Brèves DZ #69 : Livraison Typhoon au Qatar, EBRC Jaguar au 1er REC, augmentation budget défense Taïwan, mise à jour brèves
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[Aéronautique]
Le 15 août dernier au Royaume-Uni s’est tenue une cérémonie officielle pour la livraison du premier Typhoon de BAE Systems à la Qatar Emiri Air Force (QEAF). L’arrivée du premier chasseur européen du groupe Airbus est une nouvelle étape suite à la signature en 2017 d’un contrat entre le constructeur britannique et l’émirat du Moyen-Orient qui portait sur l’achat de 24 Typhoon, très certainement dédiés à la maîtrise de la supériorité aérienne et à l’interception. Outre la fourniture des avions, le contrat, finalisé en 2018, prévoit également le soutien de la flotte, la livraison du matériel de rechange et de l'armement associé. Les Typhoon qataris seront armés par des missiles air-air longue portée METEOR, des missiles air-sol BRIMSTONE et des bombes air-sol guidées laser Paveway IV. La formation des pilotes devrait, en partie, se dérouler sur la base de la RAF de Leeming (Yorkshire du Nord) qui abrite une unité d'entraînement anglo-qatari dotée de Hawk Mk-167 acheté par l’émirat à BAE. Quant aux pilotes évoluant sur F15Q et Rafale ils feront leurs classes au sein de l’international Flight training school sur la base de Galatina en Italie au manche des trois Aermacchi M-346 acheté au constructeur transalpin Leonardo.
En effet, avec l’arrivée du Typhoon, la QEAF aligne désormais une force aérienne dotée des deux grands chasseurs européens (Rafale et Typhoon), puisque les Qataris volent déjà sur le chasseur de Dassault au standard EQ et DQ et attendent une prochaine livraison de 12 appareils au standard F3R. Comme pour l’avion français, les 24 F15 QA sont eux aussi plutôt dédiés au combat multirôle.
Un communiqué du constructeur britannique se félicitait de cette première livraison du Typhoon tranche 3 qui « marque une nouvelle étape de notre collaboration conjointe Royaume-Uni-Qatar, collaboration qui prévoit également le partage de formation et d'expertise entre nos forces aériennes respectives et garantira que nos deux nations restent à la pointe de la capacité de défense, et précisant que ce nouvel avion de combat apportera un soutien essentiel lors de la prochaine coupe du monde de football qui se déroulera au Qatar en novembre prochain. »
[Armée de Terre]
Dans le cadre de la livraison des équipements du programme Scorpion, l’arrivée de l’engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC) Jaguar dans les unités opérationnelles est désormais une réalité. Il y a quelques jours, le 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC), unique régiment de cavalerie de la Légion étrangère basé au Camp de Carpiagne dans les Bouches-du-Rhône, a accueilli officiellement dans ses murs les deux premiers blindés de nouvelle génération. Ils seront servis par les équipages constitués de pilotes, tireurs et chefs d’engins ayant suivi une instruction de six semaines au centre de formation et de perception interarmes (CFPIA) du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique (RCA) à Canjuers.
Ces deux premiers Jaguar seront rejoints dans quelques semaines par de nouveaux véhicules destinés à remplacer les ERC 90 et AMX 10 RC des régiments de cavalerie légère de l’armée de Terre. L’EBRC, fabriqué pour un groupement d’entreprises formé par Nexter, Thales et Arquus, est un engin aérotransportable de 25 tonnes doté d’un canon télescopé de 40 mm, d’une mitrailleuse de 7;62mm téléopérée et de missile MP Akeron (ex MMP) capable de traiter des cibles blindées à une distance de 4 000m. Véhicule 4×6 crabotable en 6×6, le Jaguar peut atteindre 90 km/h sur routes et près de 70 km/h en tout-terrain. Équipé du système de communication SICS, de la radio CONTACT et de nombreux capteurs de détection laser et de tir acoustique, il s’intègre parfaitement dans la bulle du combat Scorpion, notamment pour le partage d’informations et la désignation de cibles ennemies.
Déjà équipée de 20 Jaguar au CFPIA, les forces devraient recevoir 18 exemplaires supplémentaires d’ici la fin de l’année. La loi de finances 2022 prévoit une livraison de 135 exemplaires (au lieu des 150 initialement prévus) d’ici 2025 et 300 EBRC à l’horizon 2030. Après la Légion étrangère, ce sont les marsouins du régiment d’infanterie de chars de marine (RICM) de Poitiers qui seront les prochains cavaliers à accueillir leurs premiers exemplaires du Jaguar.
[Asie]
Alors que les tensions sont toujours très vives entre Taïwan et la Chine, le gouvernement de Taipei a annoncé le jeudi 25 août une hausse record de plus de 13% de son budget consacré à la défense. Il y a quelques semaines, la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi avait déclenché la fureur de Pékin qui considère l’île comme une de ses provinces. Depuis plusieurs années et les nombreuses manœuvres militaires près de l’archipel, les autorités taïwanaises redoutent une opération militaire pour faire chuter son gouvernement. Les tensions ont nettement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, et ce n’est pas la récente invasion de l'Ukraine par la Russie qui a démontré qu’un pays puissant et autoritaire pouvait passer rapidement des menaces verbales à une intervention armée qui a rassuré les autorités taïwanaises. De fait, depuis 2020 les provocations de l’armée populaire de chine (APL) sont de plus en plus nombreuses. Selon une base de données compilée par l’AFP, il y a eu plus de 950 incursions de l’APL dans l’espace aérien taïwanais en 2021 soit deux fois plus que l’année précédente.
Malgré une infériorité numérique flagrante (88 000 soldats sur l’archipel contre plus d’un million en Chine), Taipei annoncé par la voix du porte-parole du ministère de la Défense un nouveau budget de 13,7 milliards d'euros pour l'an prochain, soit une hausse de 13% par rapport à l'année dernière. À cette somme, il faut ajouter une enveloppe spéciale de 3,6 milliards d’euros pour l’achat de nouveaux équipements militaires, dont des avions de chasse. D’ici l’année prochaine, le budget consacré à la Défense devrait atteindre 20 Mds d’euros soit une augmentation de 100 % en 10 ans.
[mise à jour]
Dans cette rubrique nous revenons sur les évolutions les plus récentes concernant des sujets traités lors de précédentes brèves. Cela commence par le projet de plusieurs associations et partis politiques suisses de bloquer un futur achat de F 35 américains pour renouveler le parc de plus en plus vieillissant de son armée de l’air. Pour rappel, en 2021, suite à un appel d'offres, le gouvernement fédéral avait décidé l’achat de 36 chasseurs F35A block 4 de l’américain Lockheed-Martin au détriment du Rafale français. Avec de probables augmentations du coût financier de l’appareil à cause d’un changement possible de motorisation pour répondre au cahier des charges et des retards de livraison, mais aussi d’autres arguments (maintien en condition opérationnelle, proposition française de partenariat, etc.) les opposants ont lancé une grande campagne afin de récolter 100 000 signatures pour être en mesure de soumettre cette commande à une votation populaire. La semaine dernière le quota a été atteint et les signatures furent déposées devant le conseil fédéral. Mais Berne n’entend pas fléchir aussi facilement et a immédiatement réagi en arguant que pour que la votation passe au parlement avant la fin de l’offre du constructeur américain (31 mars 2022, NDLR), il faudra présenter cette initiative au parlement le 9 novembre au plus tard « Même en resserrant les procédures habituelles de l’administration fédérale, il est impossible de tenir le calendrier exigé, cela parce que le devoir de diligence ne serait pas respecté et que le Conseil fédéral et le Parlement ne pourraient donc pas traiter l’initiative avec le soin nécessaire », précisait un communiqué diffusé le 24 août dernier. Le Département de la défense, de la protection de la population et des sports [DDPS], craint par ailleurs qu’un report de la commande puisse non seulement augmenter le coût défini dans le contrat initial, mais faire passer la Suisse derrière d’autres pays ayant signé, ou en passe de la faire, pour l’achat de F 35. Dès 2030 l’armée de l’air suisse pourrait être privée de ses capacités de protection de l’espace aérien avec la fin de vie annoncée de ces F16. Si rien n’est encore totalement acté, la réponse d’un possible débat devant le parlement devrait arriver d’ici quelques semaines.
Lors des brèves 67 du 12 août, nous vous parlions de l’emploi du missile antiradar AGM-88 HARM par les forces ukrainiennes, mais sans avoir d’éléments sur le vecteur employé pour le tirer. C’est finalement le Pentagone qui a dévoilé l’information lors d’une conférence de presse pour notifier une nouvelle aide des États-Unis de 3 milliards de dollars supplémentaires. C’est donc bien , avec une adaptation non détaillée, sur les MIG 29 Fulcrum de fabrication soviétique que sont fixés les missiles. Le maintien en condition des appareils va désormais devenir une priorité des Ukrainiens (et des Américains qui leur fournissent des pièces de rechange achetées dans le monde entier). En effet, même si les HARM offrent une capacité supplémentaire aux chasseurs, les forces aériennes ukrainiennes en ont déjà perdu au moins 14 sur les 51 qu’elle possédait.
Il est revenu, mais pas forcément comme l’industriel aurait souhaité. Après 64 jours de vol, le drone stratosphérique Zephyr se serait écrasé dans le désert de l’Arizona. Le drone de 25 mètres d’envergure pour un poids de 75 kilos et propulsé à l’énergie solaire avait décollé le 15 juin dernier depuis la base aérienne d’essais de Yuma (Arizona) occupée par l’US Army Futures Command. Les essais en vol, menés à une altitude de plus de 23 kilomètres, avaient jusqu’alors été menés tambour battant à tel point que la décision de le faire poser avait été reportée à plusieurs reprises. C’est finalement le site spécialisé Simple flying qui suivait l’appareil depuis plusieurs semaines qui a constaté une perte d’altitude brutale avec un décrochage de plusieurs milliers de mètres et une augmentation de sa vitesse de descente jusqu'à la perte de son signal radar ce qui signifiait très certainement une fin « peu glorieuse » selon le site américain. Sans confirmer le crash, L’US Army Futures, Command a déclaré « qu’après 64 jours de vol stratosphérique et la réalisation de nombreux objectifs au cours de sa mission, le Zephyr a connu des circonstances qui ont mis fin à sa campagne de vol ». Pour l'anecdote, le Zephyr S d’Airbus était à quelques heures de battre le record du plus long vol de l’histoire. En février 1959, les aviateurs américains Robert Timm et John Cook réussirent on volé pendant 64 jours 22 heures 19 minutes et 5 secondes à bord d’un Cessna 172 Skyhawk qui était ravitaillé en carburant par un tuyau relié à un camion roulant à la même vitesse sur une route rectiligne.
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