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Brèves DZ #67 : Qualification au combat aérien pilotes français, envoi de matériel militaire US en Ukraine, vol longue durée d'un drone stratosphérique, renforts européens lutte contre les incendies

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[Armée de l’Air et de l’Espace]

Il y a quelques semaines, le général de division Moritz, commandant du centre d'Expertise aérienne militaire (CEAM) a remis les premiers diplômes de Qualified Weapons Instructor (QWI) à cinq stagiaires de la formation QWI Rafale. Cette formation est dispensée par la Weapon School une jeune entité créée il y a un an au sein du CEAM / AWC (pour Air Warfar Center), elle-même née en 2015 de la fusion du centre d’expériences aériennes militaires et du centre tactique Air du Commandement des forces aériennes (CFA).

Sur le modèle d’écoles anglo-saxonnes comme la célèbre Top Gun de l’US Navy ou de la Weapons School de l’US Air Force et leur programme de Strike Fighter Tactics Instructor, les cinq stagiaires (quatre pilotes de l’AAE, un navigateur officier système d’armes et un pilote de la Marine nationale) ont suivi une formation de six semaines sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Le but de ce stage selon le CEAM : « permettre aux stagiaires de parfaire leur connaissance et leur maîtrise de leur système d’arme et d’approfondir les tactiques, les techniques et les procédures des engagements dits de "haut du spectre". Leur diplôme en poche, les nouveaux qualifiés devront délivrer ces connaissances aux équipages de leurs unités respectives. » Pour ce premier stage, pas moins de 27 instructeurs de 5 unités différentes ont été mobilisés pour encadrer et instruire les pilotes.

Le programme, particulièrement dense, a débuté par une phase théorique axée sur la guerre électronique, l’emploi des capteurs et des armements air-air dans un environnement aéronautique contesté (avec de fortes menaces et un brouillage intensif). À l’issue, ils ont entamé une phase pratique, pour commencer, au centre de simulation Rafale nouvelle génération (CSR-NG), leur permettant de répéter des missions de guerre avec le Rafale F3R dans des conditions très proches de la réalité et de travailler la standardisation et la mécanisation (réflexion, exécution, débriefing, analyse), lors de missions de haute intensité. Les phases de vols dans différentes configurations ont ensuite alterné les journées, et les nuits des stagiaires, avec un travail sur la tactique du combat aérien, mais aussi la maîtrise de l’emploi des réseaux de données tactiques.

Fraîchement diplômé, le capitaine Mickaël, pilote au sein de l’escadron de chasse 3.30 “Lorraine” dresse un premier bilan de ces six semaines : « Cette formation me permet à la fois de continuer à progresser, mais aussi d’appréhender mon rôle au sein de l’unité avec un autre angle tout en lui donnant une légitimité certaine. Le Rafale est constamment en évolution ce qui en fait un vecteur d’humilité obligeant sans cesse à remettre en question ses connaissances. Cette formation permet à tous les QWI de mettre à jour un socle de connaissances solides dans tous les domaines. Fort de cette formation, l’étape suivante consistera, de retour en unité, à s’assurer de la bonne application des techniques de combat standardisées au travers du réseau QWI. Ce même réseau en étroite collaboration avec la Weapons School tâchera d’élaborer les différentes tactiques qui permettront à toute la force Rafale de faire face aux éventuels engagements du haut du spectre »

 

[Ukraine]

Le 8 août, lors d’une annonce en direct, le sous-secrétaire américain à la défense Colin Kahl a confirmé le déblocage d’un budget d’un milliard de dollars supplémentaires pour fournir du matériel militaire à l’Ukraine (Kiev a déjà reçu pour près de 10 milliards de dollars de la part des Américains). Pour cette nouvelle livraison, on retrouve des munitions pour les lance-roquettes HIMARS, 75 000 obus de 155mm, des missiles pour les systèmes antiaériens NASAMS, des mortiers avec leur obus, 1 000 Javelin, des lance-grenades antichars, des AT4, des mines antipersonnel Claymore, de l’explosif C4, ainsi qu’une cinquantaine de véhicules blindés M113 en version médicalisée et des kits de premiers soins. 

Avec l’arrivée de quatre HIMARS supplémentaires et déjà doté de 12 unités et en ajoutant les M270 MLRS britanniques et le MARS allemand, les forces ukrainiennes seraient capables de lancer simultanément 204 roquettes. Jusqu’à présent les États-Unis affirmaient n’avoir fourni que des roquettes M31A1 pour l’HIMARS. Dotée d’une ogive de 90 kg, la portée est de 15 à 84 km avec un guidage assuré par GPS (le coût d'un seul projectile est de 150 000 $). Mais le mardi 9 août, plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont montré deux explosions de grande ampleur sur la base russe de Saki près de Novofedorivka en Crimée. Depuis l’attaque, plusieurs théories circulent quant à la nature de celle-ci (sabotage par des forces spéciales, attaque de drone). En effet, la base aérienne qui abrite plusieurs chasseurs et des avions de transport tactiques est située à 200 km environ de la ligne de front excluant de facto les roquettes M31A1. Si, comme le pense certains spécialistes, les explosions proviennent bien de missiles, cela laisserait à penser que les Ukrainiens disposeraient d’ATACMS, un missile capable d’atteindre sa cible à près de 300 km de distance. Malgré le silence de Washington, peu pressée de communiquer sur l’envoi de missiles capables d’atteindre le sol russe, plusieurs fuite laissent à penser que des ATACMS seraient déjà livrés et en place sur les HIMARS.

La conférence de Colin Kahl a permis aussi la confirmation d’une rumeur persistante : l’arrivée de missiles antiradar AGM-88 HARM. Des photos diffusées le 7 août montraient des débris de ce missile capable de supprimer les systèmes de défenses antiaériennes adverses, sur une position russe. La question qui reste en suspens concernant ce type d’armement est le vecteur utilisé. Jusqu'à présent les avions ukrainiens, d’anciens chasseurs de fabrication soviétiques, ne sont normalement pas capables d’accueillir ce type d’armement. Soit les forces armées ont réussi à transformer les pods de fixation sur leurs avions, soit les missiles seraient tirés à partir d’une plateforme terrestre de fortune. 

 

[Drone]

À l’heure où nous écrivons ces lignes (12 août) cela fait maintenant 59 jours que le drone Zephyr est en vol ininterrompu. Lancé le 15 juin depuis le centre d’essai de la base militaire de Yuma Proving Ground, cette plateforme aérienne stratosphérique, comme la décrit son concepteur Airbus, est un drone de 25 mètres d'envergure pour un poids de 75 kg fonctionnant à l’énergie solaire. Avant cet essai, il était donné pour voler à 60 000 pieds(soit 18 000 mètres, donc au-dessus des vols commerciaux) pour une durée de 26 jours. Ce vol est intégré à un programme expérimental de l’armée américaine pour évaluer les aéronefs à voilure fixe fonctionnant à l’énergie solaire. Un responsable de l'Army Futures Command (AFC) a déclaré récemment que : « cette expérience est destinée à tester la capacité de stockage d’énergie du drone, la longévité de la batterie, l’efficacité des panneaux solaires et la capacité de maintien à poste. »

Alors que le Zephyr continue son vol au-dessus de l’Arizona (il vient de doubler le record du monde de durée de vol) à une altitude moyenne de 35 000 pieds, les concepteurs restent prudents quant à son passage sur des hauteurs supérieures. « Zephyr a été spécifiquement conçu pour un vol stratosphérique d'ultra longue endurance, et comme vous pouvez vous en douter, les conditions météorologiques dans la stratosphère sont très différentes de celles de la troposphère », a déclaré Madeline Winkler, la responsable du programme pour l'armée américaine, tout en ajoutant que le Zephyr se « comporte encore mieux que prévu ». Avec une charge utile de 12 kg, le drone pourrait être équipé de nombreux capteurs comme des caméras électro-optiques ou infrarouges, des radars passifs, d’une radio numérique mobile bi directionnelle, mais aussi d’appareil de stockage des données et d’un système de streaming à large bande passante « Zéphyr est le seul avion sans pilote de ce type à avoir démontré un vol durable dans la stratosphère tout en alimentant une charge utile tout au long d’un cycle de 24 heures”, affirme le constructeur aéronautique européen.

Conçu au départ en 2003 par l’entreprise de défense britannique Qinetiq, le drone a basculé quelques années plus tard dans les mains d’Airbus et de son programme de pseudo-satellite à haute altitude (HAPS). « L’ultra-persistance crédible et éprouvée, l’agilité stratosphérique et l’interopérabilité des charges utiles, soulignent pourquoi Zephyr est le leader de son secteur, avait déclaré en 2021 Jana Rosenmann, responsable d’Airbus Unmanned Aerial Systems. Il s’agit d’une extension de réseau, d’une solution ISR (intelligence, surveillance et reconnaissance) et durable alimentée par l’énergie solaire qui peut fournir une connectivité future vitale et une observation de la Terre là où elle est nécessaire. » Outre les applications de surveillance militaires, ce type de drone pourrait aussi servir d’antenne en haute altitude capable de délivrer de la 5G par exemple dans les zones les plus reculées. 

Nous n’avons actuellement pas d’information sur le retour du Zephyr ni son point de posé. Lors de son précédent vol au mois de juin, le drone avait rallié le Bélize après un périple de 17 jours. 

 

[Feux de forêt]

Alors que la situation sur le front des incendies reste particulièrement tendue, notamment en Gironde où 7 400 hectares viennent d’êtres ravagés en seulement trois jours, l’Europe vient d’envoyer dans le cadre du Mécanisme de protection civile de l'Union (MPCU) des renforts de plusieurs pays de l’Union. Dans la soirée du jeudi 11 août, deux Canadair grecs, deux Air Tractor suédois et 64 pompiers allemands accompagnés de 21 véhicules sont arrivés sur le sol français. La Pologne a quant à elle, dépêché 146 sapeurs-pompiers mis en place dès le vendredi 12 en milieu de journée. Ils devraient être renforcés rapidement par d’autres soldats du feu roumains et autrichiens.

Côté français, « plus de 1 000 sapeurs-pompiers, 9 avions et deux hélicoptères bombardiers d’eau sont arrivés sur le front des incendies », a annoncé mercredi dernier le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Pour les armées et comme chaque année, les trois unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile (UIISC 1 de Nogent-Le-Rotrou, 5 de Corte et 7 de Brignoles) sont mobilisées sur les différents points chauds du territoire. Elles sont renforcées par une cinquantaine de militaires avec près de vingt véhicules et trois hélicoptères Puma. Ces derniers arment le détachement d’intervention héliporté (DIH), capable de projeter des unités légères, avec des moyens de lutte contre le feux, sur des points inaccessibles par la route. Depuis quelques semaines ce sont aussi les hommes et femmes du 25e régiment de génie de l’Air (25e RGA) qui sont déployés sur le terrain. Ces spécialistes, équipés de matériels lourds, initialement pour aménager des pistes d'atterrissage en opération, ont permis grâce à leurs véhicules de créer des pare-feux de plusieurs milliers de mètres carrés, notamment dans les Landes. Après plusieurs chantiers d’ampleur fin juillet et début août, une compagnie a été déployée en urgence mercredi 10 août pour lutter contre deux incendies majeurs dans le secteur de Landiras. 

 

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