Le Président annonce 238 brigades de gendarmerie supplémentaires (actus de la semaine)
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[Gendarmerie nationale]
Le 2 octobre 2023, lors d’un déplacement dans le Lot-et-Garonne, Emmanuel Macron a annoncé la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie dans tous les départements de la métropole et des territoires d'outre-mer. Cette décision fait suite à l'engagement pris par le président en janvier 2022 de créer plus de 200 nouvelles brigades dans les zones rurales et périurbaines.
Ces nouvelles brigades s'inscrivent dans un effort plus large de renforcement de la sécurité en France, comprenant une augmentation du budget du ministère de l'Intérieur, le déploiement de 10 000 gendarmes et policiers supplémentaires sur le terrain, et la mise en place de la Police de sécurité du quotidien (PSQ). Elles constituent la principale mesure de la Loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (LOPMI) du 24 janvier 2023, qui prévoit un investissement budgétaire de 15 milliards d'euros sur cinq ans.
Au total, ces 238 brigades viendront compléter les 3 049 déjà existantes, ce qui représente un ajout de 2 144 gendarmes aux effectifs. Chaque année, plus de 300 militaires seront formés pour rejoindre ces nouvelles unités, qui se diviseront en deux catégories : 145 unités mobiles et 93 unités fixes, basées dans des bâtiments nouvellement construits ou réhabilités, avec dix gendarmes par brigade.
Ces créations visent à répondre à deux objectifs majeurs : renforcer la sécurité au niveau local en augmentant la présence quotidienne des gendarmes et renforcer le maillage territorial. Cette initiative s'inscrit dans l'objectif déclaré par le président Macron de doubler la présence des forces de l'ordre dans les dix prochaines années. Le président de la République a souligné l'importance de cette présence pour rassurer, dissuader et accompagner la population, tout en mettant en garde contre une concentration excessive des forces de l'ordre dans les grandes villes au détriment des zones rurales.
L'emplacement des 238 brigades a été déterminé en concertation avec les élus locaux et en tenant compte des besoins opérationnels spécifiques de chaque territoire. Certaines brigades auront des spécialisations particulières, comme les brigades fluviales en Guyane. Cette décision de privilégier les brigades mobiles s'inscrit dans une approche de proximité, rendue possible grâce au déploiement de nouveaux matériels tels que les Ubiquity et les téléphones Néo 2, qui permettront aux gendarmes d'aller vers la population et de répondre à ses attentes de manière plus efficace.
[Ukraine]
À l’occasion de la visite de Sébastien Lecornu, lors d’un déplacement au forum de Kiev, les industriels français ont conclu plusieurs contrats pour fournir des équipements militaires à l’Ukraine. À cette occasion le ministre français des armées a exprimé sa volonté de passer d'une logique de cession d'équipements à une logique d'acquisitions auprès d'entreprises françaises.
Outre un accord de coopération établi entre la Direction générale de l'armement (DGA) française et son homologue ukrainienne, les Français sont repartis avec une quinzaine de contrats en poche.
Nexter, une branche du groupe franco-allemand KNDS, va fournir six canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine. Ils viendront s'ajouter aux 30 déjà fournis par la France et aux 19 exemplaires d'une version blindée à huit roues donnés par le Danemark. L’entreprise française a également passé des contrats pour la maintenance des canons Caesar et des blindés AMX-10, ainsi que la production de certaines pièces du Caesar en Ukraine. De plus, l'entreprise fournira des armements pour des véhicules militaires ukrainiens.
Arquus de son côté a signé un contrat pour l'entretien et la production locale de certaines pièces de véhicules de l'avant blindé (VAB) que la France a cédés à l’Ukraine.
CEFA, une PME alsacienne, fournira huit robots lourds SDZ de déminage et huit engins amphibies capables de franchir des cours d'eau. Ces engins automoteurs de 25 mètres équipés de boudins gonflables peuvent supporter un char lourd et servir de bac pour traverser un fleuve ou de pont lorsqu'ils sont assemblés.
La société Delair, qui avait déjà conclu un contrat pour fournir 150 drones d'observation, a reçu une nouvelle commande pour 150 drones supplémentaires. De plus, Thales et Turgis & Gaillard ont signé des accords avec des entreprises ukrainiennes pour le co-développement de ses engins télécommandés. Pour terminer, la société Vistory installera un centre d'impression 3D en Ukraine pour produire des pièces de rechange.
Cependant le bilan du déplacement français à Kiev présente quelques incertitudes. La question du financement des équipements demeure. Paris cherche à augmenter le fonds de 200 millions d'euros actuel sans subventionner tous les achats, tandis que Kiev envisage la création d'un "fond de défense" alimenté par les bénéfices de la vente d'actifs russes confisqués, pouvant atteindre 3 milliards d'euros.
De plus, d'autres pays comme le Royaume-Uni et la Turquie cherchent également à établir des partenariats militaires en Ukraine, ce qui pourrait créer une concurrence pour l'industrie française.
Enfin, l'Ukraine, renforcée par ces partenariats et sa base industrielle et technologique, pourrait devenir un concurrent de l'industrie française, comme l'a suggéré le ministre ukrainien de la Défense.
[Australie]
Suite à des opérations de mise à niveau et d’entretien ne permettant pas de faire voler ses hélicoptères MRH-90 Taipan (version australienne du NH 90) avant décembre 2024, Canberra a décidé de retirer prématurément ses machines de sa flotte militaire.
Le retrait anticipé du Taipan pourrait être lié à un accident survenu en juillet lors d'un exercice militaire, bien que le ministère de la Défense ait précisé que cette décision ne préjugeait pas des résultats de l'enquête sur l’incident. Avec cette annonce, Environ 400 personnes devraient se retrouver sans emploi même si les autorités affirment travailler sur un plan de préservation de la main-d'œuvre hautement qualifiée du MRH-90.
Le consortium NHI, maître d'œuvre du programme NH90 et composé d'Airbus Helicopters, Leonardo et Fokker Technologies, a exprimé sa déception face à la décision de l’Australie déclarant qu'il n'avait pas identifié de problèmes liés à la conception de l'appareil dans les données de vol initiales et n'avait pas recommandé de mesures supplémentaires pour la flotte en exploitation. NHI a proposé à l'Australie de soutenir le retrait progressif de la flotte de MRH90 et d'acheter les stocks de pièces détachées, tandis que les nouveaux hélicoptères Black Hawk seront progressivement introduits en service pour l'armée australienne.
Cette décision australienne intervient alors que la flotte NH90 connaissait depuis quelques mois des améliorations de disponibilité, avec plus de 60 % des appareils opérationnels, en ligne avec les engagements pris par NHI vis-à-vis de l’armée australienne. Malgré cela, les nombreux désaccords entre la France et l’Australie (retrait prématuré de l'hélicoptère Tigre, rupture de l’accord sur les sous-marins Aukus avec Naval Group) semblent avoir scellé le destin du Taipan.
[Royaume-uni]
La Royal Air Force (RAF) du Royaume-Uni vient de recevoir son premier drone General Atomics Protector RG.1, également connu sous le nom de MQ-9B SkyGuardian marquant une étape importante pour l'armée de l'air britannique dans sa quête de modernisation de ses capacités de surveillance et de frappe.
Le Protector RG.1, basé sur la plateforme MQ-9 Reaper, peut rester en vol pendant 40 heures sans retour à sa base, grâce à un changement de télépilotes toutes les 6 à 8 heures. Cette endurance lui permet d'accomplir une variété de missions, de la reconnaissance stratégique à la pénétration en territoire ennemi en passant par le soutien tactique aux forces au sol.
Autre atout : son armement polyvalent. Il est équipé de missiles air-sol légers Brimstone, conçus pour des frappes de haute précision et des bombes à guidage laser Paveway IV de 250 kg. Cette capacité d'emport en fait un outil précieux pour la RAF, capable de répondre à diverses menaces et de mener des opérations de combat avec une grande précision.
La RAF prévoit d'intégrer le Protector RG.1 dans ses opérations actives au cours du second semestre de 2024, avec une déclaration de capacité opérationnelle initiale (IOC) prévue un an plus tard. D'ici là, au moins cinq de ces drones auront été livrés.
[Kosovo]
Les relations entre la minorité serbe du nord du Kosovo et les autorités de Pristina sont de plus en plus tendues, marquées par une nouvelle série d'incidents. La semaine dernière, un policier kosovar a été tué lors d'une embuscade dans le nord de la province, déclenchant une opération de police musclée qui s'est soldée par la mort de quatre membres du commando. Pristina a immédiatement qualifié l'incident d'"attaque contre le Kosovo" et a dénoncé la Serbie pour son rôle présumé dans cette attaque.
La principale formation politique des Serbes du Kosovo, Srpska Lista, a laissé entendre que certains des assaillants serbes avaient été tués après s'être rendus à la police kosovare. Ils ont également appelé à l'envoi de renforts par la force de l'OTAN (KFOR). Cependant, le 29 septembre, un haut responsable de Srpska Lista, Milan Radojicic, a admis être à l'origine de l'attaque contre le policier kosovar. Selon lui, l'objectif était de "répondre à la terreur" des autorités kosovares contre la communauté serbe. Il a affirmé qu'il avait agi sans le soutien de Belgrade, soulignant qu'il n'avait informé personne dans les institutions du pouvoir serbe.
Ces développements ont suscité de vives réactions de l'Union européenne qualifiant l'embuscade de « terroriste », les États-Unis ont, de leur côté, appelé les gouvernements serbe et kosovar à éviter toute action ou rhétorique susceptible d'aggraver les tensions.
Malgré cela, la Serbie a massé un important déploiement militaire le long de la frontière avec le Kosovo, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale. Washington aurait constaté un déploiement "sans précédent", faisant état de l'installation d'artillerie, de chars et d'unités d'infanterie.
Toutefois, il est important de noter que les autorités serbes ont nié tout projet d'invasion du Kosovo. Néanmoins, cette montée en puissance militaire a conduit l'OTAN à décider d'un renforcement de la KFOR dans le nord du Kosovo. Les détails de cette augmentation des effectifs de la KFOR n'ont pas encore été précisés.
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