AMX 10 RC, CEMAT, Pierre Schill, armée de Terre, DGSE, service secret

Des chars de combat français bientôt en ukraine, dernières actus de la semaine

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[Ukraine] 

Mercredi 4 janvier lors d’un entretien téléphonique avec Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron a confirmé un nouvel envoi de matériel aux forces armées ukrainiennes. 

Pour la première fois, un pays occidental va fournir à Kiev des chars de combat. Dans le cas présent ce seront des AMX 10 RC (pour roue canon) qui seront cédés aux militaires. Ce char léger, mis en service dans l’armée de Terre en 1981, est « ancien mais performant », affirme le Président français. Depuis les années 80 le blindé a été de tous les grands déploiements de la France : guerre du Golfe, Afghanistan, Mali. Doté d’un canon de 105mm capable de tirer des obus flèches à 2 500 mètres, ce véhicule 6 roues motrices bénéficie d’une grande mobilité en tout terrain, ce qui intéresse particulièrement les Ukrainiens dont les engagements actuels sont dans des zones difficilement accessibles avec des véhicules "classiques". 

En France l’AMX 10 RC est encore en service dans les régiments de cavalerie légère. Les 247 exemplaires en dotation sont progressivement remplacés par le Jaguar, un nouveau véhicule blindé sur roues de la gamme Scorpion, équipé d’un canon de 90 mm et des toutes dernières avancées en termes de combat collaboratif. Pour le moment le nombre de chars en partance pour l’Ukraine n’a pas été dévoilé. 

Toujours lors de cet entretien entre les deux chefs d’État, le président français a annoncé l’envoi de 20 véhicules Bastion, un blindé construit par le français ACMAT (qui dépend de la firme Arqus Défense) que l’on retrouve en dotation dans une vingtaine de pays, principalement sur le continent africain.

 

 

[Armée de Terre]

C’est la traditionnelle cérémonie des vœux qui commence dans les armées, notamment des grands commandeurs. Dans son allocution, le chef d'état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill est revenu sur les grands engagements de 2022 comme le déclenchement de l’opération Aigle en Roumanie le 28 février dernier, le renforcement des effectifs en Estonie au printemps, la réorganisation de la mission Barkhane cet été avec le retrait des forces du Mali et l’aide au Français avec la mission Sentinelle ou les renforts apportés lors des gigantesques incendies qui ont ravagé la Gironde entre juillet et août. 

Le CEMAT a ensuite fixé ses axes d’efforts pour 2023. Au nombre de quatre, il les a illustrées en s’appuyant sur des devises empruntées à des unités de l’armée de Terre. 

Premier axe, la consolidation du socle de l’armée de Terre et la valorisation de ses atouts. La devise "Être et durer" est celle du 3e RPIMa. Sur cet item, le général souhaite poursuivre ce qui a été initié depuis quelques années, à savoir « la hauteur d’homme, le durcissement des entraînements et l’affirmation de l’identité de soldat ». 

"Pour le service de la France, ne me dites pas que c’est impossible", la devise de la 2e brigade blindée illustre le développement de l’esprit de défense et la participation des armées à la résilience de la nation. Le général Schill a notamment évoqué l’élargissement de « l’offre au profit de la jeunesse et la montée en gamme de notre réserve ». Il est aussi revenu sur l’importance et la nécessité des missions de l’armée de Terre pour la protection du territoire national.

Pour sa troisième priorité, le CEMAT a mentionné la modernisation de l'armée de Terre en s'inspirant de la devise "Tous les champs de bataille" inscrite sur l'étendard de l'Institut national des Invalides. Le CEMAT s'est félicité du fait que « Scorpion est devenue une réalité dans nos régiments » et que « sa pertinence a été confirmée par les leçons de la guerre en Ukraine ». Il a également évoqué l’importance de « développer encore davantage » la réactivité et l'aptitude à être engagé dans des opérations, allant « de la gestion de crise jusqu’à l'engagement majeur malheureusement possible demain ».

Pour conclure sa dernière priorité, le général Schill a mentionné la nécessité pour l'armée de Terre de faire face « aux évolutions et aux menaces hybrides » par l’innovation. S'inspirant de la devise du 1er Bataillon parachutiste de choc "En pointe toujours", le général CEMAT a assuré que l'armée de Terre sera « créative pour innover » et que « le champ des possibles est vaste, il sera exploré ».

 

 

[Marine nationale]

Le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Suffren a terminé son premier déploiement opérationnel au sein du groupe aéronaval en Méditerranée. Selon un communiqué de la Marine nationale diffusé le jeudi 5 janvier, le submersible « a participé à la mission ANTARÈS pour défendre les intérêts de la France et de l'Union européenne en contribuant à la connaissance et à l'anticipation des crises dans les zones stratégiques et en aidant à la prise de décision autonome de la France ».

Lors de cette mission, Le Suffren a testé sa capacité à mener une frappe de missile de croisière naval vers la terre en coordination avec les autres unités du groupe, en particulier les frégates multimissions et les avions Rafale Marine.

Pendant son déploiement, l'équipage a fait escale en Grèce avant de reprendre la mer pour les fêtes de fin d'année. Après avoir terminé une mission qui a débuté en novembre, les membres de l'équipage du SNA Suffren ont retrouvé leur famille à leur retour sur la base navale de Toulon, son port d’attache. Le navire va maintenant entamer sa période d'entretien annuel. 

« Ce déploiement opérationnel a suivi trois cycles effectués par les deux équipages du navire depuis qu'il a quitté le bassin, pour entretien, en avril 2022. Depuis, le sous-marin a été disponible pendant près de 240 jours, dont 190 jours en mer, pendant lesquels il a validé ses capacités opérationnelles avant d'être admis au service actif (3 juin 2022, NDLR) », précisait le communiqué de la marine.

 

 

[Corée du Nord]

Kim Jong-un, le dictateur nord-coréen a débuté l’année 2023 de la même manière qu’il avait conclu 2022 : par un tir de missile balistique de courte portée dans la mer de l’Est en direction du Japon.

Loin de vouloir apaiser les tensions dans la région, le "grand leader", comme il se fait lui-même appeler, a aussi déclenché une intrusion de drones dans l'espace aérien sud-coréen. Les forces de Séoul n'ont pas réussi à abattre les aéronefs sans pilotes, un chasseur sud-coréen a même été perdu lors d'une tentative d'interception. Malgré les sanctions internationales pour son développement d'armes nucléaires et ses nombreuses provocations avec les lancements de missiles balistiques, le dirigeant nord-coréen a annoncé, lors de la réunion annuelle du Parti des travailleurs, de nouveaux objectifs militaires pour 2023 visant à renforcer la défense autonome du pays. À l'occasion du Nouvel An, il a appelé à une augmentation exponentielle de l'arsenal nucléaire nord-coréen afin de faire face à l'ennemi sud-coréen et américain. 

Dans son discours, l’homme fort de Pyongyang a également annoncé le développement d'un nouveau système de missiles balistiques intercontinentaux dont la principale mission sera une rapide contre-attaque nucléaire.

 

[DGSE]

Le patron de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) de 2013 à 2017, Bernard Bajolet, a été mis en examen par un juge de Bobigny le 18 octobre dernier pour "complicité de tentative d'extorsion" envers un homme d'affaires et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par un dépositaire de l'autorité publique » a appris l’AFP le mercredi 4 janvier grâce à une source proche du dossier.

L’actuel patron du service de renseignement extérieur, Bernard Émié, a également été interrogé en tant que témoin concernant certaines manœuvres jugées embarrassantes de l'organisation en mars 2016. L'ancien directeur du cabinet de Bernard Bajolet, le général Jean-Pierre Palasset, a quant à lui été auditionné sous statut de témoin assisté. 

Pour rappel, Alain Duménil, un homme d'affaires franco-suisse ayant déjà été condamné dans plusieurs affaires de litiges commerciaux et de gestion d'entreprises, accuse Bernard Bajolet d'avoir utilisé la contrainte pour lui extorquer de l'argent. Selon lui, les faits remontent à sept ans quand, avant de prendre un vol pour Genève, depuis l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle, il est emmené par des agents de la police aux frontières dans un local et se retrouve confronté à deux agents de la DGSE se faisant passer pour "l’État". Les agents lui annoncent qu’il doit rembourser 15 millions d'euros à la France et font pression sur lui en lui montrant des photos de sa famille prises en Suisse et aux Royaume-Unis. Bernard Bajolet a défendu sa position devant les juges d'instruction, admettant avoir validé le principe d'une rencontre à l'aéroport, mais n'ayant pas été impliqué dans les détails de sa mise en œuvre. Protégés par le secret-défense, les noms des services, personnes chargées de ce dossier et le nom des deux agents ayant conduit l’entretien, ne pourront pas êtres divulgués. La DGSE n'a pas souhaité commenter ces informations et a renvoyé les journalistes vers une déclaration précédente où elle démentait « avoir exercé la moindre menace sur Alain Duménil, qu'elle décrit comme un affairiste international et un délinquant ».

 

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