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Brèves DZ #81 : Crash d'un drone marine, violences en Martinique, présentation du plus grand exercice des armées : ORION

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[Ministère des Armées]

LA grande manœuvre de 2023 des armées se précise. Souhaitée par le général Burkhard dans sa vision stratégique alors qu’il venait de prendre les rênes de l’armée de Terre, cette manœuvre sans précédent a pris une nouvelle dimension depuis son arrivée à la tête des armées. HEMEX ORION (Exercice d’hypothèse d’engagement majeur / opération d’envergure pour des armées résiliente, interopérables, orientées vers la haute intensité et novatrices) c’est son nom, débutera en février pour se conclure quatre mois plus tard en mai.

Le contexte, sans grande surprise, commence par un État baptisé Arnland, déstabilisé par des groupes armés et milices qui pénètrent ce pays ami. Les Nations-Unis votent une résolution qui permet à une force internationale d’intervenir pour soutenir le gouvernement en place. Un peu plus tard, c'est l’état Mercure, qui soutient les milices, qui sera confronté directement aux forces alliées de la coalition.

Sur le principe de l’emploi des armées dans le désormais célèbre scénario de haute intensité, ORION se déroulera en quatre phases (la première est déjà en cours avec la planification de l’exercice qui a débuté en mai dernier).

Une phase dans le sud de la France (entre Sète et Castres) avec le déploiement du groupe aéronaval qui appuiera une force amphibie (deux PHA seront déployés pour l’occasion) dans un environnement contesté. Les opérations aéroportées viseront à reprendre des hubs aéroportuaires, les aviateurs de leurs côtés auront pour mission la maîtrise de l’espace aérien (l’ensemble du spectre sera déployé avec des Rafale, Mirage, A400M et C130J, mais aussi des drones Reaper, AWACS, Ravitailleurs et moyens de défense sol-air). Cette première phase devrait monopoliser 7 000 hommes environ. 

La phase 2 sera axée sur le contexte civilo-militaire et sous l’égide du Secrétariat général de la défense et la sécurité nationale (SGDSN) autour des moyens civils engagés au profit des armées, la gestion des populations et mouvements de réfugiés, la santé, l’activation de la réserve et la lutte informationnelle. 

La dernière phase se déportera dans le nord-est de la France (sur la zone d’entraînement des camps de Champagne) pour un affrontement aéroterrestre de haute intensité face à l’état Mercure qui dispose de moyens équivalents aux forces amis. Lors de cette troisième et dernière phase, entre 10 à 12 000 militaires devraient se retrouver sur le terrain. 

Du côté de l’armée de Terre, c’est la troisième division qui engagera une grande partie de ses moyens (elle sera renforcée par des éléments de la 1re division) notamment l’ensemble des capacités Scorpion désormais en dotation dans les unités.



[Sécurité Civile]

Le jeudi 17 novembre au Centre de formation et de soutien du déminage, situé à Essey et Maizerais (Meurthe-et-Moselle), la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) a célébré la journée nationale de la Sécurité Civile. Instauré en 2021, cet événement commémore la création du service national de Protection civile et rend hommage à ses membres décédés en opération.

Présidée par le préfet Alain Thirion, directeur général de la Sécurité civile, la cérémonie s’est ouverte par un dépôt de gerbes au monument aux morts du centre, et une remise de décorations à 21 membres de la DGSCGC.

Dans son discours, le Préfet est revenu sur le bilan de l’année écoulée : Près de 4 millions d’interventions (une toute les 7 secondes) dont 19 000 à bord des hélicoptères Dragon, 450 tonnes de munitions collectées, 10 000 largages d’eau sur des feux de forêt, 800 actions de coopération internationale (Ukraine, Madagascar, Pakistan, prochainement au Qatar), et des milliers d’événements sécurisés par les 350 000 hommes et femmes de la Sécurité civile, répartis dans 81 sites. Il a particulièrement insisté sur la « mobilisation hors-norme » et l’engagement des secours lors des incendies estivaux, et a annoncé les prochaines améliorations souhaitées par le Président de la République à savoir « le renouvellement de la flotte Canadair qui sera portée à 16 appareils, la location de 10 Hélicoptères bombardiers d’eau (HBE) pour la prochaine campagne de feux de forêt, le doublement des colonnes de renfort, la création d’une 4ème unité d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile le tout accompagné par la mobilisation par l’Etat de 150 millions d’euros dans le cadre du dispositif de pactes capacitaires ».

En conclusion de son discours, le préfet a renouvelé son soutien aux hommes et femmes de la Sécurité civile citant, pour l’occasion Victor Hugo : « La vie, le malheur, l’isolement, l’abandon, la pauvreté, sont des champs de bataille qui ont leurs héros ; héros discrets plus grands parfois que les héros illustres ».

À l’issue de la cérémonie, les membres présents de la DGSCGC et une centaine d’élèves des écoles de Pompey et de Loritz ont pu assister à de nombreuses démonstrations comme un hélitreuillage avec un hélicoptère EC 145, des manœuvres de désincarcération exécutées par le SDIS 54, des démonstrations cynotechniques avec les sapeurs-sauveteurs militaires de l’UIISC 1 de Nogent-le-Rotrou, de la neutralisation et découpe d’obus par des experts du déminage et une initiation aux gestes de premiers secours par des formateurs de la Protection Civile.


[Marine nationale]

C’est une information révélée par notre confrère de Mer et Marine, l’un des deux drones Camcopter S-100 s’est abîmé en mer début novembre. L’appareil, embarqué à bord du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre (PHA) aurait subi une avarie technique qui a précipité sa chute dans le golfe de Guinée où le PHA était déployé dans le cadre de la mission Corymbe.

Pour rappel, le Camcopter ou SERVAL (Système Embarqué de Reconnaissance Vecteur Aérien Léger) comprend deux drones aériens et une station de contrôle. Le S-100 qui est fabriqué par l’autrichien Schiebel, affiche un poids de 200 kg, peut voler à 220 km/h, jusqu'à 5 500 mètres d’altitude. Dédié au renseignement et la reconnaissance, le SERVAL pourrait être employé à de l’appui feu naval (correction de tir) et participer à la lutte anti-sous-marine grâce à l’ajout d’un système acoustique BlueScan de Thales et une boule optronique Wescam, récemment testés lors d’un exercice de l’OTAN.


[Marine nationale]

Après l’annonce de la fin de sa mise en condition opérationnelle, le porte-avions Charles de Gaulle vient d’appareiller le mardi 15 novembre avec l’ensemble du groupe aéronaval pour sa nouvelle mission Antares (le 15e déploiement du GAN depuis 2001). Bien que la Marine nationale s’est voulue volontairement discrète sur ce nouveau départ expliquant seulement que : « Les 3 000 militaires français et étrangers de cette force aéromaritime internationale sont engagés dans les zones d’importance stratégique pour les intérêts français et européens, en Méditerranée et jusqu’en océan Indien en fonction de la situation internationale » l’appareillage de si gros navires n’est quand même pas passé inaperçu pour les curieux autour du port de Toulon.

Fort logiquement le PA sera accompagné de deux frégates (lutte anti-sous-marine et défense antiaérienne) d’un bâtiment ravitailleur et d’un sous-marin nucléaire d’attaque. Cette mission est d’ailleurs l’occasion pour la royale d’expérimenter un nouveau concept qui consiste à cacher le nom des bâtiments déployés « l’idée est de ne pas faciliter la tâche de nos compétiteurs » explique la préfecture maritime de la Méditerranée. Le GAN sera aussi renforcé par une coalition internationale constituée de navires américains d’une frégate lance-missile italienne et d’une frégate grecque.

L’action du groupe aéronaval sera très certainement concentrée sur sa participation à la posture dissuasive de l’OTAN sur le flanc oriental de l’Europe et le soutien des missions aériennes au-dessus du continent. L’état-major de la Marine a aussi évoqué une participation à l’opération Chammal et un possible déploiement en mer Rouge et dans l’océan Indien « en fonction de la situation tactique ».


[Cyber]

Du 15 au 17 novembre au couvent des Jacobins à Rennes se sont déroulées les journées de l’European Cyber Week. Cette manifestation était l’occasion pour l’ANSSI (agence nationale pour la sécurité des systèmes d'information) de présenter sa nouvelle enquête de l’observatoire des métiers sur l’attrait des métiers de la cybersécurité. Si les chiffres révèlent que 81% des étudiants trouvent la filière très attractive, 24 % estiment que le secteur n’est pas valorisé et reconnu socialement. Autre chiffre, un taux de féminisation extrêmement bas puisque seulement 14% des étudiants dans le domaine sont des femmes.

Autre temps fort de ces rencontres, l’annonce faite, à l’occasion de sa visite, par le ministre délégué à la Transition numérique et aux Télécommunications Jean-Noël Barrot, d’une rallonge de 30 millions d’euros pour de nouvelles mesures de cybersécurité à destination des particuliers, des collectivités et des entreprises.

Les Français devraient pouvoir disposer d’un « filtre anti arnaque » d’ici l’été 2023. Les entreprises bénéficieront d’un outil de diagnostic gratuit avec audit et des formations à destination de 750 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI).

Les collectivités quant à elles pourront s’abonner à la plateforme MonServiceSécurisé qui permettra de bénéficier d’un hébergement de service en ligne sécurisé, d’une messagerie et d’un nom de domaine.


[Martinique]

Mi-novembre la Martinique était le théâtre d’un regain de violence. Dans le sud de l’île, à Rivière-Salée, huit personnes ont été blessées à la suite d’échange de coups de feu dans deux établissements de nuit. Face à cette dégradation de la situation sécuritaire, et à la demande du préfet de Martinique Jean-Christophe Bouvier, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a décidé l’envoi d’un escadron supplémentaire de 80 gendarmes. L’escadron mobile sera accompagné par « une mission exploratoire de spécialistes de police judiciaire et de renseignement criminel ». Ce détachement dont la mission sera d’« analyser le phénomène criminel, appuyer le commandement général de la gendarmerie et cibler les axes de travail à prioriser » sera composé du chef de bureau crime organisé de la sous-direction de la police judiciaire (CRIMORG SDPJ) du chef de la section des techniques spéciales d’enquêtes de la SDPJ et d’un analyste du Service central du renseignement criminel de la Gendarmerie nationale.

Début décembre, un préfet dédié à la sécurité sera nommé pour une mission de cinq mois sur l’île. La Martinique verra aussi l’installation de trois nouvelles brigades courant 2023 conformément à l’annonce faite par le ministre lors de sa visite en octobre dernier.

Pour rappel, le ministère met une priorité sur la lutte contre le trafic de stupéfiant, celui-ci étant accompagné par une importante circulation des armes à feu et de violence qui en découle. 25 homicides ont été commis depuis le début de l’année.

 

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