Tout comprendre sur conflit au Haut-Karabakh

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Le 19 septembre 2023, des bombardements azéris ont à nouveau ciblé le Haut-Karabakh, causant la mort de 200 personnes et la fuite de milliers d'autres. Ce conflit, enraciné dans les tensions historiques dont cette région est victime, met en lumière des enjeux géopolitiques complexes.

Le 19 septembre 2023, la région contestée du Haut-Karabakh a été le théâtre d'une escalade de violence brutale. Les bombardements ont ciblé principalement des stations radars, des dépôts de munitions et des systèmes antiaériens des forces armées séparatistes, marquant ainsi une rupture tragique dans une paix déjà fragile. Selon les séparatistes, 200 personnes y ont trouvé la mort. Les images diffusées par les résidents montrent des bâtiments civils endommagés par les bombardements, contredisant les affirmations du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, selon lesquelles seules les cibles militaires légitimes étaient visées. 7000 personnes ont été déplacés ont fui la région. Cette offensive militaire, qui intervient trois ans après la guerre de six semaines qui avait opposé a été lancée par l'Azerbaïdjan, a été justifiée par une "opération antiterroriste" en réponse à ce qui a été qualifié d’"harcèlement" par des formations armées illégales arméniennes.

Le président français, Emmanuel Macron, a condamné avec la plus grande fermeté l'offensive azérie et a réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Il a été rejoint dans sa condamnation par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui a dénoncé un recours à la force "inacceptable", soulignant que ces actions aggravent une situation humanitaire déjà très difficile.

En effet, avant cette offensive, le Haut-Karabakh souffrait déjà d’un blocus imposé par l'Azerbaïdjan qui contrôle le corridor de Latchine, unique voie de communication avec l'Arménie. Les forces azéries ont ainsi provoqué une grave famine exacerbant les souffrances des habitants de la région.

La situation actuelle dans le Haut-Karabakh est le résultat d'une longue histoire de tensions et de conflits entre les deux pays, et met en lumière les échecs répétés de la communauté internationale à résoudre de manière durable les différends territoriaux et ethniques dans la région.

Un conflit gelé

Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour de la région du Haut-Karabakh (également connu sous le nom d'Artsakh) est profondément enraciné dans l'histoire de ces deux nations. Cette région, bien que située en territoire azerbaïdjanais, est majoritairement peuplée d'Arméniens, créant ainsi une source constante de tensions et de disputes. Les Arméniens et les Azerbaïdjanais ont tous deux des liens historiques et culturels profonds avec cette région, et chacun la considère comme faisant partie intégrante de son patrimoine national.

Le Haut-Karabakh a été le théâtre de multiples affrontements et guerres, notamment entre 1988 et 1994, et plus récemment en 2020, où l’Azerbaïdjan, avec le soutien de la Turquie, a réussi à reprendre le contrôle de vastes portions de territoire. Ces conflits ont laissé des cicatrices profondes et ont créé un climat de méfiance et d'hostilité entre les deux nations, exacerbant les sentiments nationalistes et rendant la recherche d'une solution pacifique extrêmement complexe.

Le Haut-Karabakh, avec sa capitale Stepanakert, est une région montagneuse d'une superficie comparable à celle de la Savoie en France, mais avec une population d'environ 120 000 habitants, principalement d'origine et de langue arménienne. La région a connu de nombreux changements de souveraineté au cours de son histoire, passant sous influence arabe, russe, et soviétique, avant de devenir le cœur d'une lutte acharnée pour l'autodétermination et la souveraineté nationale.

Le 21 septembre 2023, des pourparlers ont été initiés entre les deux parties, dans l’espoir de trouver une solution pacifique et durable à ce conflit. Ces discussions, bien que constructives, n'ont pas encore abouti à un accord définitif, mais elles ont mis en lumière la volonté des deux nations de résoudre leurs différends par le dialogue et la négociation. Les tensions demeurent cependant vives, et la situation sur le terrain reste précaire, avec des rapports faisant état de tirs sporadiques et de violations du cessez-le-feu.

La communauté internationale, notamment la Russie, a joué un rôle crucial dans la médiation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, appelant au respect des droits et de la sécurité des populations locales et à la garantie de conditions de vie pacifiques et stables dans la région. Cependant, des critiques à l'encontre de la gestion de la crise par certains acteurs internationaux, notamment la Russie, ont également été exprimées. Censés maintenir la paix, les quelque 2000 soldats russes en poste dans la région n’ont empêché aucun des nombreux heurs survenus ces trois dernières années.

Les liens étroits de l’Azerbaïdjan avec l’Europe

L'Azerbaïdjan, un pays stratégiquement niché entre l'Europe et l'Asie ambitionne de concrétiser son projet de couloir stratégique entre l'Asie et l'Europe, destiné à catalyser une coopération et une intégration économique accrues entre les nations de ces régions. Le contrôle du Haut-Karabakh s’inscrit pleinement dans ce projet.

En raison de ses ressources énergétiques abondantes, le pays a acquis une position dominante, approvisionnant en pétrole et en gaz divers pays européens et diminuant ainsi leur dépendance envers la Russie. Il a su tisser des relations diplomatiques robustes avec l'Union européenne et d'autres nations occidentales, tout en maintenant des liens étroits avec la Russie et l'Iran, manœuvrant habilement à travers les complexités géopolitiques de la région.

Les récentes victoires militaires ont non seulement consolidé sa position régionale, mais ont aussi amplifié son influence internationale, permettant au pays de capitaliser sur son succès pour renforcer son autorité et son influence dans la région.

Par ailleurs, l'Azerbaïdjan a initié d'importantes réformes économiques, diversifiant son économie et attirant des investissements dans divers secteurs tels que le tourisme, l'agriculture et les technologies de l'information. Conjuguées à une lutte accrue contre la corruption, ces réformes ont stabilisé l'économie et ont créé un environnement propice aux affaires et aux investissements étrangers.

Le point de vue de l’Arménie

Pour l'Arménie, la reconnaissance du Haut-Karabakh est non seulement une question de justice et de droit international, mais aussi un moyen de garantir la sécurité et le bien-être de sa population. Le pays exprime également des préoccupations concernant les violations des droits de l'homme et les actes d'agression commis par l'Azerbaïdjan. Elle appelle à une résolution pacifique du conflit, basée sur le dialogue et la négociation, et insiste sur le respect des principes fondamentaux du droit international, tels que l'intégrité territoriale et le droit des peuples à l'autodétermination. En outre, l'Arménie met en avant l'importance de la préservation du patrimoine culturel et historique de la région. Elle souligne que le Haut-Karabakh est le berceau de la civilisation arménienne et abrite de nombreux monuments et sites archéologiques d'une valeur inestimable. La protection de ce patrimoine est donc une priorité pour l'Arménie, qui s'engage à œuvrer pour sa conservation et sa valorisation.

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