Le 7 octobre 2023, une offensive du Hamas contre Israël provoque une crise humanitaire et géopolitique majeure. Alors que le bilan humain s'alourdit, la communauté internationale tente d'intercéder pour éviter l'escalade. Entre stratégies militaires, tensions politiques et enjeux territoriaux, la région est à nouveau au cœur d'un conflit dont l'issue reste incertaine.
Le 7 octobre 2023, le Hamas lançait une offensive majeure contre Israël, faisant plus de 1400 morts, en majorité des civils. Tsahal, l’armée israélienne, a immédiatement répondu par une campagne de bombardement massive sur la bande de Gaza, causant également la mort de nombreux civils. Le dernier bilan s’élèverait à plus de 5000 personnes. Un chiffre à prendre avec prudence car il provient de l’antenne gazaouie du ministère de la Santé palestinien, qui est sous le contrôle du Hamas. Les bombardements ne régleront pas ce conflit et ne sont que la première phase de la stratégie de Tsahal.
Toujours désireux d’apparaître sur la scène internationale, Emmanuel Macron se rendra ce mardi dans la capitale israélienne pour rencontrer le premier ministre Benjamin Netanyahu. D’après l’Élysée, les objectifs de cette visite sont nombreux. Le chef de l’État veut empêcher l’extension du conflit avec l’Iran et le Hezbollah actif dans le sud du Liban. Il souhaite également négocier une trêve humanitaire et agir en faveur de la libération des otages.
Les forces en présence
Sans surprise, l’armée israélienne possède des moyens militaires bien plus important que le Hamas. L'organisation terroriste est équipée de mortiers de 60 à 120 mm et de roquettes de type "orgue de Staline" montées sur des rampes de tirs. Ces roquettes ont une portée de 15 à 20 km, mais ne sont pas guidées. Depuis le 7 octobre, sur 6 900 roquettes lancées, Tsahal indique que 450 sont tombées dans la bande de Gaza. Ils disposent aussi de drones, de véhicules sous-marins autonomes et de missiles R-160, Fajr-S et M-302, tous d'origine iranienne. Les États-Unis pensent que le Hamas a renforcé sa capacité de production d'armes localement et estiment entre 20 000 et 25 000 le nombre de combattants. Le Jihad Islamique palestinien possède quant à lui des missiles BADR-3 iraniens, avec une portée de 150 à 170 km. De faible précision, ils transportent entre 250 et 400 kg d'explosifs et de shrapnel.
Tsahal possède quant à elle de très puissants moyens militaires, comprenant environ 2 600 chars, 6 sous-marins, 14 navires et 48 patrouilleurs. L’armée de l’Air met en œuvre de très nombreux drones, des satellites de surveillance et, en 2022, elle détenait 345 avions de chasse modernes (F-15 et F-16 notamment) ainsi que 215 hélicoptères. De plus, son équipement inclut des missiles air-sol, balistiques et de croisière.
L’organisation terroriste tente de renverser ce rapport de force au moyen d’une stratégie singulière. En lançant simultanément plus d’un millier de roquettes, le Hamas a réussi a saturé le “Dôme de fer” israélien, pourtant réputé inviolable. Par ailleurs, l’organisation cherche à contraindre Tel-Aviv à la négociation en prenant en otage des militaires ainsi que de très nombreux civils.
Israël affine ses plans
"Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz" promettait un ministre israélien quelques heures après l’attaque du Hamas. En parallèle des bombardements, l’armée a imposé un siège complètement hermétique à ce territoire déjà sous blocus. Le but étant d’empêcher tout réapprovisionnement du Hamas et de ses alliés du Jihad islamique. Cette décision inquiète à l’internationale car ce siège peut faire de nombreuses victimes collatérales. Le président Joe Biden, en visite éclair en Israël, a annoncé que les États-Unis avaient négocié avec l’Égypte un accord autorisant l’entrée à Gaza de 20 camions transportant de la nourriture, des médicaments et de l’eau. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a exhorté ces pays à relever leur “niveau d’ambition”.
Troisième axe mis en œuvre par les forces israéliennes : des actions “coup de poing”, c’est ce qu’a annoncé un porte-parole de Tsahal aujourd’hui. L’armée a mené dans la nuit de dimanche à ce lundi 23 octobre des incursions "limitées" à Gaza à l'aide de "blindés et de soldats d'infanterie". Ces raids, durant lesquels un soldat israélien a été tué, devaient permettre de débusquer des membres du Hamas et de secourir des otages. Selon Israël, 222 personnes seraient encore retenues en otage dans la bande de Gaza. Le gouvernement français indique qu'au moins une ressortissante française en fait partie.
Le 13 octobre dernier, Tel-Aviv avait ordonné le déplacement de "tous les civils" se trouvant dans le Nord de la bande de Gaza, "pour leur propre sécurité et protection". "Ce n'est que le début" des opérations israéliennes à Gaza, a ensuite assuré le Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Nous sommes préoccupés par le fait que cet ordre, combiné à l’imposition d’un siège complet de Gaza, pourrait ne pas être considéré comme une évacuation temporaire légale et constituerait donc un transfert forcé de civils en violation du droit international", a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Les bombardements, le siège et les actions rapides de forces spéciales pourraient précéder une offensive terrestre de grande ampleur. C’est en tout cas ce que laisse penser la communication de Tsahal. Et c’est également ce que souhaite le Hamas. Les opérations en zones urbaines sont les plus complexes et c’est dans ce qu’il reste des rues de Gaza que l'organisation terroriste compte infliger le plus de perte à Tsahal.
Et après ?
Habituellement peu enclin à critiquer les décisions de Tel-Aviv, le déplacement de Joe Biden fut cette fois l’occasion pour l’administration américaine de demander des précisions. Le gouvernement israélien n’a pas été très clair quant à la suite de ses opérations. "Nous n’avons aucun intérêt à occuper Gaza ou à rester à Gaza", déclarait l’ambassadeur israélien auprès des Nations unies, Gilad Erdan, le 12 octobre dernier. Benny Gantz et Gadi Eisenkot, deux leaders de l’opposition, ont accepté de rejoindre le gouvernement d’unité nationale à la seule condition qu’un plan de sortie de Gaza (après une éventuelle incursion) soit formulé.
Dans le même temps, des députés du Likoud, le parti de Benyamin Netanyahou, ont appelé à une "Nakba 2" en référence à l’exil forcé de 600 à 800 000 Palestiniens en 1948. Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a quant à lui annoncé "diminution du territoire de Gaza" après la guerre. Dans l’ensemble, le clan de Benyamin Netanyahou plaide en faveur de la poursuite de la colonisation.
De toute évidence, les nations ont un rôle à jouer dans la résolution de ce conflit. Les relations entre Israël et la Palestine sont influencées par les positionnements internationaux depuis la déclaration Balfour en 1917. Tout comme la Syrie, l’Ukraine et le Haut-Karabakh, ce conflit est un autre défi posé au droit international et au multilatéralisme qui devront montrer leur capacité à gérer les relations internationales et interethniques.