Brèves DZ #56 : Incidents aéronautiques, saisie de drogue par la MN, drones kamikazes, ballons d'observation, rodéos urbains, opération turc en Syrie
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[Aéronautique]
Le bureau enquêtes accidents pour la sécurité de l’aéronautique d’État (BEA-É) risque d’avoir des journées très chargées ces prochaines semaines. En effet, ce n’est pas moins de quatre incidents notifiés au cours du mois de mai qui vont nécessiter l’ouverture d’une enquête.
Le premier remonte au 4 mai dernier avec « incident grave d’un avion Extra 330 » de l’équipe de voltige de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) probablement dû à une panne d’essence. En octobre dernier, un incident moteur avait déjà contraint un des avions de la prestigieuse formation à se poser en plein champ. Ce dernier incident est peut-être la raison de l’annulation de la démonstration de l’équipe au meeting de Cognac alors que son nom apparaissait au programme. Quelques jours plus tard, le 9 mai, c’est sur la base aérienne aéronavale de Hyères, qui abrite la flottille 31F, qu’un accident cette fois-ci a été constaté. Lors d’un vol d’entraînement au treuillage d’un NH 90 Caïman marine, le câble s’est rompu pendant l’exercice, blessant grièvement le treuilliste et endommageant l’hélicoptère. 10 jours plus tard, sur la base aérienne de Solenzara en Corse, le BEA-É parle d’un « incident aérien grave » probablement survenu lors de l’exercice Rotary Wing Mission Commander Course 2022 organisé par l’AAE avec l’armée britannique. À la sortie d’un hélicoptère PUMA de la Royal Air Force, une pâle de l’hélicoptère a touché le casque d’un commando du CPA 10 arrachant sa strombe light. Les investigations pour cet incident devraient être plus rapides, car, coup de chance pour les enquêteurs, un cameraman du service de communication de l’AAE était présent sur les lieux et a filmé toute la scène. Le dernier incident survenu le 22 mai concerne un accrochage en vol entre deux Rafale de la 30e escadre de chasse de Mont-de-Marsan lors du meeting aérien sur la BA 709 de Cognac. Les deux appareils étaient en formation serrée au moment de l’impact. Celui positionné en contrebas a eu le haut de sa dérive sectionnée. Le débris de plusieurs kilos qui abrite une partie du SPECTRA (Système de Protection et d’Evitement Conduite de Tir RAfale) a été retrouvé dans la rue d’un village à près de 9 km de la base, heureusement sans faire de blessé.
[Marine nationale]
Le porte-hélicoptère amphibie Mistral et la frégate légère furtive Courbet actuellement engagés dans la mission Jeanne d’Arc 2022, viennent de saisir 2 tonnes de cocaïne dans le golfe de Guinée. De passage sur la zone, les deux navires ont participé à l’opération Corymbe. Cette opération, mise en place par l’armée française en 1990, vise à protéger les intérêts français dans le golfe de Guinée et au large de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi à lutter contre les actes de piraterie ou illicites. C’est donc pendant cette opération que les marins ont repéré un navire de pêche suspect d’une vingtaine de mètres et sans pavillon. D’abord mis sous surveillance pendant deux jours grâce à un hélicoptère Dauphin du PHA et un drone SERVAL (système embarqué de reconnaissance vecteur aérien léger) actuellement en cours d’expérimentation sur le bâtiment, l’équipe de visite du Courbet est ensuite intervenue mettant la main sur la cargaison d’une valeur estimée de 50M d’euros.
Quelques semaines auparavant, c’est un autre bâtiment de la royale : la frégate de surveillance Floréale qui, lors de sa participation à la mission EUNAVFOR Atalanta au large de la corne de l’Afrique, avait saisi lors de sept inspections, plus de 1,4 tonne d’héroïne, 1,3 tonne de méthamphétamines et près de 6 tonnes de résine de cannabis pour une valeur totale de 200M d’euros. Pour rappel, lors de ces différentes missions en 2021, la Marine nationale avait fait main basse sur plus de 45 tonnes de produits stupéfiants.
[Innovation]
L’Agence de l’innovation de défense (AID) et la Direction générale de l’armement (DGA) viennent de publier en début de mois, deux appels à projets demandant aux industriels d'imaginer des solutions à bas coût de drones dit « kamikazes ». Déjà utilisés à grande échelle lors de la guerre du Haut-Karabakh, ce type de drones d'attaque sacrifiables ont largement prouvé leur efficacité. Suite à ce conflit, un rapport de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du sénat recommandait même à l'armée française de s'en équiper. Depuis, les résultats probants du Switchblade fourni par le Pentagone à l'armée ukrainienne, n'a fait que renforcer l'intérêt de la France pour ce type de munitions. L'AID et la DGA publient deux appels à projets correspondant à deux modèles distincts. Le premier, nommé LARINAE « porte sur la recherche d’un système bas coût de neutralisation et à « longue élongation », soit au-delà de 50km à partir de son point de mise en œuvre ». Le second, baptisé Colibri, devra être capable de détruire des cibles situées dans un rayon de 5km de distance. L'AID insiste également sur la résistance au brouillage électronique et au piratage. Enfin, les solutions retenues doivent êtres facilement transportables et mise en œuvre par un seul opérateur non spécialisé. L'objectif principal commun aux deux projets est la destruction d'un véhicule léger avec une précision de ciblage de l’ordre du mètre et ce pour un coût inférieur à 20 000 euros. Les projets LARINAE et Colibri viennent d’être présentés à Balard aux industriels intéressés, ils devront ensuite faire parvenir leur proposition avant le 6 juillet 2022 au plus tard.
[Armée de Terre]
Dans un appel d'offres publié le 6 mai dernier, l'Armée de Terre indique vouloir s'équiper d'une dizaine de ballons captifs, un moyen de surveillance et d'observation encore peu utilisé par les armées. Les ballons devront « offrir une capacité d’observation et de surveillance en temps réel, de jour comme de nuit et permettre la retransmission de ces informations (flux image) au profit des échelons de commandement », précise la DGA. Installés sur une remorque autonome, les ballons captifs pourront accompagner les soldats à l'extérieur de leur base. La DGA insiste sur la robustesse du dispositif et sa facilité de mise en œuvre. L'appel d'offres comprend aussi le maintien en condition opérationnelle durant une dizaine d’années. Ce type d’aéronefs n’est pas une découverte pour les militaires. Déjà en Afghanistan les FOB françaises de la vallée de Kapisa et de Surobi possédaient chacune leur ballon loué à l’armée américaine. Plus récemment, c'est au Mali, sur la base de Gossi, que l'armée française teste une nouvelle fois ce système avec un ballon de 4 mètres doté d'une boule optronique et d'un pointeur laser. L'entreprise française A-NSE devrait faire partie des répondants à cet appel d'offres. Les aéronefs de cette entreprise très spécialisée sont déjà utilisés pour la surveillance côtière de la mission européenne Frontex et par l'armée allemande pour la surveillance du périmètre de sa base de Tillia au Niger.
[Ministère de l’Intérieur]
Une vaste opération conjointe entre la Gendarmerie nationale et la Police nationale a eu lieu le week-end du 14 et 15 mai pour lutter contre le fléau des rodéos urbains. À la demande du ministre de l'Intérieur et avec l’appui des préfectures, policiers et gendarmes se sont mobilisés sur tout le territoire. Dans un message adressé aux forces de l’ordre, Gérald Darmanin demande « qu’à l’approche des beaux jours, la mobilisation de tous les services doit s’intensifier avec la saisie systématique des véhicules et l’interpellation des auteurs et de mettre en œuvre des actions déterminées pour faire face à ce phénomène ». Au total ce sont plus de 700 opérations qui ont eu lieu permettant 150 interpellations, 3 425 verbalisations et plus de 130 motos saisies. Pour rappel, la loi du 3 août 2018 qualifie les rodéos urbains de délits, punis d’un an de prison et de 15 000€ d’amende. Depuis son application les condamnations ont augmenté de 1 400% et près de 40% rien que pour l’année 2021.
[International]
Lundi 23 mai, le président turc Recep Erdogan a affirmé qu’il pourrait lancer prochainement une nouvelle attaque vers la Syrie. Cette opération selon le président viserait à créer une zone tampon de 30 kilomètres de large le long de la frontière turco-syrienne. Si elle se réalisait, ce serait la quatrième offensive de la Turquie depuis 2016. Outre sa volonté de « sécuriser la zone » face à ses adversaires kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le président turc souhaiterait très certainement ramener de l’autre côté de la frontière les 3,7 millions de Syriens arabes aujourd’hui réfugiés en Turquie. La dernière offensive en octobre 2019, menée avec des supplétifs de l’armée nationale syrienne, s’était soldée par une trêve obtenue par le Vice-Président américain de l’époque, Mike Pence et un accord avec la Russie très impliquée dans ce conflit et proche du régime de Bachar al-Assad. Les États-Unis, dont de 900 militaires américains sont encore stationnés en Syrie comme membre de la coalition contre l'État islamique, n’ont pas tardé à réagir par la voix du porte-parole de sa diplomatie Ned Price : «Nous attendons de la Turquie qu'elle respecte le communiqué commun d'octobre 2019. Nous reconnaissons les inquiétudes de sécurité légitimes de la Turquie sur sa frontière sud. Mais toute nouvelle offensive saperait davantage la stabilité régionale et mettrait en danger les forces américaines dans la campagne de la coalition contre l’EI». Malgré ces déclarations, le timing est plutôt favorable au président Erdogan : La Russie est fortement mobilisée par le conflit ukrainien, et l’OTAN a besoin de l’appui des Turques pour son élargissement à la Finlande et la Suède. Une adhésion vue d’un très mauvais œil par Ankara qui accuse les deux pays de soutenir le PKK.
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