Brèves DZ #60 : Retrait Mirage 2000C, nouveaux Caesar en Ukraine, rapatriement blessés de guerre vers la France, OAP 2e REP Estonie, Attaque cyber Europe, coopération gendarmerie armée de Terre, Marine nationale, résultats KNDS

Chaque semaine, nous vous proposons un rapide debriefing de l'actualité nationale et internationale des derniers jours en matière de Défense et de Sécurité. Vous pouvez recevoir cet article directement par mail dans notre newsletter gratuite du lundi matin : inscrivez-vous en cliquant ici.

[Armée de l’Air et de l’Espace]

Le vendredi 23 juin marquait l'arrêt définitif des activités opérationnelles du Mirage 2000C. Depuis 1989 les 2000C RDI de l’escadron de chasse 2/5 « Île de France » assurent la sécurité et la souveraineté de l’espace aérien français dans le quart sud-est de l’hexagone. Le 9 juin dernier, deux Rafale monoplaces de Mont-de-Marsan ont relevé les chasseurs sur la BA 115 d’Orange-Caritat qui abrite les 40 derniers 2000C. 

Cette machine mythique de l'avionneur Dassault, est un avion de défense aérienne haute altitude/haute vitesse et fût le premier avion supersonique de l'armée de l'Air à se doter de commandes de vol électriques. Avec le Mirage 2000-5, il est aussi le seul à pouvoir dépasser Mach 2. Pur chasseur il pourtant su s’intégrer dans des opérations internationales, notamment lors de la guerre du Golfe en 90-91, en ex-Yougoslavie ou plus récemment en soutien des forces au sol de l’opération Barkhane grâce à l’ajout de bombes à guidage laser. Pour l’armée de l’Air et de l’espace, ce n’est pas encore la fin des célèbres avions à aile delta puisqu’elle continue d’employer des Mirage 2000D d’attaque au sol et d’appui, des Mirage 2000B de transformation opérationnelle et des Mirage 2000-5F d’interception et de défense aérienne.

Le 23 juin ne marque pas totalement la fin du 2000C puisqu’il survolera une dernière fois le ciel de Paris à l’occasion du défilé du 14 juillet.

[Ukraine]

Lors de sa visite en Ukraine le 16 juin dernier, le Président Macron a annoncé la livraison de six canons Caesar supplémentaires en plus des 12 déjà en service auprès des artilleurs ukrainiens. Cette nouvelle livraison intervient alors que le gouvernement de Kiev a dit s’attendre à une intensification de l’offensive russe dans le Donbass. Problème pour la France, les canons sont aujourd’hui prélevés sur la ressource opérationnelle de l'armée de Terre, ce qui représente près du quart des canons de 155mm (il en resterait 58 au total dans les régiments d’artillerie). Devant ce constat, le ministre des Armées a demandé à Nexter, le fabricant du Caesar de revoir son organisation pour accélérer sa production. Sébastien Lecornu a tenu à rassurer l’armée de Terre en promettant de réévaluer la loi de programmation militaire 2019-2025 et d’inscrire l’artillerie en priorité de la prochaine LPM. Le défi est de taille pour l’industriel français qui doit aussi honorer ces contrats à l’export et dont la capacité de production de l’usine de Bourges est actuellement de 10 Caesar par an.

[Ukraine]

Pour la deuxième fois, la France a rapatrié sur son sol des blessés ukrainiens. Dans le cadre de son soutien à ce pays en guerre face à la Russie, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en lien avec le ministère de la Santé et de la Prévention et le ministère des Armées, a conduit, jeudi 16 et vendredi 17 juin, deux nouvelles opérations d’évacuation et de prise en charge médicalisées, au profit de six blessés de guerre ukrainiens. À leur arrivée en France, les patients ont été transférés vers des hôpitaux civils et militaires à Paris et en région parisienne, avec le concours de la Croix-Rouge française et de l’Agence régionale de santé Île-de-France. Une première opération mise en place le 20 mai dernier avait permis le rapatriement de sept blessés de guerre ukrainiens, atteints de traumatismes orthopédiques des membres nécessitant des soins de chirurgie et de réadaptation. Ces opérations sont mises en place pour le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères par son Centre de crise et de soutien et ses ambassades à Kiev et à Varsovie. D’autres évacuations devraient suivre dans les prochaines semaines.

[Estonie]

Dans la nuit du 21 au 22 juin, une centaine de légionnaires de la 4e compagnie du 2e REP a sauté au-dessus du territoire estonien lors de l’opération Thunder Lynx. Cette manœuvre de la 11e brigade parachutiste s’est faite sur très court préavis à l’instar de la projection du 8e RPIMa en décembre dernier en République de Côte d’Ivoire. Le 21 juin, un A400M de l’escadron 4/61 « Béarn » à décollé de la base d’Orléans-Bricy direction la BA 126 de Solenzara en Corse. Une fois les légionnaires à bord, l’Atlas à décollé vers minuit direction le nord-est de l’Europe escorté par deux Mirage 2000-5. Six heures et 2 200 km plus tard, les paras ont sauté près de la ville d’Ämari à une trentaine de kilomètres au sud-est de Tallin, la capitale du pays. Dans la foulée du largage, les deux nations ont mené une série d'exercices tactiques avant de rembarquer pour la France. L’état-major des armées s'est félicité de cette manœuvre qui « rappelle la capacité des armées françaises à projeter des forces en urgence sur court préavis, en tout temps et en tous lieux, en appui ou en soutien de pays alliés en Europe. » 

Pour rappel, les Français sont déployés dans les États baltes depuis avril 2017 dans le cadre du dispositif Enhanced Forward Presence (eFP) de l’OTAN. Actuellement près de 300 soldats y sont stationnés. Depuis le 21 juin le mandat 14 de Lynx est composé d’une compagnie du 7e BCA d’une section de combat du 2e REG, de commandos montagne et d’éléments du 93e RAM et 28 RT.

[Cyber]

En début de mois, l’office de police européen EUROPOL a annoncé le démantèlement du logiciel malveillant « Flubot ». L’opération, dont les modalités d’intervention n’ont pas été dévoilées pour des raisons de sécurité, s’est faite par « d’autres moyens que l’attaque d’infrastructure physique » a déclaré Europol dans son communiqué de presse. Flubot s’attaquait via SMS aux téléphones portables sous système Android. Une fois le message ouvert, le logiciel espion avait accès aux mots de passe, coordonnées bancaires et carnet d’adresse, ce qui lui permettait de renvoyer ensuite d’autres messages personnalisés à partir du téléphone piraté. « À ce jour Flubot est un des programmes malveillants les plus évolués » a affirmé l’office européen. Plusieurs pays ont été touchés, plus particulièrement l’Espagne et la Finlande. L’opération menée en partenariat avec la police néerlandaise, mais aussi des services américains et australiens a permis de stopper la propagation du logiciel, la déconnexion de plus de 10 000 comptes infectés et la suppression de 6,5 millions de SMS. Si la police tente toujours d’identifier les responsables, Flubot est désormais “sous contrôle des forces de l'ordre” , c’est félicité EUROPOL.

[Coopération armée de Terre Gendarmerie]

Le 16 juin le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre et le général Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale se sont retrouvés sur le camp de la Valbonne au 68e régiment d’artillerie d’Afrique pour assister à un entraînement conjoint. Pendant plusieurs jours, artilleurs et gendarmes du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) d’Ambérieu-en-Bugey ont multiplié exercices tactiques, combat rapproché, maîtrise d’un forcené ou secourisme au combat. À plusieurs reprises des groupes mixtes ont répété des scénarios de crise comme l’interpellation d’un homme armé au milieu de la foule ou l’attaque sur un petit groupe de forcenés retranché dans une zone industrielle. Ce type de partenariat local s’inscrit dans le cadre d’un accord global entre l’armée de Terre et la Gendarmerie nationale signé en 2018 et renforcé suite à la mort de trois gendarmes tués par un forcené en 2020 dans le Puy-de-Dôme. « Quand on est face à un individu qui vous tire dessus, il n’y a quand même pas 156 solutions pour essayer de se protéger et neutraliser la personne pour éviter qu’elle ne tue quelqu’un. Cela paraît logique de s’inspirer de ceux qui sont en avance dans ce domaine-là », a déclaré le général Rodriguez à l’issue de la démonstration dynamique. Actuellement plus d’une centaine de gendarmes du PSIG sont déjà passés en formation avec les soldats de l’armée de Terre, à terme ils devraient être plus de 300.

[Marine nationale]

Le jeudi 23 juin a eu lieu le baptême du premier Remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage nouvelle génération (RIAS Ng) Abeille Normandie au Havre. Intégrée au sein de l’action de l’État en mer, la Marine nationale est chargée de l’assistance aux navires en difficulté (ANED) au large des côtes françaises. Pour ce faire, elle affrète des RIAS auprès de la société Abeilles International. Ces RIAS sont des bâtiments hauturiers robustes et puissants capables d’intervenir 24h/24 et 7 jours sur 7, même par forte mer, pour remorquer les navires en détresse jusqu’à l’abri le plus proche. L’Abeille Normandie qui remplace l’Abeille Languedoc a rejoint Boulogne-sur-Mer, son port de base, le 7 mai dernier et a été mise en service le 10 juin, après une période d’essais à quai et en mer. Les RIAS Ng sont plus performants grâce à trois zones de treuillage contre deux précédemment, des capacités de traction jusqu’à 280 tonnes contre 160 tonnes, une capacité d’accueil de 700 personnes contre 300, 2 embarcations de sauvetage contre 1, une grue plus puissante et des capacités anti pollution plus importantes.

[Industrie]

Le groupe de technologies de défense KNDS, issu de l’alliance entre Krauss-Maffei Wegmann (Allemagne) et Nexter (France), actuellement leader européen de systèmes de défense terrestres, de munitions et de soutien des matériels en service dans les forces, a présenté le 10 juin ses résultats financiers de l’année 2021. Malgré les conséquences de la pandémie et des contextes géostratégiques fluctuants, le groupe a poursuivi sa trajectoire de croissance grâce à une base solide d’activité.

Les prises de commandes en 2021 se sont établies à 2,8 milliards d’euros, et le carnet de commandes de KNDS s’élève à 10,7 milliards d'euros, un nouveau record pour le groupe franco-allemand. L’Allemagne a notamment passé d’importants contrats pour la remise à niveau du véhicule de combat d'infanterie Puma, la France et la République tchèque ont de leur côté confirmé l’acquisition de nouveaux systèmes d’artillerie Caesar.

Pour 2021 le chiffre d’affaires de KNDS s'élève à 2,7 milliards d’euros, pour des effectifs de 8 767 employés. Les livraisons des engins blindés Griffon et Jaguar à l’armée de Terre française et la mise en œuvre du programme “d'efficacité renforcée au combat” pour les Leopard 2 de la Bundeswehr allemande ont été les principaux moteurs de ces résultats . Pour 2022, KNDS prévoit de réaliser un CA de 3,1 milliards et poursuivre ainsi sa croissance. « Comme l'année dernière, nous avons atteint et dépassé tous nos objectifs économiques », déclare Frank Haun, CEO de KNDS. « Depuis février 2022, il est devenu évident que la manière de penser et d'agir en matière de politique de sécurité en Europe va profondément changer. Cela ne concerne pas seulement l'augmentation des investissements dans les capacités opérationnelles et dissuasives des forces armées européennes. Nous nous attendons également à une nouvelle phase dans la consolidation de l'industrie européenne de défense. KNDS a été fondée il y a maintenant sept ans pour jouer un rôle clef dans cette consolidation. Nous sommes déjà présents dans huit pays européens et nous allons encore renforcer notre position de leader en tant que fournisseurs européens de systèmes militaires terrestres. »

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