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Brèves DZ #77 : Euronaval, drones, Nexter, Sécurité civile, Glock, armée de l'Air et de l'Espace, Volfa 2022

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[Euronaval / drones]

Nous en parlions il y a quelques semaines, les drones sous-marins sont aujourd’hui une préoccupation majeure de toutes grandes armées. La DARPA, l’agence de recherche du ministère de la Défense américain, venait d’ailleurs de notifier à deux entreprises un marché de plusieurs millions de dollars pour développer un drone disposant d'une grande autonomie. L’entreprise Northrop Grumman avait annoncé des avancées significatives de son programme Manta Ray dont le profil relevait du biomimétisme marin avec un véhicule en forme de raie manta. Mais une fois n’est pas coutume, c’est une entreprise française qui devance les chercheurs d’outre-Atlantique.

À l’occasion du salon Euronaval 2022, la société varoise Marine Tech a présenté son HUV (Unmanned Hybrid Vehicle) : le Manta. Ce projet, lancé en 2019, a été soutenu par l’agence innovation Défense et la Direction générale de l’armement dans le cadre de son programme RAPID (régime d’appui à l’innovation duale). Contrairement aux projets présentés aux États-Unis, le drone français est déjà opérationnel et testé dans de nombreuses situations. À la fois véhicule de surface et sous-marin, le Manta est capable d’effectuer des missions de reconnaissance/observation, de cartographie ou d’intervention. Avec sa propulsion électrique, il affiche entre 12 et 24 heures d’autonomie suivant sa configuration pour une vitesse de 6 nœuds environ. Capable de plonger jusqu'à 6 000 mètres de profondeur, il communique par un système 4G/5G. À terme, le Manta sera capable d'effectuer des mesures de salinité ou des courants, de la détection d'épaves, de pipeline ou de mines, mais aussi des mesures de contaminants en surface. Le Manta sera commercialisé dès le début de l’année prochaine.



[Euronaval / DGA]

Toujours lors du salon Euronaval 2022, la DGA a annoncé officiellement la notification d’un marché pour la mise en œuvre d’un drone sous-marin. C’est l’industriel norvégien Konsberg Maritime qui a remporté le contrat d’un montant maximal de 4 M€. Il y a quelques semaines, la Marine nationale a conduit une campagne de mise en œuvre d’une capacité exploratoire de drones sous-marins dits de "grands fonds". Les tests, menés à partir du bâtiment hydrographique et océanographique Beautemps-Beaupré, ont permis de mettre en œuvre le drone norvégien Hugin Superior, un AUV (Autonomous Unmanned Vehicle) capable d’opérer jusqu’à 6 000 mètres de fond. Le centre d’expertise et d’essais DGA Techniques Navales est intervenu dans la spécification du besoin et participera au retour d’expérience de ces missions pour affiner la spécification future des moyens qui seront développés au profit des marins.

Cette première étape de définition d’une capacité exploratoire repose sur la location de différents matériels français et européens, autonomes (AUV) ou téléopérés (Remotely Operated Vehicle - ROV), disponibles sur le marché, et qui ont vocation à être utilisés durant des campagnes à la mer. L’étape 2 consistera grâce au "Plan d’Investissement France 2030" de doter de manière pérenne la Marine de capacité exploratoire des grands fonds marins. 

 

[Euronaval / armement]

Le stand de l’industriel Nexter n’est pas passé inaperçu lors du salon. L'entreprise française a, entre autres, présenté deux systèmes téléopérés à destination des bâtiments de surface. Le premier, le RAPIDFire est produit conjointement par un GME (groupement momentané d’entreprises) constitué par Nexter et Thales. Ce système téléopéré d’artillerie navale comme terrestre assure aux plateformes une capacité d’autodéfense rapprochée contre les menaces aériennes et de surface. Le RAPIDFIre intègre le canon 40 CTA (le même que celui monté sur le Jaguar), et est en mesure de tirer toute la gamme de munitions télescopées de 40mm développée par CTAI dont la future A3B (Anti-Aerial AirBurst) contre les cibles aériennes. Sa conduite de tir optronique réalisée par Thales, est composée d’un viseur multispectral avec télémètre laser permettant une meilleure précision d’interception avec une capacité multicibles et la sélection automatique des différents types de munitions, le tout de manière autonome.

Le tout nouveau bâtiment ravitailleur de forces (BRF) Jacques Chevallier sera équipé du RAPIDFire dès début 2023 pour débuter la phase de qualification en mer.

De l’autre côté du stand, en avant-première, Nexter et MBDA ont présenté le NARWHAL 20A, une tourelle téléopérée de 20mm sur laquelle sont intégrés deux pods de missiles Akeron MP (appelé aussi MMP et en service dans de nombreuses unités de l’armée de Terre). Le missile est capables d’atteindre une cible chaude ou froide à cinq kilomètres de distance et sera bientôt "navalisé" pour faciliter l’acquisition de cibles de faibles dimensions et signatures. Le canon 20M621 quant à lui est efficace à plus de 2 000 mètres et dispose de système de télémétrie laser avec acquisition de cible. Pour compléter les systèmes d’acquisition d’objectifs, Nexter a présenté un désignateur laser conçu par la société Hensoldt. De la forme d’un petit fusil d’assaut, il permet à un opérateur, sur le pont du navire par exemple, de désigner un objectif et le NARWHAL, sans action du téléopérateur, va venir se verrouiller sur la cible "éclairée". Outre les armées françaises, la tourelle comme le missile, sont deux produits ayant connu de vrais succès à l’exportation avec cinq pays, en plus de la France dotée du MMP et six pour la tourelle NARWHAL.

 

[Sécurité civile]

La sécurité civile est sur tous les fronts. Après l’envoi de 40 sapeurs-sauveteurs de l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile N°7 (UIISC) de Brignoles en Guadeloupe pour porter assistance aux populations touchées par le passage de la tempête Fiona le 21 septembre dernier, c’est au tour de 40 militaires de l’UIISC 1 de Nogent-Le-Rotrou d’êtres mobilisés. Le 13 octobre le détachement a pris la direction du Pakistan, plus précisément dans le district de Dadu à environ 200 km au nord-est de Karachi pour être déployé dans le cadre du mécanisme de protection civile de l'Union européenne (MPCU). Une fois encore c’est pour leur expertise de production d’eau potable que les militaires ont été appelés. En effet, les modules de traitement de l’eau utilisés par les Français sont capables de produire jusqu’à 225 000 litres d‘eau potable par jour au profit des populations sinistrées.

 

[Équipement]

« La DGA a réceptionné le 5 octobre 2022 le dernier lot de 9 600 pistolets semi-automatiques (PSA) relatif à la commande effectuée le 26 avril 2022 ». Ce communiqué du ministère des Armées vient clôturer le remplacement des PA MAC 50 et PAMAS G1 en dotation depuis plusieurs décennies dans les armées. Rarement un programme d’équipement aura mis aussi peu de temps pour arriver dans les forces. La notification du choix de l’armurier autrichien Glock avec les sociétés Sellier et Bellot pour les munitions et UTM pour les kits d’entraînement date de janvier 2020 avec une commande de 74 596 pistolets semi-automatiques Glock 17 Gen 5 FR. En avril 2022 près de 60 000 avaient déjà été livrés et la DGA passa commande de la dernière tranche soit 9 600 armes dont elle a pris réception début octobre. L’armée de Terre en possédera près de 80 % le reste sera réparti entre les deux autres armées et les services.

 

[Armée de l’Air et de l’espace]

C’est un exercice sans précédent qui vient de se terminer pour près de 1 000 aviateurs et plusieurs détachements étrangers. Volfa 2022 NG (nouvelle génération) s’est pour la première fois déroulé dans les airs et sur terre, mais aussi sur toute la gamme des champs immatériels. Le scénario, classique, présentait l’occupation d’une région, le Greenland, d’un pays allié (Blueland), envahi par un pays limitrophe le Redland (difficile de ne pas faire le rapprochement avec les événements en cours à l’est de l’Europe). Organisée depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, la neutralisation de l’ennemi ne nécessita pas moins de 557 sorties pour plus de 1 130 heures de vol avec une cinquantaine d'aéronefs déployés. Toutes les spécialités de l’armée de l’Air et de l’Espace ont été mises à contribution pour cet exercice de haute intensité. Outre la chasse et des avions de transport, on y retrouve aussi des drones, des hélicoptères, des systèmes antiaériens et des commandos de l’air. Le renseignement était aussi une composante majeure de la manœuvre avec la mise à disposition des satellites du commandement de l’Espace et surtout de nombreux spécialistes de la cyberdéfense qui ont été mis à rude épreuve pendant trois semaines avec de nombreuses attaques informatiques, mais aussi informationnelles notamment par la diffusion de fake news.

Démarré le 26 septembre dernier, l’exercice s’est conclu le 14 octobre. La BA 118 où était stationné le gros des forces aériennes a aussi accueilli des unités de l’armée de Terre et de la Marine nationale et des détachements canadiens, grecs, espagnols, italiens et portugais. Les bases aériennes 120 de Cazaux et 125 d’Istres abritaient respectivement des unités américaines et émiraties.

 

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