En bref : Cyberattaque au ministère des anciens combattants, largage d'un drone en plein ciel, premier vol du drone de combat Turc, actus de la semaine
de lecture - mots
Chaque semaine, nous vous proposons un rapide débriefing de l'actualité nationale et internationale des derniers jours en matière de Défense et de Sécurité. Vous pouvez recevoir cet article directement par mail dans notre newsletter gratuite du lundi matin : inscrivez-vous en cliquant ici.
[Ministère des armées]
Le samedi 10 décembre, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) a été la cible d’une cyberattaque de grande ampleur. Une partie importante du réseau informatique aurait été touchée, nécessitant la mise en sécurité de l’ensemble du parc informatique des 600 postes en réseau. Immédiatement l’organisme, qui dépend du ministère des Armées, a saisi l’ANSSI (agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) ainsi que d’autres cellules du ministère (très certainement le CALID, le centre d’analyse en lutte informatique défensive du commandement cyber).
Selon un communiqué du ministère, « l’ONAC étant un établissement public administratif disposant d’un système d’information indépendant, cette cyberattaque n’a pas d’impact sur le bon fonctionnement des systèmes d’information des Armées ». Toujours selon le ministère, le versement des pensions ne sera pas impacté, puisque payé directement par les armées. En revanche il pourrait avoir un report du reversement des indemnisations accordées aux anciens supplétifs de l’armée française en Algérie et à leurs familles. Cela concernerait 687 personnes pour un montant de près de 6 millions d’euros.
[Ukraine]
C’est une nouvelle annonce de livraison de matériel qui vient de surprendre de nombreux observateurs. Selon plusieurs sources, les États-Unis auraient finalement répondu favorablement à la demande pressante de Kiev de lui fournir une batterie de missiles Patriot. Jusqu’à présent Washington s’était toujours refusé à franchir ce cap pour des raisons financières, chaque batterie est estimée à plus de 3 millions d’euros, mais aussi stratégiques. L’ancien président russe, Vladimir Medvedev avait récemment déclaré à ce propos que ceux qui pourraient fournir ce type d’arme aux Ukrainiens seraient de facto « des cibles légitimes pour les forces armées russes ». Mais du côté ukrainien les demandes semblaient urgentes pour disposer d’un système capable de protéger les infrastructures énergétiques des tirs de missiles russes.
Le Patriot, bien que déjà ancien (il est opérationnel depuis 1982) a déjà fait ses preuves à de nombreuses reprises notamment lors de la première guerre du Golf pour contrer les tirs de Scud Irakiens. Totalement autonome et disposant d’un radar de contrebatterie et de suivi des tirs considéré comme un des plus performants au monde, le Patriot est capable de tirer 4 missiles pouvant atteindre des cibles à 240 kilomètres (contre 80 pour l’Himars).
Mais le matériel américain ne semble pas être le seul à intéresser Kiev. Dans une récente interview accordée au quotidien Le Monde, le ministre de la Défense ukrainien, a exprimé les nombreux besoins de son armée, notamment de matériels français à savoir des canons CAESAR supplémentaire, des blindés, des chars et des systèmes antiaériens, précisant qu’ils souhaitaient pouvoir disposer du lanceur franco-italien Mamba.
Problème pour la France, elle ne dispose actuellement que de 8 systèmes dont un déjà déployé en Roumanie pour la mission Aigle. Les autres sont principalement destinés à la défense des infrastructures stratégiques, notamment les sites abritant les éléments de la dissuasion nucléaire et appelés aussi à sécuriser les prochains grands événements sportifs internationaux organisés par la France (coupe du monde rugby et jeux olympiques). La solution pourrait venir du côté italien qui s’est dit potentiellement favorable à l’envoi d’un des cinq systèmes transalpins.
[Aéronautique]
SI nous parlons régulièrement du SCAF, c’est le plus souvent à propos du futur avion de combat franco-allemand, mais plus rarement autour du système de combat global qu'il représente. Dans l’environnement du chasseur, les drones auront une place centrale, que ce soit en matière de renseignement, mais aussi de saturation de l’espace aérien ou de complément à l’appui air-sol. Dans ce cadre, Airbus Defence & Space a présenté il y a un an un projet de drones largués depuis un A400M Atlas.
Le premier test grandeur nature a eu lieu quelques semaines plus tard après cette anonce en février 2021. Mais cette fois-ci c’est une première mondiale que vient de réaliser l’avionneur européen. En effet si le largage depuis l’Atlas semble aujourd'hui maîtrisé, le contrôle de l’appareil depuis le transporteur est plus compliqué. Pourtant c’est cette séquence que vient de réaliser avec succès Airbus en partenariat avec l’armée de l’Air allemande, son centre aérospatial (DLR) ainsi que les entreprises SFL et Geradts. Comme lors du premier test c’est un drone Do DT25 qui a été largué depuis l’A400M et, une fois l’allumage des moteurs effectué, a été contrôlé depuis l’appareil en vol. Après la simulation de la mission, c’est un opérateur au sol qui a repris la main pour le faire atterrir. Selon Airbus, l’Atlas pourra à terme larguer jusqu’à 50 petits drones et 12 plus lourds. Le projet doit être réalisé principalement par Airbus Defence & Space, MBDA et l’espagnol Satnus.
[Marine nationale]
Testé il y a quelques semaines par la Marine nationale, le drone sous-marin du groupe français Exail semble avoir donné entière satisfaction. Le drone A18D était embarqué à bord du bâtiment de soutien et d’assistance métropolitaine Rhône en mission dans l’Atlantique pour le tester sur des missions de cartographie des fonds marins en haute résolution ou la cartographie d’épaves à des profondeurs de 3 000 mètres environ.
Au vu des performances du drone, la direction générale de l’armement a notifié, jeudi 15 décembre, un contrat d’un montant maximal de 3,5 millions d’euros pour plusieurs sorties en mer en 2023. Selon un communiqué de la DGA, l’objectif est de « disposer de systèmes sous-marins autonomes capables d’opérer dans les grandes profondeurs pour assurer les premières missions opérationnelles de maîtrise des fonds marins en attendant de disposer d’une capacité pérenne. »
Ce programme s’inscrit dans l’acquisition par la Marine nationale d'un véhicule autonome non habité (Autonomous Unmanned Vehicle - AUV) pour disposer, d’ici 2030, d’une capacité souveraine d’opération dans les grands fonds marins.
[Mise à jour]
Nous vous en parlions il y a quelques semaines, la France avait entamé son retrait définitif de la Centrafrique. C’est désormais officiel les derniers 47 soldats français de la mission logistique (MISLOG) ont quitté Bangui le 15 décembre à bord d’un Hercules C130 de l’armée de l’Air et de l’Espace. Le camp de M'Poko, co-localisé avec l’aéroport et ancienne plus grosse base française du pays, a été rétrocédé à l’armée centrafricaine 48 heures auparavant.
Deux semaines après sa grande collecte, la gendarmerie nationale a publié les premiers chiffres de sa campagne de récupération des armes non déclarée. Selon le ministère de l’Intérieur, sur les 150 000 abandonnées par leur propriétaire, 78 000 l’ont été en zone gendarmerie entre le 25 novembre et le 2 décembre. « L’opération a commencé fort dès le premier jour pour ensuite monter crescendo », souligne le capitaine Étienne, qui pilotait le dispositif au sein de la Direction générale de la gendarmerie nationale. Pour les trois-quarts, les armes abandonnées étaient des armes longues, pour un quart des armes de poing, sans oublier quelques armes atypiques ou blanches.
Les départements qui en ont recueilli le plus sont la Gironde, le Nord, le Finistère, le Pas-de-Calais et le Morbihan. Après le succès de cette première campagne d’abandon, le ministère de l’Intérieur et des outre-mer a d’ores et déjà indiqué qu’une nouvelle opération se déroulerait à la fin de l’année 2023. Selon les chiffres du Service central des armes et des explosifs (SCAE), il y aurait potentiellement entre 5 et 6 millions d’armes détenues illégalement en France.
En juillet nous vous avions présenté une première maquette du drone de combat du constructeur turc Baykar Industries, le Kizilelma. Contre toute attente le calendrier des tests a été avancé et l’entreprise vient de divulguer des images de son premier vol effectué le 14 décembre dernier.
Les chiffres du Kizilelma sont impressionnants. Dune masse maximale de 6 tonnes au décollage, il mesure presque 15 mètres pour 10 de large et une hauteur de plus de 3 mètres. Équipé de moteur ukrainien Ivchenko Progress, il pourrait atteindre Mach 1 et serait capable selon l’industriel de mener de combats aériens avec des réactions en partie autonomes. Les Turcs souhaiteraient embarquer le drone à bord du porte-hélicoptères TCG Anadolu, mais ne disposant pas de catapultes, la route est encore longue pour disposer d’un système pleinement opérationnel en tout cas dans sa version navale.
Vous pouvez aussi vous abonner à notre magazine et recevoir notre tout dernier numéro, accéder à des contenus exclusifs, bénéficier des offres de matériels et équipements de nos partenaires. Rendez-vous dans la rubrique premium.