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Les militaires français sommés de quitter le Burkina Faso, actus de la semaine

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[Afrique]

Mercredi 25 janvier le gouvernement français a officialisé son retrait du Burkina Faso d’ici un mois. Ce nouveau revers de la présence française en Afrique de l’Ouest, n’est, comme pour le Mali, pas du fait de Paris, mais bien de la junte au pouvoir à Ouagadougou qui a exigé deux jours plus tôt, le départ de l’ambassadeur et des militaires français. Les 400 soldats présents sur place constituaient depuis 2018 le détachement des forces spéciales baptisé Sabre. Les commandos avaient en charge de soutenir le Burkina dans sa lutte contre le terrorisme et de fournir un appui aux forces de l’opération Barkhane.

Cette décision a été prise suite à une vague de ressentiments anti-français dans la région où les populations reprochent régulièrement à Paris de ne pas avoir atteint son objectif de démanteler les réseaux terroristes au Sahel. Depuis plusieurs mois des manifestations régulières de citoyens demandaient le départ de Sabre et le soutien de la Russie. Cette dernière via son organisation paramilitaire Wagner avait déjà réussi à s’implanter à la place des militaires français au Mali et en Centrafrique.

C’est dans ce contexte particulièrement compliqué pour la politique française dans cette partie de l’Afrique que le président Emmanuel Macron a reçu mercredi 25 janvier à l’Élysée son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Au programme des discussions, le départ du Burkina figurait évidemment en bonne place. Mais c’est aussi les intérêts communs dont il était question et de l’aide apportée par la France à Abidjan. Depuis plusieurs mois la République de Côte d’Ivoire subit des attaques terroristes au nord du pays sur ses 500 km de frontière avec le Burkina. Pour le Président français les relations avec la RCI sont indispensables pour garder pied en Afrique de l’Ouest et préserver la présence d’un millier de militaires à Abidjan, soit le plus gros détachement africain hors Djibouti.

 

 

[Direction générale de l’armement]

Le début de l’année a été particulièrement dense pour la direction générale de l’armement (DGA). Après la notification de commande des chars Leclerc rénovés et la reprise des livraisons de Rafale dont nous parlions il y a quelques jours, la DGA a fait trois annonces supplémentaires cette semaine.

C’est d’abord la réception de la première vedette de fusiliers marins (VFM) baptisée Bir Hakeim. D’une longueur de 15 mètres pour un poids de 15 tonnes, les VFM sont fortement blindées, armées de deux mitrailleuses de 12,7 mm et pourront atteindre une vitesse de 40 nœuds. Les douze exemplaires prévus seront livrés jusqu’à 2025. Ils sont fabriqués par la société Quimpéroise UFAST qui grâce à cette commande a pu maintenir 20 emplois selon la DGA. Les VFM ont vocation à assurer des missions d’escorte dans les approches maritimes, de surveillance et de protection. Elles disposeront d’une capacité d’intervention et de neutralisation permettant d’interdire à un élément hostile l’accès à une zone d’exclusion.

Deuxième annonce, la qualification du moyen de formation et d’entraînement pour le système d’aérocordage polyvalent (MFE SAP). Conçu par SPIE Industrie et tertiaire avec l’appui des experts de la DGA du centre d'expertise et d'essais DGA Techniques aéronautiques à Toulouse et de la section technique de l’armée de Terre (STAT), le MFE SAP est constitué d’une structure métallique installée au sol, capable d’accueillir 25 personnes et représentative de la soute d’un hélicoptère Caracal. Cette structure offre une hauteur de formation et d’entraînement à six puis quinze mètres de hauteur tout en garantissant un système de sécurité optimale.

Aujourd’hui les techniques d’aérocordage sont utilisées par de nombreuses unités (forces spéciales, commandos parachutistes, commandos montagne, etc.) et nécessitent un entraînement régulier pour maintenir les compétences techniques. Une première structure avait été installée à Varces en 2021 et une deuxième au cours de l’année 2022 à Calvi. Six autres sites disposeront aussi de ce moyen à terme : Orléans (dès 2023), Toulouse, Cayenne, Lorient, Cazaux et Saint-Mandrier.

Dernière annonce de la semaine, la qualification de la munition AASM 1000 pour l'avion de combat Rafale. L'Armement Air-Sol Modulaire (AASM), commercialisé sous le nom de "Hammer" par Safran Electronics & Defense, est composé d’un kit de guidage GPS et inertiel et d’un kit d’augmentation de portée. Ce dernier, qui utilise un propulseur, permet un allongement significatif du domaine de tir par rapport à une munition non propulsée. Grâce à ces kits il sera permis d'atteindre des cibles avec une plus grande précision tout en gardant une distance de sécurité, et ce quelles que soient les conditions météorologiques.

Trois versions ont été développées : INS/GPS, INS/GPS/IR et INS/GPS Laser. Pour s'adapter au standard F4 du Rafale, Safran a lancé le développement de l'AASM 1000 capable d’être implémenté sur les bombes de 1000 kg déjà développées (Mk84 et BLU109) et les prochains modèles (BA84 et P1000). En décembre 2020, Safran avait réalisé avec succès des tirs de séparation de l'AASM 1000 depuis un Rafale. En ce début d’année, la DGA a définitivement qualifié l'AASM 1000 et son système de soutien. Les premiers kits ont été livrés au Service interarmées des munitions (SIMu). On attend, peut-être d’ici la fin du mois, la qualification du Rafale au standard F4.1.

 

 

[Ukraine]

Après de nombreux rebondissements, c’est désormais acté, l’Ukraine va bien recevoir les chars lourds réclamés depuis de nombreux mois.

Après l’annonce de la France et du Royaume-Uni de livrer des AMX 10 RC et des Challengers 2 c’est maintenant au tour de l’Allemagne d’autoriser le départ de ses Léopard 2. Cette livraison avait fait l’objet de nombreuses tergiversations, Berlin avait lié ce don de blindé à l’acceptation des États-Unis de faire de même avec leur char M1 Abrams. L’administration Biden ayant finalement accepté de livrer 31 chars, Berlin a donc levé tous les obstacles et devrait livrer une dizaine de Leopard au standard 2A6. Les blindés, prélevés sur l’inventaire de la Bundeswher devraient donner le tempo à d’autres pays européens, eux-mêmes détenteurs du blindé allemand. La Pologne et la Finlande pourraient livrer quelques exemplaires, Berlin les avait déjà autorisés, avant même sa décision de fournir les chars, de former des équipages ukrainiens. D’autres pays sont plus réticents, ne souhaitant pas « donner des équipements au détriment de nos propres capacités » a fait valoir récemment un haut responsable militaire suédois.

Du côté des USA les 31 M1 promis ne devraient pas arriver de sitôt sur le champ de bataille ukrainien. Les chars ne seront pas prélevés sur les stocks de l’armée américaine, mais bien fabriqués directement par General Dynamics sur le budget de l’Initiative d’assistance à la sécurité de l’Ukraine qui s’inscrit sur un temps long. Autre problème mis en avant par de nombreux responsables militaires et industriels, la configuration du char. En cas de capture d’un blindé par l’armée russe, il ne faudrait pas que ces derniers puissent avoir accès à des technologies de pointe. Enfin la formation et la logistique du blindé ne pourront se faire en quelques jours ni même quelques semaines, sans compter que l’acheminement du M1 en Ukraine et son déploiement sur le champ de bataille risquent de poser de nombreux problèmes, la plupart des ponts n’étant pas capables de supporter le passage de ce blindé de plus de 55 tonnes.

 

 

[Mise à jour]

Le Danemark a finalement donné son accord pour fournir l'ensemble de ses canons automoteurs CAESAR 8x8 aux forces ukrainiennes, selon un communiqué du ministère de la Défense. Il s'agit d'un don de 19 canons supplémentaires pour soutenir l'Ukraine dans sa lutte contre les forces russes, soit la totalité de la commande notifiée par le Danemark auprès du groupe français Nexter. Le ministre de la Défense danois a déclaré que c'est un don très important et significatif, mais qu'il faut également trouver un équilibre entre l'aide à l'Ukraine et le renforcement de la défense danoise. La fourniture des canons sera accompagnée de formations pour les artilleurs ukrainiens. Ce geste portera à 36 le nombre de CAESAR en service dans l'armée ukrainienne. Cependant, ce don retardera la mise en place de la première brigade de l'armée de Terre danoise, et le gouvernement étudie donc des options pour acquérir rapidement une nouvelle capacité.

Nous vous en parlions cet été, au début des années 2000, l'Australie a acheté 69 hélicoptères à Airbus Helicopters, dont 22 EC-655 Tigre ARH pour l'attaque et la reconnaissance et 47 NH-90 "Caïman" (ou MRH-90 Taipan en nomenclature australienne). Cependant, peu après leur mise en service, ces appareils ont reçu de nombreuses critiques en raison de leur taux de disponibilité jugé insuffisant et de leur coût d’entretien trop élevé. Ainsi, l'état-major australien a fait pression pour leur retrait du service afin de pouvoir ensuite acheter les modèles américains AH-64 Apache et MH-60 Black Hawk.

Les militaires ont fini par avoir gain de cause, aidés par divers rapports de l'Australian National Audit Office. En 2015, cet organisme de contrôle a déploré que "La flotte d'hélicoptères Tigre n'a pas encore atteint la capacité initiale prévue par le gouvernement australien et continu de générer des coûts de maintenance élevés pour une disponibilité inférieure à ce qui était attendu." En 2019, cela a conduit à lancer un appel d'offres pour les remplacer. En 2021, l'Australie a annoncé qu'elle commandait 29 AH-64E Guardian à Boeing, malgré les efforts d'Airbus Helicopters pour améliorer les Tigre australiens au standard Mk3.

En ce qui concerne les MRH-90 Taipan, la Royal Australian Navy (RAN) a annoncé en décembre 2021 qu'elle envisageait de remplacer ses 41 exemplaires par des MH-60 Sea Hawk américains. C’est donc officiel depuis le 18 janvier 2023, le ministre australien de la Défense, Richard Marles, a confirmé cette décision en affirmant que les MRH-90 Taipan seraient remplacés par des hélicoptères américains. Selon lui, cela n'affectera pas les relations avec la France et qu’il est « important de traiter les Français de manière honnête, mais que les MRH 90 posent des problèmes depuis de nombreuses années en termes de maintenance et d'approvisionnement en pièces de rechange et de coût de l'heure de vol, tout cela justifiant cette décision. »

 

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