l'avenir. Cependant, les défis liés au partage industriel et aux divergences entre les acteurs soulignent la complexité de cette entreprise. L'avenir dira si le SCAF parviendra à réaliser son objectif ambitieux de créer un système de combat aérien de pointe et à consolider la coopération européenne en matière de défense.
[Gazelle]
Le projet de Loi de programmation militaire 2024-30 manque de précision concernant l'avenir de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT). Cependant, des informations ont été obtenues lors des auditions parlementaires. L'abandon du standard Mk3 pour les hélicoptères de reconnaissance et d'attaque Tigre a été confirmé. Les vingt premiers Hélicoptères interarmées légers (HIL) Guépard doivent être livrés à l'ALAT avant 2030. Aucune mention n'a été faite concernant les Gazelle, en service depuis les années 1970.
Malgré cela, les hélicoptères Gazelle devraient rester opérationnels. Le ministère des Armées a récemment annoncé la signature du contrat VEGA avec Airbus Helicopters pour assurer la maintenance des Gazelle jusqu'à leur retrait du service prévu en 2039. Ce contrat, d'une durée de 16 ans, garantit la disponibilité de la flotte tout en améliorant la maîtrise des coûts grâce à une tarification forfaitaire accrue.
Le contrat VEGA facilitera également la transition vers les futurs Guépard de l'armée de Terre, qui remplaceront les Gazelle. Il comprend des mécanismes de gestion d'activité similaires à ceux du contrat HIL. Outre la maintenance, il prévoit des mesures pour faire face à des engagements majeurs, tels que des compléments de stocks et le traitement des obsolescences.
Dans une interview, le général Michel Grintchenko, ancien commandant de l'ALAT, a souligné l'importance de la Gazelle, la qualifiant d'"irremplaçable". Il a également noté que le Guépard ne pouvait pas accomplir les mêmes tâches, ce qui nécessiterait de développer de nouveaux modes opératoires. Les améliorations apportées à la Gazelle, telles qu'un nouveau système d'autoprotection et des postes tactiques Contact, permettront de maintenir sa capacité opérationnelle jusqu'en 2039.
[Douanes]
Les députés viennent d’adopter à l'unanimité en première lecture un projet de réforme des pouvoirs et des moyens des douanes, en réponse à une décision du Conseil constitutionnel. Ce dernier avait remis en question le pouvoir de visite des douaniers et demandé une formulation plus solide d'ici au 1er septembre 2023. Le projet de loi doit maintenant être approuvé par les députés et les sénateurs d'ici début juillet.
Le ministre des comptes publics, Gabriel Attal, s'est félicité de cette décision, soulignant le soutien de la représentation nationale envers les douaniers chargés de protéger les frontières. Les groupes de gauche se sont abstenus, souhaitant une augmentation des effectifs, tandis que Les Républicains ont salué les mesures apportant plus d'agilité aux douanes. Le Rassemblement national a également voté en faveur du texte, tout en critiquant une judiciarisation excessive de l'action douanière.
Le projet de loi consacre le droit de fouille des marchandises et des personnes en zone frontière et dans un rayon de 40 kilomètres à l'intérieur du territoire. Les douaniers conservent leurs pouvoirs dans les ports, aéroports, gares internationales et leurs abords. Ailleurs, la fouille doit être motivée et préalablement informée au procureur de la République, sauf en cas de soupçon raisonnable d'infraction.
Le texte prévoit également la création d'une réserve opérationnelle composée de retraités et de volontaires des douanes pour soutenir les douaniers, suscitant des inquiétudes du côté de la gauche qui y voit un moyen d'éviter d'augmenter les effectifs. Les pouvoirs des douaniers sont également étendus en ce qui concerne l'exploitation des images de surveillance, l'utilisation des enregistrements sonores et des données des lecteurs automatiques de plaques d’immatriculation.
Le projet de loi renforce également les sanctions liées au trafic de tabac, prévoyant une peine d'emprisonnement de trois ans et une interdiction du territoire pouvant aller jusqu'à dix ans pour les étrangers commettant ce délit. Le gouvernement envisage également l'utilisation de drones pour lutter contre le trafic de tabac et le franchissement irrégulier des frontières. Le texte renforce enfin la coopération entre les douanes et les forces de police aux frontières, suscitant des critiques de la gauche qui accuse le gouvernement de vouloir créer un corps hybride axé sur la lutte contre l'immigration, dépassant ainsi les missions traditionnelles de contrôle des marchandises.
[Aérospatial]
L’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), la Direction générale de l'armement (DGA) et l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (Isae-Supaero) ont annoncé mercredi 21 juin la création de la première académie spatiale de Défense (ASD).
Les trois entités se sont rapprochées afin de proposer une offre commune d'enseignements dans les domaines académiques et opérationnels liés à l'espace. L'Isae-Supaero apporte son expertise scientifique et technologique, l'École de l'air et de l'espace (EAE) contribue avec ses compétences scientifiques et militaires, tandis que le Commandant de l'espace (CDE) apporte sa maîtrise des opérations spatiales.
L'ASD sera responsable de l'offre de formations spatiales disponibles au sein du ministère des Armées, en créant des synergies pour répondre aux besoins spécifiques de ce domaine. L'ASD joue ainsi un rôle clé dans la stratégie spatiale de défense en établissant une filière d'expertise spatiale. Les formations dispensées par l'ASD seront ciblées, de hauts niveaux, diplômantes et reconnues, allant des stages courts d'adaptation à l'emploi, aux formations qualifiantes ou diplômantes des grandes écoles d'ingénieurs placées sous la tutelle du ministère des Armées.
L'académie est ouverte aux partenaires interministériels, étrangers, ainsi qu'aux acteurs du secteur spatial tels que le Centre national d'études spatiales (CNES), l'Office national d'études et de recherches aérospatiales et les industriels du secteur.
Le Général de division aérienne Philippe Adam, Commandant de l'espace, affirme que « l'ASD vise à constituer une filière d'expertise spatiale de défense, couvrant tous les aspects théoriques et pratiques ». Ouverte à un large public, elle propose des formations où le CDE partagera sa vision des enjeux et des défis futurs liés aux opérations militaires.
Le Général de brigade aérienne Pierre Réal, Directeur général de l'École de l'air et de l'espace, souligne que depuis 2021, l'école forme des spécialistes dans le domaine spatial militaire et que la participation à l'ASD avec le CDE et l'Isae-Supaero permettra de proposer leurs formations dans un contexte international riche en opportunités.
L'Ingénieur général de l'armement Olivier Lesbre, Directeur général de l'Isae-Supaero, indique que le secteur spatial connaît une évolution rapide avec des ruptures technologiques et de nouveaux usages. L'ASD répond aux nouveaux besoins en matière de formation des acteurs du spatial militaire, et l'Isae-Supaero apporte son expertise scientifique ainsi que son expérience dans la formation d'ingénieurs civils et militaires.
Pour vous abonner à notre magazine et recevoir notre tout dernier numéro, dont le dossier est consacré à la dissuasion nucléaire, accéder à des contenus exclusifs, bénéficier des offres de matériels et équipements de nos partenaires, rendez-vous dans la rubrique premium.