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Brèves DZ #65 : Armement polonais, test A400M lutte feux de forêt, projet Tempest, nouveau DGA, canons allemands en Ukraine

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[Pologne]

Si l’Europe de la Défense revient au premier plan géopolitique international, celle de l’industrie d’armement n’est pas encore totalement aboutie. Pour preuve, la Pologne vient de signer une commande record…auprès de la Corée du Sud. Ce contrat historique de près de 7,5 milliards d’euros est dû à plusieurs facteurs. Dans un premier temps la Pologne se sépare petit à petit d’un parc vieillissant issu principalement du parc soviétique et russe. Mais depuis l’invasion de cette dernière, Varsovie a cédé un important stock de matériel à son voisin ukrainien. Problème, le principal fournisseur de matériel à la Pologne, les États-Unis, mettent la priorité à renforcer leur capacité militaire et combler certains stocks vidés eux aussi par les dons à l’armée ukrainienne. Face à ce constat, et avec l’aval de Washington, les Polonais se sont tournés vers la Corée du Sud pour une commande portant sur plusieurs matériels lourds. Au total, le contrat porte sur 12 avions d’entraînement FA 50, 182 chars K2 et 89 canons K9, ces deux derniers matériels devraient être livrés dès cette année et les avions à la mi-2023. Une seconde partie du contrat porte sur des transferts de technologie pour une fabrication directement sur le sol polonais de 36 avions supplémentaires, 600 obusiers et près de 800 chars. Les chaînes de fabrication devront être opérationnelles en 2026. Mais la Pologne ne coupe pas totalement les ponts avec les États-Unis. Un contrat d’achat de 366 chars américains Abrams a déjà été signé. 116 d'entre eux seront du matériel d'occasion, les 250 autres, neufs cette fois-ci, seront livrés en 2023. Cette livraison permettra de compenser le don de 240 T72 fait par Varsovie à l’armée ukrainienne.

 

[Aéronautique]

Verra-t-on bientôt des A400M de l’armée de l’Air et de l’Espace au-dessus des zones touchées par les incendies de grande ampleur ? En tout cas, de l'autre côté des Pyrénées, Airbus vient de réaliser une campagne d’essais avec les appareils du 43 escadron de l’armée de l’Air espagnole, une unité spécialisée dans la lutte contre les incendies. Les A400M ibériques étaient équipés d’un kit amovible pour combattre les feux de forêt comprenant un réservoir de 20 tonnes d’eau directement chargé en soute par un système RORO (Roll on / Roll off) et ne nécessitant aucune modification technique sur l’appareil. Ces tests, réalisés en étroite collaboration avec le ministère de la Défense, étaient aussi suivis par le ministère de la transition écologique et du défi démographique et les autorités européennes de lutte contre les incendies. « Le développement de ce kit s’inscrit dans notre volonté de créer un monde plus sûr et durable grâce à nos actions et à nos produits. Nous sommes fermement convaincus que l’A400M peut jouer un rôle de tout premier plan dans la lutte contre la menace grandissante que peuvent constituer les feux de forêt, ainsi que dans la préservation des écosystèmes gouvernementaux », déclarait, il y a quelques jours Mike Schoellhorn le président d’Airbus Defence and Space.

À l’heure où des milliers d’hectares sont ravagés en France par plusieurs incendies majeurs et le lancement d’une polémique autour du manque de moyens aérien pour lutter contre ce fléau, ce kit pourrait être une solution, sachant que l’AAE possède déjà 19 Atlas, et bientôt 25 d’ici 2025. Pour information, la capacité de ce kit doublerait celle des avions utilisés actuellement par la Sécurité civile, soit 6 tonnes pour le Canadair CL-415 et 10 tonnes pour le Dash 8. Autre avantage de l’Atlas, les capacités tactiques de l’appareil. Sa grande maniabilité à basse altitude pourrait être un atout, en effet, le fleuron d'Airbus serait capable de larguer à une hauteur minimale de 45 mètres à très faible vitesse. D’ailleurs le constructeur européen ne compte pas s’arrêter là puisque de nouveaux tests devraient être prochainement réalisés, de nuit cette fois-ci. 

 

[Aéronautique / 2]

Nous en avons parlé à plusieurs reprises, le projet SCAF du futur avion de chasse entre la France, l’Allemagne et l’Espagne semble toujours aussi compliqué à gérer. Dassault et Airbus peinent toujours à s’accorder sur le responsable de la maîtrise d'œuvre du projet, notamment des commandes de vol et la furtivité. Malgré les propos plutôt optimistes du ministre des Armées lors de sa première intervention devant les parlementaires de la commission de Défense, le ministère allemand de la Défense a déclaré, il y a quelques jours, que « Si aucun accord satisfaisant les intérêts des trois nations pour une participation sur un pied d’égalité ne peut être trouvé, la poursuite de la coopération doit être remise en question ». Mais en Europe, au même moment, d’autres industriels semblent eux s’entendre à merveille. Le 18 juillet dernier, lors du Farnborough International Airshow, le ministère britannique de la Défense a annoncé de nouvelles avancées du programme Tempest, le concurrent direct du SCAF franco-allemand. Tempest serait le premier avion de 6e génération développé sur le vieux continent autour d’un consortium comprenant les britanniques BAE Systems et Rolls-Royce, le suédois Saab et l’italien Leonardo. Viennent s’ajouter le constructeur de missiles européen MBDA et depuis quelques mois le Japon qui pourrait fournir le « Jaguar », un système de capteur nouvelle génération en mesure de détecter à très longue distance des cibles aussi bien aériennes que terrestres ou maritimes. Sur son compte Twitter, la « Team Tempest » annonçait déjà de premiers vols d’essai d’ici les cinq prochaines années. Si l’ambiance est au beau fixe du côté du FCAS (Future Combat Air System) c’est que pour le moment, outre l’entente entre les différents industriels, l’argent ne manque pas. Déjà l’année dernière Boris Johnson annonçait l’allocation de 2 milliards d’euros sur 4 ans en plus des 900 millions venus de fonds privés. Le 25 juillet c’est le gouvernement italien qui allouait près de 2 milliards d’euros supplémentaires à une participation qui était déjà de la même somme les années précédentes. Du côté des emplois, le site du gouvernement britannique précisait même que : « Selon des recherches menées par la société de services professionnels PWC plus tôt cette année pour le compte de Team Tempest, le travail en cours des quatre partenaires de Team Tempest et de leurs chaînes d'approvisionnement à l'appui des activités aériennes de combat au Royaume-Uni pourrait soutenir environ 62 000 emplois par an et contribuer à la région. de 100 milliards de livres sterling à l'économie britannique entre 2021 et 2050. »

Démarré en 2015, l’Italie a rejoint en 2019 le projet Tempest, un an avant l’arrivée de la Suède. En attendant la mise en service possible du chasseur en 2035, les pays participants du projet continueront de financer le Eurofighter Typhoon et d’acquérir, pour maintenir leur capacité opérationnelle, des F 35 de l’américain Lockheed dont près de 100 exemplaires pour la Royal Air Force et 60 du côté italien.

 

[Ministère des Armées]

Vendredi 29 juillet un communiqué du ministère des Armées annonçait la nomination d’un nouveau directeur à la tête de la direction générale de l’armement (DGA). Ce poste, un des plus prestigieux du ministère des Armées (la DGA est le premier acheteur du ministère) était tenu jusqu’à maintenant par Joël Barre, dont le mandat avait été prolongé de quelques mois, afin de laisser passer les élections présidentielles et législatives. Son successeur Emmanuel Chiva est bien connu des militaires puisqu'il occupait le poste de directeur de l’Agence innovation Défense. Arrivé à l’AID en 2018, ce Normalien de 54 ans est docteur en biomathématiques avec une spécialisation en intelligence artificielle et dans le domaine des systèmes complexes et du biomimétisme. Emmanuel Chiva a travaillé depuis plus de 20 ans dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la simulation militaire, d’abord chez MASA où il a exercé les fonctions de directeur général adjoint puis de vice-président exécutif. Il est aussi le fondateur de la Business Unit Simulation militaire. Il a ensuite cofondé deux sociétés : SILKAN dans le domaine du calcul haute performance, puis AGUERIS, filiale du groupe John Cockerill Défense dans le domaine de la simulation opérationnelle. En parallèle de ses activités, il a été pendant quatre ans président de la commission recherche, technologie et innovation du GICAT et président du jury du programme GENERATE d’accompagnement des start-ups innovantes dans le domaine de la défense aéroterrestre et de la sécurité. Comme directeur de l’agence innovation Défense il est connu pour avoir créé le fonds innovation défense du ministère des Armées, doté de 200 millions d’euros visant à prendre des participations dans des sociétés innovantes en phase de développement. Il est aussi le créateur du programme « Red Team », une expérimentation rassemblant des auteurs et scénaristes de science-fiction afin d’imaginer des scénarios pour permettre d’anticiper les aspects technologiques, économiques, sociétaux et environnementaux de l’avenir qui pourraient engendrer des potentiels de conflictualités dans un futur à horizon 2030 - 2060.

Le communiqué du ministère précisait aussi la nomination de l’ingénieur général de l’armement Thierry Carlier pour seconder Emmanuel Chiva. Autre annonce de la matinée, l’ingénieure générale de l’armement Monique Legrand-Larroche est nommée inspectrice générale des Armées – armement. Elle devient la première femme promue générale 5 étoiles en France.

 

[Ukraine]

L’artillerie ukrainienne continue de se densifier. L’agence Reuters et l’hebdomadaire Der Spiegel, viennent de confirmer que le vice-chancelier et ministre allemand de l’Économie Robert Habeck, vient d’approuver la vente de 100 obusiers PzH-2000 à l’Ukraine. Déjà équipée d’obusiers automoteurs M109, AHS Krab, CAESAr et canons M777, mais aussi de lance-roquettes M270 et M142 HIMARS, Kiev utilisait aussi depuis quelques semaines 12 PzH fournis par l’Allemagne et les Pays-Bas. Il y a quelques mois le consortium KNDS proposait la vente de 100 PzH à Kiev pour un montant de 1,7 milliard d’euros. Problème : Rheinmetall était dans l'impossibilité de livrer dans de brefs délais les canons et il était rapidement envisagé d’en prélever une partie sur les fonds de la Bundeswehr. À cette époque, Christine Lambrecht, la ministre allemande de la Défense, avait émis de grosses réserves arguant que la priorité était dans le maintien des capacités de sa propre défense. Finalement, le 13 juillet dernier la vente a été signée sans donner de détails ni sur les délais de livraison ni sur la provenance des obusiers de 155mm. Pour rappel, l’Ukraine vient de signer une commande auprès de la Pologne d’une cinquantaine de canons ASH Krab.

 

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