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Brèves DZ #63 : Discours du Président devant les armées, visite ministres au Sahel, saisie de drogue par la Marine, commande laser anti-drone, résultat challenge collaboration homme-machine

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[Politique]

Comme le veut la tradition, la fête nationale est l’occasion pour le président de la République de s’exprimer face aux armées et aux Français sur sa politique de défense. Le 13 juillet au soir à l’hôtel de Brienne, siège historique du ministère des Armées, Emmanuel Macron entouré de la Première ministre, du ministre des Armées, de la secrétaire d’État aux anciens combattants et de la secrétaire d’État chargée du Service national universel et des chefs d’état-major, est revenu sur ses objectifs et préoccupations en matière de politique de Défense. La première partie de discours fut longuement consacrée au devoir de mémoire, à la capacité morale d’un pays à faire face à des situations de crise, tout cela clairement dirigé vers la prise en compte de la jeunesse du pays. Traduction : c'est un nouvel appel à remettre le service national universel sur l’ouvrage. « Comprenons-nous bien : il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société, cela n’aurait pas de sens. Mais au moment où la République est traversée de mouvements sombres, où la Nation a besoin de retrouver le sel de son histoire, son sens profond pour être plus forte et plus unie, la République a besoin que vous fassiez davantage…je vous demande de faire davantage, en donnant à nos réserves une nouvelle ambition, en doublant le volume des réserves opérationnelles des armées, et en investissant plus et mieux le grand projet de Service national universel que je porte. Je sais tout le travail fait par l’agence, je sais toute la contribution que vous y apportez, mais c’est un axe essentiel des prochains mois et des prochaines années. » Le chef de l’État à tenu aussi à préciser qu’il : « veillerait à ce que les ressources nécessaires y soient consacrées sans préempter les moyens budgétaires que nous devons préserver pour l’accomplissement de votre mission première. Mais c’est aussi pour cela que j’ai souhaité rattacher la secrétaire d’État, chargée de la jeunesse et du service national universel, au ministre des armées en plus de son rattachement précédent au ministre de l’Éducation nationale. C’est en ce sens que j’ai demandé aux trois ministres, sous la supervision de la Première ministre, de nous faire des propositions dès l’été. » Pour rappel le volet SNU de la dernière LPM avait été amendé par les parlementaires craignant un déplacement de certains budgets Défense pour le financer. 

Autre point particulièrement commenté suite à l’allocution présidentielle, l’arrivée d’une nouvelle loi de programmation militaire pour la période 2024-2030. « Notre ambition opérationnelle pour 2030 doit être revue pour mieux assurer notre capacité à faire face à la perspective du retour possible d'un affrontement de haute intensité », a déclaré Emmanuel Macron devant les militaires en fixant une feuille de route inédite à son nouveau ministre avec la nécessité de faire : « des propositions très concrètes en la matière » et des travaux qui « devront être achevés à la fin de cette année puis discutés avec le Parlement » a expliqué le chef de l’État. Une annonce de trois milliards d’euros est déjà actée pour 2023 pour un budget qui devait atteindre, selon la précédente LPM un total de 50 Mds€ en 2030.

Dans un contexte de guerre aux portes de l’Europe, les derniers sondages montrent qu’un consensus national tend à se faire autour de son armée et des crédits qui lui sont alloués. Une enquête réalisée par l’institut Odoxa montre que 78% des personnes sondées sont favorables à une augmentation du budget militaire, soit une hausse conséquente de 21 points par rapport au dernier sondage de 2019. L’image des militaires reste quant à elle extrêmement favorable dans l’opinion publique avec 87% de bonnes opinions (dont 25% de « très bonnes), les militaires « constituent l’une des professions les plus plébiscitées par nos concitoyens. Loin des clivages des années 1970, ils sont consensuellement appréciés, suscitant 92% de bonnes opinions auprès des sympathisants de droite et 82% auprès des sympathisants de gauche », a précisé l'institut Odoxa.

Vous pouvez consulter l'intégralité du discours du président sur le site de l'Élysée.



[Sahel]

Dans la foulée des cérémonies du 14 juillet, Sébastien Lecornu et Catherine Colonna, les ministres des Armées et de l’Europe et des Affaires étrangères ont décollé de Paris vers Niamey pour leur premier voyage africain. Après une rencontre avec leurs homologues respectifs, les deux ministres ont été reçus vendredi 15 juillet par Mohamed Bazoum, le président nigérien. Avec le retrait des militaires français du Mali et la concentration des moyens sur la base aérienne de la capitale nigérienne, ce pays réputé pour sa stabilité est devenu une priorité diplomatique et militaire de la France « La France continuera néanmoins, en dépit de ces évènements (coups d’État au Mali et Burkina Faso) et de ce retrait du Mali, à aider les armées ouest-africaines à lutter contre les groupes terroristes,  a déclaré la cheffe de la diplomatie française devant l’Assemblée nationale mardi 12 juillet avant de conclure que : nous menons actuellement des consultations avec nos partenaires concernés pour définir avec eux, en fonction de leurs demandes et de leurs besoins, la nature des appuis que nous pourrons leur fournir ». Les deux ministres ne sont pas venus les mains vides puisqu’ils apportent la confirmation d’un prêt de 50 millions d’euros et un don de 20 millions au profit du pays (déjà bénéficiaire de 143 M€ en 2021). Après une visite sur les bases militaires de Niamey et Ouallam, les deux ministres français continueront leur voyage plus au sud à la rencontre des soldats du dispositif des forces françaises en Côte d’Ivoire et très certainement des entretiens avec les plus hautes autorités politiques du pays. 



[Marine nationale]

Le 3 juillet, au large de la Guadeloupe, le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Dumont d’Urville a procédé à l’arraisonnement d’un voilier suspecté de trafic de drogue. En haute mer, l’équipe de visite du BSAOM montée à bord a découvert plusieurs ballots contenant de la cocaïne. Les deux individus appréhendés ont immédiatement été placés sous mesures restrictives et de privation de liberté avant d’êtres remis trois jours plus tard à l’antenne Caraïbes de l’Office anti stupéfiants (OFAST) sur instruction de la procureure de la République du tribunal judiciaire et de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Fort-de-France. La saisie représente près de 445 kg de stupéfiants pour une valeur à la revente (certainement sur le marché européen) de 13 millions d’euros. 

Depuis le début de l’année, les forces armées aux Antilles ont procédé à six saisies pour un total d’une tonne de cocaïne et le même poids en résine de cannabis. 

 

[drone]

C’est une des priorités de la loi de programmation militaire 2019-2025, la lutte anti-drone est bien aujourd'hui l' un des projets phares de la Direction générale de l’armement (DGA). Dans son programme L2AD (laser de lutte anti-drone) la DGA vient de notifier à la société CILAS (compagnie industrielle des lasers) une commande de 10 millions d’euros pour développer ce projet. Basé sur le système HELMA-P, le marché prévoit, entre autres, l’acquisition d’un premier prototype capable de neutraliser des mini et micro drone, soit de 100 gr à 25 kg. Testé en environnement terrestre sur le site d’essais de la DGA essais de missiles de Biscarosse, il affichait, selon les déclarations de la direction, un taux de réussite de 100 %. Les campagnes d’essais devraient continuer ces prochains mois, non seulement à partir de plateforme terrestre, mais aussi depuis des bâtiments de la Marine nationale, particulièrement intéressée par les capacités de ce système capable d’atteindre sa cible à plus d’un kilomètre de distance. Ce premier prototype devra, selon le ministère des Armées, être déployé à l’occasion des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. "Le système HELMA-P, permet d’apporter une réponse graduée à la menace drone, depuis l’éblouissement des instruments d’observation jusqu’à la neutralisation par altération de la structure d’un mini ou d’un micro drone, entraînant sa chute en quelques secondes. N’exigeant qu’une petite logistique, puisqu’il n’y a pas d’emploi de munitions, il peut être associé à différents systèmes de détection (radar, son, optique)" annonçait un communiqué de la DGA. Prochaine étape pour la société CILAS : continuer de développer la miniaturisation du HELMA-P tout en augmentant sa puissance (actuellement deux kilowatts) et de travailler sur les systèmes de protection tant dans l’emploi du matériel que des logiciels. 



[Innovation]

Fin juin, aux Invalides, l’armée de Terre a procédé à l’annonce des résultats et la remise des prix du premier challenge CoHoMa (collaboration homme-machine). Réalisée du 16 au 23 mai sur le camp de Beynes, cette première rencontre a réuni 38 participants regroupés en dix équipes. Ce challenge organisé par le BattleLab Terre en collaboration avec l’agence innovation Défense avait pour but de réunir militaires et acteurs industriels de grandes, mais aussi moyennes et petites entreprises ainsi que des étudiants d’écoles techniques et laboratoires de recherche, pour définir et tester l’apport opérationnel des drones terrestre et aériens lors d’une mission donnée. Pour cette première édition, le thème était la reconnaissance. Sur un parcours d’un kilomètre environ, chaque équipe, avec un minimum de deux robots et un drone, devait imaginer des solutions pour repérer, contourner ou neutraliser une dizaine d’obstacles. La réussite de chacune de ses étapes donnait alors l’accès à un QR code permettant de passer à l’étape suivante. « L’objectif est d’avoir une vision très claire de ce que peut apporter la robotique actuelle et d’identifier les axes d’efforts de développement pour avoir des solutions intégrées dans les unités de combat à un horizon de 4 à 5 ans pour les premières étapes », précisait le colonel Sébastien de Peyret, directeur du BattleLab Terre. 

Cette année le premier prix a été attribué à l’équipe Squadbot composée d’Arquus, Squadrone System et Angatec. La solution s’articulait autour de 3 opérateurs : un chef tactique et deux opérateurs satellites (un qui gère la navigation des UAVs via waypoints et un autre qui télépilote le robot). Étaient déployés pour l'occasion deux drones Apach de Squadrone, un robot chenillé TEC800 d’Angatec et le Battle Management System d’Arquus afin de fédérer les données remontées par les satellites. Le deuxième prix est attribué à l’équipe Alérion (Alerion, Mines Nancy, TT géomètres experts ) et le podium est complété par l’équipe de Polytech Montpellier. 

Le succès de cette première édition a permis au BattleLab Terre de lancer déjà les candidatures pour CoHoMa II « ouvert à tous les types d’entités possédant un bureau d’étude dans l’Union européenne : entreprises, start-ups, laboratoires de recherche ou établissements de l’enseignement supérieur », précise le site de l’agence innovation Défense. Les inscriptions doivent être clôturées le 23 septembre prochain pour une compétition sur le thème tactique "s’emparer de" au mois de mai 2023. 

Le résumé du premier challenge CoHoMa en vidéo

 

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