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Les ressortissants français ont évacué le Niger, bientôt au tour des militaires ?

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[Niger]

Le ministère des Affaires étrangères français a annoncé, le jeudi 3 août, la fin de l'opération d'évacuation des ressortissants souhaitant quitter le Niger, suite au putsch militaire survenu une semaine auparavant et de la manifestation violente contre l'ambassade de France à Niamey dimanche 30 juillet. Au total, 1 079 personnes, dont 577 ressortissants français et leurs ayants droit, ont été rapatriées grâce à cinq avions militaires affrétés par l'Armée de l’Air et de l’Espace. Le cinquième avion, arrivé mercredi soir à Niamey, est désormais arrivé en France après avoir transité par le Tchad.

Le général Abdourahamane Tchiani, leader des militaires putschistes, a déclaré que les Français n'avaient « aucune raison objective de quitter le Niger » et qu'ils n'avaient jamais été menacés. Malgré cela, le Quai d'Orsay a insisté sur la garantie de la sécurité des emprises diplomatiques étrangères à Niamey, en particulier celles de la France.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont également pris des mesures d'évacuation. Washington a ordonné l'évacuation des personnels non essentiels à l'ambassade de Niamey et élevé le niveau d'alerte pour le Niger. Londres de son côté a réduit temporairement le nombre de ses employés à l'ambassade de Niamey en raison de la situation sécuritaire. Les deux pays ont exprimé leur soutien au président élu Mohamed Bazoum et ont appelé à son rétablissement. La Cédéao quant à elle, a imposé des sanctions à Niamey et a donné un ultimatum aux putschistes pour rétablir Bazoum dans ses fonctions, sous peine « d'utiliser la force ».

 

[Niger bis]

Alors que la France terminait l'évacuation de ses citoyens du Niger, l'État-major des armées réaffirmait de son côté que le retrait des troupes françaises n’était pas à l’ordre du jour. En effet, après les retraits de Barkhane du Mali et des forces spéciales "Sabre" du Burkina Faso, le Niger demeure un pilier de la présence militaire française au Sahel, en collaboration avec le Tchad.

Le Niger est depuis longtemps un partenaire stratégique dans la lutte contre les groupes jihadistes, notamment le GSIM (affilié à al-Qaïda) et l'EIGS. Depuis le lancement de l’opération Barkhane, le pays héberge une base aérienne à Niamey, équipée de drones MQ-9A Reaper et de Mirage 2000D ainsi que des unités de l’armée de Terre dont certaines sont déployées près de la frontière malienne.

Cependant, la junte nigérienne a rapidement exprimé son intention de rompre plusieurs accords militaires avec la France, dont celui de 1977 sur la coopération militaire technique et ceux de 2013 concernant la sécurité au Sahel et le statut des militaires français au Niger.

Conformément à ces accords, les forces françaises devront cesser leurs opérations antiterroristes dans un mois et quitter le Niger dans les six mois. Quelques heures après cette annonce le quai d'Orsay a réagi en "prenant note" tout en faisant savoir que celle-ci était nulle et non avenue précisant que « le cadre juridique de sa coopération avec le Niger en matière de défense repose sur des accords qui ont été conclus avec les autorités nigériennes légitimes...sont les seules que la France, comme l’ensemble de la communauté internationale, reconnaît ».

Ces événements marquent un revers pour la stratégie française en Afrique, telle que définie par le président Macron en février, qui prévoyait une réduction des troupes françaises en Afrique et un renforcement des coopérations avec les forces africaines.

En outre, la junte a également décidé de mettre fin aux fonctions de ses ambassadeurs en France, au Nigeria, au Togo et aux États-Unis. Si ces derniers ont toujours affirmé soutenir le président Bazoum, ils restent cependant relativement prudents dans leurs déclarations, évitant de qualifier la situation de "coup d'État" pour ne pas nuire à leur coopération antiterroriste avec le Niger.

 

[Sécurité civile]

Les unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC), tout comme la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, sont rattachées à l’arme du Génie de l’armée de Terre. Mais depuis 1988, elles sont placées sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et intégrées à la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion de crises.

Actuellement, ces formations militaires de la Sécurité civile (ForMiSC), regroupent près de 1400 sapeurs sauveteurs au sein de trois UIISC spécialisées. Suite à une annonce du président Macron en 2022, après une saison difficile de lutte contre les incendies, une quatrième unité verra le jour en 2024.

Suite à cette révélation, plusieurs villes du sud-ouest ont manifesté leur intérêt pour accueillir cette nouvelle UIISC, qui devrait compter environ 600 militaires. Limoges, ayant perdu plusieurs de ses bases militaires dans les années 2000, s'est porté candidate, tout comme l’Agglomération d’Agen, Mont-de-Marsan et Pau.

Cependant, c'est Libourne qui a été choisie, comme l'a confirmé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans une interview au journal Sud Ouest. La nouvelle UIISC 4 s'installera dans une ancienne caserne qui a autrefois hébergé une école de la Gendarmerie nationale et une école du Service de santé des Armées.

Un investissement de 318 millions d’euros est prévu pour la rénovation des locaux, dont certains sont classés Monuments historiques. Le ministre a souligné les avantages de cette garnison, notamment sa proximité avec des axes routiers majeurs, une gare SNCF et l’aéroport de Bordeaux-Mérignac.

En complément, une nouvelle base aérienne de la sécurité civile sera établie après celle de Nîmes. Mont-de-Marsan est pressenti pour l'accueillir, selon les indications du ministre.

 

[Marine nationale]

La Loi de programmation militaire (LPM) 2024-30 prévoit une augmentation significative de la réserve opérationnelle, visant un ratio d'un réserviste pour deux militaires d'active d'ici 2035. Dans ce contexte, la Marine nationale, qui compte déjà 6 000 réservistes (soit 15% de son effectif), envisage de créer de nouvelles unités.

L'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la Marine, a annoncé que cet afflux de réservistes permettrait de renforcer le soutien aux marins d'active, d'acquérir des compétences essentielles dans des domaines spécialisés et de renforcer la présence littorale avec la création de flottilles côtières spécifiques.

Selon l'amiral Vandier, la première de ces flottilles sera déployée sur la façade Atlantique d'ici l'été 2024, équipée d'embarcations semi-rigides, de véhicules de remorquage et de drones. Deux autres flottilles seront créées en Méditerranée en 2025 et en Manche-Mer du Nord en 2026. Des antennes sont également prévues dans les départements et régions d'outre-mer (Drom) et les collectivités d'outre-mer (Com).

L'objectif est d'atteindre entre 2 000 et 3 000 réservistes pour ces flottilles. Le budget nécessaire pour équiper ces unités est estimé à 50 millions d'euros sur toute la durée de la LPM.

Concernant les infrastructures, la Marine souhaite adopter des solutions légères, en utilisant les infrastructures existantes, notamment les terrains des sémaphores, et en collaborant avec les municipalités pour trouver des terrains adaptés.

Ces nouvelles flottilles côtières s'ajouteront au renouvellement des équipements des sémaphores, dont certains recevront des drones. L'objectif global est de renforcer la défense maritime et d'améliorer la surveillance en éliminant les "angles morts".

 

[DGA]

Le 28 juillet 2023, l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAr), représentant la Direction générale de l’armement française (DGA) et son équivalent italien (SEGREDIFESA), a officialisé le contrat de modernisation des frégates Forbin et Chevalier Paul pour la France, et Andrea Doria et Caio Duilio pour l'Italie.

Ce projet de rénovation s'aligne avec la loi de programmation militaire 2024-2030, validée par le Parlement le 13 juillet et promulguée le 2 août 2023. Il témoigne de l'engagement franco-italien à renforcer et adapter leurs capacités face aux nouvelles menaces aériennes. Les améliorations incluent la mise à jour du système de défense antiaérienne, Principal Anti Air Missile System (PAAMS), et une refonte complète du système de combat. Les frégates mises à jour seront équipées des missiles Aster, y compris la dernière version Aster 30 B1 NT Naval, capable de contrer une variété de menaces, y compris les missiles balistiques.

L’OCCAr a confié ce projet aux entreprises Naviris (collaboration entre Naval Group et Fincantieri) et EUROSAM (consortium entre Thales et MBDA). La première frégate française modernisée est attendue pour 2029.

Ce projet découle d'un accord signé entre la France et l'Italie le 20 juin 2023, lors du 54e salon du Bourget. Cet accord, signé par des représentants de haut rang des deux nations, souligne leur désir mutuel de poursuivre leur collaboration dans le secteur naval, en particulier avec la modernisation des frégates Horizon.

Cette initiative renforce une collaboration historique entre la France et l’Italie dans les domaines navals et de défense aérienne, basée sur le système Aster.

Les frégates Forbin et Chevalier Paul, leaders des frégates de premier rang, sont essentielles pour la Marine française, garantissant la protection des groupes aéronavals contre les menaces aériennes et assurant le commandement de l’espace aéromaritime, que ce soit à l'échelle nationale ou internationale.

La coopération autour du système Aster, impliquant la France, l’Italie et le Royaume-Uni, est unique en Europe et est déployée à la fois sur terre et en mer par ces trois pays.

 

[Ministère de la justice]

La population carcérale en France a atteint un niveau sans précédent. Selon les données officielles du ministère de la Justice, au 1er juillet 2023, 74 513 individus étaient détenus, soit une nette augmentation par rapport aux 73 699 du mois précédent. C'est la sixième fois en quelques mois que la France établit un nouveau record en matière d'incarcération, franchissant pour la première fois la barre des 74 000 détenus.

Comparé au 1er juin, le nombre de détenus a augmenté de 814. Cette croissance est plus marquée que lors des précédents pics. En effet, il y a actuellement près de 2 500 détenus de plus qu'il y a un an.

La surpopulation carcérale persistante a conduit à une récente condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'Homme le 6 juillet. Avec seulement 60 666 places disponibles en juillet, la densité carcérale a atteint 122,8%, en hausse par rapport aux 118,7% de l'année précédente.

Le taux d'occupation dans les maisons d'arrêt, où sont détenus ceux en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines, est de 146,3%. Dans huit établissements, ce taux dépasse même 200%, avec des taux exceptionnellement élevés à Majicavo, Perpignan, Nîmes, Rochefort et Foix.

En conséquence de cette surpopulation, 2 478 détenus sont contraints de dormir sur un matelas au sol, contre 1 872 en juillet 2022. De plus, 20 189 des détenus sont en attente de jugement, soit 27,1% du total, une légère augmentation par rapport à l'année précédente.

Au 1er juillet, 91 127 personnes étaient sous écrou, un chiffre également en augmentation. Parmi elles, 16 614 ne sont pas incarcérées mais sont sous surveillance électronique ou en placement extérieur. Le nombre de femmes détenues a légèrement augmenté, représentant 3,7% de la population carcérale, tandis que le nombre de mineurs est resté stable à 0,8%.

 

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1 commentaire

  • Campo

    Bonjour,

    Vos articles sont très intéressants, pertinents et surtout accessibles, permettant d’en connaître davantage et enrichir ses connaissances sur nos capacités et environnement quotidien, lorsque vous abordez la sécurité civile.

    Bonne continuation
    Bien à vous.

    Nb: je vais commander vos numéros papiers.

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