Brèves DZ #50 : Nouveau DRM, satellites de surveillance maritime, gendarmes scientifiques en Ukraine, collaboration polices franco-espagnoles, tir ASMPA-R, hélicoptère Boeing Defiant

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[Renseignement]

C’est un poste vacant qui vient de trouver preneur. Le mercredi 13 avril, le conseil des ministres a nommé le général Jacques Langlade de Montgros au poste de directeur du renseignement militaire (DRM). Cette fonction était inoccupée depuis le 31 mars, date du départ anticipé du général Éric Vidaud nommé l’an dernier après un jeu de chaises musicales qui a alimenté les conversations dans les couloirs du ministère des Armées. L’ex-DRM avait été évincé il y a quelques semaines après qu’on lui ait reproché un manque d’anticipation sur la guerre en Ukraine. 

Ce Saint Cyrien (promotion général Delestraint / 88-91) a notamment commandé le 1er RHP (2010-2012) et la 11e brigade parachutiste de 2019 à 2021. Le monde du renseignement ne lui est pas étranger. En effet, il a été affecté pendant trois ans (2007-2010) au bureau réservé du ministre de la Défense chargé des relations avec les services de renseignement du ministère et ce, en pleine création de la coordination nationale du renseignement. Il occupera ensuite le poste de chef du bureau renseignement du centre de planification et de commandement des opérations, le CPCO. Après son départ de Toulouse, le général de Montgros a été à la tête de la mission européenne en République Centrafricaine avant d’être nommé en février 2022 comme inspecteur à l’inspection de l’armée de Terre. Cette nomination permettra au général de prendre sa quatrième étoile et d’être élevé au rang de général de corps d’armée.

[Espace]

Avec 70 % d’occupation de notre planète, les mers et océans sont particulièrement difficiles à surveiller et contrôler. La France n’y coupe pas, d’autant plus qu’elle possède la deuxième plus grande ZEE (zone économique exclusive) du monde (espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains et économiques) avec plus de 10 000 000 millions de km2. Pour l’aider à lutter contre la pêche illégale et diverses activités illicites dans ses eaux, la société rennaise Unseenlabs lui fournit des nanos satellites capables de cartographier les mers avec une très grande précision. Cinq satellites sont déjà en orbite et deux autres devraient être opérationnels au mois d’avril, pour une facture globale d’une vingtaine de satellites, permettant d'avoir un œil sur l’ensemble de la planète. Avantage des appareils d’Unseenlabs pour le suivi des navires, les satellites ne se calent pas sur les balises des bateaux, qui peuvent facilement être déconnectés, mais sur les radiofréquences utilisées par les marins. Grâce à ce système qui permet de localiser précisément un bâtiment, l’entreprise affirme « pouvoir fournir une connaissance unique pour les opérations de sécurité nationale, la protection de l’environnement et un nombre croissant d’applications dans le secteur commercial ».

[Gendarmerie nationale]

Depuis le 11 avril, 18 gendarmes de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) sont arrivés en Ukraine pour apporter leur aide à l’identification des victimes retrouvées à Boucha, près de Kiev, après le départ des forces russes. À la demande et sous la responsabilité des autorités ukrainiennes, les experts français vont mettre en place une chaîne d’identification des 403 corps déjà retrouvés sur place. Outre les deux médecins légistes, les militaires français sont des experts en balistiques, empreintes dentaires, palmaires et ADN. Pour ce dernier, l’IRCGN est venu avec un laboratoire mobile d’analyse génétique. Ce système, conçu et breveté par l’IRCGN permet d’obtenir des analyses rapides d’ADN directement sur le terrain. Les éléments récupérés sur zone seront ensuite versés à des dossiers d’enquête nationaux et internationaux « pour apporter un appui concret aux efforts déployés par les autorités ukrainiennes et par les juridictions internationales, notamment la Cour pénale internationale (CPI), dans le cadre des enquêtes qu’elles ont engagées dans le contexte de la guerre en Ukraine, » précise un communiqué conjoint des ministères de l’Europe et des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Justice.

Cette équipe d'experts fait partie de l’unité d'investigation et d'identification (UII) dont nous avions parlé dans le numéro 5 de notre magazine et sur notre site internet. Cette unité de l’IRCGN est capable, avec des moyens techniques de très haut niveau, d'être projetée en moins deux heures après sa mise en alerte, et ce sur n’importe quel point du globe. Elle a déjà été mobilisée en OPEX au Mali, mais aussi suite au Tsunami de 2004, au crash d’avion de la Germanwings ou dernièrement après les explosions de Beyrouth en 2020. 

[Police nationale]

Il y a quelques semaines, la police aux frontières française et la police espagnole sont intervenues simultanément pour démanteler un réseau criminel impliqué dans la traite d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Sur 13 sites différents (7 en France et 6 en Espagne), les enquêteurs ont pu arrêter 13 personnes, libérer 25 victimes provenant principalement d’Amérique du Sud, et saisir plusieurs propriétés, plus de 300 000 € d’argent liquide et plus de 70 téléphones portables. Initiée par les policiers français, l’enquête a démarré en janvier 2021, mais le réseau semblait actif depuis déjà de nombreux mois. Les membres du réseau criminel, majoritairement de nationalité espagnole, exploitaient principalement des ressortissants colombiens en Espagne et dans la région de Nantes et recrutaient les clients via des sites Internet. Le réseau transportait ensuite les profits illégaux vers l'Espagne en utilisant des mules. Les criminels blanchissaient leurs gains en investissant dans l’immobilier, des bars et des clubs espagnols. 

Les interpellations se sont déroulées grâce à la coordination opérationnelle d’Europol pour faciliter l’échange d'informations. Trois experts étaient déployés en France et en Espagne pour traiter les informations en temps réel et apporter leur soutien technique en matière de recouvrement des avoirs. 

[Armement]

Fin mars, un communiqué du ministère des Armées annonçait le deuxième essai réussi d’un tir de qualification du nouveau missile air-sol moyenne portée amélioré rénové (ASMPA-R). Sous maîtrise d’ouvrage de la Direction générale de l’armement au bénéfice du maître d’œuvre MBDA, un Rafale, préparé par Dassault avec l’aide de la Marine nationale et de l’armée de l’Air et de l’espace, a tiré son missile suivi ensuite pendant sa trajectoire par les moyens de DGA Essais missiles de Biscarosse, Hourtin et Quimper. Ce deuxième tir (le premier date de décembre 2020) permet désormais de passer à la phase de production en série du missile supersonique porteur d’une charge thermonucléaire. Il équipera les Rafale F3R Marine et ceux de l’armée de l’Air et de l’Espace.

[Industrie]

L’hélicoptère Sikorsky-Boeing SB-1 Defiant X, candidat au programme FLRAA (Future Long-Range Assault Aircraft) de l'armée américaine, a effectué avec succès ses premiers vols d’essai en début d’année, notamment sur des atterrissages en zone confinée et des déplacements à basse altitude. Ces vols valident la pertinence de l’appareil, coproduit par Lockheed Martin et Boeing, pour les missions militaires, à savoir un système de rotor coaxial et une hélice de poussée permettant un « degré élevé de maniabilité tout en réduisant la charge de travail du pilote », précise Boeing.

« Lors du vol, l'appareil a atteint les 236 noeuds (près de 440 km/h) avant de décélérer rapidement à l'approche de la zone d’atterrissage. Ce type de décélération horizontale nous a permis de garder la zone d'atterrissage en visuel tout au long de l'approche sans avoir à subir la décélération et le cabrage typiques des hélicoptères », a rapporté Bill Fell, chef des essais en vol du constructeur américain. 

Début avril le Défiant X a franchi une nouvelle étape. Pour la première fois l’hélicoptère a quitté la Floride pour un voyage de près de 1 300 kilomètres vers Nashville pour le sommet annuel de l’Army Aviation Association of America pour présenter aux militaires américains les possibilités de ce programme qui aujourd’hui semble avoir les faveurs du Pentagone face à son concurrent Bell.

[Ukraine]

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