Brèves DZ #79 : Crash Mirage 2000, coupe du monde Qatar, tirs missiles Corée du Nord, FREEM Lorraine, retrait NH90 Suède, Arrivée Safran MBDA société CILAS
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[Armée de l’air et de l’espace]
Jeudi 3 novembre vers 14h45, un pilote de Mirage 200-5 de l’escadron de chasse 1/2 "Cigognes" a été contraint de s’éjecter alors qu’il se trouvait à environ cinq kilomètres de la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint Sauveur. Un communiqué de l’armée de l’Air et de l’Espace précisait que « le pilote est indemne et que l’appareil non armé a été retrouvé dans une zone boisée et n’a pas provoqué de dégâts majeurs au sol ».
C’est le quatrième appareil de ce type perdu par l’escadron basé en Haute-Saône. En 2013 et 2014 les pilotes avaient réussi à s’éjecter suite à une collision aviaire et une panne mécanique. En 2012 l’accident avait coûté la vie à un colonel taïwanais alors présent dans le cadre d’un programme d’entraînement.
[Coupe du monde]
C’est désormais acté depuis le 2 novembre, l’accord passé en 2021 entre le directeur de la Gendarmerie nationale et le responsable Qatari de la sécurité de la coupe du monde est inscrit au journal officiel. Le texte précise que cet accord « vise à assurer un haut niveau de sécurité de la Coupe du monde de football de 2022, au travers d'actions de conseil technique et d'assistance opérationnelle ».
Pour l’occasion, 200 gendarmes devraient assister à la compétition qui se déroulera du 21 novembre au 18 décembre 2022. Parmi eux, une vingtaine de gendarmes viennent du GIGN, accompagnés par dix équipes cynotechniques et autant de démineurs. La majorité, soit 170 gendarmes, sont des spécialistes de la lutte anti-drones. Les gendarmes seront renforcés par une dizaine de policiers ayant travaillé sur les mouvements hooligans. Le décret stipule que les agents français seront en tenue sur le territoire Qatari et pourront porter leur arme de service. Un long chapitre précise les modalités juridiques en cas d’infraction d’un des agents lors de sa présence sur le territoire.
Le partenariat pourrait aussi porter sur de la surveillance portuaire et maritime ainsi qu’une assistance technique en matière de cybersécurité.
La France ne sera pas la seule nation étrangère à porter une assistance sécuritaire puisque le Royaume-Uni vient de déployer quatre Eurofighter Typhoon sur la base aérienne de Dukhan pour la surveillance de l’espace aérien. L’Italie, qui n’est pas qualifiée pour la compétition, enverra de son côté près de 560 militaires avec des véhicules, un drone sous-marin, un patrouilleur polyvalent de haute mer et des spécialistes NEDEX (déminage) et NRBC.
[Corée du Nord]
Cette dernière semaine sera marquée, encore une fois, une nette escalade de tension entre la Corée du Nord et ses voisins les plus proches.
Mercredi 2 novembre 23 missiles ont été tirés dont un est tombé à proximité des eaux territoriales sud-coréennes. Cette dernière a aussitôt répliqué en lançant trois missiles en direction de la mer. La veille, trois missile balistique nord-coréens avaient été tirés, l’un d’eux avait franchi la « ligne de limite du Nord » qui marque la frontière maritime entre les deux pays. Ce tir, le premier aussi près des eaux territoriales depuis la guerre de Corée en 1953 avait provoqué un niveau d’alerte jamais atteint et même contraint les habitants de l’île d’Ulleungdo (120 km à l’est de la péninsule sud-coréenne) à se réfugier dans des bunkers.
Jeudi 3 novembre Pyongyang a renouvelé ses provocations avec un nouveau tir dont un missile balistique intercontinental. Le lancement de ce dernier aurait apparemment échoué lors de la séparation du deuxième étage après avoir néanmoins 760 km. Ces derniers tirs auraient déclenché une alerte dans le nord du Japon.
Face à ces provocations du leader Kim Jong Un, l’armée de l’air sud-coréenne a décidé de prolonger ses exercices aériens, les plus importants jamais organisés avec les États-Unis qui ont débuté le 31 octobre dernier.
[Marine nationale]
Jeudi 3 novembre à 12h30 au son du célèbre Bagad de Lann-Bihoué la dixième et dernière frégate multimission (FREMM) baptisée "Lorraine" a quitté les chantiers de Naval Group de Lorient.
Il aura fallu plus de trois millions d’heures pour construire le navire de 142 mètres de long pour un déplacement de 6 000 tonnes. Tout comme sa grande sœur : l’Alsace, la Lorraine sera principalement dédiée à la lutte antiaérienne. Pour cela elle sera armée du système Sylver A50 manageant 16 missiles Aster 15 et 16 Aster 30 auquel il faut ajouter des missiles Exocet MM40 Block 3, une tourelle de 76mm et deux canons télé opérés Narwhal de 20 mm construits par Nexter. Huitième de cette série, la Lorraine garde cependant ses capacités de lutte anti-sous-marine grâce notamment au sonar remorqué Captas 4 de chez Thales dont les performances sont reconnues par les plus grandes marines internationales.
Les capacités de défense antiaérienne de la frégate permettront d’assurer la protection du groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle lors de ses futurs déploiements.
Selon le chef d'état-major de la Marine nationale, l’amiral Pierre Vandier, l’arrivée de la Lorraine dans les forces assure la régénération de la colonne vertébrale de la marine qui est « totalement renouvelée et dotée dorénavant de quinze frégates de premier rang modernes. »
Comme la tradition l’exige, 21 coups de canons ont été tirés par le bâtiment au passage de Larmor-Plage avant de prendre la mer. La FREMM et ses 94 membres d’équipage devraient rejoindre Toulon, son futur port d’attache, le 10 novembre prochain.
[Suède]
La série noire semble continuer pour le NH 90, l'hélicoptère construit au début des années 90 par le consortium NHI (Nato Helcoptere Industry) rassemblant Airbus Hélicoptères pour la France et l’Allemagne, Fokker pour les Pays-Bas et AgustaWestland (Futur Leonardo) pour l’Italie.
Depuis quelques années, l’appareil vendu à 566 exemplaires (418 en version terrestre et 148 en version navale) a connu de nombreux déboires. En cause des coûts de maintenance très élevés, des pièces de rechange qui peinent à être livrées, des problèmes de corrosions sur la version marine et des taux de disponibilité très faibles. En 2020 la Belgique et l’Australie ont annoncé leur souhait d’opérer un retrait d’un partie de leur parc d’appareil alors qu’en 2022 la Norvège annonçait le renvoi à NHI de l’ensemble de ses hélicoptères soit 14 NH 90.
Mardi 1er novembre, c'est au tour de la Suède, par la voix de son chef d’état-major des armées, de signaler son mécontentement sur les performances de ses machines. Déjà en 2018 un rapport précisait que le coût d’une heure de vol de la version navale était estimé à plus de 25 000€ soit très largement supérieur à ce qui était annoncé initialement. Le haut gradé suédois a donc décidé de suivre son voisin norvégien avec le retour pur et simple au constructeur de ses 18 machines (13 en version terrestre et 5 marine).
C’est l’industriel américain Sikorsky avec son UH 60 Black Hawk qui devrait très certainement remporter le marché pour équiper les forces terrestres. La marine quant à elle n’a pas encore annoncé le remplaçant des ASM même si le MH 60, toujours de Sikorsky, fait figure de grand favori.
[Industrie]
Mercredi 2 novembre, après de longs mois de négociations, MBDA et Safran ont annoncé officiellement l’acquisition majoritaire (63%) de Cilas (compagnie industrielle des lasers), une PME française spécialisée dans la technologie des lasers. La prise de participation dans cette pépite de l’industrie française de pointe, mais en proie à de grandes difficultés financières depuis la crise du COVID, avait valu une bataille fratricide entre plusieurs grands groupes.
En juin 2021 Lumibird une ETI bretonne avait réussi à racheter 37% du capital de CILAS à AREVA deuxième actionnaire derrière Ariane Group au nez et à la barbe de Safran qui souhaitait pourtant revenir en force dans la filière des activités laser qu’elle avait abandonnée en 2011. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie de croissance dans les activités souveraines et de l’importance que les armes laser prennent désormais dans la politique d’équipements de la défense, notamment dans la lutte anti drone, Safran et MBDA, se sont associés dans un société conjointe crée pour l’occasion et baptisée HMS Laser. Le rachat des parts à Ariane Group s’élèverait entre 50 et 100 millions d’euros.
Le consortium a dû attendre l’avis de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne saisi par d’autres entreprises qui craignait que ce rachat place HMS en situation de quasi-monopole. Le rapport de cette dernière a conclu que : « la concentration ne soulèverait pas de problème de concurrence compte tenu de son impact limité sur la structure du marché, ainsi que du fait que la nouvelle entité n’aurait pas la capacité de verrouiller l’accès des potentiels fournisseurs d’effecteurs lasers à un éventuel marché des systèmes d’armes laser. La transaction a été examinée dans le cadre de la procédure normale de contrôle des concentrations ».
Depuis quelques années, les armées s’intéressent de très près aux armes à effet dirigé (laser). En juin dernier la Direction générale de l’armement avait commandé un premier prototype d’une arme laser HELMA-P auprès de CILAS pour un montant de 10 millions d’euros.
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