Brèves DZ #74 : Budget des armées, drone sous-marin, exercice Manticore, DGA, hélicoptère marine, Nord Stream, nouvelle offre Défense Zone
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[Ministère des armées]
Il était très attendu par les armées et sans surprise. Le budget qui leur sera consacré en 2023 est confirmé dans la trajectoire de la Loi de programmation militaire 2019-2025 qui doit amener le budget annuel de la Défense à 50 milliards en 2025 pour atteindre à terme les 2% du PIB.
Pour 2023, l’apport de 3 milliards d’euros portera ce budget à 44 milliards, les 3 milliards supplémentaires chaque année permettront donc d’atteindre en 2025 les objectifs initiaux.
La mission « Anciens combattants, mémoire et lien avec la Nation » sera quant à elle dotée d’un budget d’1,8 Md€, du côté des retraites et pensions, la somme atteint désormais les 9,2 Mds.
Pour entrer un peu plus dans le détail, les équipements représentent près de 25 Md d’euros et la masse salariale près de 13 milliards. 1,2 Md est consacré aux opérations extérieures et intérieures.
Pour rappel, l’augmentation du budget de la défense correspond à une hausse de 7,4% par rapport à cette année et près de 36% depuis 2017.
[Drone]
On parle beaucoup des drones aériens et terrestres, mais proportionnellement assez peu de ceux destinés au monde du silence. Pourtant, la plupart des grandes puissances militaires se penchent avec intérêt sur les drones sous-marins. Ainsi, la DARPA, l’agence de recherche du ministère de la Défense américaine a lancé il y a plus de trois ans un appel d’offres pour fournir à la Navy un drone doté d’une grande autonomie et capable de mener des missions de surveillance et de détection océanique sur de longue distance. En 2020 l’agence américaine avait retenu quatre industriels, ils ne sont désormais plus que deux depuis fin septembre. Martin Defense Group et Northrop Grumman sont pour le moment en concurrence, mais ce dernier vient déjà d’annoncer les essais d’un drone de nouvelle génération inspiré de la vie sous-marine en l’occurrence de la raie manta. « Le programme Manta Ray de la DARPA a réalisé des avancées significatives pour permettre aux véhicules sous-marins autonomes capables de transporter des charges utiles de fonctionner indépendamment des navires avec équipage ou des infrastructures de soutien, a déclaré le commandant Kyle Woerner, responsable du programme. Manta Ray se positionne de manière unique pour introduire simultanément une nouvelle classe de véhicules sous-marins tout en apportant des technologies de composants clés à d'autres programmes sous-marins vitaux. »
Manta Ray est l'un des nombreux systèmes maritimes sans pilote étudiés par les agences de recherche du Pentagone et qui finiront probablement dans la flotte de la marine. Le service maritime a d'ailleurs récemment annoncé qu'il avait entamé la construction d'une installation basée en Californie qui abritera un grand nombre de ces systèmes ainsi que les activités d'essai auxquels ils sont soumis.
[Armée de Terre]
Du 12 septembre au 10 octobre, plusieurs formations de l’armée de Terre participent à l’exercice Manticore. Pour la première fois, trois grandes unités ont mixé leur exercice annuel : Acynonix pour la 11e brigade parachutiste, Baccarat pour la 4e brigade d'aérocombat et Gorgones pour le Commandement des forces spéciales Terre. Préambule à l’exercice majeur des armées Orion qui débutera en février 2023, Manticore a rassemblé sur le terrain près de 3 000 hommes et plus de 300 véhicules principalement sur l’Occitanie, mais aussi quelques départements plus au Nord. Pour la 11e BP, si toutes les unités étaient sur la brèche, ce sont les légionnaires du 2e REP qui ont constitué l’ossature du GTIA avec quatre compagnies alignées et son état-major sous les ordres du chef de corps le colonel Baptiste Thomas. Si les trois brigades, spécialisées dans le combat en profondeur ont fort logiquement travaillé ensemble, une des particularités de l’exercice venait dans la multiplicité des « reprojections ». Ainsi après un largage pour la prise de l’aéroport de Castres, les parachutistes ont effectué une deuxième phase d’assaut par sauts sur la zone aéroportuaire de Rodez. La distance, la durée, et donc la fatigue, combinées à une manœuvre logistique complexe faisaient de Manticore un des premiers grands exercices de haute intensité, un concept cher au chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard.
[DGA]
C’est un tweet de la Direction générale de l’armement (DGA) qui ne passe pas inaperçu. Le 22 septembre, la DGA publiait une première image du drone AVATAR (Action par Vecteur Aérien de Tir d’Armement Robotisé) équipé d’un fusil d’assaut HK 416 en version courte. Si l’idée d’équiper un drone d’une arme à feu n’est pas nouvelle, l’américain Robotics avait déjà présenté son robot-chien équipé d’un MK-17, c’est une des premières fois que le système est présenté sur un engin volant. Le projet mené entre la DGA TT (techniques terrestres) et l’agence innovation défense (AID) sur le site de Bourges doit « permettre à l’armée de Terre de réaliser des travaux technico-opérationnels pour affiner la compréhension des avantages et inconvénients de ce type de système » précisait un communiqué de la DGA. Monté sur ce qui semble être un drone Matrice 600 du fabricant chinois DJI, le système pourrait être destiné à de la reconnaissance et de l’appui feu notamment en milieu urbain. Équipés de deux systèmes de liaisons distincts (pilotage et déclenchement du tir), les premiers essais avec des munitions réelles devraient se faire avant la fin de l’année pour tester, entre autres, les effets du recul sur l’engin télépiloté à sa précision à 150 mètres environ. L’emploi d’un drone commercial permet pour le moment à la DGA de « gagner du temps » pour les phases d’essais. SI l’expérimentation s’annonce concluante, les armées pourraient développer leur propre système de combat.
[Marine nationale]
Vendredi 22 septembre, sur la base aéronautique navale d’Hyères, la direction générale de l’armement a livré le premier hélicoptère H160 de la flotte intérimaire de la Marine nationale. Premier d’une série de six appareils fabriqués conjointement par les sociétés Airbus Helicopters, Babcock et Safran Helicopter Engines, les H160 vont permettre aux flottilles de Caïman marine et Panther de se concentrer sur leur mission opérationnelle de combat depuis les frégates. Destinés aux missions SAR/SECMAR (search and rescue/ secours maritime) les H160 sont équipés d’un treuil, d’une cabine modulaire, d’un système électro-optique Euroflir 410 et sont certifiés pour le vol avec jumelles de vision nocturne. L’hélicoptère servira aussi de plateforme de développement pour la future version militaire : le HIL Guépard dont la première livraison à la Marine nationale est annoncée à l’horizon 2029.
À l’issue de la période d’expérimentation et de la certification « marine » délivrée par le Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale (CEPA/10S), les premiers équipages formés sur H160 composeront la Flottille 32F actuellement mise en sommeil. Elle sera réactivée pour l’occasion et implantée au sein de la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic. La 32F déploiera des détachements de secours maritime H160 à Lanvéoc-Poulmic, Cherbourg et Hyères.
[Europe]
Depuis quelques jours les images ont fait le tour du monde. Le bouillonnement provoqué par les fuites massives de méthane en pleine mer baltique dû à plusieurs explosions sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 n’est pas passé inaperçu. La première fuite a été identifiée sur le Nord Stream 2 le lundi 26 septembre, deux autres furent détectées dès le lendemain sur le Nord Stream 1. En fin de journée le 28 septembre, les gardes-côtes suédois déclaraient avoir détecté une quatrième fuite. Les incidents sont tous localisés au large de l’île danoise de Bornholm dans les eaux territoriales du pays ainsi que celle de la Suède. Les deux gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne et permettent à l’entreprise Gazprom d’acheminer de grandes quantités de gaz vers l’Europe de l’Ouest.
Déjà avant la guerre, ces pipelines faisant l’objet d’une véritable bataille géopolitique (voir notre article dans le N°7 de Défense Zone) la pression américaine, elle aussi productrice de gaz à destination de l’Europe, avait jusque-là bloqué l’ouverture du 2e gazoduc. Nord Stream 1 quant à lui a été mis à l’arrêt par Berlin depuis le mois d’août en représailles suite à l’invasion Russe en Ukraine.
Le réseau sismique danois ayant enregistré deux puissantes explosions sous-marines quelques minutes avant les fuites de gaz, l’hypothèse d’un sabotage a immédiatement été évoquée par plusieurs pays. À ce stade, russes et occidentaux se renvoient la balle, chacun accusant l’autre d’en être l’instigateur. Sur Twitter, le conseiller de la présidence ukrainienne affirmait que « La fuite de gaz à grande échelle de Nord Stream 1 n'est rien de plus qu'une attaque terroriste planifiée par la Russie et un acte d'agression contre l'Union européenne » « Stupide et absurde » répond la Russie expliquant que le gaz qui s’échappait lui appartenait. L’Union Européenne de son côté déclarait que : « Toute perturbation délibérée des infrastructures énergétiques européennes est totalement inacceptable et fera l'objet d'une réponse vigoureuse et unie ». Mercredi 28 septembre la sûreté danoise a annoncé dans un communiqué prendre la direction d’une enquête pour sabotage aggravé arguant qu’il « pourrait s'agir d'un crime grave en partie dirigé contre les intérêts suédois et qu’il n'est pas exclu qu'une puissance étrangère soit impliquée ».
[Défense Zone]
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