Brèves DZ #58 : Renouvellement PUMA UK, Chinook allemand, Achat F35 Suisse, Atlas Thales cyber attaques, problèmes SCAF, Eurosatory 2022
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[Royaume-Uni]
C’est une information de notre partenaire le journal de l’aviation : après 50 ans de bons et loyaux services et une rénovation en profondeur dite HC2 il y a sept ans, le ministère de la Défense britannique souhaite remplacer sa flotte de SA 330 PUMA. La commande porte sur 44 machines en lieu et place des 23 PUMA, mais aussi des Augusta-Bell 212 de l’Army et 412 de la Royal Air Force ainsi que des Dauphin du SAS. Ce programme appelé NMH pour New Medium helicopter pourrait atteindre une enveloppe budgétaire de 1,42 milliard d’euros et comprend non seulement la livraison des matériels à partir de 2025 et étalés sur sept ans environ, mais aussi la fourniture des simulateurs, des cours pour les instructeurs, les navigants et le personnel au sol. Si le MoD s’attend à l’arrivée de 5 candidats sur les rangs avec le Bell 525, le Grey Wolf de Boeing et la Black Hawk de Sikorsky, seules deux entreprises ont déjà candidaté avec l’AW149 d’AugustaWestland, qui a fusionné avec Leonardo en 2016 et qui équipe actuellement les armées égyptiennes et thaïlandaises et le H175M d’Airbus Helicopters présenté pour la première fois au public en septembre 2021 dont l’industriel ne cache pas son grand intérêt pour les marchés britanniques dans ce segment. L’Allemagne et surtout l’Espagne se sont déjà dit intéressés par cette version militarisée du H175. Les candidats ont jusqu’au 20 juin pour se faire connaître, le MoD devrait terminer son appel auprès des entreprises désignées au mois de septembre.
[Allemagne]
En 2017 les Allemands ont lancé leur programme STH Schwerer Transporthubschrauber pour le remplacement des 70 hélicoptères lourds CH-53 Sea Stallion de la Bundeswher. La décision qui devait être annoncée en 2020 a finalement été annulée pour des raisons budgétaires avait déclaré le gouvernement allemand. À l’époque seuls deux candidats étaient sélectionnés : Boeing avec son CH-47F Chinook et Sikorsky avec la nouvelle version du CH-53 King Stallion. Cinq ans plus tard et grâce au fonds spécial de 100 milliards d’euros mis en place récemment par le gouvernement allemand, c’est finalement Boeing qui vient de se faire notifier la commande de 60 appareils. Le coût de production plus faible que le King Stallion et sa capacité de ravitaillement en vol auraient fortement pesés dans la balance, sans compter son utilisation par de nombreux pays de l’OTAN (actuellement plus de 500 appareils au dernier standard dit Block II).« Le prix unitaire inférieur du CH-47F permet également d’acheter de plus grandes quantités, ce qui signifie une plus grande flexibilité opérationnelle pour les forces armées » a expliqué Christine Lambrecht, la ministre allemande de la Défense et de souligner qu'ils avaient « soigneusement pesé les avantages et les inconvénients ainsi que les risques, puis nous avons voté à l’unanimité en faveur de ce modèle. Le Chinook est moderne et éprouvé. Avec lui, nous renforçons notre capacité à coopérer en Europe. De plus, nous obtenons une flotte plus importante et gagnons en flexibilité ». Pour ce nouveau marché, le constructeur américain s'est associé avec plusieurs entreprises allemandes et européennes comme Airbus helicopters pour le soutien, mais aussi Honeywell Aerospace, Rolls-Royce Deutschland et Lufthansa Technik entre autres. Ce nouveau contrat d’envergure dont Boeing se dit « honoré d’avoir été choisi et impatient de travailler avec les gouvernements US et allemands pour finaliser les termes » est le deuxième gagné par l’industriel après la vente de cinq patrouilleurs maritimes P-8A Poséidon.
[Suisse]
Décidé il y a quelques mois en remplacement des 25 F-5 Tiger et les 30 F/A 18 Hornet, le choix du F35 américain ne fait toujours pas l’unanimité en Suisse. Le contrat d’achat de 36 unités doit être signé avant le 31 mars 2023, mais c’est sans compter une initiative des opposants à ce projet qui a déjà réuni 90 000 signatures. En Suisse si une pétition dépasse les 100 000 elle doit être obligatoirement soumise à votation ce qui potentiellement pourrait remettre en cause le projet. D’un côté la ministre de la Défense Viola Amherd, qui s’est rendu récemment aux États-Unis, a déclaré que la guerre en Ukraine obligeait de constater « combien il est important de pouvoir se défendre, protéger la population et garantir que notre espace aérien ne soit pas utilisé par les parties en conflit » de l’autre, le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et le Parti socialiste suisse estime que cette éventualité n’a pas de sens et que : « avant que le premier soldat russe ne pose le pied sur le sol suisse, une guerre nucléaire aurait déjà éclaté, car divers pays de l’OTAN auraient été attaqués auparavant. » Si le ton monte depuis plusieurs semaines c’est qu’une fois le délai expiré pour la signature du contrat, les créneaux de productions seront attribués à d’autres acheteurs déjà identifiés comme l’Allemagne, le Canada ou la Finlande. La pression monte donc en Suisse ou une partie de son aviation de chasse risque même de perdre ses autorisations de vol dès 2030 pour cause de vétusté. Côté américain, le président Joe Biden vient d’annoncer une refonte complète du moteur du F35 et la Cour des comptes US a prédit de grands retards dans le développement du Block-4 (le nouveau standard avec la correction de tous les problèmes existants).
Pour rappel la Suisse avait choisi le F35 au détriment du Rafale qui jusqu’au dernier moment était donné comme grand favori.
[Europe]
Le système de combat aérien du futur, SCAF, verra-t-il le jour ? Rien n’est moins sûr pour le moment. Même si le patron de Dassault, Éric Trappier, n’est pas allé jusque-là, il estime néanmoins que le délai annoncé pour sa mise en service en 2040 (prévu en 2030 au départ) pourrait être encore repoussé de près de 10 ans. « Entre nous, 2040, c'est déjà perdu, car comme on ne démarre pas, et que surement les discussions seront longues, non pas pour cette phase-là, mais pour celle à venir, ça prendra un peu de temps. Pour 2040, il y aura surement un premier standard 'peut-être sous réserve de...' donc on est parti plutôt sur les années 2050 » a déclaré l’industriel français en marge du Paris Air Forum. Actuellement Airbus et Dassault sont en désaccord sur la nature de la coopération de chacun dans ce programme estimé entre 50 et 60 milliards d’euros financé par la France, l’Allemagne et l’Espagne et destiné à remplacer les Rafale et Eurofighters. Dassault, pour la France, représente un tiers de la charge industrielle et Airbus les deux tiers pour l’Allemagne et l’Espagne. L’avionneur français étant désigné comme maître d'œuvre, il revendique par la même occasion la réalisation des commandes de vol, de l’architecture fonctionnelle et de l’interface homme-machine, ce que refuse pour le moment Airbus. Si Dassault se dit inquiet pour ce projet Européen soulignant déjà l’achat récent de F35 par l’Allemagne, il ne cache pas un possible plan de secours. « Il y a toujours un plan B dans une industrie responsable. Ce n’est pas une menace. C’est une réalité. La réalité, c’est que si vous n’arrivez pas à avancer d’un côté, vous passez par un autre côté, a affirmé le PDG français, soulignant que le Rafale va vivre encore longtemps et qu’il sera modernisé et sera là pour au moins cinquante ans ». De son côté, le ministère des Armées par la voix de Joël Barre, le Délégué général de l’armement a déclaré : « J'espère que dans les semaines qui viennent nous pourrons en sortir. La situation actuelle ne peut pas durer éternellement. Il faut lancer les travaux préparatoires qui ont été engagés. Il faut chercher l’efficacité de gouvernance et d'organisation industrielle pour avoir un responsable identifié et il vaut mieux que ce soit le plus compétent, celui qui a la meilleure expertise et pour notre part cette expertise c’est Dassault. »
[Cyber]
Début juin l’entreprise Thales présentait son Atlas des cyber attaques 2022. Ce document, constamment mis à jour en direct, fait le point des attaques cyber dans le monde. Dans le but « d’avoir une bonne hygiène cyber et d’améliorer les connaissances et compréhensions des cyberattaques » le centre d’analyse technique de la menace (CTI) de l’entreprise française a collecté, analysé et trié pour mettre en corrélation, les données relatives à chaque cyberattaque, que ce soit les attaquants, leurs cibles et les modes opératoires.
Depuis la crise sanitaire, donc de l’augmentation du télétravail, les attaques ont augmenté de 37,7% selon l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information). Les experts du CTI ont analysé plus de 20 000 attaques sur ces cinq dernières années, et ce dans 16 secteurs d’activités répartis sur neuf zones géographiques. Deux grands constats sont ressortis de cette analyse : une professionnalisation de plus en plus importante des cyber attaquants. Selon Thales « les groupes d’attaquants se sont progressivement organisés et structurés sur le même modèle que nos petites et moyennes entreprises avec des branches R&D, des départements RH pour le recrutement et même des services juridiques pour négocier les contreparties financières avec les victimes » toujours selon l’Atlas, en 2021 32% des organisations attaquées ont accepté de payer une rançon. Le record étant de 180 millions d’euros en une seule attaque. Sur les 20 000 évènements répertoriés, 72% étaient ciblés vers les secteurs de la Défense et les administrations et une majorité vers l’Amérique du Nord.
Deuxième grande tendance : la progression des cyberattaques dormantes d’origines étatiques. Cette technique consiste à installer un virus dans le système d’une entité pour accéder aux informations sans se faire détecter. Ce type d’attaques organisées par des groupes de cyber attaquants, mais commandités par des États, s’opèrent souvent entre deux ans et plus d’une décennie. Depuis plusieurs mois et avant même le début de la guerre en Ukraine, les spécialistes ont noté une nette augmentation de ces opérations notamment vers l’Ukraine ou les pays baltes.
[Armement]
Du 13 au 17 juin au parc des expositions de Paris Villepinte, se tiendra le 27e salon Eurosatory dont Défense Zone est un des partenaires médias. Après 4 ans d’absence (le salon a lieu tous les deux ans et la dernière édition a été annulée pour cause COVID) le plus grand rendez-vous mondial en matière de défense et sécurité terrestres et aéroterrestres rouvre ses portes dans un contexte mondiale où les enjeux stratégiques prennent une place toute particulière suite au déclenchement de la guerre en Ukraine et des tensions en mer de Chine pour ne citer qu’eux. Pour l’occasion plus de 1 700 exposants de 62 pays sont attendus sur une surface de 155 000 m2. Grands absents du salon: la Chine et la Russie. Cette dernière pour des raisons assez évidentes dans le contexte actuel, la Chine quant à elle ne sera représentée que par quatre entreprises, dont le géant Norinco, suite à la reprise des cas de COVID en Asie et la difficulté pour les entreprises de voyager hors du pays. La Russie absente, c’est l’Ukraine qui fait sa grande entrée pour Eurosatory avec un pavillon de 200 m2 appuyé par le COGES, l’organisateur de l'événement.
Les grands sujets pressentis cette année seront l’innovation avec un Eurosatory Lab qui rassemblera plus de 80 start-ups françaises et étrangères, la cybersécurité ou devraient être présentés de nombreuses solutions de brouillage, de guerre électronique ou de systèmes de protection. La robotique tient-elle aussi de plus en plus sa place au milieu des grands acteurs industriels et il y a fort à parier que de nombreuses start-ups auront à cœur de présenter leurs projets. Dernier sujet: l'aérien avec les drones et les moyens de les contrer, et la défense antiaérienne. Le conflit ukrainien a montré l’importance tactique de la suprématie de l’espace aérien et le salon n’échappera pas à cette actualité puisque plus de 80 entreprises devraient présenter des solutions anti-drones, mais aussi de l’interception à haute altitude ou de la détection radar.
Vous pourrez aussi retrouver toute l’équipe de Défense Zone sur le stand de notre partenaire M-PSEC dans le hall 5B sur le stand B358.
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