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Brèves DZ #59 : Fardier 11e BP, fin des BOA Mali, opérations force Barkhane, clôture Eurosatory, visite PR Roumanie et Ukraine, exercice Marine nationale

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[Équipement]

Le 10 juin, la direction générale de l’armement (DGA) a notifié la qualification du fardier. Ce petit véhicule tout terrain dont nous avions déjà parlé il y a quelques mois est destiné en priorité aux militaires de la 11e brigade parachutiste et opérateurs des forces spéciales. L’engin de deux tonnes est capable d’emporter 50 kg de charge utile par soldat (en plus de son poids propre et des équipements individuels) mais peut aussi tracter une remorque de 400 kg d’emport ou un mortier lourd. C’est d’ailleurs dans cette configuration qu’il fût présenté en démonstration dynamique lors du salon Eurosatory 2022, avec à son bord des équipes du 35e RAP. Aérotransportable, aérolargable ou héliportable, il peut même embarquer dans la soute d’un NH 90. Il se distingue notamment par l’absence totale d’électronique à bord ce qui permet au régiment détenteur d’avoir à sa main l’ensemble des opérations de maintenance. Le marché de 44 M€, notifié à la société française UNAC, prévoit l’achat de 300 fardiers et 172 remorques partagés entre la 11e BP et le COS. Les huit premiers exemplaires doivent être livrés avant la fin de l’année. Le reste de l’équipement s’étalera jusqu’en 2030.

 

[Mali]

Lundi 13 juin, les militaires de l’opération Barkhane ont officiellement remis la base de Menaka aux forces armées maliennes. Construit en 2018 à l’est du pays, dans la région des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), ce camp abritait depuis quelques mois le plus gros détachement des forces spéciales de l’opération Takuba. Le retrait intervient dans le cadre de la réarticulation du dispositif français hors de l'État malien suite à la rupture des accords de Défense par la junte au pouvoir à Bamako, et la décision de l'État français de concentrer ses effectifs sur le Niger et le Tchad.

La région de Menaka est aujourd'hui une des zones les plus sensibles du territoire. Les actions des groupes armés terroristes sont en nette augmentation depuis quelques mois, malgré l’aide de la France, notamment par l’action du ministère des Affaires étrangères, de l’agence française de développement, des ONG, sans compter le travail des actions civilo-militaires. Menéka est la deuxième base opérationnelle avancée (BOA) rendue aux FaMa après celle de Gossi en avril de cette année. Les militaires devraient quitter GAO, la dernière emprise française et principal point d’appui de Barkhane au Mali, d’ici la fin de l’été. « Le transfert a été conduit en bon ordre, en sécurité et en toute transparence, dans un contexte où la force Barkhane fait face à des attaques informationnelles régulières visant à entacher son action et sa crédibilité, à expliqué l'état-major des armées, précisant  que la réarticulation de la force Barkhane et le transfert de l’emprise de Ménaka après celle de Gossi, ne marquent pas le départ des Français de la bande Sahélo-Saharienne. »

 

[Barkhane]

Dans la nuit du 11 au 12 juin 2022, une opération militaire française, conduite à proximité de la frontière malo-nigérienne, a permis la capture d'Oumeya Ould Albakaye, haut responsable de l'EIGS. Cette opération, débutée il y a plusieurs semaines, a mobilisé de multiples capacités aériennes (renseignement, transport et appui feu) et des unités terrestres de la force Barkhane.

Oumeya Ould Albakaye était le chef de l'EIGS pour le Gourma, au Mali, et pour l'Oudalan, au nord du Burkina Faso. Il était le responsable de plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celle de Gao. Il dirigeait aussi des réseaux de mise en œuvre d'engins explosifs improvisés qui visaient directement les axes de circulation empruntés par Barkhane pour conduire sa ré-articulation hors du Mali. Il est par ailleurs responsable d'un grand nombre d'exactions et d'actions de représailles menées par l'EIGS contre les populations maliennes et burkinabè. 

Ce succès déstabilise à nouveau le haut commandement de l'EIGS dans la zone des trois frontières, qui avait été significativement affaibli par la force Barkhane en fin d'année 2021 et au début de l'année 2022, en particulier avec la neutralisation d'Adnan Walid Al-Sahraoui, le chef de l'EIGS, en août 2021.

Quelques jours plus tard, le 14 juin, les militaires français ont appuyé les Forces armées nigériennes (FAN) lors de l’attaque d’un détachement de la Gendarmerie nationale nigérienne à Waraou.

À la suite de cette attaque, à la demande des autorités nigériennes, un dispositif de surveillance aérienne a été déployé par l'armée de l'Air et de l'Espace, en complément des vecteurs engagés par l’armée de l’air nigérienne, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Niamey, pour suivre une colonne d’une quarantaine de motos repérée par les FAN. Les renseignements obtenus, grâce aux unités nigériennes au contact de cette colonne, ont permis de confirmer qu’il s’agissait d’éléments appartenant à un groupe armé terroriste en déplacement entre le Burkina Faso et le Niger dans une zone connue pour abriter des groupes affiliés au Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans ou à l’État islamique au Grand Sahara. En coordination avec les FAN, les militaires français ont conduit plusieurs frappes contre la colonne neutralisant près d'une quarantaine de terroristes.

  

[Eurosatory]

Vendredi 17 juin, après cinq jours, Eurosatory 2022 fermait définitivement ses portes. Très attendu après quatre ans d’absence, le plus grand salon mondial dédié aux forces terrestres et aéroterrestres tire un premier bilan très positif avec plus de 57 000 visiteurs dont 250 délégations étrangères venus du monde entier. Dans les allées plus de 1 800 exposants s'étaient déplacés pour l'occasion et pour la première fois dans l’histoire du salon l'inauguration a été faite par le Président de la République. 

A cette occasion Emmanuel Macron s’est longuement entretenu avec les nombreux représentants des forces armées sur le stand du ministère avant un discours devant des autorités civiles et militaires. Lors de cette allocution, le chef de l’état a évoqué un contexte géostratégique inédit qui amène de nombreux états européens à entrer dans une économie de guerre, une économie « dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour pouvoir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos forces armées, pour nos alliés ou pour celles et ceux que nous voulons aider. » Ce fut aussi pour le chef de l'État l’occasion d’insister sur les capacités à innover « en nous obligeant à investir davantage pour les États, à être plus exigeants avec les industriels ; pour ces derniers, à être encore plus innovant, plus rapides ; à changer parfois le mode de relations pour pouvoir répondre beaucoup plus rapidement aux besoins et aider à avoir des équipements qui correspondent aux besoins parfois de court terme de l’armée. » Le Président est aussi revenu sur l’Europe de la Défense, cette fois-ci sous le prisme du développement et des partenariats industriels en précisant que « Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne, beaucoup plus forte, beaucoup plus exigeante. Bâtissons ce socle de souveraineté et d'indépendance européenne, française si on le peut, avec des partenariats que je souhaite à travers le monde, et je vois beaucoup de non européens ici. J'aime construire les partenariats que je choisis ; j'aime moins les dépendances que nous avons massivement et méthodiquement parfois préparées. »

Le prochain grand rendez-vous en France des industries de défense aura lieu au Bourget du 18 au 22 octobre prochain pour le salon Euronaval. 

 

[Conflit ukrainien]

Dès le lendemain d’Eurosatory le Président français s’est rendu sur la base de Mihail-Kogalniceanu dans le sud de la Roumanie à la rencontre des militaires de la mission Aigle. Le bataillon de 800 hommes, dont 500 français et 300 belges est actuellement sous le commandement du 27e bataillon de chasseurs alpins et sera remplacé dans quelques jours par les Castrais du 8e RPIMa. À cette occasion Emmanuel Macron s’est félicité de l'engagement des soldats français. « Ce que la France a bâti par votre truchement, c'est un engagement unique, constitutif de notre crédibilité et de notre protection. En vous déployant si vite, si clairement, si fort, vous avez contribué à consolider ces partenariats et bâtir ce qui est le plus long et le précieux à constituer entre des armées : la confiance. » Peu après Emmanuel Macron a confirmé l’inscription dans la durée de la nouvelle mission des armées avec une augmentation des effectifs et l’arrivée prochaine de matériel lourd.

Après la Roumanie le Président s’est rendu en Moldavie avant de rejoindre l’Ukraine accompagné du chancelier allemand Olaf Scholz et du chef du gouvernement italien Mario Draghi. Après un déplacement en train depuis la Pologne, l’espace aérien ukrainien étant fermé, et rejoint par le président Roumain Klaus Iohannis, les quatre dirigeants se sont rendus directement vers la ville martyre d’Irpin. À l’issue de la visite, Emmanuel Macron a retrouvé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au Palais Marinskiï de Kiev. Lors de l’échange, le Président français a confirmé la livraison prochaine de six nouveaux canons Caesar et les quatre chefs d’État ont assuré plaider pour accorder le "statut de candidat immédiat" à l'UE pour l’Ukraine. Plaidoyer  défendu dès le lendemain devant la Commission européenne.

 


[Marine nationale]

Du 13 au 24 juin 2022, la base aéronautique navale de Landivisiau conduit l’exercice OCEAN HIT 2022, un entraînement interalliés majeur de préparation opérationnelle au combat de haute intensité. Cet exercice à dominante aéromaritime est organisé par le Groupe aérien embarqué sur la façade atlantique avec l’appui de bâtiments de la Marine nationale, d’éléments de l’armée de Terre et d’aéronefs des forces aériennes suisses, grecques, britanniques et françaises.

OCEAN HIT 2022 vise à renforcer la capacité d’intervention en coalition depuis la mer vers la terre, la protection d’une force navale et le soutien aux troupes au sol, dans un contexte d’affrontement face à des menaces aux capacités identiques. Les forces en présence s’entraîneront à la mise en œuvre d’armement réel en mer, après avoir franchi les défenses ennemies constituées d’aéronefs et de systèmes surface-air modernes.

Durant deux semaines, soutenus par un ravitailleur A330 MRTT et un avion de contrôle avancé E-3F, des F-18, F-16, F-35, Rafale Air, Mirage 2000, Caïman Marine et Atlantique 2 combattront aux côtés des Rafale Marine et E-2C du groupe aérien embarqué. La FREMM Aquitaine et la FREMM-DA Lorraine prendront également part à l’exercice. Si les opérations sont menées depuis le porte-avions Charles de Gaulle, un des enjeux de l’exercice consistera à travailler depuis différentes bases de départ. Une partie des aéronefs participant à l’exercice sera ainsi déployée sur la base aéronautique navale de Landivisiau alors que d’autres interviendront directement depuis leurs bases respectives.

Cet exercice s’inscrit dans le cadre des objectifs de durcissement de la préparation opérationnelle des unités de la Marine nationale et sa capacité à mener des opérations de haute intensité.

 

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