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Brèves DZ #66 : Tension Kosovo/Serbie, mort du chef d'Al-Qaïda, renfort avions US pour l'OTAN, manœuvres chinoises proximité Taïwan, nouveau patrouille outre-mer Marine nationale

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[Balkans]

Dimanche 31 juillet, la police kosovare a déclaré avoir été la cible de coups de feu près du poste-frontière reliant le Kosovo à la Serbie. Plus tôt dans la journée, des centaines de manifestants kosovars d’origine serbes avaient érigé des barricades avec plusieurs véhicules lourds sur les routes menant aux points de passage de Jarinje et Brnjak qui relient les deux pays. Les manifestants protestaient contre de nouvelles règles mises en place par Pristina et qui devaient entrer en vigueur le 1er août. Ces règles prévoient que toute personne entrant au Kosovo avec une carte d'identité serbe doit disposer d'un document temporaire lors de son séjour. Le gouvernement kosovar avait aussi donné deux mois aux Serbes du Kosovo pour remplacer les plaques d'immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo. Mais ces derniers, fidèles à Belgrade et ne reconnaissant pas l’autorité de Pristina, avaient déjà protesté à plusieurs reprises contre ces procédures. Dans un communiqué, le Premier ministre Albin Kurti a précisé : « qu’il s'agissait d'une mesure de réciprocité, car la Serbie, qui ne reconnaît toujours pas son indépendance, en exige autant des Kosovars qui entrent sur son territoire ». De son côté, le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré : « que la situation au Kosovo n'avait jamais été aussi complexe pour la Serbie et les Serbes qui y vivent et que l'atmosphère a été portée à ébullition, ajoutant que la Serbie gagnera si les Serbes sont attaqués ».

Ses tensions ne sont pas nouvelles entre les deux pays, déjà en septembre dernier plusieurs manifestations avaient eu lieu au nord du pays suite à la décision de Pristina d’interdire les plaques d'immatriculation serbes. 

Pour rappel, la Serbie s’est opposé aux volontés indépendantistes des Kosovars, majoritairement albanais, à la fin des années 90, ce qui engendra un violent conflit entre mars 1998 et juin 1999 et l’intervention d’une force internationale. La résolution 1244 des Nations-Unis votée à l’issue du conflit, autorisait le secrétaire général à mettre en place une présence internationale civile sur l’ancienne province serbe dans le but d’y « assurer une administration intérimaire » afin de permettre à la population de ce territoire de « jouir d’une autonomie substantielle au sein de la République fédérale de Yougoslavie ». Malgré cette résolution, acceptée par les deux parties, Pristina décida seule, de proclamer son indépendance en 2008. Depuis, les tensions sont toujours aussi vives entre les deux pays, certains observateurs craignant même une reprise plus large des affrontements. Face à cette situation, les unités de l’OTAN qui composent la force pour le Kosovo (KFOR) se sont dites prêtes à intervenir dans le cadre de la résolution 1244 tout en continuant à « soutenir pleinement le processus de normalisation entre Pristina et Belgrade et appelle toutes les parties à poursuivre les négociations ».

Mardi dernier, le gouvernement Kosovar a finalement décidé de reporter d’un mois l’entrée en vigueur des nouvelles règles à l’origine des tensions entre les deux communautés. 

 

[USA]

« Samedi, sur mes ordres, les États-Unis ont mené à bien une frappe aérienne sur Kaboul, en Afghanistan, qui a tué l’émir d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri…justice a été rendue et ce dirigeant terroriste n’est plus », a déclaré en direct à la télévision américaine le lundi 1er août, le président Joe. Biden, depuis la Maison-Blanche. 

Longtemps numéro 2 de l’organisation terroriste Al-Qaïda, Al Zawahiri en avait pris la tête suite à la mort de son chef historique Oussama Ben Laden à Abbottabad au Pakistan le 2 mai 2011. Longtemps donné pour malade et peu capable de prendre les rênes de l’organisation, il était de nouveau très actif depuis juillet 2021 une date qui coïncide avec le retour des talibans en Afghanistan. Depuis leur arrivée à Kaboul, le nouveau dirigeant avait multiplié les messages et diffusions vidéo, notamment pour tenter de reprendre une place dans le jeu de la nébuleuse terroriste fortement trustée depuis quelques années par l'État islamique. L’émir d’Al-Qaïda, que l’on  considère comme le cerveau des attentats du 11 septembre, était recherché depuis près de 10 ans, les États-Unis offraient même une prime de 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver.

Le terroriste a été tué par une frappe de drone sur sa maison de Kaboul où il avait été aperçu à plusieurs reprises sur son balcon, a précisé un responsable du Pentagone. Toujours selon ses déclarations, ce sont deux missiles Hellfire qui ont été tirés. Il semblerait fort, au vu du peu de dégâts sur la maison, que ces missiles puissent être des AGW-114R9X, une version particulière du Hellfire qui n’explose pas à l’impact, mais déploie, quelques secondes avant, six longues lames tranchantes. Sa précision permet ainsi de neutraliser la personne visée sans grands dégâts autour ni éclats. Dans un premier temps démentie par les autorités talibanes, l’attaque a finalement été confirmée quelques heures plus tard par la voix de leur porte-parole, dénonçant au passage une violation des accords de Doha de 2020. Les USA ont aussitôt réagi en arguant à leur tour que la violation venait bien d’Afghanistan, les accords stipulant que les talibans s’engageaient à ne pas accueillir des membres d’al-Qaïda sur leur sol. 

 

[USA]

Après six mois de conflit entre l’Ukraine et la Russie, les mouvements de renforts militaires occidentaux ne semblent pas faiblir. Ainsi, il y a quelques jours, les États-Unis ont annoncé envoyer 12 F22 Raptor en Pologne pour venir renforcer les avions-alliés (dont la France) chargés d’assurer la sécurité du flanc est de l’OTAN. Les appareils de 5e génération donnés pour assurer une supériorité aérienne, sont aussi capables d’embarquer deux bombes de précision GBU-32 ou huit bombes planantes de précision GBU-39. Un premier groupe de six chasseurs appartenant au 90e escadron de chasse du 3e Wing, de la base aérienne Joint Base Elmendorf-Richardson (Alaska) avait rejoint, le 28 juillet dernier, la base aérienne de Lakenheath (Suffolk, Royaume-Uni) avant de redécoller pour sa destination finale : la 32e base aérienne de Łask en Pologne. Ils ont été rejoints quelques jours plus tard par six autres chasseurs afin de compléter le dispositif. Les Raptors sont engagés dans la mission de l’OTAN baptisée « Air Shielding », un gigantesque déploiement militaire chargé de surveiller l’espace aérien sur le flanc est de l’OTAN et à la frontière ukrainienne. Au total ce sont plusieurs dizaines de chasseurs, avions de ravitaillement, de renseignement ou de drones de 15 nations qui sont déployés dans les pays baltes mais aussi en Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et Pologne. Pour cette mission, l’OTAN maintient 24/24 en trentaine d’aéronefs en vol. 

 

[Chine]

Jeudi 4 août, les forces chinoises de l’armée populaire de libération (APL) ont débuté d’importantes manœuvres militaires notamment dans 6 zones entourant l’île de Taïwan. Ces manœuvres, que de nombreux observateurs qualifient de sans précédent, sont une conséquence direct de la visite surprise de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis et numéro trois dans l’ordre protocolaire américain, aux représentants du gouvernement taïwanais. Arrivée dans un avion militaire le mercredi 3 août, la "speaker" de 82 ans est la plus haute responsable américaine élue à se rendre dans l'archipel en vingt-cinq ans. Avant même le début des manoeuvres de l’APL et en réaction à cette visite, plusieurs sites majeurs du gouvernement de Taipei dont les portails de l'administration présidentielle, du ministère des Affaires étrangères, ainsi que le principal portail internet du gouvernement en langue anglaise, ont fait l'objet de cyberattaques dans la nuit de mardi à mercredi rendant les sites totalement inaccessibles. Les manœuvres militaires quant à elles ne laissent aucun doute sur le thème tactique. L’île de Taïwan, dont Pékin ne reconnaît pas l’indépendance et considérée comme la 23e province de la République populaire de Chine, est bien l’enjeu de ce déploiement et se retrouve littéralement entourée par les navires chinois. Outre la marine, plus d’une centaine d’avions de chasse sont réquisitionnés, Taïwan a d’ailleurs affirmé que plusieurs d'entre eux avaient violé son espace aérien à plusieurs reprises. Ces opérations autour de l’île visent à montrer que « l’APL est capable de bloquer l’île et de résoudre la question taïwanaise par des moyens non pacifiques, si la situation devient irrémédiable », écrivait le Global Times, un journal inféodé à Pékin.

Toujours au premier jour des manoeuvres un communiqué du gouvernement taïwanais déclarait que « le Parti communiste chinois avait tiré de multiples missiles balistiques Dongfeng dans les eaux environnantes du nord-est et du sud-ouest de Taïwan à partir de 13h56 environ (07h56, heure française) ». En début de soirée le ministre de la Défense japonais a déclaré que cinq de ses missiles seraient tombés pour la première fois dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon. « Le Japon a déposé une protestation auprès de la Chine par la voie diplomatique  à précisé Nobuo Kishi, qualifiant l'incident survenu de problème grave qui affecte notre sécurité nationale et celle de nos citoyens ».

Ces manœuvres, les plus grandes de l’histoire autour de Taïwan selon plusieurs spécialistes, surviennent au niveau de routes commerciales parmi les plus chargées de la planète, et d'une importance stratégique et économique vitale, car elles permettent la connexion au monde des usines d'équipements électroniques et de semi-conducteurs d'Asie de l'Est et servent aussi au transport de gaz naturel.

 

[Marine nationale]

Le premier des six patrouilleurs outre-mer (POM) : l’Auguste Bénébig a démarré il y a quelques jours ses essais en mer. Destinés à remplacer les vieillissants patrouilleurs P400, les bâtiments de 80 mètres de longueur, 12 de large avec un tirant d’eau de 3,5m pour un déplacement de 1 300 tonnes (soit trois fois plus que le P400) devront assurer la sécurité maritime de trois grandes zones économiques exclusives françaises, à savoir la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et le Réunion. Annoncée par le Président de la République en 2019, cette commande soutenue par la loi de programmation militaire 2019-2025 a été attribuée au chantier naval de Boulogne-sur-Mer SOCARENAM. Construits en un temps record alors qu’ils étaient partis d’une feuille blanche, les six navires de la classe "Félix Eboué » sont « un condensé de haute technologie » selon Philippe Gobert, le PDG de la société. Servi par un équipage de 35 marins, le POM sera doté d’un radar de surveillance Kelvin Hugues Mk11 SharpEye en bande X, d’une capacité de communication par satellite et du système de gestion de combat Lyncea, conçu par NEXEYA. L’armement à bord se compose d’un canon télé-opéré de 20 mm et de quatre mitrailleuses (deux de 12,7 mm et deux de 7,62 mm). Le patrouilleur pourra aussi accueillir un drone aérien et trois embarcations. Désormais à la mer sous les ordres de son premier Pacha : le lieutenant de vaisseau Jean-François Cabaret, l’August Bénébig va rejoindre la base navale de Brest pour terminer ses essais pour une livraison à la Marine nationale prévue fin 2022 début 2023 avant son départ pour la Nouvelle-Calédonie, son futur port d’attache. La SOCARENAM a déjà entamé la construction de son binôme le Jean-Tranape. Les six POM, qui portent tous des noms d'ultra-marins héros de la France libre et Compagnon de la Libération, devront être livrés d’ici fin 2025. 

 

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